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Tibet - Union Européenne :
préoccupations sur les violations des
droits
Source : Business
Standard
Le Représentant spécial de l'UE
pour les droits de l'homme, Stavros Lambrinidis, a visité les régions
tibétaines et a exprimé ses préoccupations concernant la situation des
droits de l'homme au Tibet.
" J'ai noté
des tendances inquiétantes dans des domaines clés de préoccupation des
droits humains, y compris la surveillance et les restrictions imposées à
la liberté d'expression, accrue ".
Lambrinidis a visité les
zones ethniques tibétaines de la province du Qinghai et la Région autonome
du Tibet du 9 au 18 septembre.
Il a dit qu'il y avait "
persécution, arrestation et détention de personnes pour avoir exprimé
pacifiquement leurs opinions ou exercé légalement leurs activités
professionnelles ".
" Au cours de ma visite, j'ai souligné la
volonté de l'UE de continuer à travailler avec la Chine pour promouvoir
l'adhésion respective des obligations internationales des droits humains
et des normes ", a-t-il dit . La visite a fourni
des occasions pour l'UE et la Chine d'engager des discussions
approfondies sur les droits de l'homme à un niveau supérieur, sur la
base de graves préoccupations. Les deux parties ont également discuté
des moyens de promouvoir un meilleur dialogue et une coopération axée
sur les résultats sur les droits de l'homme, a indiqué le
communiqué.
Lambrinidis a également visité
les Palais du Potala et du Jokhang et le monastère de Sera à Lhassa
, où il a rencontré des moines et des membres des comités de gestion du
monastère.
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Plus de
deux millions de Tibétains appauvris
en raison de leur réinstallation
forcée
DHARAMSALA
- 27 juin 2013 -
HRW et Administration tibétaine en exil - Tibetan Review - Tibet-Info.net -
Monique Dorizon
Plus de deux millions de Tibétains ruraux,
représentant plus des deux tiers de la population de la "Région Autonome
du Tibet", ont été transférés depuis 2006 dans de "nouveaux villages
socialistes", en vertu de la "campagne de logement confortable" mise en
place par la Chine, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport daté du
27 juin 2013.
Le rapport dit que cette politique endette les
Tibétains, déjà parmi les plus pauvres de la République populaire de
Chine, sans leur assurer de logement de qualité.
Human Rights Watch affirme que la population
tibétaine a été réorganisée sur une échelle "sans précédent dans l'ère
post-Mao", alors que les autorités chinoises ont tenté de poursuivre la
répression contre le mouvement séparatiste et de renforcer le contrôle
sur les communautés rurales.
Le rapport a également indiqué que, depuis 2006,
plus de 600 000 éleveurs nomades de la partie orientale du plateau
tibétain, telle la province du Qinghai (ancienne région tibétaine de
l'Amdo), ont également été forcés de s'installer dans de nouvelles
communautés rurales, où ils restent condamnés à vivre dans la
misère.
Le rapport indique que de nombreux Tibétains qui
délocalisent ou reconstruisent leurs maisons dans le cadre de ces
programmes appelés par la Chine : "nouvelle ruralité socialiste"
supportent l'essentiel du coût de la construction de leurs nouvelles
maisons, ce qui entraîne souvent un endettement que les ménages ont du
mal à supporter.
La Chine soutient que ces programmes contribuent à
améliorer le niveau de vie des Tibétains. Elle nie que des expulsions
forcées aient lieu, en insistant sur le fait que les délocalisations
seraient entièrement volontaires et que les Tibétains seraient
reconnaissants pour les nouveaux logements.
Le rapport dit aussi que le gouvernement chinois a
annoncé des plans visant à favoriser le relogement et le déplacement de
plus de 900 000 personnes dans la "Région Autonome du Tibet" d'ici la
fin de l'année 2014 et la transformation d'un nombre supplémentaire de
113 000 nomades en habitants sédentaires dans l'est du Tibet (région
tibétaine du Kham) d'ici la fin de l'année 2013.
Mais le rapport de 115 pages, intitulé : " Ils
disent que nous devrions être reconnaissants " : Relogement de masse et
réinstallation dans les zones tibétaines de la Chine", documente les
violations massives des droits allant de l'absence de consultation à
celle de fourniture d'une compensation adéquate, toutes deux requises en
vertu du droit international pour légitimer des expulsions, a noté
l'Administration tibétaine en exil, à Dharamsala, en
Inde. _________________________
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L'écrivaine tibétaine Tsering
Woeser
à nouveau en résidence surveillée à Pékin avec
son mari Wang Lixiong 21 juin 2013 - Phayul - Site Tibet-Info.net -
Monique Dorizon
L'écrivaine et poétesse tibétaine Tsering Woeser a
de nouveau été placée par les autorités chinoises en résidence
surveillée à Pékin par précaution, en amont d'un rare voyage au Tibet
pour des journalistes étrangers parrainé par l'État.
Jeudi 20 juin, écrivant sur son blog, Woeser a
déclaré que cette dernière décision est destinée à l'empêcher de dire la
vérité sur le Tibet aux journalistes étrangers, qu'elle avait, pour
certains, déjà rencontrés auparavant cette semaine.
"Cette fois, c'est pour contrecarrer les articles
qui vont émerger d'un voyage à Lhassa organisé pour des journalistes
étrangers en Chine", a déclaré Woeser parlant de son assignation à
résidence avec son mari Wang Lixiong.
"Les autorités chinoises semblent préoccupées par le
fait que mes opinions contrediront le tableau idyllique qu'elles veulent
présenter via un itinéraire approuvé et des rencontres orchestrées
destinées à projeter une image de Tibétains heureux de vivre une vie
heureuse".
Woeser a révélé que le mercredi après-midi, elle et
son mari ont été arrêtés par sept ou huit agents de la sécurité de
l'État sur la route de Cuiwei dans le district de Haidian à Pékin avant
d'être escortés jusqu'à leur domicile dans la partie orientale de la
ville de Pékin.
Tout en notant que les mesures prises cette fois par
les autorités "étaient plus fastueuses que jamais", elle raconte que des
policiers en civil ont été placés à l'extérieur de son immeuble et deux
autres mis en veille permanente via l'ascenseur.
"Pour le moment, il semble que ce confinement doive
durer au moins jusqu'au 25 juin et peut-être plus longtemps", a-t-elle
ajouté.
Selon Woeser, les journalistes étrangers devraient
partir pour Lhassa le 6 juillet, qui, d'ailleurs, est aussi la date du
78e anniversaire du chef spirituel tibétain en exil, le Dalaï Lama. Elle
dit aussi qu'un voyage pour les diplomates est également prévu,
peut-être pour la fin juin.
Depuis 2008, les journalistes qui ont essayé de
passer à travers le filet de la sécurité chinoise et d'accéder à la
région ont été arrêtés, menacés et
renvoyés. ______________________
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Un moine tibétain condamné à l'emprisonnement
pour avoir écrit un livre
DHARAMSALA - 24 mai
2013 - Le Gouvernement
chinois, dans sa guerre sans merci envers les écrivains et les intellectuels
tibétains, a condamné un moine tibétain à cinq ans de prison pour avoir écrit un
livre sur le Tibet et la vague d'immolations qui s'y déroule depuis
2009.
Gartse Jigme,
écrivain tibétain reconnu et moine du Monastère de Gartse dans l'Amdo a été condamné par
le tribunal du peuple de Tsekhog (chin Zekog) à Malho (chin Huanguan) le 14 Mai 2013. Il a,
tout d'abord, été arrêté le 1er Janvier 2013 puis détenu à Rebkong ( chin
Tongren ) comté de la préfecture de Malho jusqu'à ce que sa condamnation ait été
prononcée.
Gartse Jigme avait
précédemment écrit deux livres sur le Tibet, le livre en question est la seconde édition
de son second livre, Tsenpoi Nyingtop (angl La valeur du roi) . Le livre a été saisi
par la police, chez son éditeur, avant impression. L'écrivain avait déjà été
détenu brièvement en Avril 2011 pour les opinions exprimés dans ce
livre.
Il est également un membre respecté
de la communauté monastique et s'est déjà exprimé oralement quant à la
politique gouvernementale qui menace les gens de la région dans leur vie de tous les
jours et a, de facon répétitive, exhorté le gouvernement chinois à cesser de proférer
des accusations sans fondement reprises par les autorités à l'encontre de la
religion tibétaine et de ses pratiquants et qui ont un impact destructeur sur la
culture religieuse tibétaine.
Gartse Jigme est né à Garwa, un
village nomade de la région de Gartse dans le Comté de Rebkong. Il écrit depuis
1999 et a obtenu de nombreux prix littéraires. Son premier livre " Méditations
sur mes pensées" a recu un accueil extrêmement favorable d' amis et d'autres
personnes de la Communauté.
Il est également un érudit ayant
étudié et suivi avec succès les Enseignements majeurs dans son Monastère en
2003.
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Le Vice-Président du Parlement européen demande à
la Chine de permettre une mission d'enquête au
Tibet Le Vice-Président du Parlement Européen,
le britannique M. Edward Mc Millan-Scott, a interpellé M.Wu
Hailong, ambassadeur de Chine auprès de l'Union européenne afin que soit
facilitée une visite d'enquête au Tibet par une délégation de membres du
Parlement Européen.
L'ambassadeur Wu Hailong a encouragé davantage
d'européens à venir visiter le Tibet, et, s'est déclaré préoccupé devant
les critiques de l'Union Européenne vis à vis de la Chine quant à la
vague d'auto-immolations par le feu qui se déroulent au Tibet et dont le
nombre s'accroit chaque jour encore davantage.
Edward McMillan-Scott, Vice-Président du
Parlement Européen, et, également, en charge du dossier des Droits de
l'Homme et de la Démocratie au Parlement Européen depuis 2004,
a interpellé l'ambassadeur de Chine, Wu Hailong, en le
priant de reconsidérer son allégation, sans fondement aucun,
d'un Tibet soi-disant-ouvert à tout visiteur venu de l'étranger,
et surfant sur cette affirmation - puisque-soi-disant-ouvert à
tous ...- pour réitérer, donc, sa demande de faciliter
l'envoi d'une commission d'enquête de députés de l' U.E. au
Tibet " ... et de nous permettre d'organiser notre propre enquête
ainsi que nos propres rencontres, sans être éclipsés par les
forces de sécurité chinoises précisément mises en cause dans la
répression brutale des libertés des Tibétaines et Tibétains
".
Depuis 2009, pas moins de 98 Tibétains -
connus - se sont auto-immolés par le feu au Tibet, pour
protester contre le joug chinois, et, exiger la liberté et
le retour de Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
Dans une interview à
theparliament.com, l'ambassadeur de Chine auprès de l'Union
européenne, M. Wu Hailong s'en est tenu à la ligne
officielle habituellement prônée par le parti et les caciques du
régime Chinois, et a blâmé les " forces étrangères
" pour leur participation à la
" planification secrète, la provocation,
l'organisation et la mise en œuvre " des manifestations et de
cette vague d' auto-immolations.
M. Mc Millan-Scott, qui fut le
premier homme politique à se rendre au Tibet après un embargo de trois
ans, en 1996, a fustigé les commentaires de l'ambassadeur de chine
auprès de l'Union européenne, et, les prenant en exemple, a
démontré " ... pourquoi les niveaux de frustration ressentie par
la communauté tibétaine sont aussi élevés qu'ils le
sont."
" Le Régime totalitaire de la Chine nie sans
vergogne toute responsabilité pour les tragiques auto-immolations de
près de 100 Tibétains en signe de protestation contre les très graves
brutalités policières consécutives à la politique de la Chine au
Tibet et l'exil forcé du chef spirituel tibétain, Sa Sainteté le
Dalaï-Lama "
L'euro-député britannique a
déclaré que l'intergroupe pour le Tibet au Parlement
Européen " reçoit continuellement et pouvait
faire état des preuves tangibles que la culture tibétaine et sa
langue sont systématiquement anéantis par le régime chinois
"
Et de poursuivre : " Je suis également convaincu que les prisonniers
tibétains ont été délibérément tués, par le régime de
Pékin, pour que leur soient prélevés des organes sains en
vue d'opérations chirurgicales et de greffes ... Comme ce
fut le cas pour d'autres groupes religieux - qui, ni ne fument, ni
ne boivent - tels que les Ouïgours et les adeptes et pratiquants de
Falun Gong " a- t-il ajouté.
Dans l'interview, Wu Hailong
s'est également plaint que la réponse du gouvernement Chinois quant à la
crise du Tibet ait été censurée par l'Union Européenne, laquelle Union,
a, par la voix de ses représentants, exprimé, le mois
dernier, sa " profonde tristesse " pour le nombre croissant
d'auto-immolations au Tibet, et, a exhorté Pékin à respecter les droits
des Tibétains, et à permettre le libre accès au Tibet pour les
diplomates et les journalistes.
" Tout en respectant
l'intégrité territoriale de la Chine, l'Union européenne appelle
les autorités chinoises à s'attaquer aux causes profondes de la
frustration du peuple tibétain et de veiller à ce que leurs droits
civils, politiques, économiques, sociaux et culturels soient respectés,
y compris leur droit de jouir de leur propre culture, de pratiquer leur
propre religion et d'employer leur propre langue
".
L'année dernière, la Chine a
également rejeté, et, ce très vertement et sans aucun ménagement,
une demande venue de l'ambassadeur d'Australie en France, M. Adamson
Frances, de se rendre au Tibet pour " examiner les raisons "
qui conduisent à ces auto-immolations par le feu. Frances
Adamson avait également requis aux autorités chinoises l'autorisation
d'une délégation de parlementaires australiens de se rendre en visite au
Tibet .
Mc Millan-Scott a appelé l' Union
Européenne à nommer un représentant spécial pour le Tibet.
" Nous sommes préoccupés par les restrictions qui
frappent toute expression de l'identité tibétaine, et qui sont à
l'origine de la vague de mécontentement dans la région ", a
déclaré la Haute Représentante pour l'Union, Catherine
Ashton.
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Un Tibétain de 26 ans s'immole par le feu, ce qui
porte à 99 le nombre des immolés depuis 1999
Le 23 Janvier
2013
DHARAMSALA : Kunchok Kyab, un
Tibétain de 26 ans s'est immolé en protestation contre la politique
répressive menée par la Chine à Bora, Ladang dans l'Est du Tibet dans la
région de l'Amdo, il est mort sur le coup.
Il s'est immolé aux
environs du Monastère de Bora, à Midi, heure locale hier, le 22 Janvier
, cette nouvelle immolation amène le total des immolations à 99 et
ce, depuis 2009.Son corps a été emporté par les Autorités chinoises dans
un endroit tenu secret.
La femme et le bébé de Kungchok Kyab
originaire du village de Gyalring à Bora dans le comté de Ladrang, fils
de Dorjee et Rinchen Tso, lui ont survécu.
La sécurité a été
renforcée dans toute la région alentour à la suite de cette
immolation.De nombreux moines du Monastère de Bora ont été également
arrêté et détenu par les responsables de la Sécurité
chinoise.
En dépit des appels répétés de
l'Administration Centrale Tibétaine à ne pas en arriver à des mesures
extrêmes , à ce jour ce sont plus de 99 Tibétains qui se sont immolés en
appelant au retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet ainsi qu'à la
liberté pour les Tibétains du Tibet.
L'Administration Centrale
Tibétaine exhorte le gouvernement chinois à revoir sa politique
défaillante au Tibet et à répondre aux doléances légitimes du peuple
tibétain.
Au vu de la situation critique
à l'intérieur du Tibet, le Kashag et le Parlement tibétain en exil de
l'Administration Centrale Tibétaine organisent une campagne de
solidarité envers le peuple tibétain du 30 Janvier au 2 Février à New
Delhi.
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Mourir pour que sa langue
vive
Rappel de l'article du journal
"LE MONDE CULTURE ET IDEES" du 27.12.2012
Par François
Bougon Au début, des moines ont montré la voie. Ils
ont été suivis par des laïques, souvent jeunes, nomades et bergers. Une
centaine de Tibétains - 28 pour le mois de novembre 2012 - ont choisi de
s'immoler par le feu pour protester contre une répression chinoise
croissante. Certains ont pu être sauvés, mais la plupart sont morts. En
Chine, les autorités tentent d'endiguer la vague suicidaire en menaçant
ceux qui veulent s'immoler d'une comparution en justice pour homicide et
trouble à l'ordre public. Les médias officiels minimisent leurs actes en
les rapprochant des membres des sectes apocalyptiques américaines, le
rôle du "méchant" étant tenu par le dalaï-lama, le chef spirituel des
Tibétains exilé en Inde depuis 1959, qui a officiellement abandonné
toute fonction politique en 2011.
L'histoire récente de
l'humanité recèle de nombreux cas de cette forme de protestation extrême
qui a, parfois, permis de faire basculer le destin d'un pays, voire
d'une région. Le 17 décembre 2010, en se sacrifiant sur un marché de la
ville de Sidi Bouzid, en Tunisie, le jeune vendeur ambulant Mohamed
Bouazizi marquait ainsi le début de ce qui allait devenir les "printemps
arabes".
La première immolation d'un
Tibétain remonte à 1998, en Inde. Mais il faut attendre 2009 - un an
après les manifestations de Lhassa, la capitale de la région autonome du
Tibet, qui s'étaient propagées aux régions tibétaines situées dans les
provinces chinoises limitrophes - pour que ce phénomène se produise à
l'intérieur des frontières chinoises. Certains des immolés ont laissé
des testaments, qui ont été publiés sur le blog de l'écrivaine et
blogueuse tibétaine Tsering Woeser. Ces derniers mots prennent parfois
la forme d'un poème, comme celui laissé par Ani Sangay Dolma, morte à 16
ans, le 25 novembre 2012, et intitulé "Il est de retour" en référence au
Dalaï-lama.
"Levez les yeux, amis tibétains, Contemplez
au-dessus de vos têtes le crépuscule bleu, Telle une voûte céleste de
montagne blanche, mon lama est de retour. Levez les yeux, amis
tibétains, (...) Contemplez les montagnes enneigées. C'est une
nouvelle ère, l'ère du pays des neiges. Et le Tibet est libre et
indépendant."
Selon Lama Jabb, un Tibétain en
exil qui étudie la littérature tibétaine contemporaine à l'université
d'Oxford, "le répertoire des images et la versification sont typiques de
la tradition tibétaine". "Il est écrit comme si elle vivait dans un
Tibet indépendant."
Si des thèmes comme le retour
du dalaï-lama, les valeurs du bouddhisme tibétain, en particulier la
compassion, le joug chinois et l'unité des Tibétains reviennent souvent,
beaucoup de ces textes défendent la langue tibétaine, un aspect
relativement nouveau dans la résistance face à la domination chinoise.
"Je souhaite que les six millions de Tibétains apprennent leur langue
maternelle, portent les habits tibétains et soient unis", écrit ainsi
Nyingkar Tashi, âgé de 24 ans, avant de s'immoler le 12 novembre. "Nous
réclamons la liberté d'expression religieuse et la préservation de notre
culture. Nous réclamons le droit d'utiliser notre langue. Nous réclamons
les mêmes droits que tous les autres êtres humains", affirme pour sa
part Jamyang Yeshi, 26 ans, qui vivait en exil à New Delhi depuis 2006
et qui s'est sacrifié pour protester contre la visite du président
chinois Hu Jintao en Inde, en mars 2012.
La langue tibétaine, qui
appartient à la famille tibéto-birmane, est parlée par plusieurs
millions de personnes. Elle est devenue l'un des derniers remparts de la
résistance de ces peuples qui vivent sur un plateau de 2 500 000 km2,
soit un quart de la superficie de la Chine. Au début du XXe siècle, face
aux missionnaires occidentaux, les Tibétains ont cherché à protéger leur
religion, qui constitue le cœur de leur identité : un bouddhisme
tibétain qui a rayonné bien au-delà, influençant les peuples voisins,
comme les Mongols et les dynasties étrangères qui ont gouverné la Chine
(Yuan et Qing).
Ensuite, face aux troupes
chinoises communistes, d'abord durant la Longue Marche, puis à partir de
1949, les Tibétains ont lutté pour leur terre, en particulier dans
l'Amdo (nord-est du Tibet). "A cette époque, quand les Chinois sont
entrés au Tibet, l'inquiétude immédiate des gens a été de protéger leur
terre, leur peuple et la religion, le dharma. Il n'y avait pas de
mention de la langue. C'est après la Révolution culturelle, période
pendant laquelle l'enseignement du tibétain a été interdit, que cela a
commencé", explique lama Jabb.
Dans l'Amdo, cette région du
Tibet répartie sur les provinces chinoises du Qinghai, du Gansu et du
Sichuan, les dix ans qui ont précédé le départ du dalaï-lama de Lhassa,
dans le centre du Tibet, ont été marqués par des massacres qui ont
entraîné énormément de morts, de disparitions ou de suicides. Pour le
centre du Tibet, 1959 est la date marquante, mais pour cette région la
répression a atteint un point culminant en 1958. "C'est la grande année
du traumatisme pour l'Amdo", souligne la tibétologue Françoise Robin. Ce
n'est sûrement pas un hasard si 80 % des immolations s'y sont
produites.
Cette résistance, qui a pris
des formes extrêmes avec les suicides par le feu, se manifeste également
par un véritable foisonnement culturel. La mémoire refoulée des années
1950, 1960 et 1970 - présente de manière orale dans les familles mais
niée à l'école et par l'histoire officielle - ressurgit depuis quelques
années dans la littérature et dans les chansons. En 2005 est ainsi paru
sous le manteau Joies et malheurs de l'enfant de Naktsang,
l'autobiographie d'un Tibétain de l'Amdo, Naktsang
Nulo.
Né en 1948, cet ancien juge y
raconte ses jeunes années mais aussi 1958 - la répression de la
rébellion anticommuniste et la tragique famine du Grand Bond en avant.
"Ce livre a eu un succès phénoménal, surtout dans l'Amdo, car il a été
écrit dans le dialecte de la région, ce qui était nouveau", explique
Françoise Robin. La Tempête rouge, de Tsering Dondrup, un roman qui
aborde cette mémoire taboue, a été publié en 2009. "Au travers de ces
"pratiques mémorielles" culturelles, des artistes, intellectuels et
écrivains tibétains exercent une résistance culturelle et historique en
contestant la vision chinoise univoque de l'histoire récente des
relations sino-tibétaines", souligne Françoise Robin dans un article
publié en septembre 2011.
Pour les couches de la
population tibétaine moins éduquées, comme les paysans, c'est surtout la
chanson, diffusée en CD et par Internet, qui permet à l'identité
tibétaine de s'exprimer. Depuis le début des années 1980, un genre est
particulièrement apprécié : le dranyen dunglen, qui signifie "gratter et
chanter" - le chanteur s'accompagne d'une mandoline. Comme pour la
littérature, les allusions codées du début ont fait place à l'évocation
plus explicite d'un passé glorieux ou des défaites face aux Chinois,
battant en brèche la vision sinocentrée
officielle.
Les chanteurs populaires paient
leur audace par des séjours en prison. Ce fut le cas du chanteur de
l'Amdo Tashi Dondrup, dont le disque Torture sans trace a été très
populaire avant d'être interdit. L'une de ses chansons s'appelle
"1958-2008" : " Eh ! L'année 1958 est celle où l'ennemi noir est entré
au Tibet, les lamas ont été mis en prison, cette époque était
terrifiante. Eh ! L'année 1958 est celle où les héros tibétains ont été
mis en prison, où des Tibétains innocents ont été mis en prison, cette
époque était terrifiante."
Un autre chanteur de l'Amdo,
Phuljung, a été arrêté en août, peu après la sortie de son cinquième
album. L'une des chansons, "Bon lama", évoque le dalaï-lama Lobsang
Sangay, élu en 2011 premier ministre du gouvernement tibétain en exil,
et le peuple tibétain, des "gens bons" : "Ce sont des gens au caractère
sincère, c'est le peuple tibétain, il parle la pure langue maternelle."
Ces chansons permettent à l'identité tibétaine réprimée de se renforcer,
souligne lama Jabb dans un article publié en octobre 2011 dans la Revue
d'études tibétaines. Elles évoquent "les images d'une histoire, d'une
culture et d'un territoire communs, tout en déplorant la situation
critique des Tibétains et en exprimant les aspirations à une destinée
collective".
Ces derniers mois, après la
décision des autorités de promouvoir le mandarin comme langue principale
et langue d'enseignement, de nombreuses manifestations de collégiens ou
de lycéens ont eu lieu dans la province de Qinghai. Dans une lettre
publiée par le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la
démocratie, un moine exprime son inquiétude à l'assemblée de délégués de
la communauté tibétaine en exil, qui s'est réunie à Dharamsala (Inde) en
septembre : "Le Tibétain ne jouit d'aucune autonomie, même dans les
écoles tibétaines établies dans les zones autonomes tibétaines. De
telles conditions pathétiques ont rendu notre vie insupportable, il est
donc extrêmement important que l'Administration centrale tibétaine [le
gouvernement en exil] et tout le peuple tibétain soient conscients de
ces problèmes."
Malgré la censure et la
répression, des initiatives de plus en plus nombreuses émergent dans les
régions tibétaines en faveur de la langue. L'emploi de mots chinois est
traqué, des posters sont diffusés pour populariser les néologismes
tibétains. Dans certaines régions tibétaines de l'Amdo, relève la
tibétologue Katia Buffetrille, il n'est pas rare de voir sur les
magasins des pancartes où il est inscrit : "Il est criminel de ne pas
parler un pur tibétain".
Le mouvement du "Lakhar" (le
"mercredi blanc") s'est également propagé, non seulement au Tibet mais
en exil : tous les mercredis, de très nombreux Tibétains parlent un
tibétain exempt de mots chinois (ou d'anglais et d'hindi pour les
exilés), s'habillent avec des vêtements tibétains et mangent tibétain -
généralement en refusant toute nourriture carnée. "Toute une frange
éduquée de la jeunesse regarde le bouddhisme d'un peu loin : elle a une
aspiration à la modernité qui fait que le bouddhisme est réservé à la
sphère privée. Cette nouvelle jeunesse tibétaine est politisée autant
que cela est possible en Chine. Cela passe par différents canaux, et la
conscience linguistique en est un", conclut Françoise
Robin.
François
Bougon
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Un jeune tibétain s'immole
à Sangchu
Le 12 Janvier 2013
DHARAMSALA : Tsebey, un
jeune Tibétain de 22 ans s'est immolé par le feu aux environs de
13 h le 12 janvier à SANGCHU, dans la région de
Kanlho dans l'Est du Tibet, il est mort sur le
coup.
Les habitants ont emmené son corps dans un endroit
sûr avant que les autorités chinoises arrivent.
Un témoin rapporte que plus tard son corps a été
ramené à son village d'origine.
En dépit
des appels répétés de l'administration centrale tibétaine à
ne pas en arriver à ces mesures extrêmes, une centaine de Tibétains se sont
immolés par le feu en appelant au retour de Sa Sainteté le Dalaï
Lama au Tibet ainsi qu' à la liberté.
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ASSEMBLEE NATIONALE
Noël Mamère et Jean-Patrick Gille à la
présidence du Groupe d'études sur la question du Tibet
Avec le changement de
législature changement à la tête du Groupe d'études sur la question du
Tibet. Six mois après l'élection de la nouvelle Assemblée nationale un
nouveau groupe se met en place. Après la présidence de l'UMP
Lionnel Luca, deux représentants de la majorité présidentielle
Jean-Patrick Gille et Noël Mamère, ont accepté de prendre la tête du
Groupe à travers une co-présidence.
CO-PRESIDENTS M.
Jean-Patrick Gille (Affaires sociales) M. Noël Mamère (Affaires
étrangères)
Noël Mamère Le plus
connu du grand public et aussi le plus âgé (il fêtera ses 64 ans le 25
décembre), Noël Mamère inscrit au groupe Ecologie, appartient à la
Commission des Affaires étrangères et est le président du groupe
d'amitié avec le Nigéria Cet ancien journaliste représente la
Gironde depuis 1994 sans interruption. Après trois ans comme député
européen, il a laissé le PE pour l'Assemblée nationale où il en est à
son quatrième mandat. Tout en étant dans le même temps maire de la
ville de Bègles dans l'agglomération
bordelaise.
A l'heure où les immolations par le feu de patriotes
tibétains se multiplient pour atteindre la centaine en moins de deux
ans, les amis du Peuple tibétain apprécieront particulièrement l'arrivée
de Noël Mamère à ce poste.
Notamment de par sa qualité de membre de la Commission
des Affaires étrangères et ses capacités à réagir promptement à
l'actualité concernant les droits de l'homme et droits des Peuples à la
liberté et à l'autodétermination. Les plus récentes interventions du
député à l'adresse de M. Laurent Fabius Ministre des Affaires étrangères
sont là pour le rappeler.
A la mi-novembre Noël Mamère interpelait le
Ministre à propos du scandale qu'a constitué pour la patrie des
droits de l'homme l'arrestation et l'extradition vers l'Espagne de
la militante basque Aurore Martin, membre de Batasuna, parti politique
indépendantiste basque parfaitement légal en France mais interdit en
Espagne. Double scandale : non seulement la jeune femme militait dans
une structure légale mais ses activités militantes (débats et réunions
d'information) ne se déroulaient pas en Espagne mais en France
seulement. On ne savait pas que les Gouvernants français avait vocation
à jouer les supplétifs au profit de l'actuel Gouvernement espagnol de
droite ?
Une plus récente intervention à
l'AN du député de Bègles a porté sur la liberté de la presse en
Turquie, plus exactement sur l'absence de liberté dans ce pays qui veut
rallier l'Europe. Le 20 novembre Noël Mamère attirait l'attention de
Laurent Fabius sur la situation scandaleuse faîte par le Gouvernement
turc à la presse grâce à une loi qui sous prétexte de lutte
anti-terroriste baillonne les médias. Actuellement 76 journalistes Turcs
et Kurdes sont emprisonnés et la grève de la faim menée en novembre par
neuf d'entre eux, n'a rien changé.
Jean-Patrick
Gille Inscrit au groupe SRC (Socialiste-Républicain-Citoyen) M.
Jean-Patrick Gille est un jeune député élu de Touraine, membre de la
Commission des Affaires sociales dont il vient de devenir
vice-président. Originaire du département de la Sarthe, cet homme de 50
ans a commencé comme chargé de mission au service d'une collctivité
régionale. Il a été élu la première fois en 2007 député de la 1ère
circonscription d'Indre et Loire ; il est conseiller municipal de Tours
et secrétare national du Parti Socialiste à la
famille.
Itinéraire au Parti
Socialiste Il commence son militantisme par un engagement écologiste
au sein des Amis de la Terre en 1981. Il adhère au PS après la défaite
de 1986 dans une fédération d'Indre-et-Loire marquée par un ancrage
poperéniste et de lourdes divisions internes. Il se revendique dès lors
comme un proche du courant jospiniste.
Il rejoint ensuite le syndicalisme étudiant en
prenant sa carte à l'AGE de Tours de l'UNEF-ID. C'est l'occasion pour
lui de participer aux manifestations de novembre de la même année contre
la réforme Devaquet portant sur l'enseignement supérieur. Il s'investit
ensuite plus spécifiquement au sein du PS pour devenir en 1993 premier
secrétaire de la fédération d'Indre-et-Loire ( poste qu'il occupera
jusqu'en novembre 2012).
Il fonde alors avec Benoît Hamon en 1994 le groupe
politique " Nouvelle Gauche ", dans le cadre du congrès de Liévin.
1995 est l'année de la victoire de la liste conduite
par Jean Germain aux élections municipales de Tours. Placé en numéro 2,
il devient premier adjoint au maire chargé de la cohésion sociale, de
l'emploi, de la formation professionnelle et de la politique de la
ville.
En 1997, il échoue de peu face au candidat UDF
Renaud Donnedieu de Vabres aux élections législatives. Après la victoire
de la gauche plurielle sur le plan national, il se rapproche de Martine
Aubry.
Après le 21 avril 2002, Jean-Patrick Gille esquisse
dans une contribution nationale au Congrès de Dijon (2003) quelques
perspectives pour réinventer une gauche "nouvelle, démocratique,
européenne, écologique et sociale". Il rompt alors avec François
Hollande et compose avec Marc Dolez et Pierre Larrouturou la motion D
qui recueille 4,4 % des suffrages exprimés. Isolé, y compris dans sa
fédération d'Indre-et-Loire, il se met à l'écart du PS.
Lors du congrès du Mans de 2005, Jean-Patrick Gille
s'impose comme le candidat de la majorité rassemblée autour de la motion
1 de François Hollande et retrouve son poste de premier secrétaire
fédéral.
Après le congrès de Reims, durant lequel il soutient
la motion E portée par Ségolène Royal, il est réélu premier secrétaire
de la fédération d'Indre-et-Loire du Parti Socialiste. Minoritaire dans
les mois qui suivent les votes internes, il rejoint avec son courant en
février 2009 la majorité du PS. Il devient d'ailleurs à l'occasion
Secrétaire national à la Famille, et intègre la direction nationale du
parti.
Le groupe d'Etudes sur la
question du Tibet devrait se réunir prochainement pour fixer ses
objectifs durant la législature
Secrétaire administrative du groupe : Mlle Aude
Delvaux
Durant la précédente législature, le groupe Tibet de
l'AN était présidé par Lionnel Luca inscrit au groupe UMP et appartenant
au courant droite populaire. Avec sept vice-présidents dont Mme Chantal
Robin-Rodrigo (Pyrénées) et MM. Jean-Louis Bianco, Patrick Bloche,
Philippe Folliot, Richard Mallié, Daniel Spagnou, Philippe Vitel.
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Détentions et intimidations font suite aux
immolations
KANLHO (TIBET) 4 décembre
2012
Source : site du Centre Tibétain pour les Droits de
l'Homme et la Démocratie.
Dans leur quête de coupables tibétains, les autorités
chinoises procèdent à des arrestations de Tibétains en lien avec les
immolations par le feu.
D'après une source sûre, un
nombre inconnu d'arrestations liées aux auto-immolations s'est produit
dans les régions qui ont connu ces
protestations-suicides.
Une autre source, ayant des contacts à Kanlho,
rapporte au TCHRD que beaucoup de ceux détenus dans ce contexte de
répression sont des membres des familles et des amis des
auto-immolés.
La même source ajouta que ces personnes craignent de
faire savoir qu'elles ont été arrêtées par peur d'autres représailles :"La
peur est palpable parmi les Tibétains de Kanlho et des alentours que le
fait de répandre l'information pourrait empêcher une libération plus
rapide."
Ces derniers jours, les autorités
locales chinoises de Kanlho (Province de Gansu) sont entrées en contact
avec chaque foyer et les oblige à signer une lettre établissant que
personne de la famille ne cherchera à s'auto-immoler et que chacun
s'assurera de prévenir un tel incident.
Le 21 octobre, la Préfecture de
Kanlho a publié une annonce offrant une récompense de 50 000 yuans ( 6 172
euros) à ceux qui informeront le gouvernement de toute "planification ou
incitation" au sujet d'une protestation suicidaire. Dans le même registre,
le 14 novembre, laPpréfecture de Malho a publié un arrêté commandant à
toutes les représentations gouvernementales et tous les bureaux du Parti
de faire appliquer l'interdiction des auto-immolations et les punitions
aux familles des auto-immolés et aux villages où vivaient ces
derniers.
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Un écrivain tibétain s'immole par le feu dans
Nagchu
4 octobre 2012 -
Dharamsala
Des rapports en provenance du Tibet
disent qu'un écrivain tibétain s'est immolé aujourd'hui par le feu et est mort
dans Driru comté Nagchu au Tibet oriental. L'incident a porté le nombre total de
auto-immolations au Tibet à 53, dont 43 sur sont morts.
Gudrup, 43 ans, s'est immolé par le feu
vers 10h du matin dans la ville de Nagchu et a succombé à ses blessures. La
police chinoise a transporté le cadavre carbonisé de Gudrup hors de la ville au
lieu de le remettre à sa famille, selon le rapport.
Alors qu'il était la proie des
flammes, il a lancé des slogans disant "il n'y a pas de liberté au Tibet, que Sa
Sainteté le Dalaï Lama revienne au Tibet."
Avant la protestation enflammée, il
aurait laissé un message sur son compte QQ, appelant à "l'unité entre tous les
Tibétains et de ne pas abandonner face à la lutte pour la liberté du
Tibet."
"Gudrup a étudié à l'école Sherab
Gatsel Lobling à Dharamsala en Inde, avant de retourner dans son pays natal en
2005 à l'issue de ses études. On le décrit comme un" écrivain prolifique".
Il s'intéresse de près aux développements politiques concernant la question du
Tibet et lit régulièrement des livres d'histoire du Tibet.
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A l'occasion
de l'accession au pouvoir du nouveau Président chinois Xi
Jinping
Prenez connaissance de la
version française du rapport :
" Le Tibet : un défi pour Xi Jinping
".
Pour celà,
copier le lien ci-dessous sur
votre navigateur internet:
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Le chef de la propagande pour la République autonome du Tibet (RAT) insiste sur
l'importance de préserver les secrets officiels au
Tibet
TCHRD - 27 Juillet 2012,
Dharamsala (Inde)
Dans un discours prononcé à
l'occasion d'un séminaire qui s'est tenu à Lhassa le 11 Juillet dernier,
le chef de la propagande du Commité Parti Communiste de Chine (PCC) pour
la Région autonome du Tibet (RAT) a insisté sur la nécessité de 'donner
plus d'importance au concept de confidentialité, de mettre en avant la
portée de la confidentialité, de respecter la discipline de
confidentialité et d'empêcher les fuites de secrets
d'Etat.'[i]
Au cours de ce séminaire, auquel
participaient des fonctionnaires et cadres de haut rang travaillant dans
les bureaux et ministères où circulent des documents officiels de nature
confidentielle, Mr Dong Yunhu, chef de la propagande pour la RAT,
a désigné le Tibet comme 'la première ligne dans la lutte menée par la
Chine contre le séparatisme' et a réclamé un plus grand effort pour
instaurer un système de propagande culturelle et un travail idéologique
pour mieux protéger l'information confidentielle. Il a évoqué certains
incidents au cours desquels la région du Tibet était devenue le théâtre
d'actions menées par des forces séparatistes à l'intérieur et à
l'extérieur du Tibet, y compris celles de 'forces hostiles et d'agences
d'espionnage étrangères' enteprises dans le but de voler de
l'information confidentielle. En plus de cet appel insistant pour le
maintien de la 'stabilité nationale', Mr Dong a également évoqué 'la
stabilité culturelle' comme l'un des principaux objectifs
politiques au Tibet.
Dans un éditorial du 14 Mars
2012, le journal People's Daily, organe du PCC, notait qu'étant
donné la diversité ethnique et culturelle existant en Chine, 'renforcer
la notion d'identité du peuple dans la culture commune et l'identité
nationale fondée sur le développement culturel, ethnique et géographique
est la tâche essentielle du PCC aujourd'hui dans sa dimension
culturelle.'[ii]
Quelques jours après la prise de
parole de Mr Dong, Li Changchun, chef du département central de
Propagande du PCC, se rendit dans la RAT et rendit une visite toute
spéciale aux villages fermiers et nomades de la préfecture de Nyingtri
(chinois: Nyingchi) du 17 au 21 Juillet 2012. Mr Li s'est entretenu avec
des cadres et des responsables ainsi qu'avec des représentants des
fronts culturels, idéologiques et de propagande au Tibet et il les a
exhortés à suivre une politique fidèle au parti et capable de mettre
efficacement en place un développement de petites zones urbaines
(leapfrog development) en même temps que la stabilité à long
terme. Il a aussi insisté sur la nécessité de renforcer la
propagande et la campagne culturelle afin d'encourager 'l'unité
ethnique'.
Pendant sa visite, Mr Li a aussi
rappelé le besoin de cultiver les 'Cinq Biens' dans le cadre du travail
de propagande culturelle. Les 'Cinq Biens' selon Mr Li, sont 'le PCC,
qui est bon' ; le 'Socialisme, qui est bon'; les 'Nationalités, qui sont
bonnes'; le 'Développement, qui est bon'; et 'la Patrie chinoise (la
Mère Chine), qui est bonne'. Il a exprimé le souhait de voir le combat
s'intensifier contre le séparatisme et pour la protection de l'unité
nationale et la stabilité. Il a aussi exprimé l'espoir que le 'projet de
radio et de télévision' destiné aux foyers du Tibet rural et nomade
puisse accélérer le processus de création d'un système de service
culturel partagé par les populations de tous les groupes ethniques dans
le cadre des réformes et du développement.
Le 18 Juillet 2012, au cours de
sa visite au Temple du Jokhang à Lhassa, Mr Li a fait l'éloge des
'projets innovants' comme les Neuf-Indispensables et les Six-Autres dans
le cadre du travail des 'monastères avancés'.[iii] Il a exhorté le
comité du PCC et le gouvernement de la RAT afin qu'ils continuent de
renforcer et d'encourager la mise en place de nouveaux règlements de
gestion monastique et facilitent un mécanisme qui, à long terme,
permettra au bouddisme tibétain de s'adapter à la société
socialiste.
Au cours des derniers mois, les
autorités chinoises au Tibet ont effectué un travail de propagande
agressive au sein des communautés monastiques aussi bien que laïques,
que ce soit pour la mise en place des campagnes pour les 'Neuf
Indispensables' et pour les 'Six Autres', que pour les 'projets de radio
et de télévision', ou pour l'enregistrement sur Internet de comptes
d'utilisateurs sous leurs vrais noms et pour l'organisation de
sessions d'éducation politiques.
L'une des déclarations parmi les
plus impressionnantes de ces dernières années est celle du présent chef
de parti de la RAT, Mr Chen Quanguo, qui lors de la seconde session
plènière du 8è Comité du PCC pour la RAT, le 26 Juin 2012, a
instamment demandé aux membres du parti de s'assurer que 'les voix et
les images du parti soient entendues et vues partout dans les 1.2
millions de kilomètres carrés du vaste territoire' de la RAT et que 'ne
puissent s'entendre aucune note discordante ou ne puisse se voir aucune
image contrariante des forces hostiles de la clique du
Dalaï'.[iv]
L'appel de Mr Chen en vue de
l'interdiction complète de toute information venant de l'extérieur
du Tibet peut se comprendre comme incluant des 'forces hostiles'
telles que des réseaux de radio comme La Voix de l'Amérique ou Radio
Free Asia, qui sont devenus, pour les Tibétains, les sources principales
d'information venant de l'extérieur, étant donné le système complexe et
intrusif de censure mis en place au Tibet. Dans une enquête[v] effectuée
par le Broadcasting Board of Governors(BBG) et par la société Gallup,
ayant porté sur un certain nombre de pélerins tibétains en visite en
Inde entre Décembre 2011 et Janvier 2012, une proportion impressionnante
de 89 % d'entre eux a déclaré n'avoir aucune confiance dans
l'information d'actualité contenue dans tout média officiel
émanant du gouvernement chinois, ajoutant que les chaînes de télévision
officielles ne valent que comme sources de distractions. Sur les 117
Tibétains interrogés, 77 % ont déclaré que leur meilleure source
d'information sur le monde était des parents ou des amis ; 7 % ont dit
n'avoir à leur disposition aucune source d'information fiable et 6 % ont
dit écouter les radios étrangères.
Les restrictions sur
l'utilisation d'Internet comme l'enregistrement des usagers sous leur
nom véritable se sont intensifiées. Les autorités chinoises de la RAT
exigent à présent que les utilisateurs fournissent des cartes d'identité
établissant leur citoyenneté 'seconde-génération' (chinois:
Shen Feng Teng) et 'd'autres documents' nécessaires à l'inscription dans
les cybercafés.[vi] Le nouveau Shen Feng Teng inclue plus d'information
personnelle sur les personnes que par le passé et rend, par conséquent,
plus facile aux autorités la tâche de contrôle des activités
online. Tous les cybercafés de Lhassa ont reçu l'ordre d'installer
une machine capable de lire les cartes d'identité
seconde-génération et les utilisateurs qui ne sont pas en
possession de ce nouveau document ne peuvent accéder à l'Internet. Les
mineurs de moins de 18 ans sont également interdits d'accès et les
contrevenants seront punis par des amendes allant de 5,000 à 1,5000
RMB.
Traduction de Malie
Montagutelli pour Montagne du Bonheur
Notes: ________________________________________ [i] TAR
Propaganda Chief Stresses Protection of Confidential
Informationhttp://tb.tibet.cn/2010news/xzxw/zzzj/201207/t20120713_1759996.html [ii]
Cultural Construction Is "The Spiritual Pillar" Of Social
Stabilityhttp://english.peopledaily.com.cn/100668/102793/102810/7758310.html [iii]
Chinese Central Propaganda Chief at Jokhang Temple in
Lhasahttp://news.hexun.com/2012-07-26/144027657.html [iv] Second
Plenary Session of the Eighth TAR Regional Party held in
Lhasahttp://epaper.chinatibetnews.com/xzrb/html/2012-06/27/content_367398.htm [v]
In Tibet, Word-of-Mouth Extends BBG's Reach http://www.bbg.gov/press-release/in-tibet-word-of-mouth-extends-bbgs-reach/ [vi] Internet Cafe Users in Lhasa Must Hold a
second-generation ID card for the full implementation of real-name
registration
systemhttp://www.chinatibetnews.com/fazhi/2012-07/16/content_1015326.htm
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Le Tour de France est passé
dans la Drôme
Nhàn Nguyen représentait
Tibet Vallée de la Drôme à Saint-Paul-Trois-Châteaux afin de défendre
les valeurs tibétaines et rapporter des
images.
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Il n'est
plus de semaine que nous n'apprenions de nouvelles immolations au Tibet.
C'est ainsi la sixième femme qui s'immole par le feu en moins de 12
mois.
Rikyo, mère de trois enfants, s'immole
par le feu à Dzamthang
Sources : The Tibet Post International, Tibetan
Centre for Human Rights and Democracy, par la Rédaction du site
Tibet-Info.net, 2/ 06/12.
Le 30 mai 2012, trois jours après la double
auto-immolation à Lhassa, une femme tibétaine est décédée après s'être
immolée par le feu dans le Comté de Dzamthang (1), dans la "Préfecture
Autonome Tibétaine et Qiang de Ngaba".
Le 30 mai 2012, Rikyo, 33 (ou 36 ans), mère de trois
enfants, s'est immolée par le feu vers 15 heures (heure du Tibet), près
du monastère de Jonang. Lorsque la police chinoise est arrivée, le feu
était trop fort pour être éteint et elle est décédée. Des habitants ont
emmené son corps jusqu'au monastère de Jonang Dzamthang Gonchen.
Près de 1 000 moines se sont réunis dans le
monastère et ont prié pour l'âme disparue. Immédiatement après, les
autorités chinoises auraient réclamé le cadavre pour le brûler et ont
menacé de le leur enlever.
Le soir, vers 23 heures, le corps a été emmené sur
une colline près du monastère et il a été brûlé. Les moines du monastère
et des habitants, au nombre d'environ 5 000 au total, se sont réunis
pour ses funérailles. Bien qu'il ait commencé à pleuvoir fortement, ils
ont prié jusqu'à 3 heures du matin.
Rikyo, fille de Chuglo et Rinlha, était originaire
du village de Tsang, Comté de Dzamthang dans la région de Ngaba. Elle a
connu une vie de nomade, gardant les animaux. Avant son immolation, des
sources locales racontent qu'elle pria et se prosterna toute une journée
et toute une nuit, les amenant à penser qu'elle l'avait préparée.
Les habitants la décrivent comme une personne humble
et religieuse. Rikyo laisse son mari Namgtong, trois enfants, 9, 7 et 5
ans, et ses parents. Elle est la sixième femme tibétaine à s'être
immolée en signe de protestation (2).
Depuis février 2012, dans le Comté de Dzamthang,
quatre Tibétains se sont donné la mort par le feu en signe de
protestation contre le gouvernement chinois (3).
_______
(1) Dzamthang est situé dans l'ancien Amdo
tibétain, à la limite du Kham. Cette région est aujourd'hui incorporée à
la "Préfecture Autonome Tibétaine et Qian de Ngaba", dans la province
chinoise du Sichuan. (2) Les autres femmes sont
: Tenzin Wangmo, Palden Choetso, Tenzin Choedron, Tsering
Kyi, Rinchen. (3) Ces quatre Tibétains sont
: Nangdrol, Sonam, Choepak Kyab, Rykio
(parfois écrit Rechok).
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Devant
le Jogkhang, deux moines s'immolent
en signe de protestation contre la
répression...
CELA PORTE A TRENTE-HUIT LES IMMOLATIONS DEPUIS
2011
TIBET / LHASSA - Radio Free
Asia - 27 Mai 2012
Deux jeunes moines tibétains se
sont immolés par le feu à Lhassa dimanche 27 Mai 2012 en signe de
protestation contre la répression exercée par le régime totalitaire
chinois au Tibet. Il sagit des premières immolations signalées dans la
capitale du Tibet, selon ces sources.
Les moines se sont immolés en
face de Temple du Jokhang situé dans le centre ville de Lhassa. Il sagit
d' un lieu de pèlerinage réputé ultime pour les pèlerins Tibétains. Ceux
qui étaient présents au moment de ces immolations ont été rapidement
regroupés emmenés par les forces de sécurité chinoises arrivées dans
plusieurs véhicules pour évacuer la zone, ont précisé les sources.
Les identités des deux moines
et leur état de santé n'ont pas été communiqués. Les deux moines
faisaient partie d'un groupe de jeunes manifestants Tibétains qui
s'étaient réunis à l'extérieur du Temple pour protester contre la
répression chinoise.
" Les forces de sécurité sont
arrivées immédiatement pour éteindre le feu et tous les touristes
présents sur place ont été évacués du site par les forces de l'ordre. Le
lieu de ces immolations a été nettoyé et pas une trace de l'incident n'a
été laissée sur le site," selon des témoins oculaires qui ont aussi
déclarés que "les flammes étaient énormes". Les témoins ont ajouté que :
"la ville de Lhassa est maintenant remplie de forces de police et
para-militaires et la situation est très tendue".
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Les candidats à la présidentielle 2012
face au Tibet
Etudiants pour un Tibet libre - France -
etlfreetibet.canalblog.com / 17 avril 2012
http://etlfreetibet.canalblog.com/archives/2012/04/17/24035893.html
Sur
son blog officiel le mouvement Etudiants pour un Tibet libre - France "Le Tibet
sera libre" a fait le point mardi sur la position des candidats à la
présidentielle à propos du Tibet et de l'avenir du Peuple tibétain.
A travers les réponses des candidats (ou
leur silences) à ses questions, ou au questionnaire envoyé par le site
Tibet-Info.net ou encore à travers des interviews menées par certains
médias comme Mediapart. Voici ce compte -rendu en date du 17
avril.
A l'occasion des élections
présidentielles, SFT-France et un grand nombre d'associations françaises
qui militent pour la cause tibétaine ont, à l'initiative d'International
Tibet Network, interpellé les candidats et/ou formations politiques sur
la situation au Tibet à travers des courriers. Nous faisons ici une
synthèse éventuellement commentée des réponses que nous avons
reçu.
-
Eva Joly, (EELV) : nous a répondu à travers notamment une
tribune co-écrite et publiée sur Médiapart : le Tibet un combat profondement
ecologiste ainsi qu'une réponse adressée aux questions du site tibet-info.net :
réponse_d'Eva_Joly sur le_Tibet Dans la tribune, il est rappelé que "les
écologistes, en
France, en Europe et ailleurs, sont
solidaires de la cause tibétaine" et soutiennent le gouvernement en
exil, le dialogue et la résolution non-violente de ce conflit". Ils
apprécient la posture autonomiste et non "une revendication
d'indépendance qui ne voudrait rien dire dans le monde d'aujourd'hui".
Sur ce point, SFT-France ne partage évidemment pas la même analyse
puisque notre organisation, comme de nombreuses organisations tibétaines
militent justement dans un large mouvement pour l'Indépendance du Tibet
(Rangzen).
Notons cependant une prise de position
claire en soutien au Tibet, une reconnaissance du gouvernement tibétain
en exil, l'engagement à recevoir officiellement le 1er ministre tibétain
en exil Lobsang Sangay et une condamnation de la répression ("La France
et l'Europe doivent dénoncer plus clairement qu'elles ne le font
actuellement les répressions du pouvoir chinois").
-
Nathalie Arthaud (LO ): A répondu dans un
courrier soutenir le droit à l'autodétermination du peuple tibétain,
être horrifiée par la repression exercée par l'Etat chinois sur le
peuple tibétain tout en signalant qu'elle était contre "la théocratie"
et que le "Dalaï Lama incarnait un courant réactionnaire". (
réponse_Lutte_Ouvrière_Tibet). Gageons qu'elle se réjouira d'apprendre
que le Dalaï-Lama n'exerce plus de responsabilité politique et que le
représentant des tibétains en exil est maintenant un laïc.
Remarquons que l'idée persistante que la
lutte des tibétains viserait à rétablir une "théocratie" appelle
vraiment à un travail de fond de la part des associations pro-tibétaines
auprès des organisations politiques. Nous allons donc faire une réponse
en ce sens.
-
Nicolas Sarkozy (UMP) via Jean-François Copé
nous a répondu dans un
courrier ( réponse_Copé UMP Tibet). Avec une langue de bois
déconcertante, il est réaffirmé dans ce courrier que "la défense des
droits de l'Homme a été une priorité de l'action politique" et que "Le
Président de la République n'a transigé sur rien, et surtout pas sur la
question de la liberté religieuse ou des droits de l'Homme au
Tibet".
Nous devions être dans une dimension
parallèle ces 5 dernières années. Nous avons surtout le souvenir de la
police française nous matraquant pour nous faire taire lors du passage
de la Flamme Olympique à Paris en 2008, du silence complice ou au mieux
d'évocations génées lors de la répression qui frappe toujours plus
durement le Tibet depuis 4 ans. Nous avons aussi retenu le jumelage de
l'UMP et du Parti Communiste Chinois.
Sans doute Jean-François Copé a-t-il bien
appris ses leçons lors de sa dernière rencontre avec les responsables du
PCC puisqu'il arrive à écrire une page et demi sans employer le
mot "tibétain". Seuls demeurent les "habitants du Tibet" et "minorités
établies à l'intérieur des frontières de la Chine". (Définition de
"s'établir" : venir s'installer). Ça n'est plus la Chine qui occupe le
Tibet mais les tibétains qui sont "venus" (d'où?) "s'installer en
Chine". Du grand n'importe quoi. Notons que lorsque l'on parle du Tibet,
l'UMP répond "liberté religieuse et droits de l'Homme", comme si cela
englobait tout le problème. Ni indépendance, ni même autonomie, pour
l'UMP les tibétains n'existent même plus !
-
François Bayrou (Modem) via Nathalie Griesbeck
nous a répondu par un courrier. Une vive préoccupation face
aux immolations, la dénonciation de la répression et menaces qui pèsent
sur le peuple tibétain, un engagement de François Bayrou si il est élu à
dénoncer la situation au Tibet, à défendre les intérêts du peuple
tibétain et à encourager le dialogue pour résoudre le conflit, ainsi
qu'à recevoir le 1er ministre tibétain en exil Lobsang Sangay.
Au niveau Européen, "il est urgent de mettre
la question tibétaine sur l'agenda politique européen". Mme Griesbeck,
qui est vice-présidente de l'Inter-groupe Tibet au Parlement Européen
nous fait savoir qu'elle a activement interpellé les institutions
européenes sur le sujet, par la déposition de questions écrites à la
Comission et la co-signature et la déposition d'une résolution d'urgence
avec Marielle de Sarnez adoptée par le PE à propos des immolations et de
la répression qui ont eu cours ces derniers mois. Toujours au niveau
Européen, la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères
a été interpellée pour mettre la question des droits de l'Homme à
l'ordre du jour lors du prochain sommet UE-Chine.
-
Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) n'a
pas encore répondu à notre courrier (ni le Parti de Gauche). Celui-ci
s'était fait remarqué depuis 2008 en tenant des propos particulièrement
hostiles à la cause tibétaine : braqué sur la personne du Dalaï Lama et
des religieux, il dénonce un projet "théocratique". Cette position lui
est régulièrement rappellée par les journalistes, qui souvent eux-même
déforment la question dans le but dans un faire un simple objet
polémique (ce que nous avions dénoncé ici).
Monsieur Mélenchon déclare n'avoir "aucune
tendresse pour le régime
chinois", mais énonce des arguments fallacieux (historiques, politiques)
qui semblent avoir directement été dicté par l'Ambassade de Chine. Cependant, d'autres
composantes du Front de Gauche ont une attitude bien plus ouverte (sans
être pleinement satisfaisante) sur le Tibet et nous ont rencontré, comme
le PCF (voir notre compte rendu ici).
Nous pouvons donc constater qu'au sein du
Front de Gauche, la question tibétaine ne peut se résumer aux positions
caricaturales de Jean-Luc Mélenchon qui continue à distiller le mensonge issu de
la propagande chinoise que les tibétains en exil viseraient à rétablir une
"théocratie" (pour rappel, nous avions déjà évoqué la question ici). Nous avons noté que le "Monsieur
économie" du Parti de Gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon, Jacques
Généreux, a réaffirmé sur France Culture "qu'il "avait toujours soutenu
la lutte du Peuple Tibétain" (
http://www.dailymotion.com/video/xpvevs_les-matins-jacques-genereux_news?start=6#from=embed, entre 28.30 et la fin). Il y a donc une absence
d'unité et une clarification à avoir avec le Front de Gauche sur la
question du Tibet, si toutefois ils cherchaient une position unitaire
sur ce sujet.
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Samdhong
Rinpoche, ancien Premier ministre tibétain en
exil
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L'ancien premier ministre du Tibet lance un appel
à l'aide
Par Marie-Lucile Kubacki
- lavie.fr
Samdhong Rinpoche, ancien
premier ministre du gouvernement tibétain en exil et proche du
Dalaï-Lama, lance un appel à l'aide internationale à l'occasion de sa
visite à Paris. Nous l'avons rencontré.
C'est l'ancien n°2 du
gouvernement tibétain en exil, un acteur majeur de la démocratisation
des institutions tibétaines. Venu à Paris pour les commmémorations du 10
mars 1959, jour de l'insurrection du peuple tibétain en réaction à
l'invasion chinoise, Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du
gouvernement tibétain, a lancé un appel à l'aide interntionale.
Compagnon d'exil du Dalaï-lama, il sera présent en France jusqu'au mardi
13 mars. Il nous a reçu dans un bureau de la mairie du XIè
arrondissement, où il a été accueilli par le député maire Patrick
Bloche, vice-président du groupe d'études de l'Assemblée Nationale
française sur le Tibet. La Vie.fr - Aujourd'hui, 10 mars 2012, quelle
est la raison de votre présence en France ? Samdhong Rinpoche -
Je suis venu à
l'invitation de mon ami, Sungjang Rimpoche pour travailler sur les
enseignements de Sa Sainteté… Nous célébrons aujourd'hui le Rimay
Monlam, journée de prière pour les gens qui souffrent. Je me suis retiré
de la vie politique, aussi je vais m'exprimer en tant que citoyen
tibétain. Je lance un appel à la communauté internationale. Un appel au
secours pour que le monde prenne conscience de la situation au
Tibet. La Vie.fr - Comment la communauté internationale peut-elle vous
aider ? Samdhong Rinpoche - Je n'ai pas à lui dicter ce qu'elle a à faire !
C'est à chaque homme de voir comment il devrait réagir, aider… Nous
sentons bien que dans ce monde post-moderne, l'argent est devenu la
première valeur de l'humanité. C'est pour cette raison que face à la
Chine, personne n'ose lever le petit doigt, ne serait-ce que pour poser
une question. L'ensemble du monde est gouverné par la peur et la
cupidité. La Vie.fr - Pourtant, l'opinion publique est ralliée à votre
cause… Samdhong Rinpoche - Nous sommes reconnaissants aux gens ordinaires qui
nous manifestent leur soutien et leur sympathie mais ils n'ont pas le
pouvoir. Les gouvernements, eux sont relativement insensibles et le
Tibet n'est malheureusement pas le seul concerné par cette complaisance
face aux dictatures. Si le gouvernement chinois réussit à se maintenir
en place, c'est grâce au soutien politique et économique des démocraties
occidentales. Sans ce soutien, il se désintégrerait
! La Vie.fr - Chaque année, la répression chinoise s'intensifie aux
alentours de cette date anniversaire. Qu'est- ce qui a changé cette
année ? Samdhong Rinpoche - La répression a commencé à devenir plus violente en
2008 car les Tibétains s'étaient davantage mobilisés à l'approche des
Jeux Olympiques de Pékin. Depuis, c'est l'escalade : plus la répression
se durcit, plus la résistance augmente, plus les forces chinoises en
profitent pour réprimer le peuple tibétain. Depuis 2011, c'est de pire
en pire : 26 personnes se sont immolées. La Vie.fr - En tant que chef
religieux, comprenez-vous que l'on puisse se supprimer pour une cause
? Samdhong
Rinpoche - Je ne peux condamner l'immolation même si, comme le
Dalaï-Lama, je ne l'encourage pas : ceux qui s'immolent le font parce
qu'ils y sont forcés, parce qu'il n'existe plus aucune autre issue pour
vivre dignement, en paix avec sa conscience. Au Tibet, la vie est
devenue impossible, insupportable, aussi j'admire le courage et la
détermination de ces gens. En tant que bouddhistes, nous avons
obligation de respecter le principe de non-violence. Ceux qui s'immolent
ne blessent pas l'oppresseur chinois. Ils choisissent de prendre la
souffrance sur eux-mêmes pour ne pas la tourner vers
l'extérieur. La Vie.fr - Face à tant de violence, que veulent les
jeunes tibétains aujourd'hui : l'autonomie, comme le demande le
gouvernement en exil en accord avec le principe d'autonomie inscrit dans
la constitution chinoise ? Ou l'indépendance ? Samdhong Rinpoche - Il n'y a pas
de règle générale. La seule chose sur laquelle tout le monde s'entende,
c'est que le Dalaï-Lama ait le droit de rentrer au Tibet. Ensuite,
beaucoup veulent la liberté, mais la liberté ça peut recouvrir
l'autonomie ou l'indépendance. Très peu de gens demandent l'indépendance
à proprement parler. Ils réclament le respect des droits de l'homme et
la liberté religieuse. La
Vie.fr - En Chine, la situation des
chrétiens est également préoccupante… Samdhong Rinpoche - Evidemment ! Le
gouvernement communiste considère que la religion est l'opium du peuple.
Les chrétiens ne font pas exception. Les bouddhistes et les taoïstes
étant majoritaires, ils ont été la première cible. Ensuite, la
répression s'est étendue aux chrétiens et aux
musulmans. La Vie.fr -
Recevez-vous de l'aide de la part des
communautés chrétiennes ? Samdhong Rinpoche -
Depuis longtemps, les chrétiens
fournissent une aide matérielle aux chrétiens de la diaspora en Inde,
dans les domaines de l'éducation et de la santé
notamment. La Vie.fr - Le 10 mars 1959, l'armée chinoise réprimait
l'insurrection du peuple tibétain, provoquant la fuite du Dalaï-Lama et
la vôtre à quelques jours d'intervalle. Quels souvenirs gardez-vous de
cette semaine où votre vie et celle du Tibet ont basculé
? Samdhong
Rinpoche - Dans mon monastère, les choses semblaient paisibles… Mais
le 20 mars, aux alentours de minuit, les bombardements ont commencé sur
le palais du Dalaï-Lama, le Norbulinka. A quatre heures du matin, il ne
restait plus rien du palais. Les gens avaient été massacrés. Alors, avec
les autres moines, nous avons décidé de nous enfuir. Quand le matin
s'est levé, nous nous sommes mis en marche vers la montagne qui se
trouvait à côté du monastère et nous avons pensé que le Dalaï-Lama aussi
avait dû partir vers l'Inde. Il était effectivement parti quelques jours
plus tôt, le 17
mars... _________________________
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Immolation de vingt-quatre
Tibétains
dont vingt-deux dans les six derniers
mois
Il ne se passe pas de jour sans que l'on
apprenne l'immolation par le feu de nouveaux Tibétains.
Les autorités chinoises, qui par ailleurs font tirer à balles réelles sur la foule des
manifestants pacifiques, ne s'en préoccupent pas car les
médias occidentaux se taisent.
Si l'on souhaitait faire une
comparaison... une seule immolation a déclenché le printemps arabe... et
là les médias s'en sont emparé et ont ainsi permis aux jeunes épris
de liberté de faire tomber les dictatures.
Il est temps de s'interroger
sur l'origine de la chappe de plomb qui règne sur l'information
européenne et notamment française privilégiant les petites phrases de la
campagne présidentielle aux graves événements se déroulant au Tibet où
récemment plusieurs centaines de pélerins, de retour à Lhassa après
avoir été écouter les enseignements du Kalachakra par le Dalaï
Lama, se sont trouvé déportés vers une destination inconnue en
Chine.
Qu'attendent donc les médias
pour faire leur métier ? Que nous n'ayons plus de relations commerciales
avec la République populaire de Chine pour enfin ...PARLER
!!!
Richard
BROUSSAUD
Webmaster
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Les images des
personnes en silhouette sont celles où il n' y a pas eu de photos
diffusées.
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Déclaration de Gyalwang Karmapa, Orgyen
Trinley Dorje
Bodhgaya 6 février
2012
Les nouvelles qui
viennent juste de paraître disent que 3 Tibétains de plus se sont
immolés par le feu en une seule journée à l'est du Tibet. Cela se
produit très peu de temps après les 4 immolations de Tibétains et les
autres morts dans les manifestations au Tibet au court du mois de
janvier. Et tandis que les tensions s'accroissent, au lieu de faire
preuve d'intérêt et d'essayer de comprendre les causes de cette
situation, les autorités chinoises répondent par encore plus de force et
de répression. Chaque nouvelle annonce de la mort d'un tibétain est pour
moi source de souffrance et de tristesse ; 3 en un seul jour est au-delà
de ce qu'un coeur peut supporter. Je prie pour que ces sacrifices
n'aient pas eu lieu en vain, mais qu'ils puissent provoquer un
changement de politique qui apportera un soulagement à nos frères et
surs du Tibet.
J'ai reçu le nom de Karmapa, j'appartiens à une
lignée de réincarnation vieille de 900 ans, qui a évité tout au long de
son histoire tout engagement politique, une tradition que je n'ai
aucunement l' intention de changer maintenant. Mais, en tant que
tibétain, j'éprouve une grande compassion et une grande affection pour
le peuple tibétain, et je ne pourrais pas accepter de rester silencieux
pendant qu'ils sont dans la peine. Leur bien-être est ma préoccupation
majeure.
Les manifestations des Tibétains et les immolations
par le feu sont les symptômes d'un mécontentement profond mais méconnu.
Si une opportunité réelle était donnée aux Tibétains de conduire leur
vie comme ils le souhaitent, en protégeant leur langue, leur religion et
leur culture, jamais ils ne manifesteraient ni ne sacrifieraient
leurs vies.
Depuis 1959, nous les Tibétains, avons
affronté des pertes inimaginables, mais nous avons tiré des bénéfices de
cette adversité. Beaucoup d'entre-nous ont redécouvert leur véritable
identité tibétaine. Nous redécouvrons un sentiment d'unité nationale
parmi les habitants des trois provinces du Tibet. Et retrouvons la
valeur d'un leader unificateur en la personne du Dalaï Lama. Ces
facteurs nous ont donné une bonne base pour l'espérance.
La Chine dit avoir apporté un développement au
Tibet, et lorsque je vivais là-bas j'avais une vie confortable sur le
plan matériel. Mais la prospérité et le développement, n'ont pas profité
aux Tibétains sur le plan de ce qu'il considèrent avoir le plus de
valeur. Le confort matériel est de peu de valeur sans un sentiment
de satisfaction intérieur. Les Tibétains vivent avec la crainte
persistante qu'il seront forcés à agir contre leur conscience et à
accuser Sa Sainteté le Dalaï Lama. Les autorités chinoises dépeignent en
permanence Sa Sainteté comme un ennemi. Ils ont rejeté ses efforts
répétés pour trouver une solution paisible et négociée au problème
tibéto-chinois. Ils refusent de considérer la foi sincère et loyale que
le peuple tibétain éprouve envers Sa Sainteté. Même les Tibétains nés
des dizaines d'années après le départ en exil de Sa Sainteté le Dalaï
Lama, voient en lui leur guide et leur refuge, et non seulement pour
cette vie mais aussi pour leurs vies futures. C'est pourquoi, dépeindre
constamment Sa Sainteté le Dalaï Lama en termes hostiles est un
affront qui ne bénéficie à personne. En fait s'en prendre au coeur même
de la foi des tibétains sape toute chance de gagner leur confiance. Ce
n'est donc ni efficace ni sage.
J'en appelle aux autorités de Beijing de voir au-delà
des apparences de bien-être présentées par les dirigeants locaux. La
reconnaissance de la véritable détresse des tibétains du Tibet, et la
prise en compte de la totale responsabilité de ce qui s'y passe,
constitueraient une base avisée pour bâtir une confiance mutuelle entre
les Tibétains et le gouvernement chinois. Plutôt que de traiter ceci
comme un problème d'opposition politique, il serait beaucoup plus
efficient pour les autorités chinoises de traiter cela comme la base
même du bien-être humain.
En ces temps difficiles, je presse les
Tibétains du Tibet : Soyez fidèles à vous-même, gardez votre équanimité
face aux épreuves, et restez concentrés sur le long terme. Gardez
toujours à l'esprit que vos vies ont une grande valeur, en tant qu'êtres
humains et en tant que Tibétains.
Avec en vue le prochain nouvel-an tibétain,
j'offre mes prières pour que les Tibétains, nos frères et soeurs
chinois, et nos amis et partisans de l'Inde et du monde entier puissent
trouver un bonheur et une paix véritables et durables. Puisse la
Nouvelle Année voir le jour dans une ère d'harmonie, caractérisée par
l'amour, le respect des uns pour les autres et pour la terre qui est
notre maison commune.
Orgyen Trinley Dorje 17e
Karmapa
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Trois nouvelles immolations portent à
vingt le nombre de Tibétains ayant choisi de se donner la mort par le
feu
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Phayul, 4 février 2012 -
Traduction Monique Dorizon pour Tibet-info.net Selon des
témoignages en provenance du Tibet, trois Tibétains se sont immolés par
le feu, le 3 février 2012, dans la ville assiégée de Serthar , au Tibet
oriental.
Un Tibétain en exil, ayant des contacts dans cette
région, dit que deux Tibétains ont survécu, mais on craint la mort du
troisième.
"Les trois Tibétains ont appelé à l'unité du peuple
tibétain et ont protesté contre le gouvernement chinois", rapporte le
Tibétain, voulant rester anonyme. Les deux hommes qui auraient survécu
ont été identifiés comme Tsering, âgé d'une soixantaine d'années et
Kyari, 30 ans environ. Le troisième tibétain décédé n'est pas
identifié.
Serthar est sous une loi martiale officieuse avec un
verrouillage militaire lourd depuis les protestations de masse du 24
janvier. Avant ces manifestations de masse, les Tibétains dans les
villages ruraux de Serthar avaient manifesté les 18 et 22 janvier, et
une plus grande manifestation a également été signalée le 23 janvier
dans la ville de Serthar, lors de laquelle une banderole portant
l'inscription "Nous protestons contre l'échec des politiques chinoises
au Tibet" a été déployée.
La même source dit à Phayul que, au cours des
manifestations du 18 janvier, un grand nombre de rouleaux de prière
("lungta" ou "chevaux de vent") comportant le drapeau national tibétain
et des slogans appelant à la longue vie du Dalaï Lama et "Victoire au
Tibet" imprimés au verso ont été répandus dans la région.
Suite aux manifestations, toute la région a été
coupée du monde extérieur, sans connexions téléphoniques ou Internet.
Les routes menant à la région restent bloquées, comme l'indique un
reportage de CNN dans lequel ses journalistes ont été arrêtés et
renvoyés alors qu'ils essayaient de pénétrer dans la région.
Sur les photos des manifestations du 24 janvier à
Serthar reçues le 3 février par Phayul , le personnel militaire chinois
est vu en train de battre violemment et de traîner les Tibétains sur la
route.
La semaine dernière, Amnesty International, dans un
communiqué , a appelé la Chine à éviter d'utiliser une force excessive
en réponse aux manifestations tibétaines et a exprimé la crainte de "la
violence et (de) l'effusion de sang" au
Tibet.
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La République populaire de Chine (RPC) extermine et déporte
à huis clos au Tibet !
Après les
17 immolations suivies de
nombreuses manifestations réprimées par des tirs à balle réelle
où plusieurs morts et des dizaines de blessés ont été dénombrés,
la Chine a fermé les frontières du Tibet aux Occidentaux et à la
presse
internationale.
Les forces de sécurité ont emmené des
centaines de Tibétains de Lhassa vers une destination
inconnue
Des centaines de pèlerins
tibétains précédemment arrêtés par la police chinoise lors de leur
retour du Népal vers le Tibet, ont été emmenés de force, en train, vers
une destination inconnue, rapportent des témoignages venant du Tibet. La
plupart d'entre eux revenaient du Kalachakra à Bodhgaya
(Inde).
Vers 10 h (heure du Tibet)
le 31 janvier 2012, des forces chinoises de sécurité ont encerclé ces
Tibétains à la gare de Lhassa et les ont fait monter dans un train en
partance pour la Chine.
Lors de leur voyage de retour
vers le Tibet, alors qu'ils revenaient de pèlerinage au Népal et
d'autres lieux, ces pèlerins tibétains avaient été stoppés récemment à
de nombreux barrages.
En outre, les témoignages indiquent
que les Tibétains arrêtés seraient interrogés, après leur détention dans
un lieu inconnu, pour savoir s'ils envisageaient une activité politique.
Aucun autre détail n'est disponible sur leur localisation et leur
état.
Source : Administration Centrale Tibétaine, 31 janvier
2012.
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De nouveaux Tibétains meurent sous les balles de la
sécurité chinoise
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Mercredi 25 janvier 2012 par
Monique Dorizon - Tibet info
Le 24 janvier 2012, au moins cinq Tibétains ont
trouvé la mort à la suite des tirs de police, à Serthar, au Tibet
oriental. Ceci est survenu quand une foule de Tibétains s’est réunie à
Serthar et a commencé à lancer des slogans appelant à l’indépendance du
Tibet.
Selon certaines sources de Tibétains en exil ayant
des contacts dans cette région, plus de 600 agents de la sécurité
chinoise sont arrivés sur le lieu des manifestations et ont commencé à
tirer au hasard dans la foule.
Parlant à la radio "Voice of Tibet" basée à
Dharamsala, un Tibétain anonyme a déclaré qu’assurément cinq Tibétains
étaient morts et plus de 40 Tibétains gravement blessés.
"Le personnel de la sécurité chinoise a commencé à
tirer au hasard dans la foule des Tibétains qui manifestaient contre le
gouvernement chinois dans la ville de Serthar", affirme-t-il.
L’écrivaine tibétaine Woeser, habitant Pékin, a
également confirmé de source indépendante que cinq Tibétains avaient été
tués dans les manifestations d’aujourd’hui. Woeser a identifié l’un des
morts comme étant Bobo, Tibétain d’une trentaine d’années.
Des sources indiquent que l’ensemble de la ville de
Serthar est de fait sous la loi martiale, un grand nombre d’agents de la
sécurité chinoise maintenant une stricte surveillance dans toute la
ville. Tous les magasins, les restaurants et les équipements publics de
la région ont été contraints de fermer. Il est à craindre que le nombre
de victimes augmente puisque les Tibétains blessés ont été laissés sans
accès à un traitement médical.
Les manifestations dans Serthar
se déroulent un jour après que des protestations massives aient été
signalées dans le Comté voisin de Drango [2]. Des témoignages antérieurs
avaient indiqué qu’un Tibétain avait été abattu par le personnel de
sécurité chinois à Drango mais actuellement les rapports confirment la
mort de six Tibétains lors des coups de feu du 23 janvier.
L’agence Chine Nouvelle (Xinhua) a confirmé la mort
d’un Tibétain La semaine précédente, des centaines de Tibétains
étaient sortis dans les rues de Serthar dans un acte de défi contre la
domination chinoise, portant des photos du Dalaï Lama et appelant à
l’indépendance du Tibet.
Le Premier ministre du
gouvernement tibétain en exil, Lobsang Sangay, a exhorté le 24 janvier
la communauté internationale à intervenir afin d’éviter le prolongement
du carnage au Tibet.
"Le silence de la
communauté internationale envoie un message clair à la Chine que ses
mesures répressives et violentes pour gérer les tensions dans les
régions tibétaines sont acceptables" a déclaré Lobsang Sangay. "En
tant que nation aspirant à devenir une puissance mondiale économique et
politique, la République populaire de Chine ne peut pas être autorisée à
se comporter d’une telle façon immorale et violente".
La communauté internationale ne
peut pas "rester passive" et il est "grand temps qu’elle intervienne
pour empêcher un nouveau bain de sang".
"Combien de temps encore et
combien de morts tragiques sont nécessaires avant que le monde prenne
une position morale ferme ?", a-t-il interrogé.
Les USA se sont dits "très
inquiets des informations régulières faisant état de violences dans une
zone tibétaine de la Chine". "Nous avons régulièrement demandé au
gouvernement chinois de régler la question de la politique
contre-productive qu’il mène dans les zones tibétaines qui crée des
tensions et menace l’identité religieuse, culturelle et linguistique du
peuple tibétain", a-t-elle ajouté.
"Nous appelons le gouvernement chinois à s’engager
dans un dialogue avec le Dalaï Lama ou ses représentants pour répondre
aux inquiétudes des Tibétains", a insisté Mme Nuland, porte-parole de la
diplomatie américaine. "Nous appelons le gouvernement chinois à
protéger les droits universels de tous les citoyens de Chine", ajoute
Mme Otero, responsable du dossier tibétain de l’administration Obama.
"Nous appelons les forces de sécurité chinoises à faire preuve de
retenue et nous renouvelons notre appel à l’ouverture des régions
tibétaines de Chine aux journalistes, aux diplomates et à d’autres
observateurs", conclut-elle.
Au cours des 11 derniers mois,
16 Tibétains se sont immolés par le feu, réclamant le retour de l’exil
de Sa Sainteté le Dalaï Lama et protestant contre la poursuite de
l’occupation chinoise au Tibet. Au moins une douzaine de Tibétains sont
morts dans les dernières semaines du fait des tirs de la police sur des
manifestants pacifiques.
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" Le Tibet made in China
"
de Yannick Van der Schuerend,
Transmis par Jean-Claude
Buhrer-Solal (Lausanne)
Pays des neiges - Mission
accomplie.
Le 9 octobre 1951, les troupes
communistes de Mao entraient dans Lhassa. Plus d’un demi-siècle après et
malgré de nombreux mouvements de révolte de la population tibétaine, le
Toit du Monde est désormais sous contrôle. C’est en toute quiétude, mais
à l’abri des regards étrangers, que les autorités chinoises ont fêté en
juillet dernier le 60e anniversaire de la «libération pacifique» du
Tibet, selon l’expression consacrée du régime.
Reste à convaincre les
sceptiques (nombreux) du bien-fondé de ce que l’immense majorité des
Tibétains considèrent comme l’annexion pure et simple de leur pays. Pour
vanter le respect de la culture tibétaine et le développement économique
fulgurant de cette région dite autonome, Pékin a donc décidé d’inviter
quelques journalistes de la presse helvétique. Une première. Et un pari
risqué, sachant que la Suisse abrite la plus grande diaspora tibétaine
d’Europe et que chaque apparition du Dalaï-lama sur notre territoire
fait déplacer les foules. Visite guidée et étroitement surveillée au
cœur du Tibet «made in China».
1
Le Grand Timonier en rêvait,
les Chinois l’ont fait. La ligne de chemin de fer de 1142 kilomètres
reliant Lhassa au reste de la République populaire a été inaugurée en
2006. L’aboutissement de plusieurs décennies de réflexion pour relever
le défi de poser 547?kilomètres de rails sur le sol instable, qui
alterne entre gel et dégel (permafrost), du plateau Qinghai-Tibet. Cinq
ans de travaux, des centaines de milliers d’ouvriers et plus de quatre
milliards de francs ont ensuite été nécessaires à la concrétisation de
ce projet.
Aujourd’hui, cette ligne, qui
culmine à 5072?mètres d’altitude, est l’une des plus grandes fiertés du
régime. Cet ouvrage herculéen met le Pays des Monts neigeux à portée de
rail de Pékin, de Shanghai et de plusieurs métropoles du sud-ouest du
pays. Alors qu’une nouvelle voie reliant Lhassa à la frontière népalaise
est déjà en construction.
Le gouvernement chinois
présente cet exploit technologique comme un fantastique moyen de
moderniser la province. Vrai. Il omet toutefois de préciser que ce
chemin de fer facilite avant tout l’accès aux ressources minières dont
regorge le Tibet, qu’il réduit considérablement le coût du transport
militaire et qu’il permet d’accélérer la sinisation de la région. Le
nombre de Chinois – soldats, touristes ou migrants à la recherche d’un
emploi – qui débarquent quotidiennement en gare de Lhassa en témoigne.
Et on comprend la crainte des
autochtones de se faire envahir par les Hans, ethnie majoritaire de
l’Empire du Milieu.
De sources officielles, la cité
des lamas sacrés compte 80% de Tibétains pour 20% de Hans. Dans la
réalité, c’est à peu de chose près exactement l’inverse. «Regardez
autour de vous… Vous en voyez beaucoup, des Tibétains?» lance
discrètement un commerçant tout sourire. L’angoisse de nos hôtes – par
ailleurs fort bienveillants – à l’idée que l’on puisse avoir le moindre
contact avec la population rend ce genre d’aparté quasiment impossible.
Au Tibet, plus encore qu’en Chine, les journalistes sont en liberté
surveillée.
2 Après vingt-quatre heures
de voyage, de paysages sublimes et de moments d’extase collective face
aux troupeaux de yaks et d’antilopes qui batifolent à 4500?mètres
d’altitude, le retour sur terre est brutal. Sur le quai de la gare aux
allures très staliniennes de Lhassa, des uniformes à perte de vue.
Tandis qu’un comité d’accueil se précipite pour nous passer une «hada» –
traditionnelle écharpe blanche tibétaine – autour du cou, les centaines
de soldats de l’Armée populaire de libération embarqués au petit matin à
Golmud, au pied de l’Himalaya, sont accueillis en grande pompe. Dans
quelques heures, ces hommes lourdement armés iront rejoindre leurs
milliers de camarades chargés de surveiller les rues de la capitale.
«Combien sont-ils? Que craignez-vous? Ce pays est-il si dangereux?» Un
simple «Je vous rappelle que le Tibet n’est pas un pays» met un terme à
toute tentative de conversation politique.
Le lendemain, jour de l’entrevue entre le «Swiss
media team» et M. Ding Yexian, vice-président du gouvernement du Tibet
autonome, nos hôtes prennent les devants. «Après son discours, vous êtes
priés de ne pas poser de questions.» Pour des raisons protocolaires nous
précise-t-on. Evidemment. A peine son long monologue sur tout ce que la
Chine a apporté aux Tibétains en matière de développement économique et
social terminé, le vice-président se lève, nous salue et quitte les
lieux. Fin de l’échange.
3 Avec ses enseignes
scintillantes, ses hôtels étoilés, ses karaokés, ses maisons de jeu et
de passe et ses bars à soldats, Lhassa est devenue de prime abord une
ville chinoise comme les autres. Il faut se rendre dans le centre
historique, aux pieds du temple de Jokhang, le premier temple du
bouddhisme tibétain et point de convergence de tous les pèlerins, pour
entendre battre (brièvement) le cœur spirituel du
Tibet.
C’est ici qu’en mars 2008, peu après les émeutes,
des moines ont fait irruption devant un groupe de journalistes étrangers
pour dénoncer les abus des forces chinoises au Tibet. Autant dire que
les organisateurs de ce «Lhassa tour» veulent éviter tout bis repetita.
La visite des lieux se déroule sans incident, mais au pas de charge et
sous l’œil attentif d’une armada d’accompagnateurs. Pas moyen de
vagabonder librement dans les ruelles animées ni le temps de s’imprégner
des odeurs d’encens et de beurre de yak, utilisé comme cire à bougies
dans les édifices religieux. C’est en quittant – à contrecœur – cette
place qu’on remarque que chacune des unités militaires patrouillant dans
le quartier est équipée d’un extincteur… De peur qu’un bonze ne
s’immole, apprendra-t-on plus tard.
Direction le Potala. Devant
l’affluence de touristes chinois, l’accès du nombre de visiteurs par
jour a été restreint et la visite de la demeure ancestrale des
dalaï-lamas est limitée à une heure. Il faut donc jouer des coudes et
accélérer les pas pour arriver à parcourir, dans le temps imparti, tous
les étages de ce palais légendaire miraculeusement épargné pendant la
Révolution culturelle.
Inutile de chercher une
représentation de l’actuel Dalaï-lama (le 14e) dans les mille et une
merveilles architecturales et religieuses dont recèlent les lieux. Ici,
nul ne se risque même à chuchoter son nom. La bête noire de Pékin,
Tenzin Gyatso, réfugié en Inde depuis 1959, n’existe pas. La version
chinoise de l’histoire du bouddhisme tibétain s’arrête avec son
prédécesseur, Sa Sainteté le Grand Treizième. Le reste des visites se
succède avec l’étrange sentiment que pour les Chinois, la culture
tibétaine appartient depuis longtemps au passé.
4 Pas facile de sortir de
Lhassa. Les convois militaires provoquent des embouteillages sur la
route du lac Namtso, l’un des plus sacrés du Tibet, situé à 150
kilomètres de la capitale. Dans les vastes étendues, les nomades,
victimes depuis les années 90 d’une politique de sédentarisation, ont
troqué le cheval contre la moto. Pékin entend ainsi protéger les
écosystèmes fragiles du haut plateau tibétain contre les dégâts infligés
par leurs troupeaux de yaks… Le discours officiel ne mentionne pas en
revanche la destruction massive de l’environnement, liée à la
surexploitation minière et forestière par l’Etat chinois depuis
1949.
Il est prévu que l’ensemble des
2,25 millions de nomades tibétains soient installés dans des habitations
permanentes. Sur les hauts plateaux, les petites maisons en béton –
surmontées d’un drapeau chinois – poussent comme des champignons. Quant
aux principaux intéressés, ils sont priés de se taire et de dire merci.
Ainsi leur mode de vie vieux de plus de 2000 ans est tout simplement
menacé de disparition.
N’en déplaise aux autorités
chinoises et en dépit d’un merveilleux voyage, et du dévouement de nos
guides, force est de constater – comme l’a écrit à maintes reprises la
journaliste Claude B. Levenson, décédée à Lausanne l’an dernier – que le
Tibet est un territoire militairement occupé et économiquement colonisé.
Que les Tibétains n’ont pas d’accès libre à l’information, qu’ils sont
tenus au silence sous peine de se faire arrêter et que quand leur
culture est «respectée», elle est «folklorisée» ou reléguée au
musée. __________________________
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Immolation par le feu de nombreux moines et
nonnes au Tibet
Communiqué de presse de Tibetan
Community in Switzerland and Liechteinstein
Zurich, 18 octobre 2011
Le Tibet se meurt - Des jeunes Tibétains
s'immolent par le feu par désespoir et pour protester contre la
politique répressive de la République Populaire
Chinoise.
Depuis mars 2011, pas moins de
huit jeunes moines et une nonne de 20 ans décédée le 17 octobre se sont
immolés par le feu. Il s'agit de neuf très jeunes Tibétains âgés tout
juste de 17 à 20 ans et d'un de 29 ans. Au moins cinq d'entre eux n'ont
pas survécu à leurs blessures. Le danger que ces actes d'auto-immolation
et autres actes de désespoir augmentent est à craindre. Ces jeunes ne
demandaient que le respect des libertés fondamentales au Tibet et le
retour de Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
Depuis longtemps, la Chine
verrouille les monastères tibétains, emprisonne les moines en leur
faisant subir des tortures atroces. La situation dans le district de
Ngaba (province Sichuan) est très tendue depuis des
mois.
Les mesures de sécurité et la
répression s'intensifient. Afin d'arriver à leurs fins, les autorités
chinoises et les forces de sécurité ne reculent devant rien. Le degré de
désespoir parmi la population tibétaine est énorme, et les moines
tibétains s'immolent pour protester contre le régime totalitaire
chinois. Ceux qui ont survécu à leur auto-immolation sont battus et
enlevés vers des destinations inconnues. On peut craindre qu'ils ne
reçoivent pas les soins médicaux nécessaires.
"La situation au Tibet est au pire. Les jeunes
moines tibétains ne voient pas d'autres solutions que de s'immoler alors
que la RPC viole tous les principes des libertés et droits fondamentaux
de l'homme" commente Madame Pasang Memmishofer, Présidente de la
Communauté Tibétaine en Suisse et au Liechtenstein. La Communauté
Tibétaine en Suisse et au Liechtenstein condamne catégoriquement la
politique répressive de la RPC et soumet les demandes suivantes:
- Soins médicaux pour les moines blessés
- Informations sur le sort des moines et nonnes
enlevés et leur libération immédiate
- Rétablissement de la pleine liberté de mouvement
des moines, nonnes et laïcs dans et autour des monastères
- Fin de toutes actions qui entravent la liberté de
pratique religieuse dans les monastères de Kirti et de Nyitso, ainsi que
dans tous les autres monastères tibétains
- L'arrêt immédiat des tactiques de répression
inhumaines au Tibet qui sont à l'ordre du jour
- Début d'un dialogue substantiel avec les envoyés
de Sa Sainteté le Dalaï-Lama pour la résolution d'une solution amiable
et pacifique
Il est grand temps
d'agir.
Le Tibet se meurt
!
Aidez-nous !
___________________
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Déclaration de Sa Sainteté le Quatorzième
Dalaï-lama,
Tenzin Gyatso, au sujet de sa
réincarnation
Le 24 septembre 2011
Introduction
Mes compatriotes tibétains, tant au Tibet qu'en
exil, tous ceux qui suivent la tradition du bouddhisme tibétain et tous
ceux qui ont un lien avec le Tibet et les Tibétains.
La totalité de l'enseignement du Bouddha, qui
comprend les enseignements des Trois Véhicules qui sont à la fois
scripturaux et fondés sur l'expérience, ainsi que les quatre groupes de
Tantras et les sujets et pratiques qui leur sont liés, ont prospéré au
Pays des neiges grâce à la vision de nos anciens rois, ministres et
érudits-accomplis. Le Tibet est devenu une des sources pour les
traditions bouddhistes et les autres cultures qui lui sont liées dans le
monde. Il a grandement contribué au bonheur d'un nombre incommensurable
d'êtres en Asie, notamment en Chine, au Tibet et en Mongolie.
Tandis que nous maintenions la tradition bouddhique
au Tibet, nous avons développé une tradition spécifiquement tibétaine de
reconnaissance des réincarnations des érudits-accomplis. Ceci a été
extrêmement bénéfique à la fois pour le Dharma et pour les êtres
vivants, et plus particulièrement pour la communauté monastique.
Depuis que l'omniscient Gedun Gyatso a été reconnu
et confirmé comme étant la réincarnation de Gedun Drub au XVème siècle
et que le Gaden Phodrang Labrang (l'institution des Dalaï-Lamas) a été
fondé, ses réincarnations successives ont été reconnues. Le troisième de
la lignée, Sonam Gyatso, reçut le titre de Dalaï-Lama. Le Vème
Dalaï-Lama, Ngawang Lobsang Gyatso, fonda le gouvernement du Gaden
Phodrang en 1642, devenant ainsi le chef spirituel et politique du
Tibet. À compter de Gedun Drup et pendant plus de six siècles, une série
de réincarnations incontestables a été reconnue dans la lignée du
Dalaï-Lama.
Depuis 1642, les Dalaï-Lamas ont joué le rôle de
dirigeants à la fois spirituels et temporels du Tibet pendant 369 ans.
J'ai désormais décidé de mettre un terme à cela, fier et satisfait que
nous puissions avoir un gouvernement de type démocratique tel qu'il en
existe beaucoup ailleurs dans le monde. En réalité, dès 1969, j'ai
clairement déclaré que les personnes concernées devaient décider s'il
était bon que les réincarnations du Dalaï-Lama se poursuivent dans le
futur. Cependant, en l'absence de directives claires, et si les
personnes concernées expriment un souhait profond que la lignée des
Dalaï-Lamas se poursuive, il existe un risque évident que des intérêts
politiques personnels fassent un mauvais usage du système de
réincarnation pour mener à bien leur propre programme politique. C'est
pourquoi, tant que je suis en bonne santé sur les plans physique et
mental, il me semble important que nous établissions des directives
claires pour la reconnaissance du prochain Dalaï-Lama, afin qu'il n'y
ait nulle place pour le doute ou la tromperie. Pour que ces directives
soient parfaitement compréhensibles, il est essentiel de comprendre le
système de reconnaissance des tulkou et les concepts fondamentaux
sous-jacents. Je vais donc les expliciter brièvement ci-dessous.
Vies antérieures et vies
futures
Afin d'accepter la réincarnation ou la réalité des
tulkou, il faut admettre l'existence de vies antérieures et de vies
futures. Les êtres vivants prennent naissance dans la vie présente à la
suite de leurs vies antérieures et, après leur mort, ils reprendront à
nouveau naissance. Cette façon de renaître continuellement est admise
par toutes les traditions spirituelles et les écoles philosophiques
indiennes, si ce n'est par les Charvaka, qui étaient un mouvement
matérialiste. Certains penseurs contemporains nient qu'il y ait des vies
passées et des vies futures, en se basant sur le fait qu'on ne peut les
voir. Pour d'autres, cet argument ne permet pas de tirer des conclusions
aussi définitives.
Bien que de nombreuses
traditions religieuses acceptent l'idée de renaissance, leurs vues
diffèrent concernant la nature de ce qui renaît, la manière dont
s'effectue cette renaissance et la façon dont se déroule la transition
entre les deux vies. Certains traditions religieuses acceptent la
perspective d'une vie future, mais rejettent l'idée de vies
antérieures.
De manière générale, les
bouddhistes croient qu'il n'y a pas de début à la naissance et que,
lorsqu'ayant triomphé de notre karma et de nos émotions perturbatrices,
nous aurons obtenu la libération du cycle des existences, nous ne
renaîtrons plus sous l'emprise de telles conditions. En conséquence, la
plupart des écoles philosophiques bouddhiques croit que la renaissance
en raison du karma et des émotions perturbatrices connaît une fin, mais
n'admet pas que le flux de conscience puisse s'arrêter. Rejeter les
notions de renaissances passées et futures contredirait le concept
bouddhique de " base, voie et résultat ", qui doit être expliqué sur la
base d'un esprit maîtrisé ou non maîtrisé. Si l'on accepte cet argument,
nous devrions alors logiquement accepter que le monde et ses habitants
apparaissent sans causes ni conditions. En conséquence, si vous êtes un
bouddhiste, vous devez admettre le principe des vies passées et
futures.
Pour ceux qui se souviennent de leurs vies
antérieures, la réincarnation relève d'une expérience claire. Cependant,
la plupart des êtres ordinaires oublient leurs vies antérieures
lorsqu'ils font tour à tour l'expérience de la mort, de l'état
intermédiaire et de la renaissance. Les vies antérieures et futures
étant légèrement obscures pour eux, nous devons avoir recours à une
logique fondée sur des preuves évidentes pour les convaincre.
Dans les paroles du Bouddha et dans les commentaires
qui ont suivi, est exposée une grande variété d'arguments logiques, pour
prouver l'existence des vies antérieures et futures. En bref, cela se
résume à quatre points : la logique selon laquelle les choses sont
précédées de choses d'un genre similaire, la logique selon laquelle les
choses sont précédées par une cause substantielle, la logique selon
laquelle l'esprit a acquis une familiarité avec certaines choses dans le
passé et la logique d'avoir acquis de l'expérience des choses par le
passé.
De façon ultime, tous ces arguments sont basés sur
l'idée que la nature de l'esprit, sa clarté et sa conscience, doivent
avoir pour causes substantielles la clarté et la conscience. Ils ne
peuvent pas avoir une autre entité, telle qu'un objet inanimé, comme
cause substantielle. Ceci est évident. Par l'analyse logique, on peut
déduire qu'un nouveau flux de clarté et de conscience ne peut pas
advenir sans cause ou à partir de causes qui seraient sans rapport avec
lui. Nous pouvons non seulement observer qu'il est impossible de
produire un esprit dans un laboratoire, mais nous pouvons également en
déduire que rien ne peut éliminer la continuité de la clarté subtile et
de la conscience.
Autant que je sache, aucun psychologue, physicien ou
neuroscientifique moderne n'a été capable d'observer ou de prédire la
production de l'esprit à partir de la matière ou bien sans aucune
cause.
Certaines personnes se souviennent de leur vie
antérieure immédiate ou même de plusieurs vies antérieures et sont à
même de reconnaître des lieux et des parents qu'ils connaissaient dans
ces vies-là. Ce phénomène n'est pas seulement attesté dans le passé.
Aujourd'hui encore, de nombreuses personnes en Orient comme en Occident
se remémorent des incidents et des expériences qui se sont déroulés dans
leurs vies antérieures. Le nier ne serait pas une manière honnête et
impartiale de faire de la recherche, parce que cela s'opposerait à ces
témoignages. Le système tibétain de reconnaissance des réincarnations
est un mode authentique de recherche, basé sur le souvenir que les
personnes ont de leurs vies antérieures.
Comment se déroule la renaissance
Il existe deux manières pour un individu de renaître
après la mort : la renaissance sous l'influence du karma et des émotions
perturbatrices et la renaissance par le pouvoir de la compassion et de
la prière. Concernant la première : en raison de l'ignorance, des karma
positifs et négatifs sont créés et leurs empreintes restent dans la
conscience. Elles sont réactivées par le désir et la saisie, ce qui nous
entraîne dans une vie suivante. Nous prenons alors naissance de manière
involontaire dans des domaines supérieurs ou inférieurs. C'est de cette
manière que les êtres ordinaires tournent sans cesse dans l'existence,
comme une roue en mouvement. Même dans de telles circonstances, les
êtres peuvent s'engager avec diligence et avec une aspiration positive
dans des pratiques vertueuses au sein de leur vie quotidienne. Ils se
familiarisent avec les mérites qui pourront être réactivés au moment de
la mort, ce qui leur permettra de renaître dans un domaine d'existence
supérieur. En revanche, les bodhisattvas supérieurs, qui ont atteint le
chemin de la Vision, ne renaissent pas par la force de leur karma ou de
leurs émotions perturbatrices, mais par le pouvoir de leur compassion
envers les êtres vivants et sur la base de leurs souhaits d'être
bénéfiques à autrui. Ils peuvent choisir le lieu et le moment de leur
naissance, ainsi que leurs futurs parents. Une telle renaissance, qui
n'est destinée qu'au bien d'autrui, est la renaissance par la force de
la compassion et de la prière.
La signification du terme
tulkou
Il semble que la coutume tibétaine d'appliquer
l'épithète de " tulkou " (corps d'émanation d'un Bouddha) à des
réincarnations reconnues a commencé quand les fidèles ont utilisé ce
terme comme un titre honorifique. Il est depuis lors devenu une
expression courante. En général, le terme " tulkou " fait référence à
l'un des trois ou quatre aspects particuliers du Bouddha qui sont
décrits dans le Véhicule des Sutras. Selon cette explication des
différents aspects du Bouddha, même une personne qui est entièrement
enchaînée par les émotions perturbatrices et par le karma possède le
potentiel pour atteindre le corps de vérité (Dharmakaya), qui inclut le
corps de vérité de sagesse et le corps de vérité d'essence. Le premier
fait référence à l'esprit éveillé d'un Bouddha, qui voit en un instant
toute chose de façon directe et précise telle qu'elle est. Cet esprit
est débarrassé des émotions perturbatrices, ainsi que de leurs
empreintes, grâce à l'accumulation de mérites et de sagesse pendant une
longue durée. Le second est le corps de vérité d'essence. Ce terme fait
référence à la nature vide de l'esprit éveillé et omniscient. Ces deux
aspects n'apparaissent qu'aux Bouddhas eux-mêmes. Comme ils ne sont pas
directement accessibles pour les autres, il est impératif que les
Bouddhas se manifestent sous des formes physiques qui soient accessibles
aux êtres vivants afin de les aider. De ce fait, l'aspect physique
ultime d'un Bouddha est le " corps de complète jouissance "
(Sambhogakaya), qui est accessible aux bodhisattvas supérieurs et qui
possède cinq caractéristiques formelles, telles que la résidence dans la
Terre Pure d'Akanishta. Puis, à partir du Corps de Complète Jouissance,
sont manifestés les myriades de " corps d'émanation ", ou " tulkou "
(Nirmanakaya), des Bouddhas, qui apparaissent sous formes de dieux ou
d'humains et sont accessibles même aux êtres ordinaires. Ces deux
aspects physiques des Bouddhas sont appelés les " corps formels ", qui
sont pour le bien d'autrui.
Le corps d'émanation possède trois dimensions : a)
le corps d'émanation suprême, comme le Bouddha Shakyamuni, le Bouddha
historique, qui a manifesté les douze actes d'un Bouddha tels que la
naissance dans un lieu de son choix, etc. ; b) le corps d'émanation
artistique qui est utile aux autres en se manifestant sous l'aspect
d'artisans, d'artistes, etc. ; et c) le corps d'émanation incarné, selon
lequel les Bouddhas apparaissent sous diverses formes parmi lesquelles
des êtres humains, des divinités, des rivières, des ponts, des plantes
médicinales ou des arbres pour servir les êtres animés. Les
réincarnations reconnues des maîtres spirituels qui sont connues au
Tibet comme des " tulkou " ressortissent à la troisième catégorie. Parmi
ces tulkou, il est possible que beaucoup soient des corps d'émanations
incarnés qualifiés, mais cela ne s'applique pas forcément à tous. Parmi
les tulkou du Tibet, il peut s'en trouver qui soient des réincarnations
de bodhisattvas supérieurs, de bodhisattvas sur les chemins de
l'accumulation et de la préparation, ainsi que des maîtres qui, de toute
évidence, ne sont pas encore entrés sur ces chemins des bodhisattvas. En
conséquence, le titre de tulkou est donné à des lamas réincarnés soit
sur la base de leur similitude avec des êtres éveillés soit par leur
lien avec certaines des qualités des êtres éveillés.
Comme l'a dit Jamyang Khyentse Wangpo : " La
réincarnation est ce qui se passe quand quelqu'un renaît après le décès
du prédécesseur ; on parle d'émanation quand les manifestations se
déroulent sans le décès de la source ".
Reconnaissance des
réincarnations
Comprendre qui est qui grâce à l'identification de
la vie précédente d'une personne était une pratique déjà attestée du
vivant du Bouddha Shakyamuni. On trouve dans les quatre sections " Agama
" du Vinaya Pitaka, dans les histoires des Jataka, dans le Sutra du Sage
et du Fou, dans le Soutra des Cent karmas, etc., de nombreux récits dans
lesquels le Tathagata a exposé le fonctionnement du karma, en racontant
d'innombrables histoires sur la manière dont les effets de certains
karmas créés dans une vie antérieure sont vécus par une personne dans sa
vie présente. De même parmi les récits de la vie des maîtres indiens qui
vécurent après le Bouddha, nombreux sont ceux qui révèlent leurs
précédents lieux de naissance. Il existe de multiples histoires de ce
type, mais le système de reconnaissance et de dénombrement des
réincarnations n'est pas apparu en Inde.
Le système de la reconnaissance des
réincarnations au Tibet
Le phénomène des vies antérieures et futures a été
affirmé dans la tradition Bön, indigène au Tibet, avant l'arrivée du
bouddhisme. Et, depuis la diffusion du bouddhisme au Tibet, la quasi
intégralité des Tibétains croit au principe de l'existence des vies
passées et futures. La recherche des réincarnations de nombreux maîtres
spirituels qui ont développé le Dharma, ainsi que la coutume de leur
adresser des prières ferventes, se sont répandues partout au Tibet. On
trouve le récit des réincarnations d'Arya Avalokiteshvara, le
Bodhisattva de la Compassion, dans de nombreux textes canoniques, dans
des textes tibétains autochtones tels que le Mani Kabum, ou les
Enseignements des Kathang en cinq parties, ou encore dans les Livres des
disciples kadampa et la Guirlande de Joyaux : Réponses à des requêtes,
qui furent énoncés par le maître indien glorieux et incomparable
Dipankara Atisha au XIème siècle au Tibet. Cependant, la tradition
actuelle de reconnaissance formelle des réincarnations des maîtres n'a
commencé qu'au début du XIIIème siècle avec l'identification du Karmapa
Pakshi comme la réincarnation du Karmapa Dusum Khyenpa, par les
disciples de ce dernier et conformément à ses propres prédictions.
Depuis lors, il y a eu dix-sept incarnations du
Karmapa sur une durée de plus de neuf cents ans. De la même manière,
depuis la reconnaissance de Kunga Sangmo comme la réincarnation de
Khandro Choekyi Dronme au XVème siècle, il y a eu plus de dix
incarnations de Samding Dorje Phagmo.
Donc, parmi les tulkou reconnus au Tibet, il existe des
religieux ainsi que des pratiquants laïques tantriques, des hommes aussi
bien que des femmes. Le système de la reconnaissance des réincarnations
s'est peu à peu étendu au Tibet aux autres traditions bouddhiques, ainsi
qu'au Bon. Il existe aujourd'hui des tulkous reconnus dans toutes les
traditions bouddhistes tibétaines : Sakya, Geluk, Kagyu et Nyingma,
ainsi que chez les Jonang et les Bodong, qui tous servent le Dharma. Il
est aussi évident que, parmi ces tulkou, certains sont un déshonneur.
L'omniscient Gedun Drub, qui était un disciple
direct de Je Tsongkhapa, a fondé le monastère de Tashi Lhunpo au Tsang
et s'est occupé de ses étudiants. Il est mort en 1474 à l'âge de 84 ans.
Bien qu'au départ, nul effort n'ait été entrepris pour identifier sa
réincarnation, les gens ne purent que la reconnaître dans un enfant
appelé Sangye Chophel, qui était né à Tanak, dans le Tsang, en 1476, en
raison des souvenirs étonnants et exacts qu'il avait de sa vie
précédente. C'est ainsi qu'a débuté la tradition de la recherche et de
la reconnaissance des réincarnations successives des Dalaï-lamas par le
Gaden Phodrang Labrang et, par la suite, par le gouvernement du Gaden
Phodrang.
La méthode de reconnaissance des
réincarnations
Après que le système de
reconnaissance des tulkou a vu le jour, divers procédés de
fonctionnement ont commencé à se développer et se diffuser.
Parmi les plus importants d'entre eux, on trouve une
lettre prophétique du prédécesseur et d'autres instructions et
indications de sa part sur ce qui sera susceptible d'avoir lieu ; la
fiabilité du récit de la réincarnation lorsqu'elle se remémore et parle
de sa vie antérieure ; sa capacité à identifier les objets qui ont
appartenu à son prédécesseur et sa reconnaissance de personnes qui
étaient proches d'elle dans sa vie antérieure. Il existe par ailleurs
d'autres méthodes complémentaires : par exemple, on peut solliciter des
divinations auprès de maîtres spirituels authentiques et des prédictions
de la part d'oracles de déités de ce monde, qui apparaissent par le
truchement de médiums en transe. On peut aussi scruter des visions qui
apparaissent à la surface des lacs sacrés associés à des protecteurs,
comme le Lhamoi Latso, un lac sacré au sud de Lhasa.
Quand il s'avère que plus d'un candidat peut
prétendre à être reconnu comme tulkou, et que la décision est difficile,
il est possible de prendre la décision finale en ayant recours à la
divination à l'aide des boulettes de tsampa (zen tak), qui s'effectue
devant une image sacrée, en faisant appel au pouvoir de la vérité.
Emanation avant la mort du prédécesseur
(ma-dhey tulkou)
Une réincarnation doit être généralement la
renaissance sous forme humaine, après le décès de son prédécesseur. En
général, les êtres ordinaires ne peuvent pas se manifester sous forme
d'émanation avant leur propre mort (ma-dhey tulkou), mais les
bodhisattvas supérieurs, qui peuvent se manifester simultanément sous
formes de centaines ou de milliers de corps, peuvent manifester une
émanation avant leur mort. Dans le système tibétain de reconnaissance
des tulkou, il existe des émanations qui procèdent du même flux de
conscience que leur prédécesseur, des émanations qui sont connectées à
d'autres à travers le pouvoir du karma et des prières et des émanations
qui sont le résultat de bénédictions et de désignation.
Le but principal de l'apparition d'une réincarnation
est la poursuite de l'œuvre inachevée de son prédécesseur, pour être
bénéfique au Dharma et aux êtres. Dans le cas d'un lama qui est un être
ordinaire, en lieu et place d'une réincarnation qui découle du même flux
de conscience, quelqu'un d'autre qui a des connections avec ce lama
grâce à un karma pur et des prières peut être reconnu comme son
émanation. Une autre possibilité est que le lama désigne un successeur.
Il peut s'agir de l'un de ses disciples ou bien de quelqu'un de jeune
qui est destiné à être reconnu comme son émanation. Puisque cela est
possible dans le cas des êtres ordinaires, une émanation avant la mort,
c'est-à-dire qui ne procède pas du même flux de conscience, est donc
tout à fait envisageable. Dans certains cas, un lama éminent peut avoir
plusieurs émanations de manière simultanée, telles que les incarnations
du corps, de la parole et de l'esprit, etc. Récemment, plusieurs cas
d'émanations avant la mort ont été avérés, tels que Dudjom Jigdral Yeshe
Dorje et Chogye Trichen Ngawang Khyenrab.
Le recours à l'Urne
d'or
À mesure qu'empire cette ère de
dégénérescence, et que de plus en plus de réincarnations de lamas
éminents sont reconnues, certaines pour des motifs politiques, un nombre
croissant de réincarnations ont été reconnues au travers de moyens
inappropriés et douteux, ce qui a eu pour conséquence de provoquer
d'immenses dégâts pour le Dharma.
Pendant
le conflit entre le Tibet et les Gurkhas (1791-93), le gouvernement
tibétain a dû faire appel au soutien militaire des Mandchous. Par
conséquence, les troupes gurkhas furent expulsées du Tibet mais, à la
suite de cela, des fonctionnaires mandchous firent une proposition en
vingt-neuf points sous prétexte d'améliorer l'efficacité du
fonctionnement du gouvernement tibétain. Parmi ces points, on trouvait
la suggestion de faire un tirage au sort dans une Urne d'or pour
déterminer la reconnaissance des réincarnations des Dalaï-Lamas, des
Panchen-Lamas et des Hutuktus, un titre mongol accordé à d'éminents
lamas. Cette procédure a donc été suivie pour la reconnaissance de
certaines réincarnations des Dalaï-Lamas, des Panchen-Lamas et d'autres
lamas éminents. Le rituel à accomplir fut rédigé par le VIIIème
Dalaï-Lama Jampel Gyatso. Mais même après l'introduction d'un tel
système, il n'a pas été suivi pour les IXème, XIIIème et lors de ma
reconnaissance en tant que XIVème Dalaï-Lama.
En réalité, même en ce qui concerne le Xème Dalaï-Lama, la
réincarnation authentique avait déjà été trouvée et, de ce fait, cette
procédure n'a pas été suivie. On a simplement annoncé qu'elle avait été
observée afin de ménager les Mandchous.
Le système de l'Urne d'or n'a été véritablement utilisé
dans les cas des XIème et XIIème Dalaï-Lamas. Mais le XIIème Dalaï-Lama
avait déjà été reconnu avant que cette procédure fût employée. Un seul
Dalaï-Lama a donc été reconnu par le recours à cette méthode. De la même
manière, aucun Panchen-Lama n'a été reconnu à l'aide de cette pratique,
à l'exception des VIIIème et IXème Panchen-Lamas. Ce système a été
imposé par les Mandchous, mais les Tibétains n'y accordaient pas de foi
car il était dénué de qualité spirituelle. Toutefois, s'il devait être
utilisé honnêtement, il semble que nous pourrions le considérer comme
similaire aux autres procédés de divination où l'on emploie les
boulettes de tsampa (zen tak).
En 1880, lors de la reconnaissance du XIIIème Dalaï-Lama
comme réincarnation du XIIème, il existait encore des traces de la
relation chapelain-protecteur entre le Tibet et les Mandchous. Mais le
XIIIème Dalaï-Lama a été reconnu comme une réincarnation incontestable
par le VIIIème Panchen-Lama, par les prophéties des oracles de Néchung
et de Samyé et par l'observation de visions qui sont apparues sur le lac
Lhamoi Latso. Donc, le procédé de l'Urne d'or n'a pas été utilisé. Cela
est clairement indiqué dans le testament du XIIIème Dalaï-Lama datant de
l'année du Singe d'Eau (1933), dans lequel il déclare :
" Ainsi que vous le savez tous, j'ai été choisi non pas
selon la méthode coutumière du tirage au sort dans l'urne d'or, mais ma
sélection a été prédite et a fait l'objet de divinations. C'est en
fonction de ces divinations et de ces prophéties que j'ai été reconnu
comme réincarnation du Dalaï-Lama et que j'ai été intronisé ".
Quand j'ai été reconnu comme la quatorzième incarnation du
Dalaï-Lama en 1939, la relation chapelain-protecteur entre le Tibet et
la Chine était déjà terminée. C'est pourquoi il ne fut aucunement
question de la nécessité de confirmer la réincarnation par le recours à
l'Urne d'or. Il est bien connu que le Régent du Tibet de l'époque et
l'Assemblée Nationale tibétaine avaient suivi la procédure de la
reconnaissance de la réincarnation du Dalaï-Lama en prenant en compte
les prédictions de lamas éminents, les oracles et les visions observées
dans le lac Lhamoi Latso. Les Chinois n'ont donc été impliqués d'aucune
manière. Cependant, certains fonctionnaires du Guomintang concernés par
cette affaire se sont ensuite habilement répandus en mensonges dans les
journaux, prétendant qu'ils avaient accepté de renoncer au recours à
l'Urne d'or et que Wu Chungtsin avait présidé à mon intronisation, etc.
Ce mensonge a été dénoncé par Ngabo Ngawang Jigme, vice-président du
Comité Permanent du Congrès national du Peuple, que le République
populaire de Chine considéré comme une des personne les plus
progressistes. Ceci est manifeste à la fin de son discours, lors de la
deuxième session du Cinquième Congrès du Peuple de la Région autonome du
Tibet (31 juillet 1989). Après avoir donné une explication détaillée des
événements et présenté des documents pour en prouver l'exactitude, il a
demandé : " Pourquoi le Parti communiste doit-il emboîter le pas au
Guomintang et perpétuer ses mensonges ? ".
Stratégie fallacieuse et faux
espoirs
Dans un passé récent, des dirigeants irresponsables de
riches domaines monastiques ont usé de méthodes inappropriées pour
reconnaître des réincarnations. Ceci a ébranlé le Dharma, la communauté
monastique et notre société. De plus, depuis l'époque mandchoue,
lorsqu'elles se sont impliquées dans les affaires tibétaines et
mongoles, les autorités politiques chinoises se sont régulièrement
engagées dans des méthodes trompeuses utilisant le bouddhisme, les
maîtres bouddhistes et les tulkou à des fins politiques. Aujourd'hui,
les dirigeants autoritaires de la République populaire de Chine, qui en
tant que communistes rejettent la religion, mais prennent part malgré
tout aux affaires religieuses, ont imposé une soi-disant " campagne de
rééducation " et ont déclaré un soi-disant " Ordre numéro 5 ", qui
concerne le contrôle et la reconnaissance des réincarnations, ordre qui
a été mis en application à partir du 1er septembre 2007. Cela est
scandaleux et honteux. La mise en application de diverses méthodes
inappropriées de reconnaissance des réincarnations afin d'éradiquer nos
traditions culturelles tibétaines qui sont uniques provoque des dégâts
qui seront difficiles à réparer. De plus, ils
disent qu'ils attendent ma mort et qu'ils reconnaîtront un
XVème Dalaï-Lama de leur choix. Si l'on se base sur
leurs lois et règlementations récents ainsi que sur les déclarations qui
ont suivi, il est clair qu'ils disposent d'une stratégie précise pour
duper les Tibétains, les adeptes du bouddhisme tibétain et la communauté
internationale. En conséquence, et comme il est de mon devoir de
protéger le Dharma et les êtres et de contrer des projets aussi
nuisibles, je fais la déclaration suivante.
La prochaine incarnation du
Dalaï-Lama
Comme je l'ai mentionné avant, la réincarnation est un
phénomène qui doit se dérouler selon le libre choix de la personne
concernée ou, au minimum, sur la base de la force de son karma, de ses
mérites et de ses prières. Donc la personne qui se réincarne est la
seule détentrice de l'autorité légitime concernant l'endroit et la façon
dont elle renaîtra et la façon dont sa réincarnation doit être reconnue.
Il est évident que personne ne peut forcer la personne concernée, ou la
manipuler. Il est particulièrement inapproprié pour les communistes
chinois qui, rejettent explicitement le concept même de vies passées et
futures sans parler du concept de tulkou réincarnés, de s'immiscer dans
le système de la réincarnation et, plus spécifiquement, dans celui de la
réincarnation des Dalaï-Lamas et des Panchen-Lamas. Cette ingérence
éhontée contredit leur propre idéologie politique et révèle qu'ils font
preuve de deux poids, deux mesures. Si cette situation se poursuit dans
le futur, il sera impossible pour les Tibétains et pour les adeptes du
bouddhisme tibétain d'admettre ou d'accepter cela.
À quatre-vingt-dix ans environ, je consulterai les lamas
éminents des traditions du bouddhisme tibétain, le peuple tibétain et
d'autres personnes concernées parmi les adeptes du bouddhisme tibétain,
et j'évaluerai à nouveau si l'institution du Dalaï-Lama doit se
poursuivre ou non. Nous prendrons une décision sur cette base. S'il est
décidé que la réincarnation du Dalaï-Lama doit se perpétuer et si la
reconnaissance d'un XVème Dalaï-Lama est nécessaire, la responsabilité
de cette reconnaissance reposera en tout premier lieu sur les
fonctionnaires concernés au sein du Trust du Ganden Phodrang du
Dalaï-Lama. Ils devront consulter les différents chefs des traditions du
bouddhisme tibétain ainsi que les protecteurs du Dharma fiables et liés
par le serment, qui sont associés de façon inséparable avec la lignée
des Dalaï-Lamas. Ils devront solliciter les conseils et les orientations
de ces personnes concernées et mener à bien les procédures de recherche
et de reconnaissance selon les traditions du passé. Je laisserai des
instructions écrites claires à ce sujet. Gardez à l'esprit que, à
l'exception d'une réincarnation reconnue au moyen de ces méthodes
légitimes, aucune reconnaissance ou acceptation ne devra être accordée à
un candidat choisi dans un but politique par qui que ce soit, y compris
ceux de la République populaire de Chine.
Le
Dalaï-Lama Dharamsala __________________________
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Doit-on se féliciter de l'accord passé entre Xavier Bertrand (UMP)
et son homologue du PC chinois censé faire avancer la "démocratie" en
Chine... et donc au Tibet !
Richard Broussaud
La Chine envisage de légaliser la
"détention secrète"
Vendredi 2 septembre 2011 par Monique Dorizon -
Source : Phayul
Dans le cadre d’une évolution qui peut compromettre
la sécurité de plus d’un milliard de personnes, le gouvernement chinois
envisage d’effectuer des changements dans son code pénal en légalisant
la détention secrète jusqu’à six mois, sans inculpation formelle.
Les changements proposés, dans le cadre d’une
révision plus large du code de procédure pénale du pays, ont été
divulgués la semaine dernière dans le "Legal daily", quotidien géré par
l’Etat.
Les changements donneraient les
mains libres aux autorités chinoises pour arrêter et détenir des
suspects sous "surveillance résidentielle" dans un lieu tenu secret pour
une durée allant jusqu’à six mois, sans aucune accusation formelle ou
information donnée à la famille ou à un avocat, dans des cas de
terrorisme, crimes mettant en danger la sécurité nationale ou corruption
majeure.
Bien que les cas de
disparitions forcées et de détentions extra judiciaires soient déjà
habituels en Chine, la proposition de légaliser cette transgression de
l’État est considérée par beaucoup comme un pas en arrière, augmentant
le risque de torture et les fausses accusations. "Ce nouvel
amendement légalisera la « disparition forcée »", twitte Liu Xiaoyuan,
procureur à Pékin, qui, alors que son ami et client Ai Weiwei était
détenu pendant deux mois, fut également brièvement
détenu.
Les détentions arbitraires sont
monnaie courante dans les régions tibétaines, avec un personnel de
sécurité chinois détenant pendant des mois des Tibétains soupçonnés de
sentiments anti-chinois dans des endroits non divulgués.
Les trois moines tibétains
du monastère de Kirti, au Tibet oriental, récemment condamnés à de
longues peines de prison, ont également été mis au secret depuis leur
arrestation au début de cette année.
"Si, sans préavis, vous mettez
quelqu’un en détention ailleurs que dans un lieu dirigé selon la loi,
vous augmentez considérablement le risque de torture", dit Nicholas
Bequelin de Human Rights Watch.
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La domination de Pékin au Tibet est
intenable
Le Monde
par Lobsang Sangay, premier ministre de
l'administration tibétaine en Inde Il y a trois ans, de Lhassa à
Litang, les Tibétains se soulevaient contre la domination chinoise au
Tibet. Nous n'encourageons pas les manifestations, mais il est de notre
devoir sacré d'apporter notre soutien et d'être la voix de nos courageux
compatriotes privés de parole.
En 1950, lorsque l'armée chinoise est entrée au
Tibet, les Chinois ont promis le "paradis socialiste" aux Tibétains.
Après plus de soixante ans de domination chinoise, le Tibet n'a rien
d'un paradis socialiste. Ce n'est pas le socialisme qui y règne, mais le
colonialisme ; au lieu d'un paradis, on n'y trouve que tragédie. Le
gouvernement chinois devrait s'en rendre compte.
Certains Tibétains qui avaient travaillé à
l'ouverture de routes entre le Tibet et la Chine ont été rémunérés en
pièces d'argent par des soldats chinois polis et respectueux. Pourtant,
une fois les routes achevées au début des années 1950, les tanks ont
encerclé les zones urbaines stratégiques, des camions ont foncé vers les
montagnes riches en minerai, et ensuite sont arrivés des ouvriers
chinois qui ont exploité et extrait des milliards de dollars d'or, de
cuivre et d'uranium.
Du jour au lendemain, semblait-il, quelque chose
avait changé. Polis jusque-là, les Chinois sont devenus autoritaires,
agressifs et violents. Ils ont fait usage de leurs armes. Des combats
ont éclaté. Ce fut une période de mort et de destruction.
La répression politique, l'assimilation culturelle,
la marginalisation économique et la destruction environnementale qui se
poursuivent dans le Tibet occupé sont inacceptables. La nouvelle voie
ferrée de Pékin à Lhassa déverse toujours plus de matériel lourd servant
à exploiter nos ressources naturelles, ainsi qu'un nombre croissant
d'immigrants chinois qui commencent à dominer démographiquement le
Tibet, à diluer notre identité et notre riche culture.
Aujourd'hui, près de 70 % des entreprises privées
sont détenues ou gérées par des Chinois, plus de la moitié des
fonctionnaires, cadres du Parti communiste et responsables officiels
sont chinois, tandis qu'environ 40 % des Tibétains diplômés de
l'enseignement secondaire ou supérieur sont au chômage. Et cette
situation est encore aggravée par les responsables chinois, qui traitent
le Tibet comme s'il faisait partie de leur patrimoine personnel et se
comportent comme des seigneurs féodaux. Les Tibétains sont en train de
devenir des citoyens de seconde zone dans leur propre patrie.
Plusieurs dirigeants chinois sont venus récemment à
Lhassa pour constater les résultats de ce qu'ils considèrent comme
soixante années de "libération pacifique". En réalité, cet anniversaire
a été commémoré dans une ambiance de loi martiale non déclarée, avec des
troupes armées de fusils d'assaut arpentant les rues de Lhassa, des
tireurs d'élite postés sur les toits, et les frontières ont été fermées
aux touristes. La domination de Pékin au Tibet est de toute évidence
injuste et intenable. En dépit de la tragédie en cours au Tibet, nous
tenons à ce que le monde, et en particulier la Chine, sache que nous
sommes toujours attachés à la non-violence. Guidés par la sagesse de nos
ancêtres, nous poursuivrons la politique de la "voie médiane", qui
réclame pour le Tibet une authentique autonomie au sein de la République
populaire de Chine, ce qui constitue une proposition gagnant-gagnant
tant pour les Tibétains que pour les Chinois. Nous croyons à une
résolution pacifique du problème grâce au dialogue.
La Chine aspire à devenir une superpuissance. Elle
possède une économie à forte croissance appuyée sur une puissance
militaire grandissante mais, malheureusement, sa puissance morale reste
à la traîne. La puissance morale ne peut s'acheter sur le marché ni être
imposée par la force militaire. Elle doit se mériter.
Tant que les Tibétains subiront la répression, il y
aura une résistance et peu de respect envers la Chine. Trouver une
solution durable à la question tibétaine constituerait un grand pas vers
la restauration d'une image positive de la Chine dans le coeur et
l'esprit des hommes du monde entier, et contribuerait à la préservation
de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
Les années qui viennent seront décisives. Soit nous
réussirons dans notre quête d'une plus grande liberté, soit nous
échouerons et sombrerons dans l'oubli. Un dialogue pacifique pourrait
déboucher sur une solution qui satisferait à la fois les intérêts
tibétains et chinois. Ce serait une victoire non seulement pour les
Tibétains, mais aussi pour tous les peuples marginalisés du monde.
Une résolution juste et rapide du problème tibétain
serait dans l'intérêt de toute l'Asie. Pendant des milliers d'années, le
peuple tibétain a été le gardien responsable de l'environnement du plus
haut et plus vaste plateau de la planète, où prennent naissance dix
fleuves et rivières majeurs contribuant à faire vivre plus de deux
milliards d'êtres humains. La construction par les Chinois de barrages
sur les cours d'eau prenant leur source au Tibet va dégrader les
conditions de vie de millions de personnes vivant dans les régions
asiatiques situées en aval.
C'est pour cette raison que des millions
d'Asiatiques ont intérêt à ce que l'on restitue au peuple tibétain son
rôle traditionnel de gardien responsable de l'environnement du plateau
tibétain. Cette question transcende le débat politique. Elle concerne le
bien-être et la prospérité de l'Asie.
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Rencontre avec M. Ngodup
le samedi 28 aout à Dharamsala (Francis Longavesne - France Tibet)
Trois rencontres à
Dharamsala
De Francis
Longavesne A
Dharamsala, ce vendredi 26 aout, j'ai pu presenter la Campagne de
Parrainage de Communes du Tibet, a Lobsang Sangye, le nouveau 1er
Ministre Tibetain. Il a ete surpris du travail accompli par tous ceux
ayant contribue a ce que 38 Maires de France et du Luxembourg adoptent
une Commune du Tibet. Je lui ai remis une revue de presse
consequente de la Visite du Dalai Lama en France ainsi qu'un
document complet de 600 pages de la Campagne de Parrainage de Communes
du Tibet. Il fut tres interesse par ce document, surtout lorsqu'il
decouvrit que Lithang, la Ville dont est originaire sa famille, est
parrainee par Crest (26) avec le dynamique Depute-Maire Mariton que tout
le monde connait. Je lui ai demande de nous aider a promouvoir cette
Campagne difficile, il faut l'avouer, mais prometteuse et ambitieuse
avec deja 38 Municipalites adherentes et de toutes tailles... en une
annee de Campagne seulement! Le pari de demarrer cette Campagne est
gagne cependant et j'ai bien sur ajoute que le Dalai Lama, ravi de
decouvrir cette Campagne lors de sa rencontre avec les Maires ce 15 aout
a Toulouse, allait"se servir de cette idée pour inciter d'autres pays de
l'Union européenne à le faire".
L'energie de ce Nouveau Premier
Ministre Tibetain fait plaisir a voir. Il aura dorenavant, a coeur, de
conduire les affaires politiques que Le Dalai Lama vient officiellement
de lui ceder.
J'ai aussi pu rencontrer Penpa
Tsering, le speaker du Parlement Tibetain et lui ai remis un dossier
similaire. Il va inviter les Parlementaires Francais lors d'une
prochaine reunion prevue au Canada avec les Deputes Tibetains et ceux
des autres pays qui aident le Tibet. Ce sera debut 2012, en avril, je
crois. Et ainsi nos Parlemetaires pourront, eux aussi, parler de cette
Campagne aux autres M.P's. Il pense aussi inviter a une autre reunion
les Elus, comme les Maires d'Italie, d'Allemagne ou de France, ..., qui
se mobilisent pour le Tibet. Il trouve excellente l'idee de cette
Campagne de Parrainage de Communes du Tibet tout comme celle qui
consiste a hisser le drapeau Tibetain le 10 mars ou de facon permanente.
Affaires a suivre... Et la 3e rencontre, tout aussi
interessante, fut avec Mr Ngodup, le Nouveau Representant du Dalai Lama
en France et a Bruxelles et plus... Comme aux 2 autres prestigieux
personnages Tibetains rencontres que sont Lobsang Sangye et Penpa
Tsering, j'ai remis le fameux document de 600 pages qui resume une annee
de Campagne et qui presente de facon ludique, entr'autres, le patrimoine
local des 38 Communes du Tibet parrainees ainsi que celui des 38
Municipalites Europeennes qui parrainent. Mr Ngodup, toujours Secretaire
du Home Department, ne sera a Paris et Bruxelles que dans 2 ou 3 mois...
Lui aussi fut tres interesse par cette nouvelle Campagne de Parrainage
de Communes du Tibet et dans le document de 600 pages offert, il fut
ravi de decouvrir que sa ville natale de Ruthok etait parrainee par
Creon(33). Je lui ai notamment indique les endroits ou il risquait
d'etre invite pour inaugurer le "panneau" du parrainage, comme il a pu
le voir en photos, a Salles Sur Garonne(avec Tashi Wangdi et Gueshe
Tengye), Manduel(avec Thupten Gyatso), Plouray(Lama
Ngawang)...
Il me demanda de remercier tous
les Maires et Associations de Soutien au Tibet pour tout ce travail
accompli.
Je recois, avec toujours autant
d'enthousiasme, de nombreux mails concernant cette Campagne et je peux
dire qu'une trentaine de Maires vont proposer un parrainage dans les 4
mois a venir a leurs Conseils Municipaux et pour terminer avec un peu
d'humour ce courriel et pour rester dans l'ambiance de cette
Campagne.
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Le Dalaï Lama Présent Deux
jours à Genève avant les Enseignements à Toulouse
GENEVE, 11août
2011
Sa Sainteté le Dalaï
Lama est arrivé à Genève, en Suisse ce matin. Le programme principal de
la visite est d'inaugurer et de consacrer le centre bouddhiste tibétain
nouvellement construit - Sherdurb Choekorling au Mont Salève, demain
matin en France. À l'arrivée à l'aéroport de Zurich
à New Delhi, M. Tseten Samdup Chhoekyapa, représentant du Dalaï Lama, le
Dr TV Nagendra Prasad, conseiller d'ambassade de l'Inde et M. Raefel
Gimalov, membre du Parlement russe et une foule de personnalités, avec
l'abbé de l'Institut tibétain de Rikon, les présidents de la Communauté
tibétaine en Suisse et le Liechtenstein et la Tibetan Women Association,
les représentants de l'Association de la Jeunesse tibétaine en Europe et
en Suisse, de l'amitié tibétaine s'est félicité le Dalaï
Lama. Sa Sainteté le Dalaï Lama tout en abordant les
dirigeants de la communauté tibétaine, il a étendu ses salutations à la
communauté tibétaine en Suisse. Il a dit que la Suisse est le premier
lieu accueil des Tibetains (en dehors de l'Inde). Sa Sainteté a
complimenté les Tibétains en Suisse pour leur dévouement à la cause
tibétaine ainsi que l'intégration dans la communauté suisse.
Sa Sainteté a dit que la situation actuelle au Tibet est
très urgente, mais qu'il était confiant que le changement pour un mieux
pourra certainement avoir lieu. Plus d'une centaine
de Tibétains l'ont accueilli à l'hôtel à Genève et ont offert Droso
Chemar au Dalaï Lama.
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Dalaï-lama :
" La meilleure manière de diriger un peuple
est la voie de
l'élection "
Dharamsala -
Frédéric
Bobin - Le Monde
(extraits)
Dans un entretien au "Monde", le dalaï-lama
explique les motivations qui l'ont amené, le 10 mars,
à renoncer à son titre de chef politique des
Tibétains.
LE MONDE - Les élus tibétains en exil
vous ont demandé de conserver un rôle de chef d'Etat purement
cérémoniel, un peu comme un monarque constitutionnel.
Vous avez refusé.
Pourquoi?*
DALAI LAMA - Je n'aime pas cette formule.
J'ai le plus grand respect pour la reine d'Angleterre et le prince
Charles, mais personnellement, je ne souhaiterais pas être une figure
symbolique. J'aurais l'impression d'être une marionnette avec un premier
ministre qui tire les ficelles derrière (rire). Nous devons être
complètement une démocratie de type républicain.
LM - Beaucoup de Tibétains ont exprimé
leur opposition ou leur inquiétude face à ce
changement.
DL - En cas de nécessité, je serai toujours
disponible pour donner des conseils. Je suis convaincu qu'à long terme,
ma décision est la meilleure susceptible de servir les intérêts du
peuple tibétain ainsi que ceux de l'institution du
Dalaï-lama.
LM - Il y a un autre domaine où vous
évoquez des innovations nécessaires, celui de votre réincarnation.
Voulez-vous contrer une offensive chinoise après votre disparition,
quand viendra l'heure d'identifier votre
réincarnation?
DL - Rien n'a été décidé à ce jour. Depuis
des années déjà, je soulève cette question dans des réunions. Les gens
concernés par cette affaire me disent "Il n'y a pas d'urgence." En
général, ils préfèrent la méthode traditionnelle de sélection de la
réincarnation. Mais j'ai évoqué des options alternatives. Je pense
qu'une élection par un conclave de type papal serait une formule stable.
Par ailleurs au Tibet, il y a une pratique selon laquelle un lama élève
un garçon pressenti comme sa réincarnation jusqu'à l'âge de 15 ans ou 20
ans et puis conclut : "Ce sera un bon choix." Alors seulement, il
propose que son nom soit officiellement validé. C'est une formule
intéressante plutôt que de s'arrêter définitivement sur un très jeune
garçon. Enfin, il y a une pratique où le lama choisit sa réincarnation
avant sa propre mort.
LM - Quelque soit la formule retenue,
vous avez maintes fois déclaré que votre réincarnation ne pourra naître
qu'en dehors du Tibet sous tutelle chinoise.
Pourquoi?
DL - Depuis des années, je suis très clair
sur ce point : après ma mort, je renaitrai dans un pays libre. Parce que
le sens même de la réincarnation est que la nouvelle vie tente de
poursuivre l'oeuvre non terminée de la vie
antérieure.
LM - Vous avez même évoqué la
possibilité que votre réincarnation soit une
femme.
DL - En effet. Si la situation est telle que
seule une femme peut-être la plus utile pour la spiritualité bouddhiste,
pourquoi pas? Je parle souvent de la nécessité de la compassion. Or dans
ce domaine, la femme est biologiquement plus sensible à la souffrance
d'autrui. Certaines personnes pensent que je plaisante. Non, je suis
sérieux.
"Ce dont la Chine a le plus besoin, c'est d'une
information libre"
LM - Craignez-vous une éventuelle ingérence de Pékin dans le
choix de votre réincarnation?
DL - Autrefois, les empereurs chinois, étaient bouddhistes et
croyaient dans le phénomène de la renaissance. Mais les communistes
chinois aujourd'hui tiennent la religion pour un poison et me
considèrent comme un "démon". Qu'ils s'intéressent à ma réincarnation
est donc une absurdité, une énorme contradiction. S'ils veulent avoir
une quelconque pertinence dans ce domaine, qu'ils commencent par
reconnaître la réincarnation de Mao Zedong ou Deng Xiaoping. Alors
seulement ils pourront s'intéresser à la réincarnation du
Dalaï-lama.
LM - Quels sont les échos que vous avez de la situation au Tibet
?
DL - La situation est très mauvaise. Le contrôle du Parti communiste
chinois est très dur. Un récent rapport officiel souligne que les
dépenses de sécurité intérieure en Chine sont supérieures au budget de
la défense. Cela signifie que la menace interne est tenue pour plus
grande que la menace externe. Au Tibet aujourd'hui, il y a la suspicion
et la méfiance partout. Comment cela peut-il durer? C'est impossible.
C'est de l'autodestruction à long terme.
LM - Pensez-vous que la Chine finira par se
démocratiser?
DL - Quand il s'agit de demander à la Chine de se démocratiser,
j'ai des réserves. Parce qu'il n'est dans l'intérêt de personne que
l'autorité centrale s'éffondre, que le chaos s'installe. Un changement
graduel est bien meilleur. Mais ce dont la Chine a le plus besoin
maintenant, c'est d'une information libre. Un milliard trois cent
millions de Chinois ont le droit de pouvoir juger ce qui est bon ou
mauvais pour eux. ______________________________
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Le successeur politique du Dalaï-lama a prêté
serment AP/Ashwini Bhatia
Lobsang Sangay, un juriste
de 43 ans, a prêté serment en tant que nouveau premier ministre du
gouvernement tibétain en exil et successeur politique du dalaï-lama,
lundi 8 août. La cérémonie, présidée par le dalaï lama lui-même, s'est
déroulée dans le temple Tsuglagkhang, le centre spirituel de Dharamsala,
une ville du nord de l'Inde, où le gouvernement en exil est
basé.
Lobsang Sangay a prêté serment exactement neuf
secondes après 9 h 9 locales, le chiffre 9 étant associé à la longévité.
Le dalaï-lama, 76 ans, avait annoncé en mars son intention de renoncer à
son rôle politique de chef du mouvement des Tibétains en exil,
essentiellement symbolique, et de transmettre ses responsabilités à un
nouveau premier ministre aux pouvoirs élargis. Il conservera toutefois
son rôle de chef spirituel.
Cette transition politique historique va donner au
nouveau premier ministre une position beaucoup plus importante que celle
de ses prédécesseurs.
Expert en droit international, Lobsang Sangay n'a
jamais vécu au Tibet et ne s'y est même jamais rendu. Lors d'un récent
entretien avec l'AFP, il avait assuré qu'il soutenait pleinement la
formule de la "voie moyenne" voulue par le dalaï-lama, c'est-à-dire une
"autonomie significative" du Tibet sous administration chinoise, plutôt
qu'une indépendance pure et simple de la région.
Tout en insistant sur le fait que le dalaï-lama
était irremplaçable, il avait souligné le désir de la communauté
tibétaine de "voir une jeune génération prendre la direction" du
mouvement.
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Ajournement de la visite du "Panchen Lama
chinois" à Labrang Le gouvernement chinois a
tenté de faire parader ce mois-ci "son Panchen Lama" dans une région-clé
à majorité tibétaine mais cela a été reporté à cause des controverses
locales.
Des mesures de sécurité extraordinaires ont été
prises ces dernières semaines pour Gyancain Norbu, âgé de 21 ans, pour
sa visite au monastère de Labrang, dans la Province du Gansu.
Un Tibétain vivant dans la région de Labrang a dit que des
laïcs tibétains et les moines du monastère étaient mécontents quand ils
ont entendu parler de la visite prévue.
Le monastère de Labrang, institution clé du bouddhisme
tibétain, a été le théâtre de manifestations très médiatisées contre la
domination chinoise lors des manifestations de l'ensemble de la région
en 2008.
Pour l'instant, en raison du mécontentement
généralisé parmi les Tibétains - tant les fidèles que les moines de
Labrang - les préparatifs semblent avoir été suspendus Le
personnel tibétain des bureaux du gouvernement ont affiché une réticence
à soutenir la visite, même après que les autorités chinoises aient
averti qu'ils pouvaient être renvoyés ou que leur salaire serait réduit
pour avoir refusé de lui souhaiter la bienvenue.
"Les autorités chinoises ordonnèrent au personnel
tibétain des bureaux du Comté de Sangchu d'être prêts à lui souhaiter la
bienvenue joyeusement et à lui offrir écharpes et prosternations",
rapporte cette même source. "Plus de 1 000 membres
des forces de police et de sécurité chinoises, y compris des policiers
en civil, étaient stationnés autour du monastère pour préparer cette
visite. Gyancain Norbu a fait ses débuts en politique en mai de l'année
dernière lors de la session annuelle de la Conférence Consultative
Politique du Peuple Chinois (CCPPC) à Pékin, apparaissant en tant que
membre du Comité national de l'organe consultatif politique le plus
élevé. Il est aussi le Vice-président de l'Association bouddhiste de la
Chine dirigée par l'État. L'administration centrale
tibétaine en exil et les Tibétains en exil insistent sur le fait que
Gyancain Norbu n'est pas le 11e Panchen Lama légitime, puisqu'il a été
nommé par le gouvernement chinois et n'est pas reconnu par le Dalaï Lama
comme la réincarnation du 10e Panchen Lama. Le véritable Panchen Lama a
été enlevé par la police chinoise en 1995, et on n'a plus de ses
nouvelles depuis, ni de sa famille enlevée avec
lui...
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11e Festival du Tibet et des Peuples de
l’Himalaya
Vendredi 22 juillet 2011 par
Rédaction Tibet Info.net
Le
Festival Culturel du Tibet et des Peuples de l’Himalaya ouvrira
ses portes au public pour sa 11e édition le samedi 10 et le
dimanche 11 septembre 2011 avec pour marraine Véronique Jannot, à la
Pagode du Bois de Vincennes, 75012 Paris.
Le 10 septembre 2011 à 11h,
s’ouvrira le 11e Festival Culturel du Tibet et des Peuples de l’Himalaya
dans le cadre champêtre et bucolique du Lac Daumesnil du Bois de
Vincennes.
Pendant deux jours, le public aura un dépaysement
assuré, en découvrant des cultures riches et passionnantes à travers la
musique, les danses, l’artisanat mais aussi l’art culinaire des peuples
de l’Himalaya.
Forts de leur expérience, les
fondateurs ainsi que les bénévoles n’ont pas oublié l’esprit des débuts
et la volonté de faire de belles choses, dans la joie et la bonne
humeur.
Les valeurs du Festival restent et resteront
l’authenticité, la convivialité, l’originalité, le goût des choses
simples et énormément de découverte, de plaisir et d’enthousiasme... En
effet, ce Festival ne bénéficie d’aucune subvention et est entièrement
organisé par la Maison du Tibet aidée d’une centaine de bénévoles. Cet
évènement reste donc à la fois populaire et exigeant, rigoureux et
chaleureux, ce qui en fait une manifestation unique en son genre.
Nous souhaitons faire découvrir
ces cultures ou enrichir les connaissances du public par des conférences
des documentaires récents, et vous pourrez assister à des spectacles de
danses et chants populaires et sacrés du Bhoutan, du Népal, de l’Inde et
du Tibet, ...
Sans oublier la présence sur le site de chiens
tibétains, et de yaks sur le dos desquels les enfants pourront se
promener. Vous ferez ainsi, à la lisière de Paris, l’expérience d’une
ambiance tibétaine et des cultures himalayennes.
La Maison du Tibet fait depuis
toujours le pari d’une politique tarifaire symbolique. Les billets pour
le concert sont en vente au tarif de 10 euros dans les points de vente
habituels (Fnac, Carrefour, Géant) et le tarif de l’entrée journalier
pour le Festival est de 3,50 € sur place, et gratuit pour les enfants de
moins de 10 ans. Sans votre aide, chers amis, ce festival et les
cultures himalayennes ne seraient pas connus du grand
public.
Consultez le site du Festival
du Tibet et des Peuples de l’Himalaya pour plus de
détails.
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© AFP (Seule photo
publiée par la Maison Blanche)
Barack Obama reçoit le Dalaï Lama, malgré
la colère de Pékin
Dimanche 17 juillet 2011 par Rédaction -
Source : AFP, 16 juillet
2011.
Le président Barack Obama a défié les avertissements de
Pékin et reçu le 16 juillet 2011 à la Maison Blanche le Dalaï Lama, à
qui il a fait part de son "soutien appuyé" en faveur des Tibétains et de
son "inquiétude sincère" au sujet des Droits de l’Homme au Tibet..
"Le président a loué l’engagement du Dalaï Lama
en faveur de la non-violence et du dialogue avec la Chine", ainsi que
sa recherche de la "Voie Médiane", a déclaré le porte-parole de la
Maison Blanche dans un communiqué.
"Il a souligné l’importance de la protection des
Droits de l’Homme pour les Tibétains en Chine".
Selon le communiqué de la Maison Blanche du 15
juillet, l’entrevue de Barack Obama avec le Dalaï Lama vise à apporter
un "soutien durable au dialogue entre les représentants du Dalaï Lama et
le gouvernement chinois afin de résoudre leurs divergences". L’entrevue
"illustre le soutien vigoureux du président en faveur de la préservation
de l’identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et
de la protection des Droits de l’Homme des Tibétains".
Le Dalaï Lama a confié à l’AFP
peu après la rencontre, qui a duré 45 minutes, que Barack Obama est "le
président de la plus grande démocratie, il a donc naturellement
manifesté de l’inquiétude au sujet des valeurs humaines élémentaires,
des Droits de l’Homme et de la liberté religieuse". "Par conséquent, il
a montré une inquiétude sincère au sujet des souffrances au Tibet mais
aussi dans d’autres endroits", a-t-il ajouté.
Qualifiant l’entrevue de
"retrouvailles spirituelles", le Dalaï Lama a affirmé se sentir proche de Barack
Obama "à un niveau humain", tout en rappelant que ses relations avec
les autres présidents américains avaient été tout aussi
chaleureuses.
La Maison Blanche avait
multiplié les précautions pour assurer une discrétion maximale à la
rencontre en prévision du courroux de Pékin, annonçant cette entrevue au
dernier moment, le 15 juillet au soir. Les journalistes n’ont
pas été conviés et aucune photo n’a pu être prise par la presse
de l’entrevue, qui a eu lieu dans la Salle des cartes de la résidence,
et non dans le bureau Ovale, où sont reçus les chefs d’État.
Rappelant la position officielle américaine, le
porte-parole de la présidence écrit que "les États-Unis ne soutiennent
pas l’indépendance du Tibet" et souhaitent qu’États-Unis et Chine
coopèrent sur le sujet.
"Le Dalaï Lama a indiqué qu’il ne recherchait
pas l’indépendance du Tibet et qu’il espérait que le dialogue entre
ses représentants et le gouvernement chinois pourrait bientôt
reprendre", poursuit le texte de la présidence.
De son côté, le gouvernement
chinois a été piqué au vif par la décision de Barack Obama de recevoir
malgré sa mise en garde le Dalaï Lama, considérant que Washington remet
ainsi en question l’intégrité territoriale de la Chine et sa
souveraineté sur le Tibet.
Dès l’annonce de la nouvelle, le ministère et
l’ambassade chinoise aux États-Unis ont "formellement protesté" contre
la décision de M. Obama, a précisé M. Hong Lei, porte-parole du
ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué posté sur le site
internet du ministère, et ce ministère a demandé à Washington "d’annuler
immédiatement sa décision d’arranger une rencontre entre le président
Obama et le Dalaï Lama". Ces propos ont été confirmés par le Ministre
des Affaires Etrangères, Ma Zhaoxu, dans un communiqué sur le site
officiel du gouvernement.
"Les États-Unis doivent rester fidèles à leur
engagement de reconnaître que le Tibet fait partie de la Chine", indique
Hong Lei, exigeant que Washington "n’interfère pas dans les affaires
intérieures chinoises" et ne fasse rien qui soit susceptible de "nuire
aux relations sino-américaines".
Le chargé d’affaires américain à Pékin a été
"convoqué d’urgence" le dimanche 17 juillet au ministère pour y entendre
les protestations officielles de la Chine.
Au cours de son séjour de près
de deux semaines aux États-Unis, le Dalaï Lama aura notamment vu Mme
Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères de la
chambre basse du Congrès, John Boehner, président de la Chambre des
représentants, et Nancy Pelosi, chef de file des démocrates de la
Chambre et défenseur de longue date de la cause
tibétaine.
Ileana Ros-Lehtinen, élue
républicaine, avait critiqué le 15 juillet le président Barack Obama
parce qu’il n’avait pas reçu le Dalaï Lama, en visite à Washington
depuis début juillet, l’accusant de céder à la pression de la Chine.
"Il est fort dommage que le président ait cédé à la
pression chinoise qui le poussait à ne pas recevoir le Dalaï Lama", a
estimé Ileana Ros-Lehtinen.
"La Chine sape les intérêts américains dès qu’elle
le peut. (Cet épisode) envoie encore une fois le message négatif
que l’administration Obama se laisse malmener par des régimes
voyous", a-t-elle encore expliqué.
Le 16 juillet, des internautes chinois ont
manifesté leur colère. "Les États-Unis n’ont jamais respecté la Chine. Le
moment est venu de vendre nos réserves en dollars, pour frapper un grand
coup le billet vert", a estimé "freemanchina8".
La télévision nationale chinoise CCTV n’a pas
mentionné la rencontre dans son journal de la mi-journée le 16.
A l’occasion des 60 ans de la "libération
pacifique" du Tibet par les troupes communistes de Mao Tsé-toung, le
gouvernement a publié un "Livre blanc sur le développement du Tibet",
selon lequel "l’indépendance tibétaine" fait "partie d’un plan des
agresseurs occidentaux pour dépecer le territoire chinois".
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LHAKAR - La révolution non-violente est
en marche
Jeudi 21 juillet 2011 par Rédaction Tibet
Info.net
LHAKAR est un mouvement populaire qui a émergé au
Tibet. En dépit de la répression intensifiée de la Chine, les Tibétains
ont embrassé la stratégie - puissante - de la non-violence.
"LHAKAR est un mouvement qui a inspiré de nombreux
Tibétains au Tibet après le soulèvement de 2008. C’est un effort visant
à répandre le mouvement parmi les Tibétains en exil", déclare Dolkar,
une jeune Tibétaine de 23 ans, résidant à Dharamsala.
Chaque mercredi, un nombre
croissant de Tibétains font un effort pour porter des vêtements
traditionnels, parler uniquement tibétain, manger dans les restaurants
tibétains, en consommant uniquement tibétain.
La résistance se construit par les canaux sociaux,
culturels et économiques (promotion de la culture, de l’identité et de
la langue tibétaine) et non-coopératifs (refusant de soutenir les
institutions chinoises et leurs entreprises). À moindre échelle, ces
tactiques de non-coopération rappellent l’epoque du boycott des textiles
britanniques par l’Inde dans sa lutte pour la liberté du pays.
Le mot tibétain "LHAKAR" se
traduit littéralement par "mercredi blanc". Mercredi est considéré
par les Tibétains comme un jour spécial, car il est censé être le jour
de Sa Sainteté le Dalaï Lama, né un mercredi.
Depuis 2008, après le
soulèvement populaire, les Tibétains au Tibet et en exil ont fait des
promesses diverses comme boycotter les produits "Made In China", manger
végétarien tous les mercredis, lire un journal tibétain une fois par
semaine, porter une chuba (vêtement traditionnel tibétain) tous les
mercredis, etc... Grâce à ces engagements et actions, les Tibétains se
rassemblent autour du plus grand mouvement que le Tibet ait jamais
connu.
Autour du monde, le peuple
tibétain essaie de respecter LHAKAR. En Inde, le mouvement a eu un effet
boule de neige grâce à l’implication de bénévoles, de militants,
d’écrivains ou tout simplement d’individus qui croient au mouvement.
Avec la croissance de la diaspora tibétaine, ce
mouvement est destiné à préserver l’identité tibétaine au moins une
journée par semaine.
Un jour qui signifie
beaucoup
À Dharamsala, pour les Tibétains en exil, ce jour-là
signifie beaucoup ; cela signifie que l’âme du Tibet est vivante pendant
un jour.
Cette journée préserve et met en avant la culture
tibétaine à travers des actions simples telles que le port de la chuba
et autres vêtements traditionnels, en ne parlant que la langue tibétaine
pendant toute la journée, en écoutant de la musique tibétaine
traditionnelle, en mangeant dans des restaurants tibétains...
Une connexion avec le
Tibet
À Dharamsala, dans la communauté tibétaine en exil,
beaucoup de gens ont décidé de se joindre au mouvement.
Un groupe de soutien a été récemment formé à
Dharamsala, dans le but de faire connaître LHAKAR à la communauté
tibétaine. Le groupe a créé un site internet, une page Facebook, et un
compte Twitter. Grâce à internet, le mouvement LHAKAR peut facilement
communiquer à travers le monde.
Dolkar est une jeune tibétaine
de 23 ans née en Inde. Elle n’a jamais vu son pays, mais chaque
mercredi, ses pensées sont au Tibet et son style de vie est strictement
tibétain.
Grâce à LHAKAR, une connexion est établie entre elle
et le "Toit du Monde".
Pour Dolkar, l’idée est de préserver la culture, la
langue... En bref, l’identité du Tibet ajoute une autre dimension au
mouvement.
"Je suis tibétaine ; je n’ai pas besoin de me le
rappeler, mais tous les mercredis - plus que tout autre jour - je me
souviens de la lutte que nous menons et ce qui se passe au Tibet. Grâce
à ce mouvement, il y a clairement un lien entre la communauté en exil et
les Tibétains au Tibet".
Progressivement, la communauté
tibétaine en exil prend part au mouvement.
Chaque mercredi, Dolkar communique son engagement
pour la cause tibétaine à travers ses actions.
"Dès que je rencontre de nouveaux amis, je leur
parle de LHAKAR. Les Tibétains en exil sont très réceptifs et sensibles
au mouvement. Le message se répand rapidement et il y a un soutien
croissant de la communauté".
Ce qui interpelle la population
dans le mouvement est probablement le fait que c’est plus un état
d’esprit. Il n’existe aucune règle, aucune restriction ; chacun est
libre de prendre des initiatives ou de ne pas suivre le mouvement.
Ce mouvement est pour le peuple, pour chaque
Tibétain.
"Pour ma part, je suis plus responsable en tant que
Tibétaine le mercredi. J’agis. Quand je porte ma chuba, j’essaie
d’inspirer les autres".
Il est intéressant de constater
que la jeunesse tibétaine en exil multiplie les actions au profit de la
préservation de la culture tibétaine. Sans tomber dans la politique ou
l’activisme pur et dur, le mouvement LHAKAR résiste à l’occupation
chinoise grâce à des actions simples qui fédèrent la population
tibétaine en exil et noue le contact entre Tibet et diaspora tibétaine.
Le mouvement a dans ce sens, de beaux jours devant
lui.
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Village de relogement forcé des nomades ©
DIIR office – Dharamsala
Disparition du style de vie nomade au
Tibet
Mercredi 20 juillet 2011 par
Rédaction Tibet Info.net
Le pastoralisme décrit la
relation interdépendante entre d’une part les éleveurs et leurs
troupeaux et d’autre part leur habitat.
Le plateau tibétain situé à
environ 4 000 mètres d’altitude est le domaine des Drokpas (ou
"Brogpas").
En raison de la rudesse du
climat, l’altitude dans de nombreuses régions ne permet pas aux gens de
s’installer sur quelques hectares de terres. Emportant avec eux tout ce
qu’ils possèdent, ils doivent se déplacer avec leurs troupeaux de
moutons, chèvres, yaks sur de larges prairies (steppes) à la recherche
de pâturages.
Sur le
plateau tibétain, dans le Rupshu, le Kham et le Changtang, les Drokpas ont
l’habitude de s’abriter dans des tentes de poils de yak et de nourrir
leurs feux avec les excréments de l’animal, qui leur fournit également
la viande, le lait, la laine, et le cuir qui sont a la base de leur
subsistance. Leurs longues traversées des steppes sont ponctuées
d’arrêts à proximité de marchés où ils vendent leurs surplus pour
acheter du riz et autres céréales.
Les nomades élèvent yacks, chèvres et brebis,
et migrent dans les vallées durant l’hiver et dans les pâturages
de montagne en été. Ils passent généralement les deux tiers
de l’année dans les vallées.
Mais le constat est sans appel.
Le nomadisme est en déclin.
De plus en plus de familles ont
maintenant un camp d’hiver permanent. Au Tibet, le régime chinois
négocie des contrats de production avec les éleveurs nomades, en
essayant de les intégrer dans l’économie de marché. Le plan consiste
également à délocaliser les nomades dans des villages artificiels qui
sont construits à la hâte.
Pendant des siècles, les nomades
tibétains pastoraux et les éleveurs ont réussi à maintenir un mode de
vie durable et mobile, se déplaçant vers différents pâturages selon la
saison.
"La stratégie de développement de
l’Ouest"
Depuis 2000, le gouvernement
chinois met en œuvre des politiques de déplacement de population.
Lancée dans les années 90, la politique de déplacement
des populations inclut le développement des terres de l’ouest de la
Chine, l’envoi de nomades vers des habitats peu familiers et ce, afin de
stimuler l’activité économique et le développement dans les régions
occidentales, y compris le Tibet.
Selon le rapport de Human
Rights Watch (Human Right Watch - report 2007, édité en 2007 : "Le
gouvernement chinois a donné plusieurs justifications à son action,
mettant en avant son souci de protéger l’environnement, mais en citant
aussi les objectifs de « promouvoir le développement » et « civiliser »
les zones et les personnes concernées." Les autorités
ont également justifié leurs actions en les présentant "comme une réponse
nécessaire aux crises environnementales qui affectent le plateau
tibétain".
Depuis 2003, ces politiques se
sont surtout radicalisées dans les préfectures de Golok et de Jyekundo
dans la province du Qinghai. Mais elles ont également été appliquées
dans les provinces de Gansu, du Sichuan, du Yunnan, et la "Région
autonome du Tibet" (RAT).
Les
populations locales vivant dans ces régions sont généralement
contraintes de vendre leurs yaks et sont réinstallées ailleurs.
Selon Freetibet.org
", autour de 300 000 familles au Tibet, impliquant 1,43 millions de
nomades et des agriculteurs ont été déplacés dans des foyers ou de
nouvelles colonies depuis 2006."
"Une relation étroite et positive entre
l’écosystème et ses habitants"
Selon
un rapport d’experts publié sur le site français Tibet-Info.net, "la
Chine a besoin des connaissances acquises par des générations de nomades
sur les écosystèmes des prairies. Au cours des millénaires, les nomades
ont appris qu’une bonne gestion du plateau tibétain rend la vie humaine
possible et écologiquement durable. Les nomades du Tibet sont essentiels
dans la santé à long terme des écosystèmes et des ressources en
eau".
Selon le rapport "Personne n’a la liberté de refuser"
(HRW-2007), l’origine hypothétique du pastoralisme remonte à 4 000 ans (et
peut-être jusqu’à 8 000 ans).
Ce mode de vie a montré une
relation étroite et positive entre l’écosystème et ses habitants, pour
le bien-être des familles et des clans, des communautés et des
monastères, et, plus largement, pour le bien commun de la Chine.
La Chine prétend
que le Tibet serait dégradé par le sur-pâturage des
prairies.
Basé sur cet argument, la Chine
concentre une part essentielle de ses mesures d’atténuation du
réchauffement climatique sur le déracinement et le transfert forcé des
nomades hors de leurs territoires, afin d’empêcher une nouvelle
détérioration de l’écosystème du Tibet. En fait, une étude scientifique
récente - menée par des scientifiques chinois – déclare que le
changement climatique - et non l’utilisation des terres - est
responsable de la dégradation de 81% des prairies situées sur le plateau
tibétain à proximité de la partie supérieure du Yangtze.
En 2009, un article publié par
le Tibet Post a révélé que "le gouvernement chinois avait déplacé - par
la force - 50 000 bergers tibétains vers les zones urbaines."
Le gouvernement chinois prétend
avoir « relocalisé » près de 50 000 nomades tibétains et leurs troupeaux
dans des communautés sédentaires pour protéger l’écologie fragile de la
région montagneuse. "Sous la façade de protection de l’environnement,
cette loi aura un impact désastreux sur les bergers tibétains et leur
capacité à maintenir leur mode de vie traditionnel, et va menacer une
forme distinctive de l’identité culturelle tibétaine."
Ceci est très clair. La
réinstallation forcée des nomades est toujours en cours au Tibet.
Un problème environnemental et une atteinte aux
Droits de l’Homme
Le
rapport de HRW affirme : "Même en supposant que le gouvernement ait eu
des raisons valables concernant la défense de l’environnement ou autres
pour transférer le peuple tibétain dans certaines circonstances, le
voyage [la réinstallation des nomades] s’est presque toujours fait sans
transparence, sans consultation préalable et sans compensation
financière après le voyage, comme il est requis par la loi chinoise et
le droit international."
Les
familles nomades, souvent analphabètes et illettrées, reçoivent un
contrat de la part du gouvernement chinois. Ce contrat, une fois signé,
lie les familles nomades à une vie dans une ville construite à la
va-vite, sans leur donner aucune information sur ce qui va se passer par
la suite.
Selon le DIIR (Département de l’Information et des Relations
Internationales) basé à Dharamsala, la situation est complexe et
grave.
Non seulement la relation entre
les pasteurs nomades et la nature tend à dérégler l’écosystème
environnemental au Tibet, mais le transfert des familles nomades vers le
béton des villes est la preuve que le mode de vie nomade est en train de
disparaître, mais ce n’est pas seulement une question politique. A long
terme, cela devient un enjeu environnemental. Les scientifiques du monde
entier ont prouvé que l’interdépendance entre le mode de vie nomade et
l’environnement était essentielle à la croissance de l’écosystème en
Chine.
A l’éducation au problème se
joint une grande responsabilité ; c’est à la communauté internationale
travaillant sur les problèmes d’environnement de sensibiliser à cette
situation critique, car l’injustice envers ce mode de vie et la nature
peut encore être arrêtée.
Sources : Migrationinformation.org, Wikipedia.org, HumanRightWatch
- rapport 2007 -, DIIR office – Dharamsala,
Tibet-post.
Dossier écrit en anglais puis
traduit par Carole, correspondant à Dharamsala.
NB Les notes de bas de page et
les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des
fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information et ne
font pas partie du document d’origine.
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Marche de protestation à Dharamsala contre
l’anniversaire
de la "libération pacifique du
Tibet"
Mardi 19 juillet 2011 par Rédaction Tibet
Info.net
Tibétains et sympathisants se sont réunis près du
temple principal (Tsuglakhang) à McLeod Ganj, Dharamsala, le mercredi 13
juillet 2011 afin de protester contre les célébrations organisées par le
gouvernement chinois en juillet à Lhassa.
Ces célébrations marquent les 60 ans de la
soi-disant ‘Libération pacifique’ du Tibet en 1951 où depuis le mois de
mars dernier les tensions restent fortes dans les régions de Kardzé et
Ngaba.
Afin de célébrer dignement cet
anniversaire, le gouvernement chinois vient de publier un "Livre blanc
sur le développement du Tibet" qui réaffirme sa souveraineté sur cette
région. Reniant toute crédibilité au concept "d’indépendance tibétaine",
ce document encense le Parti communiste chinois ainsi que le
gouvernement chinois dans leur gestion de cette région qui "en 60 ans, a
connu un développement qui aurait pris normalement mille
ans".
L’organisation Students for a
Free Tibet en Inde (SFT-India, Etudiants pour un Tibet Libre) a organisé
une marche de protestation à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain
en exil ou 60 personnes, Tibétains mais aussi supporters, ont défilé
dans les rues, brandissant des drapeaux noirs tout au long de la marche,
représentant ainsi les 60 ans d’occupation et d’oppression de la Chine
sur le Tibet.
La marche a débuté près du Temple du Dalaï Lama où 6
personnes entièrement vêtues de noir ont été suivies par des
manifestants silencieux dans les rues de McLeod Ganj. La marche s’est
terminée dans la cour de l’école du TCV (Tibetan Children Village) où
les manifestants se sont regroupés en rang.
De jeunes enfants vêtus de costumes traditionnels
tibétains se sont avancés pour dévoiler le drapeau tibétain caché sous
les costumes noirs des manifestants, symbolisant la jeune génération
révélant au monde ‘la vérité’ et ‘libérant’ le
Tibet.
Dorjee Tseten, Directeur National de SFT India a
ensuite pris la parole afin d’affirmer le soutien de la communauté en
exil envers le peuple tibétain : "La propagande chinoise qui a lieu
ces jours-ci en l’honneur du soixantième anniversaire de la libération
pacifique du Tibet essaie en vain de légitimer les 60 ans d’occupation
illégale du Tibet. Le récent ‘Livre Blanc’ est juste une énième
tentative de propagande de la part de la Chine", a déclaré Dorjee
Tseten.
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Lobsang Sangay, nouveau leader pour le
Tibet
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Interview
Le Temps ch - Eclairages -
mercredi 1 juin 2011
Propos recueillis par
Frédéric Koller envoyé spécial à
Dharamsala
Le Dalaï-lama vient de renoncer à son rôle de chef temporel des
Tibétains pour ne conserver que sa direction spirituelle. Lobsang Sangay, 42
ans, le remplacera à la tête du mouvement politique après avoir été élu,
fin avril, Kalon Tripa, c'est-à-dire premier ministre du gouvernement
tibétain en exil dont le siège est à Dharamsala, en Inde. Il incarne une
nouvelle génération, qui aspire à plus d'action pour libérer le Tibet.
Après seize années passées aux Etats-Unis, il prendra ses fonctions
d'ici au 14 août. Avant cela, il doit encore consulter sa mère et un
astrologue pour déterminer le jour le plus propice. Etudiant, il
dirigeait le Congrès de la jeunesse tibétaine, une organisation
indépendantiste. Aujourd'hui, il dit s'en tenir à l'autonomie définie
par le Dalaï-lama.
Le Temps : Sur quel
programme avez-vous été élu premier ministre
?
Lobsang Sangay : Mon programme
est détaillé sur mon site internet, kalontripafortibet.org. Les deux
points principaux sont : restaurer la liberté du Tibet et favoriser le
retour de Sa Sainteté le dalaï-lama à Lhassa, la capitale du
Tibet.
Un Tibet libre, c'est
quoi? L'indépendance ou une autonomie réelle au sein de la République
populaire de Chine, comme le prône le Dalaï-lama avec sa politique dite
de la "voie moyenne" ?
- La "voie moyenne". Il n'y a
pas de changement.
Vous êtes le premier
Kalon Tripa élu démocratiquement, qui plus est avec un réel pouvoir.
Serez-vous vraiment indépendant vis-à-vis du Dalaï-lama, qui demeure le
leader spirituel du peuple tibétain ?
- Sa Sainteté a été un
dirigeant brillant qui nous a très bien gouvernés. Nous avons tous une
dette envers lui. Il est hors de question que je le remplace. Je vais
plutôt tenter de réaliser sa vision d'une société démocratique et
séculaire. Je ferai de mon mieux pour être le porte-parole politique et
le visage du mouvement tibétain.
Vous représentez aussi
une nouvelle génération, celle des Tibétains nés en exil. On dit qu'elle
est plus combative que l'ancienne, qui a fui le Tibet en 1959. Les
Chinois, au contraire, espèrent qu'elle aura moins d'influence. Y a-t-il
un conflit de générations ?
- J'ai été élu avec le soutien
de l'ancienne et de la nouvelle génération. Les anciens ont dit qu'ils
avaient confiance envers les jeunes. Ils nous transmettent la
responsabilité de poursuivre le mouvement. En tant que représentant de
cette jeune génération, je veux respecter leur héritage. Cette élection
est un message à Pékin: la force du mouvement ne va pas disparaître avec
la nouvelle génération. Nous lutterons aussi longtemps que nécessaire
pour restaurer la liberté du Tibet. Sur le plan émotionnel, nous sommes
tout autant attachés au Tibet. Les Tibétains sont divisés non par choix,
mais par force. Mais nous sommes toujours une seule famille. La jeune
génération a également largement voté pour moi. Elle veut un leader qui
soit plus actif.
C'est-à-dire
?
- Toute personne active pour le
Tibet doit avoir trois principes: unité, innovation et autonomie. Peu
importe l'idéologie, je vais soutenir toutes les initiatives en faveur
de la liberté qui prône l'unité en innovant, et de façon autonome. Par
exemple, le Congrès de la jeunesse tibétaine a organisé une grève de la
faim durant vingt-cinq jours à Delhi pour protester contre la répression
des moines d'un monastère. J'y suis allé et je leur ai dit: bien que je
ne sois pas forcément d'accord avec votre idéologie, je suis de votre
côté, car vous luttez pour le Tibet.
Mais vous leur avez
demandé de stopper leur grève !
- Oui. Je leur ai dit qu'il
faut réfléchir dans le long terme. Mettre la vie des leaders du
mouvement en danger n'apportera rien dans
l'immédiat.
Allez-vous davantage
utiliser Internet ?
- Une des premières mesures que
je vais prendre sera d'améliorer les sites d'information de notre
administration. Nous allons utiliser Facebook, Twitter et favoriser tous
les ressorts de la technologie du XXIe siècle.
- Certainement. L'armée, le
hard power chinois sont forts. Nous sommes faibles. Mais nous allons
prendre l'avantage dans le pouvoir virtuel. Dans le soft power, nous
sommes également forts car nous prônons la non-violence, nous sommes
pacifiques et ne faisons aucun mal aux Chinois.
Comment développer ce
pouvoir virtuel au Tibet ?
- Des milliers de Tibétains
utilisent tous les jours leur téléphone mobile et communiquent avec
l'extérieur.
- La police chinoise les
écoute...
- Alors on emploie un autre
langage, codé. On ne dit pas: j'appelle de Dharamsala, c'est
l'administration tibétaine, mais on dit: je parle des montagnes... de La
place.
- Mais les numéros peuvent être
détectés!
- Non,
non...
Que pensez-vous des
Chinois? En avez-vous beaucoup rencontré aux
Etats-Unis?
- De point de vue bouddhiste,
rien n'est permanent, tout change. La Chine change avec le monde. Tout
le monde parle des progrès économiques de la Chine. Mais il y a aussi de
nouveaux espaces sociaux qui se créent, les gens s'expriment davantage.
Le goût de la liberté est universel et propre à l'homme. Cela fait seize
ans que j'ai des contacts avec des Chinois à l'Université de Harvard.
J'ai organisé sept conférences, dont certaines réunissaient le
dalaï-lama et des chercheurs chinois. Je suis allé à Pékin et à Shanghai
en 2005 comme chercheur. Mais je n'ai pas été autorisé à me rendre au
Tibet.
Comment allez-vous
négocier avec Pékin? La Chine ne reconnaît pas votre gouvernement
!
- Le dialogue [qui est gelé]
pourra se poursuivre avec les envoyés spéciaux du dalaï-lama qu'ils
reconnaissent. Pas de problème. Peu importe par qui et comment la
discussion s'instaure, c'est le contenu qui compte et ils connaissent
nos propositions pour une véritable autonomie qui respecte la
Constitution chinoise.
Avez-vous réussi à
convaincre ne serait-ce qu'un seul Chinois de la justesse de votre cause
?
- En privé, oui. Beaucoup
reconnaissent qu'il y a un problème. L'ennui, c'est que les durs au sein
du gouvernement chinois pensent qu'il faut continuer de réprimer toute
manifestation de mécontentement. Cela peut fonctionner dans le court
terme. Mais à la longue, c'est intenable. Si la Chine veut être la
prochaine grande puissance, comme elle l'affirme, elle ne peut pas se
contenter de sa force économique et militaire, il lui faudra aussi
assurer un leadership moral. Tant qu'elle opprime les Tibétains, ce sera
impossible. Si elle devient une superpuissance, ce qui nous arrive
depuis cinquante ans pourrait un jour arriver au reste du
monde.
La Chine qui conquerrait
le monde ?
- C'est notre expérience. On ne
veut pas que le reste du monde connaisse notre sort. C'est la Chine que
nous connaissons. Vous pouvez croire à la théorie d'une Chine
confucéenne et bienveillante. Si c'est ce que vous espérez, bonne
chance! Si la Chine veut être respectée par la communauté
internationale, elle doit respecter les Tibétains.
Pékin doute de la
sincérité du Dalaï-lama. Le Parti communiste pense que les Tibétains
avancent à visage masqué et que leur réelle intention reste
l'indépendance. Et c'est en effet ce que veulent beaucoup de membres de
la jeune génération. Pensez-vous aussi que l'autonomie n'est qu'un
premier pas vers quelque chose d'autre ?
- L'autonomie réelle est la
politique officielle, et je la soutiens. On peut voir cela avec
suspicion ou avec confiance. Si on a un état d'esprit suspicieux, c'est
sans fin. Vous ne croyez ni père ni mère. La confiance est un sentiment
rationnel et humain. Chacun fait un pas et l'on se fait confiance. J'ai
rencontré des centaines de Chinois. Je n'avais pas besoin de le faire.
C'était risqué. J'ai souvent été critiqué. Certains Tibétains pensaient
que j'étais fou de parler avec eux. Cela m'a coûté des votes, d'un point
de vue politique. Quand je dis qu'il faut un dialogue avec les autorités
chinoises, je suis sincère. Si l'on est suspicieux et irrationnel, c'est
impossible de vous convaincre, quoique l'on dise.
Avez-vous des amis
chinois ?
- Oui. Des étudiants, des
chercheurs, en Chine, hors de Chine.
Mais une vaste majorité
de Chinois pense comme les autorités: "Pékin a fait de tels sacrifices
pour développer le Tibet: comment les Tibétains peuvent-ils être aussi
ingrats ?"
- C'est vrai, la majorité des
Chinois croient leurs médias et ignorent la réalité du Tibet. J'ai
rencontré des centaines de personnes dans ce cas. Je leur demande alors:
quelle confiance accordez-vous habituellement à vos médias
gouvernementaux? La réponse est 50% de vrai, 50% de faux. Et quel est le
pourcentage de vérité pour le Tibet? Cela les amène à réfléchir. Je ne
les blâme pas. Avec la propagande qu'ils subissent et la montée du
nationalisme - le XXIe siècle est leur siècle disent-ils -, l'ignorance
devient un facteur dangereux. Mais, en discutant, on peut les convaincre
de la réalité tragique du Tibet.
D'où vient votre famille
?
- De Lithang, dans le Tibet
oriental.
Avez-vous des contacts
?
- Oui. Et je me tiens informé
de ce qui s'y passe.
Pékin dit que vous
diffusez des mensonges, que les Tibétains sont
heureux...
- Si nous avons tort, nous
serions heureux qu'on nous le démontre. Il suffit d'ouvrir les portes
aux médias internationaux, aux ONG ou aux touristes pour le savoir. S'il
s'avère que nous avons tort, nous serons heureux de le reconnaître. Mais
les faits sont que le Tibet est occupé, opprimé et qu'il n'y a pas de
liberté.
Vous savez qu'il y a une
forte communauté tibétaine en Suisse...
- Oh oui ! Ma première visite à
l'étranger a été Genève, pour une réunion à l'ONU. En février dernier,
j'ai donné une conférence à Zurich. Nous sommes très reconnaissants
envers le gouvernement et le peuple suisses pour leur aide de longue
date. La plus grande communauté tibétaine en exil hors d'Inde vit en
Suisse. Et elle est devenue très suisse. Pour mon élection, juste après
le vote, je cherchais à m'informer des tendances à travers des proches
dans les divers pays où sont installés des Tibétains. Ceux de Suisse ont
gardé le secret jusqu'à l'annonce du résultat final. Je leur disais:
vous n'êtes pas mon banquier, je veux juste savoir comment cela s'est
déroulé. Rien à faire. Ils ont adopté le culte du secret
!
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Au monastère de Kirti,la répression
policière s'intensifie après l'immolation d'un
moine.
Situation à Kirti : appel du Dalaï
Lama
La situation qui prévaut
actuellement au monastère de Kirti, à Ngaba, dans le nord-est du Tibet,
est très sombre en raison de la confrontation entre les forces
militaires chinoises et les Tibétains. Le monastère, qui compte environ
2 500 religieux, est complètement encerclé par les forces armées
chinoises, qui empêchent l'approvisionnement du monastère en
alimentation et autres fournitures vitales.
Les Tibétains de la région,
craignant que ce siège du monastère de Kirti soit un prélude à la
détention à grande échelle des moines, ont encerclé les soldats qui font
le blocus du monastère et ont encombré les routes de manière à empêcher
les camions et les véhicules chinois d'entrer ou de sortir de Kirti.
Le blocus chinois du monastère
de Kirti a commencé le 16 mars 2011, quand un jeune moine tibétain du
monastère s'est tragiquement immolé pour marquer le troisième
anniversaire des manifestations pacifiques généralisées qui ont secoué
le Tibet en 2008. Au lieu d'éteindre le feu, la police a battu le jeune
moine, ce qui a été l'une des causes de sa mort tragique. Cet acte a
créé un ressentiment considérable parmi les religieux, qui a abouti à ce
blocus massif du monastère de Kirti.
Je suis très préoccupé par cette situation qui, si
on la laisse continuer, peut devenir explosive, avec des conséquences
catastrophiques pour les Tibétains de Ngaba.
Prenant en compte ces
considérations, j'exhorte les moines et les laïcs tibétains de la région
à ne rien faire qui puisse être utilisé comme un prétexte par les
autorités locales pour exercer une répression massive sur eux.
Par ailleurs, je presse
instamment la communauté internationale, les gouvernements du monde
entier, les organisations internationales non gouvernementales, de
persuader les autorités chinoises à faire preuve de retenue face à cette
situation.
Au cours des six dernières
décennies, l'utilisation de la force comme principal moyen de régler les
problèmes au Tibet n'a fait que renforcer les injustices et le
ressentiment du peuple tibétain. Je lance donc un appel aux dirigeants
chinois à adopter une approche
réaliste et de répondre aux doléances légitimes des
Tibétains avec courage et sagesse, et à s'abstenir de recourir à la
force pour régler cette situation.
Le Dalaï Lama - 15 avril
2011 (Traduction en français revue par le Bureau du Tibet, Paris, le
18 avril 2011)
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Tenzin Gyatso, 14e Dalaï lama, se retire de la
vie politique
19 mars 2011 -
Dharamsala
D'après la transcription
anglaise des remarques faites par Sa Sainteté le dalaï-lama au cours
d'un enseignement public donné le 19 mars 2011, à Dharamsala, dans le
temple principal, pour expliquer son retrait de la vie
politique.
"Voilà plus de trente ans que, depuis l'exil, je
m'efforce de bâtir un système de gouvernance démocratique. Les Tibétains
en exil disent : " notre démocratie est un don de Sa Sainteté le
dalaï-lama". Il y a dix ans, on a commencé à élire le Kalon Tripa selon
un véritable processus démocratique plutôt que le candidat ne soit nommé
par le dalaï-lama, ce qui n'était pas juste. Depuis l'élection directe
du Kalon Tripa, l'institution du Gaden Phodrang du dalaï-lama, qui
représentait l'autorité à la fois spirituelle et temporelle, a pris fin.
Depuis lors, j'ai décrété que j'étais en semi-retraite.
Dix années se sont écoulées et c'est bientôt le
moment pour nous d'adopter un système démocratique véritable. L'heure
n'est plus à la domination des rois et des chefs religieux. Nous devons
suivre la tendance qui prévaut dans le monde libre et qui est celle de
la démocratie. En Inde, par exemple, malgré la surpopulation, la
multitude de langues, de religions et de cultures, la situation demeure,
dans l'ensemble, très stable. Ceci est le fait de la démocratie, de
l'état de droit, de la liberté d'expression et des media. A l'inverse,
la Chine, avec son régime autoritaire, est toujours confrontée à des
problèmes. Le gouvernement chinois, dans un rapport récent, reconnaît
dépenser plus pour maintenir la stabilité intérieure que pour la défense
nationale. Cela prouve que les ennemis intérieurs sont plus nombreux que
les ennemis extérieurs, ce qui est affligeant.
Le gouvernement de la République populaire (de
Chine) est censé oeuvrer au bien-être de son peuple. Alors, répondre aux
aspirations de ce dernier doit être le fruit d'élections démocratiques.
Si les dirigeants étaient choisis par le scrutin, ce serait une
véritable source de fierté. Mais détenir le pouvoir par les armes plutôt
que par les urnes est à la fois immoral et dépassé. La gouvernance par
un potentat n'est pas un bon système. Voilà pourquoi il n'est du tout
souhaitable que le dalaï-lama continue à détenir le pouvoir suprême. Au
début, le dalaï-lama ne cumulait pas les autorités spirituelle et
temporelle. Cela a commencé avec le cinquième dalaï-lama en des
circonstances différentes et sous l'influence du chef mongol Gushri
Khan. Le système a apporté de nombreux avantages. Mais aujourd'hui,
alors que nous sommes entrés dans le vingt et unième siècle, le temps du
changement est venu. Mais si ce changement s'accomplit sous la
contrainte, ce sera un déshonneur pour tous les dalaï-lamas précédents.
Depuis Ngawang Lobsang Gyatso, le cinquième dalaï-lama,
les dalaï-lamas ont toujours assumé l'autorité à la fois spirituelle et
temporelle sur le Tibet. Comme je suis le quatorzième dans la lignée de
cette institution, il me paraît judicieux de mettre personnellement un
terme, avec joie et fierté, à la double autorité du dalaï-lama. Personne
d'autre que moi ne saurait prendre une telle décision et j'en ai décidé
ainsi. Un chef élu démocratiquement par le peuple tibétain devrait
prendre toutes les décisions politiques à l'endroit du Tibet. Un vestige
du double système perdurera de toute façon, si je suis investi de
l'autorité politique dans la Charte. Il faut opérer ce changement et le
moment semble propice.
Je peux évoquer brièvement toutes les choses que
j'ai accomplies pour la cause tibétaine, puisque le peuple tibétain au
Tibet ainsi que la diaspora ont placé toute leur confiance en moi et
que, par ailleurs, beaucoup de gens dans le monde reconnaissent
l'autorité du dalaï-lama et le jugent digne de confiance et d'amour. Le
moment est maintenant venu pour mettre un terme à ce double système de
gouvernance établi par le cinquième dalaï-lama, tout en conservant le
genre de reconnaissance et d'unanimité acquises par les quatre premiers
dalaï-lamas dans le domaine spirituel. Le troisième dalaï-lama, en
particulier, a reçu le titre honorifique de maître œcuménique avec la
coiffe jaune. Alors, à leur instar, je continuerai à prendre des
responsabilités spirituelles jusqu'à la fin de ma vie.
Personnellement, j'ai travaillé à la promotion des
valeurs morales et à l'entente entre les religions dans le monde. Cela
s'avère très bénéfique. Par ailleurs, je reçois de nombreuses
invitations de différentes écoles et universités, situées un peu partout
dans le monde. On ne me demande pas de venir enseigner sur le bouddhisme
en tant que tel, mais d'enseigner sur la façon de promouvoir le bonheur
intérieur et la doctrine bouddhique à laquelle beaucoup de gens
s'intéressent et que beaucoup aiment entendre.
Alors, quand le dalaï-lama se retrouve dans une telle
position, ce serait pour lui un légitime sujet de fierté et un geste
élégant que de mettre un terme à quatre cents ans de double autorité.
Personne d'autre que moi ne peut décider de mettre un terme à quelque
chose qui a été mis en place par le cinquième dalaï-lama et ma décision
est irrévocable.
Récemment, j'ai reçu des appels de Tibétains de
l'intérieur qui me faisaient part de leur très grande inquiétude et de
leur sentiment d'abandon à l'idée que je me retire. Il n'y aucune raison
de s'inquiéter. Après mon retrait, je continuerai à diriger le Tibet
dans le domaine spirituel, comme les quatre premiers dalaï-lamas. Comme
le deuxième dalaï-lama, Gedun Gyatso, qui a créé l'institution du Gaden
Phodrang, et a dirigé le Tibet sur le plan spirituel avec l'assentiment
de tous, je conserverai aussi ce genre de guidance spirituelle jusqu'à
la fin de ma vie. Peut-être que si je ne commets aucun tort envers les
autres et que je fournis de véritables efforts dans le futur, je pourrai
continuer en tant que guide spirituel.
Si un tel dalaï-lama, unanimement plébiscité pour
diriger les affaires spirituelles, renonce au pouvoir politique, cela
aidera au maintien d'une administration en exil en la rendant plus
progressiste et plus forte. Par ailleurs, la communauté internationale
qui soutient la cause tibétaine louera le dalaï-lama pour son
authentique et totale démocratisation de la politique tibétaine. Cela
augmentera notre prestige dans le monde. Et, d'un autre côté, cela
mettra au jour tous les mensonges et propos fallacieux du gouvernement
chinois qui prétend qu'il n'existe pas de problème tibétain, hormis la
question des droits personnels du dalaï-lama. Au Tibet, les gens ne
devraient pas se sentir découragés par l'extraordinaire décision que je
viens de prendre ; qu'ils songent aux bienfaits pour le peuple tibétain,
à plus ou moins long terme. L'administration tibétaine en exil sera plus
stable et plus progressiste. Contrairement au système autoritariste du
parti communiste chinois au Tibet, notre petite communauté en exil a été
capable de mettre en place un système moderne, totalement
démocratique.
A plus ou moins long terme, cette décision
renforcera notre gouvernement en exil, le rendra plus efficace. Par
ailleurs, si l'on compare notre communauté en exil avec le régime
autoritariste de la Chine communiste, nous sommes déjà une société
moderne. C'est un résultat qui nous honore. Les Tibétains du Tibet
devraient en être fiers aussi. Vous devriez tous comprendre, tous être
conscients que je n'ai pas perdu courage et que je n'ai pas renoncé à
notre cause.
Je suis né au pays des neiges. Les six millions de
Tibétains du pays des neiges portent en commun la responsabilité de la
cause tibétaine. Pour ma part, j'appartiens à la région de l'Amdo et,
jusqu'à ma mort, je serai responsable de la cause tibétaine.
Vous devriez profiter du fait que je suis encore
parmi vous et en bonne santé pour prendre en charge les affaires
tibétaines. Et si un problème devait surgir, nécessitant mon aide, je
serais là, naturellement. Je n'ai pas renoncé et je ne suis pas
découragé. Le système démocratique que nous avons suivi jusqu'à présent
est capable de prendre le relais et, après avoir pesé le pour et le
contre, je demande au système de prendre le relais. Vous tous qui êtes
rassemblés, et tous les Tibétains au Tibet, ne devriez pas vous
démoraliser. Il n'y a aucune raison de vous inquiéter.
Pas plus tard qu'hier, j'ai rencontré un étudiant
chinois qui m'a dit mener un travail de recherche sur le système
électoral tibétain et être déjà venu ici il y a cinq ans. Il m'a dit que
cette fois-ci les Tibétains participaient activement à la démocratie en
utilisant pleinement leurs droits. Il a loué les progrès du système
démocratique tibétain. Ainsi ces avancées traduisent-elles notre
conscience politique grandissante et le bond en avant de notre processus
démocratique. Et donc, ma décision de déléguer mon pouvoir participe
aussi de ce processus démocratique qui est en marche.
Ceux d'entre vous qui êtes venus du Tibet, quand
vous y retournerez, expliquez bien cela à tous ceux à qui vous pourrez
faire confiance. Ils l'entendront peut-être aussi à la radio. J'ai pris
la décision de me retirer après y avoir réfléchi pendant des années, et
pour le bien ultime du Tibet. Il n'y a vraiment aucune raison de vous
sentir démoralisés.
D'un autre côté, le Ganden Phodrang n'est pas
arrêté. C'est l'institution des dalaï-lamas et, aussi longtemps que je
vivrai, j'aurai besoin d'une petite institution. Alors, ce Ganden
Phodrang perdurera. Ce qui se passe, c'est simplement que le Ganden
Phodrang renonce à ses responsabilités politiques.
Ensuite, pour ce qui est des prochaines
réincarnations, il n'y a pour l'heure aucune urgence. Mais, dans vingt
ou trente ans, lorsque j'approcherai de la fin, alors cela dépendra
essentiellement des souhaits du peuple tibétain, ainsi que des peuples
des régions himalayennes et des autres bouddhistes qui ont une connexion
avec les dalaï-lamas : s'ils le souhaitent, il y aura un quinzième, un
seizième, un dix-septième dalaï-lama, etc. Alors le Ganden Phodrang
demeurera intact. Des changements politiques sont nécessaires, mais
cette évolution apportera la stabilité. Le Ganden Phodrang revenant à sa
fonction et sa responsabilité premières de chef spirituel, comme c'était
le cas sous les deuxième, troisième et quatrième dalaï-lamas, voilà qui
fait sens et paraît très raisonnable.
A plus ou moins long terme, si vous y réfléchissez,
ce changement et cette décision que je prends seront très bénéfiques
pour les Tibétains. Dans ma lettre au Parlement tibétain, j'ai suggéré
que l'on change le nom de Ganden Phodrang Shung. Le Ganden Phodrang
perdurera, mais il n'aura plus aucune responsabilité politique puisque
nous sommes devenus une démocratie.
Le terme tibétain shung ne se traduit pas
nécessairement en anglais pas " gouvernement ". Nous n'utilisons pas le
mot " gouvernement " en tant que tel, pour décrire notre administration
en exil. Une fois, au cours d'une conférence de presse à Delhi, il y
avait aussi Samdhong Rinpoche, et un journaliste s'est adressé à lui en
tant que Premier ministre du gouvernement en exil. J'ai alors
immédiatement clarifié la situation en expliquant que nous n'utilisons
pas des termes tels que " Premier ministre tibétain " ou " gouvernement
tibétain en exil ". Nous parlons de " l'administration tibétaine
centrale ". Bien sûr, il y a des Tibétains en exil et nous avons besoin
d'une organisation pour nous occuper d'eux. Cela incombe directement à
l'administration. D'une façon générale, en tant que Tibétains exilés,
nous avons le devoir de relayer les aspirations des Tibétains de
l'intérieur et de faire savoir au monde entier quelle est la situation
actuelle au Tibet. Nous n'avons jamais appelé notre administration " le
gouvernement tibétain en exil ". Appeler " administration " le Ganden
Phodrang Shung, c'est une toute autre chose. Donc, l'appellation
correcte est l'" administration tibétaine centrale " dont les dirigeants
sont tous élus démocratiquement.
A vrai dire, cela donne aux chefs des régions
autonomes du Tibet matière à réflexion. Ceux d'entre nous qui sommes en
exil, tout en conservant un statut de réfugiés dans des pays étrangers,
avons mis sur pied un véritable système électoral. Si ces chefs sont
vraiment capables et dignes de confiance, que les Tibétains à
l'intérieur du Tibet les élisent aussi démocratiquement. Quelle que soit
la situation dans le reste de la Chine, nous pourrions importer le
système propre à l'exil à l'intérieur du Tibet ; ce serait une très
bonne chose.
Finalement, les nombreux changements politiques que
j'ai effectués s'appuient sur des raisons valides et pour notre plus
grand bien, dans l'immédiat et ultimement. En fait, ces changements
rendront notre administration plus stable et favoriseront son
développement. Il n'y a donc aucune raison de se sentir
découragés.
Voilà ce que je souhaitais vous expliquer."
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Le dernier homme respectable
?
Yves Steinmetz - La Voix de
l'Est
Tenzin Gyatso, le dalaï-lama, vient, une fois de
plus, de nous surprendre. Chef du gouvernement tibétain, en exil à
Dharamsala, dans le nord de l'Inde, il vient de donner une nouvelle
preuve de son grand pouvoir d'adaptation au monde qui l'entoure. À
soixante-seize ans, il déclare renoncer au pouvoir politique qu'il
cumulait jusqu'ici avec son rôle de chef spirituel.
Il nous annonce donc que l'autorité politique
tibétaine sera assumée par un premier ministre élu démocratiquement par
les quelque cent mille exilés qui l'ont suivi dans son exode.
L'histoire des dalaï-lamas force une certaine
admiration. Tenzin Gyatso et ses treize prédécesseurs ont été désignés à
vie comme chefs d'état. Pas un n'a exercé de dictature. Tous ont prôné
le respect et la tolérance. Tous ont vécu dans la simplicité. Tous ont
commis des erreurs. Tous s'en sont excusés, et ont rectifié leurs propos
en fonction du respect dû à l'être humain.
Certains accusent Tenzin Gyatso de manger à tous les
râteliers. Son exil hors du Tibet, investi par les forces chinoises, a
été protégé par les troupes américaines envoyées par la CIA. Mao Tsé
Toung, qui a plusieurs fois rencontré Tenzin Gyatso, ferme les yeux et
ne s'oppose pas à la fuite des Tibétains qui franchissent l'Himalaya.
Les États-Unis, selon une formule chère à leur coeur, se sont approprié
un mouvement humain auquel ils ne croyaient pas, mais sur lequel il
était peut-être intéressant d'investir.
Installé en Inde, le dalaï-lama s'empresse de se
donner un rayonnement mondial. Excluant tout prosélytisme religieux, ce
qui est sans précédent. Il est, au fond, le premier à avoir accueilli le
principe de la mondialisation.
Il ne tarde pas à être proclamé première des cent
personnes les plus influentes au monde, selon les sondages du magazine
Time. Il reçoit le prix Nobel de la paix.
Que pense-t-il de la violence ? " La guerre doit
être reléguée dans les poubelles de l'Histoire. "
Le dalaï-lama est de plus en plus sollicité. On lui
pose le problème de la laïcité. Il est pour. Il vient de le déclarer
sans équivoque. Pas d'interaction entre la religion et la gestion des
destinées humaines.
L'avortement ? Le bouddhisme condamne tout acte qui
interrompt une vie. Là encore, Tenzin Gyatso affirme le principe, mais
lui apporte des nuances. L'avortement est acceptable quand un enfant
handicapé va naître. Quand la mère, traumatisée, a conçu à la suite d'un
viol. Quand la grossesse, non planifiée, affecte une femme qui se trouve
matériellement dans l'impossibilité d'élever un enfant.
L'homosexualité ? Le bouddhisme proclame que les
organes sexuels des humains sont faits pour la procréation. Le
dalaï-lama l'affirme avec courage. Gais et lesbiennes s'insurgent. Le
dalaï-lama repense sa position. Il reconnaît son erreur. Il s'en excuse.
L'important, dans un couple, qu'il soit hétéro ou homo, est l'amour et
le respect mutuel entre les conjoints, reconnaît-il modestement.
Le végétarisme ? Il y tient, mais un jour, son
médecin lui prescrit de manger un peu de viande. Il se soumet.
Ce que j'en pense ? Je n'ai jamais gaspillé mon
admiration que pour quelques artistes. Boris Vian, Georges Brassens,
Hemingway. Quelques autres. Jamais pour un leader.
Sauf qu'il y a Tenzin Gyatso. Le dalaï-lama. Il est
âgé de soixante-seize ans. Huit de plus que moi. J'espère que son
végétarisme et sa vie zen le feront durer plus longtemps que moi. Ça
m'ennuierait, voyez-vous, de survivre au dernier homme respectable de
notre planète
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Hommage à Claude
Levenson
La journaliste et écrivain Claude B. Levenson,
grande spécialiste du Tibet contemporain, est décédée à Lausanne
le 13 décembre 2010, à l'âge de 72
ans.
© D.R.
Transmis par Philippe Eyraud,
Vice-Président de TVD et ami de Cl. B.
Levenson
La grande discrétion qui a entouré la triste
nouvelle correspond bien à la personnalité de Claude B. Levenson.
Journaliste brillante, extrêmement cultivée et polyglotte, elle était
restée d'une grande modestie personnelle, alors qu'elle donnait à son
métier passion et relief. Des médias comme Le Monde, Géo, Le Nouvel
Observateur ou, en Suisse, 24 Heures et Radio Suisse International ont
largement bénéficié de ses dossiers riches et détaillés sur le monde
asiatique, et en particulier sur la situation du Tibet, sa patrie de
cœur, ardemment défendue pendant trente ans.
Alors que la traductrice,
orientaliste et reporter Claude B. Levenson, fille d'un déporté à
Auschwitz et d'une militante communiste, avait largement trouvé en Asie
- explorée du Sri Lanka au Cambodge et du Népal à l'Indonésie -, un
emploi à ses études de russe, de persan ou d'hindi, la rencontre avec le
Tibet s'était faite presque par hasard, en 1981, lors d'une conférence
de presse du Dalaï-lama à laquelle se bousculèrent… trois journalistes.
La graine n'allait germer que lentement, puisque la journaliste ne
concrétisa son premier voyage au Tibet que trois ans plus tard, mais les
racines en furent indestructibles : fascinée par la culture, tentée par
le bouddhisme, mais surtout incroyablement fine dans son analyse
politique de la situation, Claude B. Levenson n'a jamais cessé depuis de
défendre la cause du peuple tibétain face à l'hégémonie chinoise. Longs
articles, interventions télévisées, grandes conférences, participation
aussi à de modestes manifestations ignorées des médias, la journaliste
devenue traductrice et amie du Dalaï-lama n'a ménagé ni son temps ni ses
connaissances encyclopédiques pour faire mieux comprendre la nécessité
de garder présent le combat pacifique des Tibétains pour la préservation
de leur identité et le droit à
l'autodétermination.
En 2008, invitée du Grand Débat
organisé au Théâtre de Vidy par Payot Libraire et 24 Heures, elle avait
ébloui par la présentation de son dernier essai : Tibet, la question qui
dérange, qui fait la synthèse de la situation historique et politique du
Tibet avant de s'adresser plus directement au monde occidental ou en
voie de développement, aux secteurs diplomatiques, politiques ou
économiques, mettant en regard les belles déclarations d'intentions et
les compromissions de la réalité face à la Chine. Lucide mais non amère
- elle fréquenta trop longtemps le pacifisme et le bouddhisme tibétain
pour cela - Claude B. Levenson y énumère les problèmes soulevés par les
différentes crises depuis l'annexion de 1959 : indifférence de la
communauté internationale, impuissance des bonnes volontés politiques,
droits de l'Homme défaillants, destruction de civilisation, oppression
au bénéfice d'une superpuissance, exploitation anarchique des ressources
naturelles, pollution irréparable, etc., concluant son triste constat
par cette question effectivement dérangeante : " Et si le Tibet était
une métaphore de notre liberté, de nos libertés ?
".
Minée par le cancer depuis de
longs mois, Claude B. Levenson, qui vivait depuis 1970 à Lausanne avec
son époux, le journaliste Jean-Claude Buhrer [le " B. " de son nom]
avait sans doute puisé sa sérénité dans le fameux Livre des morts
tibétains, dont elle savait mieux que quiconque que le titre original
signifie en réalité " Le grand livre de la libération naturelle par la
compréhension "…
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Tibet Vallée de la Drôme
s'associe à l'hommage rendu à cette Grande Dame. Sa Newsletter que nous
nous faisions un devoir de diffuser tous les mois nous manque déjà
cruellement.
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Mémorandum adressé à Sa Sainteté
le Dalaï Lama, avec de ferventes prières
et une profonde
dévotion
le 5 janvier 2011
Votre
Sainteté,
Nous, membres du Comité
permanent du Parlement tibétain en exil, au nom de tous les Tibétains du
Tibet et des Tibétains en exil, vous implorons solennellement
:
Au cours de la cérémonie de
clôture de la première assemblée tibétaine nationale qui s'est tenue en
2010 dans les campements tibétains de Bylakuppe, dans le sud de l'Inde ;
dans votre réponse aux questions posées au cours d'un meeting public
avec des Chinois à Toronto ; lors de l'anniversaire de la création du
TCV (Village pour les enfants tibétains) à Dharamsala ; et dans votre
réponse aux questions posées lors d'une conférence de presse à New
Delhi, Votre Sainteté avez exprimé votre intention d'abandonner
complètement vos fonctions politiques. Tous les Tibétains, au Tibet ou
en exil, ont été très affectés par cette annonce et n'ont cessé de vous
adresser leur requête en vous implorant de renoncer à aller au bout
d'une telle décision. Nous, membres du Comité permanent du Parlement
tibétain en exil avons, également, tenu une suite de meetings en prenant
très à cœur ce souhait de Votre Sainteté de vous retirer complètement de
la vie politique.
Grâce à votre extrême
bienveillance à notre endroit, Votre Sainteté avez conduit le peuple
tibétain sur le juste chemin de la démocratie, en commençant par
introduire des réformes dans le mode de fonctionnement du gouvernement
tibétain au moment où vous avez été investi des pouvoirs temporel et
spirituel au Tibet. Et, dès que vous avez foulé le sol indien, après
votre fuite vers l'exil, Votre Sainteté avez introduit un mode de
scrutin permettant au peuple tibétain de voter pour ses représentants
et, en 1963, Votre Sainteté avez aussi promulgué une constitution
tibétaine. En 1991, Votre Sainteté avez approuvé la Charte des Tibétains
en exil, par laquelle vous avez consolidé le Parlement tibétain en exil
en en faisant une instance législative, en parfaite conformité avec la
définition d'une législature nationale moderne. En particulier, Votre
Sainteté avez introduit, en 2001, un système d'élection directe du Kalon
Tripa (Premier ministre), veillant ainsi à ce que le peuple tibétain
élise lui-même son propre chef du gouvernement.
Pour le formuler simplement,
aucune accumulation d'offrandes de matières précieuses ne saurait
représenter ne fût-ce qu'une infime part de la gratitude du peuple
tibétain pour tout ce qu'il a reçu en partage, rien qu'avec les immenses
actions et tous les souhaits de Votre Sainteté. Par ailleurs, il est
inutile de rappeler que, ces derniers temps, les discours répétés de
Votre Sainteté étaient sans aucun doute motivés par votre souhait
sincère d'assurer à tout le peuple tibétain le bien-être, en pensant au
présent, mais aussi au futur. Cela étant, il n'en demeure pas moins que
nous autres, appartenant au Pays des Neiges, avons été soutenus jusqu'à
présent par la bienveillance et la générosité de Votre Sainteté. Sur la
base de la prédiction sacrée du Bouddha, Votre Sainteté avez fermement
respecté votre engagement à revenir délibérément en tant que maître
religieux et chef temporel, particulièrement en ces temps
cruciaux. Il est donc inconcevable, aussi longtemps que
durera cette ère cosmique, que le peuple du Tibet soit privé, ne
serait-ce qu'un moment, de votre excellente gouvernance spirituelle et
temporelle. Au cours des derniers meetings de quelque importance, cette
question a été abordée de façon très claire dans chacun des rapports et
chacune des résolutions adoptées. Cela inclut la décision adoptée à la
fin de la première assemblée générale spéciale des Tibétains qui s'est
tenue en 2008, en accord avec les dispositions de l'article 59 de la
Charte des Tibétains en exil ; et, en particulier, le document 63 qui
date de 2010 - une résolution adoptée à l'unanimité pendant la neuvième
session du quatorzième Parlement tibétain en exil.
Par ailleurs, à l'issue de la
première assemblée générale de Bylakuppe, a été rédigé un rapport
reprenant les avis et les suggestions de tous les délégués présents. Le
premier point de la rubrique politique du rapport disait
:
" Sa Sainteté le dalaï-lama a jusqu'ici assumé les
responsabilités de chef de la grande nation tibétaine et tête du
gouvernement tibétain. Au nom de tous les Tibétains, ceux qui sont au
Tibet comme ceux qui sont en exil, nous réitérons notre immense
gratitude envers Sa Sainteté. En même temps, Sa Sainteté le dalaï-lama a
fait remarquer dans son discours qu'il était déjà en
semi-retraite. Cela a plongé l'ensemble du peuple tibétain, ceux
de l'intérieur comme ceux de l'exil, dans un tel désespoir qu'ils sont à
présents incapables de digérer leur nourriture ou de trouver un sommeil
paisible. Les choses étant ce qu'elles sont, l'assemblée générale
implore Sa Sainteté de ne rien mettre en œuvre dans le sens d'une telle
décision. "
Ce point de vue a été adopté à l'unanimité par
l'assemblée réunie.
Compte tenu de la série
d'appels évoqués ci-dessus, nous implorons Votre Sainteté du fond du
cœur et avec une fervente dévotion de ne jamais envisager de prendre
votre retraite ou même une semi-retraite. "
Submitted with heartfelt
prayers and devotion on 5th of January 2011 in the Tibetan Royal Year
2137
Penpa Tsering Speaker,
Tibetan Parliament-in-Exile
Dolma Gyari Deputy-Speaker,
Tibetan Parliament-in-Exile
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Trois enseignants critiquent
les récentes déclarations
de l'ex-Premier ministre
et du secrétaire général de l'UMP
sur la Chine et le
Tibet
Le 5 janvier 2011
Un article paru sur un site officiel
d'information chinois (china.org.cn, 3 décembre 2010), mais semble-t-il
peu repris par les médias français, nous apprend que lors d'un séminaire
qui s'est tenu à Pékin le 2 décembre avec de jeunes Chinois, monsieur
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a déclaré que la question
tibétaine n'était pas centrale dans les relations sino-françaises et que
l'engagement français à soutenir l'unité chinoise avait été clairement
confirmé dans un communiqué commun signé durant le G20 à Londres au
début de l'année.
Ce n'est pas la première fois que monsieur Raffarin
exprime son adhésion complète au régime autoritaire de type colonial qui
caractérise l'administration politique de la Chine au Tibet,
transformant la France en un EX-pays défenseur des droits de l'homme.
Les intérêts économiques supposés que la France pourrait retirer de ce
pacte ne devraient cependant pas obliger Monsieur Raffarin, à l'égal de
Monsieur Jean-Luc Mélenchon, à relayer le discours des autorités
chinoises dont la politique en matière des droits de l'homme et des
minorités ethniques n'est nullement compatible avec nos valeurs
européennes.
Par ailleurs, lors de ce même séminaire, monsieur
Jean-François Copé, président de l'UMP, a affirmé que "la plupart des
Français savent très peu de choses au sujet du Tibet" et que ce qu'ils
apprennent vient "d'observateurs français". Il aurait été utile qu'il
précise ce qu'il entendait par cette expression. Il apparaît que
monsieur Copé ignore que la France est, avec la Russie, le premier lieu
en Occident où le tibétain a été enseigné à l'université (depuis 1842
aux Langues Orientales). L'école française de tibétologie est connue
dans le monde entier pour la qualité de ses recherches. Deux chaires
sont consacrées aux études tibétaines à l'École pratique des Hautes
Études, trois équipes du CNRS comptent des tibétologues, cinq grandes
bibliothèques de recherche en France possèdent des fonds tibétains
importants et la BNF est en possession d'une partie des manuscrits de
Dunhuang, premiers documents historiques en langue tibétaine (VIII-Xe
s.). Nous sommes un certain nombre de spécialistes qui consacrons notre
vie à l'étude de la culture, de la langue, de l'histoire et de la
civilisation tibétaines et dont les travaux sont accessibles au grand
public.
Nous sommes payés par la République pour enseigner,
publier, apporter nos connaissances sur le Tibet et ses populations dont
la culture singulière et d'un haut raffinement intellectuel est en
danger, conséquence de la politique du gouvernement chinois depuis plus
d'un demi-siècle.
Il serait souhaitable que nos politiciens commencent
enfin à se renseigner sur la question tibétaine. Cela leur permettrait
ainsi de comprendre pourquoi les Tibétains dans leur ensemble, en Chine
comme en exil, contestent le "grand récit" de l'État chinois et les
"bienfaits" de sa colonisation. ________ Katia
Buffetrille, ethnologue et tibétologue, École pratique des Hautes Études
- Françoise Robin, maître de conférences, Institut national des langues
et civilisations orientales - Heather Stoddard, professeur des
universités, Institut national des langues et civilisations
orientales
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Le
Karmapa (AFP)
Après le Dalaï Lama, le Karmapa sera-t-il le chef
spirituel des Tibétains ?
Jeudi 15 juillet 2010 - Dharamsala - La fête
d'anniversaire du dalaï lama, qui vient de souffler ses 75 bougies, a
livré quelques clés concernant la succession mystère du chef spirituel
et politique des Tibétains: assis à côté du prix Nobel de la paix, se
tenait un lama de 26 ans à l'avenir prometteur.
Orgyen Trinley Dordje revendique le titre de 17e
karmapa, l'un des plus importants chefs du bouddhisme tibétain. Séparés
par deux générations, le Dalaï Lama et le Karmapa partagent un lien
particulier: ils ont tous deux fui leur pays pour vivre un exil
incertain.
Le Karmapa, qui s'enfuit en 1999, a aujourd'hui le
même âge que le Dalaï Lama quand celui-ci quitta le Tibet à la suite
d'un soulèvement anti-chinois. Tous deux vivent à Dharamsala, dans le
nord de l'Inde, une ville qui sert de base au gouvernement tibétain en
exil, dont le Dalaï Lama est le chef.
"Il est comme une figure
paternelle pour moi. Je le considère comme mon professeur et mon guide",
confie-t-il dans un entretien à
l'AFP.
Selon lui, la mort du Dalaï Lama, de son vrai nom
Tenzin Gyatso, aura un "impact énorme" sur le mouvement tibétain et la
lutte pour une véritable autonomie au sein de l'administration
chinoise.
Il n'y a cependant pas "de précipitation" pour
penser à la succession, jure-t-il, avant d'ajouter qu'il "ferait de son
mieux pour aider aux activités que le Dalaï Lama a portées" pour le
Tibet et les Tibétains.
Le Karmapa est l'un des chefs spirituels bouddhistes
les plus importants au Tibet, avec le Dalaï Lama et le Panchen Lama.
Mais le dernier Panchen Lama, un enfant de six ans nommé par le Dalaï
Lama en mai 1995, a été porté disparu peu après et Pékin a nommé son
propre candidat.
Même s'il ne pourra jamais devenir le 15ème Dalaï
Lama car il appartient à une autre branche du bouddhisme, le Karmapa
pourrait avoir une position dominante jusqu'à ce qu'une nouvelle figure
soit trouvée.
Ce Karmapa a été à la fois
reconnu par le Dalaï Lama et intronisé par le pouvoir chinois, avant sa
fuite du pays, ce qui fait de lui une figure très
influente.
Il est de ce fait considéré comme un possible
médiateur entre Pékin et les 200.000 membres de la communauté tibétaine
en exil, même si selon lui, il reste considéré avec méfiance par la
Chine.
Sa fuite du Tibet, à l'âge de 14 ans, avait été
motivée par la crainte de se voir réduit à un rôle de marionnette par
les autorités chinoises.
"L'une de mes inquiétudes était qu'à l'âge de 18
ans, j'obtienne un poste au sein du gouvernement (chinois) et qu'alors
je doive aller contre sa Sainteté et la cause pour le Tibet",
explique-t-il.
Vivant désormais sous la loi indienne, il est soumis
à des restrictions de déplacement. Un voyage prévu en Europe cette année
a ainsi échoué et son seul voyage en 11 ans à l'étranger fut aux
États-Unis en 2008.
L'existence en Inde d'un
mouvement tibétain, qui milite ouvertement pour l'autonomie ou
l'indépendance et dénonce des violations des droits de l'Homme au Tibet,
tend les relations diplomatiques entre l'Inde et la
Chine.
Interrogé par l'AFP, le
porte-parole du Dalaï Lama, Tenzin Taklha, souligne que le Karmapa est
l'un des nombreux Lamas à pouvoir endosser des responsabilités après la
mort du Dalaï Lama.
"Il est certainement l'un des chefs spirituels les
plus importants. Il est charismatique et un chef prometteur avec un
nombre important de fidèles", a-t-il cependant souligné.
Traditionnellement, la recherche du Dalaï Lama est
menée par les Lamas les plus haut placés dans la hiérarchie, mais le
régime communiste chinois a récemment indiqué qu'il se réservait le
droit d'avoir le dernier mot.
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PARIS / TAIWAN / PEKIN
:
Plus que jamais, bas les pattes devant la Chine !
Coucher… ! à la niche !
Mercredi 7 juillet 2010
- Marianne - Philippe Cohen
Et encore plus que jamais quand
le président de l'assemblée de la RPC est en visite à Paris et à
l'Assemblée nationale française...(ndlr).
Ça se passe comme ça à
Paris : la conférence d'un chercheur taiwanais à l'IFRI a été annulée
pour ne pas chatouiller les oreilles sensibles de la représentation
diplomatique chinoise...
La recherche scientifique sur
la Chine est-elle encore libre en France ? On peut se le demander suite
à la mésaventure vécue par Andrew Yang, chercheur taiwanais, et par
ailleurs vice-ministre de la Défense dans son
pays.
Andrew Yang était invité à donner une conférence sur
la sécurité en Asie à l'IFRI l'un des tout premiers instituts de
recherche en matière de relations internationales, dirigé par Thierry de
Montbrial. Or, quelques jours avant ladite conférence, l'impétrant
apprend l'annulation de son voyage et le refus par l'administration
française de lui accorder un visa de séjour.
Que s'est-il passé ? C'est
assez simple à comprendre. La venue de ce chercheur taiwanais, bon
connaisseur de la défense chinoise, n'avait pas l'heur de plaire à
l'ambassade de Chine. Qui l'a fait savoir à qui de droit. Oui mais qui
est qui de droit ? C'est ce que nous avons cherché à savoir. Côté IFRI,
le chercheur en charge du dossier nous renvoie à la direction. Le
patron, Thierry de Montbrial, qui a régulièrement des relations avec la
Chine , nous réoriente, via sa secrétaire, vers un directeur général.
Lequel nous indique, de façon laconique, que " Monsieur Yang a eu un
problème technique ", et qu'il faut voir avec le Quai d'Orsay. Côté quai
d'Orsay, différents interlocuteurs se renvoient la patate chaude jusqu'à
un mail du service de communication d'une certaine Elsa Pignol. Un
message on ne peut plus sybillin : " Nous n'avons aucun commentaire sur
cette affaire."
Personne - les Ambassades de
Chine et de Taiwan étant bien sûr muettes sur l'affaire - ne voulant
donc raconter l'histoire, nous sommes contraints de le faire nous-mêmes.
Selon toute vraisemblance, l'Ambassade de Pékin a joint à la fois l'IFRI
et le Quai d'Orsay. Thierry de Montbrial a obtempéré : pour lui, le
maintien de bonnes relations avec la Chine est au dessus de tout, (et
même de la liberté de la recherche ?). L'IFRI a donc annulé la
conférence tandis que le ministère des Affaires étrangères refusait le
visa.
L'ambassade de Taiwan ne peut
rien faire au moment où le pays vient de signer un accord commercial
avec Pékin, accord sur lequel mise depuis des mois le gouvernement
taiwanais pour normaliser ses relations avec la Chine. Quant au Quai
d'Orsay, selon des sources internes, à la veille de la prochaine visite
à Paris, en septembre du Président Hu Jintao, dont on espère qu'il
signera une nouvelle moisson de contrats commerciaux, il n'est pas
question susciter le moindre ombrage aux diplomates chinois. Plus que
jamais, bas les pattes devant la Chine !
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Nancy Pelosi demande à la Chine d'engager des
discussions "sérieuses" avec le Dalaï Lama
Mardi 6 juillet 2010 -
Washington (AFP) - La présidente de la Chambre américaine des
représentants Nancy Pelosi a demandé à la Chine mardi, à l'occasion des
75 ans du dalaï lama, d'engager des discussions "sérieuses" avec le
dignitaire bouddhiste qu'elle a qualifié "d'homme de paix et de
sagesse".
"Sa Sainteté a fait part de sa volonté de se rendre
en Chine et de dialoguer directement avec des hauts responsables. Mon
voeux le plus cher est que Pékin envoie un message ferme en invitant sa
Sainteté en Chine pour d'importantes discussions", a indiqué Mme Pelosi
dans un communiqué.
Nancy Pelosi, connue pour ses critiques envers Pékin
au sujet des violations des droits de l'homme, a estimé qu'il était
"grand temps de résoudre la question" du Tibet.
"Un accord négocié assurera la stabilité intérieure
au Tibet et oeuvrera en faveur de la réputation de la Chine dans le
monde", a ajouté Mme Pelosi.
"A l'occasion du 75e anniversaire de sa Sainteté le
dalaï lama, je continue d'admirer l'oeuvre de sa vie qui fait la
promotion de la compassion, de la paix et des droits de l'homme pour
toutes les personnes du monde", a-t-elle dit.
Adulé par son peuple, icône en Occident, le dalaï
lama, qui a fui le Tibet en 1959 à la suite d'un soulèvement
anti-chinois, est abhorré par Pékin qui voit en lui un dangereux
séparatiste.
Pour autant, le lauréat du prix Nobel de la paix en
1989, apôtre de la non-violence, défend une stratégie conciliante face à
la Chine, une "voie moyenne" qui prône une simple "autonomie
culturelle".
Des milliers de Tibétains ont fêté mardi les 75 ans
du Dalaï Lama dont l'âge et la santé précaire posent avec une acuité
croissante la question de sa succession.
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Claude B. Levenson
Mai
2010
Le Tibet à
rebrousse-temps
Regardez une carte de
géographie, vous le verrez au coeur de l'Asie, même si son nom n'y
figure plus, au milieu de nulle part, c'est-à-dire au centre même, axe
de la planète dorénavant assimilé au " troisième pôle " ou toit du monde
au-dessus des étendues euroasiatiques, pays que des idéologue
s'acharnent à faire disparaître en l'effaçant de l'histoire des hommes
et que d'autres, mieux inspirés et fondés à le faire, préservent
tranquillement avec non moins d'obstination pour l'avenir des
générations futures. Pays qui existe tellement à force d'être souhaité
disparu corps et biens de la mémoire humaine et dont l'âme nomade
caracole sur la crêtes des montagnes, des nuages ou des
rêves.
Défaite des vainqueurs,
victoire des vaincus : alors que le bras de Pékin se fait de plus en
plus long à mesure que ses interlocuteurs se font plus petits et semble
étendre ses tentacules bien au-delà de la Grande muraille, fût-elle
virtuelle, des hommes et des femmes chassés de chez eux il y a plus d'un
demi-siècle ont dû se résoudre un jour à partir et à prendre l'une des
multiples routes du temps, celle de l'exil. Peut-être à rebrousse-temps
du temps linéaire commun dans la société humaine. Car enfin, à l'heure
de l'émancipation des peuples, lorsque tant d'autres recouvraient la
liberté ou accédaient à l'indépendance, le Tibet, lui, était
militairement occupé contre la volonté de son peuple révolté, et depuis
lors, soumis à une colonisation systématique au nom d'une hypothétique
modernisation à marche forcée piétinant les aspirations profondes des
premiers concernés, les Tibétains eux-mêmes. Curieuse destinée à vrai
dire pour un peuple dont Jacques Bacot disait à l'orée du XXe siècle
qu'il était " étrange et vivait à part des autres, ne faisant rien comme
eux "…
Et pourtant : comme d'autres
peuples naguère asservis, les Tibétains restent
insoumis.
Ils le font savoir à leur
manière, parfois surprenante, s'entêtant à ne pas capituler ni à
l'intérieur de leur pays défiguré où tout est fait afin qu'ils oublient
leurs racines, leur passé, leurs traditions et leur histoire - ni dans
l'exil où non contents de reconstruire et de préserver leur héritage,
ils l'offrent en partage. Pour enrichir le patrimoine commun de
l'humanité. Du toit du monde jusqu'aux rives d'océans lointains : de
quoi contribuer à irriguer ou à éclairer les temps à
venir.
Sur place néanmoins, en leur
vaste berceau d'altitude, la vie est rude à ceux qui persistent à ne pas
abdiquer leur singularité, voire à réclamer le respect de leurs droits.
Un jeune Tibétain téméraire, rapidement arrêté par des gardiens de
l'ordre chinois aux aguets, a osé devant le Jokhang à Lhassa réclamer en
solitaire une aide réellement efficace et des compensations pour les
victimes du séisme de la mi-avril, laissées pour compte dans les hameaux
à peine éloignés de l'épicentre du désastre. D'autres dans la région de
la catastrophe ont été arrêtés pour avoir posé des questions sur
l'organisation des secours et les incohérences de l'aide d'urgence,
retardée par la méconnaissance du terrain et les difficultés
d'accès.
Toutefois, comme pour tenter de
mieux dissimuler des réalités qui dérangent, à la grandiose exposition
universelle de Shanghai censée témoigner aux yeux du monde de la montée
pacifique de la Chine sur l'échiquier mondial, il se trouve un "
pavillon du Tibet céleste " où, selon une dépêche de l'AFP, on voit des
" Tibétains tout sourire richement parés dans des paysages somptueux
illustrant ainsi " la société harmonieuse " version le président Hu
Jintao, sous le slogan " le Tibet nouveau, une vie meilleure ". Revers
de la médaille, fin avril, l'agence officielle Xinhua en appelait au "
renforcement de la vigilance contre les forces étrangères hostiles à la
Chine " et à " bloquer les informations nuisibles concernant les droits
de l'homme, le Tibet ou le Xinjiang ". Amis du Tibet, vous voilà dûment
avertis, attention à la liste noire…
Mieux encore, le 9 mai, une
dépêche de la même agence Xinhua rapportait les propos de Jia Qinglin,
président du Comité national de la Conférence consultative politique du
peuple chinois, appelant les ressortissants chinois à l'étranger et les
étrangers d'origine chinoise, membres de diverses associations
culturelles ou d'amitié, à contribuer par des investissements " au
développement de la Région autonome du Tibet er la Région autonome
ouïghoure du Xinjiang ". Et de les encourager à être de " fermes
partisans de l'unité nationale et de mieux faire découvrir au monde les
progrès du Tibet et du Xinjiang, à faire plus d'efforts pour sauvegarder
l'intégrité territoriale, la cause de la réunification et la diffusion
de la culture chinoise à l'étranger ". Comme si tous les grands (et les
moins grands) de ce monde ne s'étaient pas empressés il y a peu dans le
sillage du récent tremblement de terre de présenter au président chinois
des condoléances très " chinoisement correctes ", sans jamais mentionner
les victimes tibétaines… Bien seul à tenter un peu tardivement de sauver
l'honneur, le Congrès américain serait en train de rédiger une
résolution visant à réparer ce manque d'élémentaire
courtoisie…
" Se libérer de la peur ", n'a
cessé de répéter la Dame de Rangoun, toujours recluse dans la maison
familiale en train de se délabrer et abandonnée au mauvais vouloir d'une
camarilla paranoïaque que d'aucuns font mine de croire sur parole quand
les militaires birmans promettent des "élections " libres et ouvertes "
devant déboucher sur une " démocratie disciplinée ". Il y a plus
longtemps, vers la fin des années 80, d'autres ailleurs se battaient
pour garder la mémoire, résister à l'oubli, ne pas se soumettre ni
capituler, se protéger du désespoir : ce vadémécum de la dissidence
est-européenne a finalement permis à ses artisans de casser un temps
immobile et de briser le contrat du silence. Persister, informer, ne pas
céder - disait Vaclav Havel. Parce que, comme l'avait alors résumé l'un
d'eux, " le chemin le plus court vers la liberté des autres est ma
propre liberté. "
Newsletter janvier
2010 mailto : claude.levenson@gmail.com
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IMPORTANT SEISME AU TIBET
(KHAM)
Province du Qinghai
colonisée par la Chine (nord-ouest de
la Chine actuelle)
Bilan
provisoire au 20 avril : 2000 Morts , 12315 blessés et 300
disparus
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La ville de Gyegu (Jyekundo) 3
jours avant le séisme. Elle est peuplée à 95 % de Tibétains et regroupe la
plus grande quantité de Mani au Tibet (pierres gravées) ©Tibet De
Facto.
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Un Comité pour venir en aide aux victimes de
Yushu Bureau du Tibet à
Paris
Un violent tremblement de terre, d'une amplitude de
6,9 sur l'échelle de Richter, a frappé la région de Kyejudo (Yushu) dans
la province de l'Amdo le 14 avril dernier.
A ce jour, les autorités dénombrent environ 2 000
décès, 300 disparitions et plus de 12 000 blessés graves. Plusieurs
milliers de personnes se trouvent dans une situation extrêmement
critique, beaucoup de bâtiments ayant été détruits.
Via la Circulaire du Cabinet (Kashag) n° Kh86 (61
10)-11 du Gouvernement tibétain en exil, un Comité pour venir en aide
aux victimes de Yushu a été créé. Tous les dons financiers seront les
bienvenus. Le Bureau du Tibet est habilité à les percevoir?; ils seront
regroupés et envoyés à ce comité basé à Dharamsala qui se chargera de
les répercuter.
Merci infiniment de faire largement circuler cette
information au plus grand nombre possible. Pour des raisons pratiques,
n'oubliez pas d'accompagner vos chèques d'une petite note mentionnant la
destination de votre donation.
Nous vous remercions de votre solidarité ainsi que
la Communauté tibétaine en France ( www.tibetan.fr) et toutes les Associations qui ont déjà pris
l'initiative d'œuvrer dans le même sens.
Wangpo
Bashi
Bureau du Tibet, 84 Bd Adolphe Pinard, 75014
Paris
Tél: (1) 46 56 54 53
Fax: (1) 41 17 00 14
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Témoignage d'Olivier du
site
Tibet De Facto
Mardi 20 avril 2010 - Tibet De
Facto
Tibet-defacto était à Gyegu (ou
Jyekundo) dans le district de Yushu au Nord-Ouest de la région tibétaine
traditionnelle du Kham, 3 jours avant le séisme.
La ville de Gyegu est située à
3.700 mètres d'altitude. Elle est la capitale de la Préfecture Autonome
de Yushu dans la province chinoise du Qinghai. Nous sommes ici en fait
dans la province traditionnelle du Kham dans la région de Jyekundo (ou
encore Gyegu ou Gawa pour les Tibétains Khampa).
Le mercredi 14 avril 2010, un
tremblement de terre de grande ampleur a frappé la ville et la région.
Les dernières estimations portent le bilan à près de 2.000 morts et
environ 15.000 blessés. Et ce bilan risque encore de s'alourdir car
nombre de personnes sont encore portées disparues. De plus, la région
comporte beaucoup de sites isolés difficilement accessibles. Il y a
également des centaines de milliers de sans-abri.
Trois jours avant la
catastrophe, Tibet-defacto était dans la région. Après avoir hésité, je
me décidé à publier quelques photos prises juste avant cet événement
dramatique. Pour aider à faire connaître cette région un tout petit peu
mieux au moment ou elle est si durement frappée (Gyegu est maintenant à
85 % détruite) et ou sa population a tant besoin
d'aide. _______________________
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Communiqué de Thupten Gyatso,
Président de la Communauté Tibétaine de
France
URGENT - Appel aux dons
Samedi 17 Avril 2010
La Communauté Tibétaine de
France lance un appel à don après le puissant tremblement de terre,
d'une intensité de 7.1 sur l'échelle de Richter, qui a frappé la région
de " la Préfecture Autonome Tibétaine de Yushu ", dans la province
traditionnelle tibétaine du Kham, mercredi 14 avril, à 6 heures, heure
locale.
Selon le bilan provisoire,
environ mille personnes ont péri et plus de 10.000 personnes sont
blessées. 90% des habitations en bois et en terre sont détruites et
100.000 personnes se trouvent sans abri avec une température de moins 10
degrés Celsius. L'épicentre du séisme est habité par une population à
98% Tibétaine, par conséquent presque toutes les victimes sont des
Tibétains.
La Communauté Tibétaine dans la
diaspora, s'organise pour venir en aide aux victimes, dans la phase
d'urgence, sans oublier la reconstruction de la ville de
Yushu.
Nous avons besoin de votre
solidarité et de votre générosité envers les victimes du tremblement de
terre au Tibet.
Sélectionnez votre montant *
:
60 euros soit 15€ après
déduction fiscale
80 euros soit 20€ après
déduction fiscale
100 euros soit 25€ après
déduction fiscale
160 euros soit 40€ après
déduction fiscale
soit par chèque à l'ordre
de " la Communauté Tibétaine de France " 28, rue Sorbier 75020 Paris.
Nous vous adresserons un reçu
par la suite.
Nous vous remercions
cordialement pour votre soutien.
Bureau de la Communauté
Tibétaine de France et ses Amis.
Thupten Gyatso,
Président
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Secours dans la zone de
Yushu (nord-ouest de la Chine)
après une série de violents
séismes, le 14 avril 2010/AP/SIPA
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Selon le dernier bilan, 617 personnes sont mortes
et
plus de 9.000 autres sont blessées...
Jeudi 15 avril 2009 - 20minutes.fr
DERNIERE INFO : 17h28 - Le président
chinois Hu Jintao a qualifié le séisme d'«énorme désastre» et a confirmé
qu'il rentrait en Chine à l'issue d'un sommet des grands pays émergents
jeudi soir.
En visite au Brésil, Hu Jintao écourte son voyage en
Amérique latine pour rentrer en Chine. Sur place, les parents des élèves
ensevelis sous les décombres attendent avec inquiétude des nouvelles.
Les opérations de secours se révèlent compliquées à cause du le faible
niveau d'oxygène lié à l'altitude. Les sauveteurs s'activent toujours ce
jeudi pour retrouver des survivants dans la province du Qinghai, dans le
nord-ouest de la Chine, après le violent séisme de mercredi.
Le Premier ministre Wen Jiabao est arrivé jeudi soir
à Yushu, épicentre du séisme de magnitude 6,9 qui s'est produit
mercredi, selon les médias officiels. Il est à la tête d'une délégation
de 40 personnes et devrait se rendre au quartier général des opérations
de secours. Il devrait repousser une tournée en Asie du sud-est. Le
président chinois Hu Jintao, en visite au Brésil, a quant à lui décidé
d'écourter son voyage en Amérique latine en raison du séisme survenu
dans son pays. Le président chinois était arrivé mercredi soir à
Brasilia, pour participer à un sommet des grands pays émergents.
Les secouristes travaillent à mains
nues
Le dernier bilan fait état de plus de 617 morts,
selon l'agence Nouvelles de Chine, révisant à la baisse un chiffre donné
auparavant par la Radio nationale. Selon l'agence, 1.045 personnes ont
été extraites vivantes des décombres par les secouristes, qui ont retiré
107 corps, alors que 2.038 personnes sont soignées.
Auparavant, la Radio nationale de Chine avait
affirmé que 2.038 personnes avaient été extraites des décombres dans la
préfecture de Yushu, épicentre du puissant séisme. Les autorités avaient
annoncé mercredi soir que plus de 900 personnes avaient pu être
extraites des décombres, souvent par des secouristes travaillant à mains
nues.
Parmi les morts, au moins 66 élèves. Ce jeudi, la
télévision officielle diffusait des images de sauveteurs s'affairant
dans les décombres pour tenter d'atteindre des élèves coincés dans la
préfecture de Yushu. Wang Yubo, responsable de l'éducation de la
province du Qinghai, cité par l'agence Chine Nouvelle, a précisé que le
tremblement de terre avait détruit au moins 11 écoles.
Ecoliers coincés dans les dortoires de leurs
écoles
Des dizaines de parents attendaient dans l'angoisse
des nouvelles de leurs enfants qui fréquentaient l'école professionnelle
de Yushu, selon l'agence. «Lors du séisme, les élèves venaient d'achever
leurs exercices physiques du matin. La plupart prenaient leur petit
déjeuner à la cantine de l'école ou nettoyaient leurs salles de classe»,
a déclaré le proviseur, Kunga Tenzin. «Certains ont été piégés dans
leurs dortoirs», a ajouté le proviseur.
Lors du séisme au Sichuan voisin en mai 2008, des
milliers d'écoliers avaient péri dans l'effondrement des écoles, un
sujet qui avait provoqué une très vive polémique sur le respect ou non
des normes antisismiques dans la construction des bâtiments. Certains
parents avaient évoqué la corruption qui aurait pu expliquer pourquoi
des milliers d'établissements scolaires, construits à la va-vite,
s'étaient écroulés, alors que d'autres bâtiments avaient résisté.
Difficultés du fait de l'altitude
Des milliers de sinistrés ont passé la nuit dehors
dans la préfecture de Yushu avec des températures descendant sous zéro
degrés et un vent glacial. L'armée chinoise a dépêché sur place 100
parachutistes ainsi que 1.500 autres personnels pour prendre part aux
opérations de secours et de recherches de survivants. Plus de 6.000
soldats ont été envoyés sur place. Cependant, les opérations de secours
sont compliquées par le faible niveau d'oxygène du fait de l'altitude
élevée.
La préfecture de Yushu, se situe sur le plateau
tibétain, surnommé «le Toit du monde», à une altitude moyenne de 4.000
mètres. Les opérations de secours en haute altitude «sont beaucoup plus
exigeantes physiquement et techniquement en raison de la raréfaction de
l'oxygène», a expliqué He Xiong, directeur du Centre de prévention et de
contrôle des maladies de Pékin. Le niveau d'oxygène dans la région de
Yushu, région montagneuse de la chaîne himalayenne, peut être un tiers
voire moitié moins élevé que celui au niveau de la mer, selon des
chiffres officiels.
Les opérations sont également rendues difficiles du
fait de l'état des routes et des réseaux d'électricité et de
télécommunications, endommagés par le séisme suivi de nombreuses
répliques et de glissements de terrain.
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Déclaration du Kashag (*) à l'occasion du
51e anniversaire de la journée du soulèvement national
tibétain Aujourd'hui, le 10 mars 2010, marque
le 51e anniversaire du soulèvement pacifique tibétain de 1959 contre les
autorités chinoises. En ce jour mémorable, le Kashag rend hommage au
courage des Tibétains et des Tibétaines qui ont sacrifié leur vie à
notre cause temporelle et spirituelle. Par solidarité envers nos
compatriotes de l'intérieur du Tibet, actuellement soumis à la torture,
le Kashag adresse sa reconnaissance et sa commisération à chacun d'entre
eux. Comme stipulé dans la déclaration du Kashag en date du
10 mars dernier, nous avons constaté des évolutions négatives et
positives au cours de ces 50 dernières années. D'un côté, tous les
Tibétains vivant au Tibet et en dehors ont été les victimes de terribles
épreuves et notre spiritualité, notre politique et notre peuple ont subi
des pertes irréparables. Néanmoins, d'un autre côté, des Tibétains du
Tibet de tous les âges, sans se décourager, maintenant leur vaillance,
ont alimenté notre lutte pour la vérité au fil des ans. De même, ceux de
l'exil ont accompli de grandes réussites spirituelles et politiques, en
particulier dans les domaines de la préservation et de la promotion de
la spiritualité et de la culture tibétaines. Aujourd'hui, alors que nous
nous souvenons de tout cela, le Kashag souhaite exprimer sa plus
profonde gratitude à Sa Sainteté le Dalaï-Lama dont la direction
positive a pu mener à toutes ces réalisations au cours des
années. Entre le 10 mars dernier et aujourd'hui, les
Tibétains exilés et leur administration ont organisé diverses cérémonies
de commémoration pour marquer le cinquantenaire de leur vie en exil et
pour remercier du fond du cœur leurs pays d'accueil. Dans le cadre de
ces cérémonies, une réunion informelle des employés de l'Administration
Centrale Tibétaine (ACT) s'est récemment tenue afin de tirer les
enseignements des expériences passées et de faire des propositions
relatives à l'avenir. Un résumé de l'issue de cette réunion, qui a été
apporté à Sa Sainteté le Dalaï-Lama, comprend (entre autres sujets) un
renouvellement du serment des employés de rester sur la voie de la paix
et de la non-violence dans notre lutte pour la vérité, jusqu'à ce qu'une
solution durable ait été trouvée à la question du Tibet. Nous sommes
convaincus que la plupart de la population du Tibet (au Tibet et en
dehors) se joindra à ce serment. Nous sommes
particulièrement préoccupés par le fait qu'aucune évolution positive ne
se soit produite au Tibet depuis l'éclatement de la crise, le 10 mars
2008. Le Kashag enjoint donc la République Populaire de Chine (RPC) à
mettre un terme immédiat à toutes ses actions inhumaines et illégales,
dont la répression et des violations des Droits de l'Homme au Tibet, de
même que les condamnations à mort et à de longues périodes
d'emprisonnement prononcées contre des Tibétains, sans procès légaux. Le
Kashag réclame également officiellement la remise en liberté de tous les
prisonniers tibétains innocents, dont le jeune Panchen-Lama, Gondun
Choekyi Nyima. De plus, le Kashag exhorte tous les Tibétains du Tibet à
faire preuve de la plus grande retenue et de la plus grande
prudence. Dans le cadre du processus de pourparlers actuel,
nous avons présenté aux officiels concernés de la RPC un mémorandum pour
une autonomie véritable du peuple tibétain, le 31 octobre 2008. Dans ce
document, en plus d'une articulation des aspirations fondamentales des
Tibétains au Tibet et en dehors, nous avons réclamé la pleine
application des clauses relatives à l'autonomie nationale régionale
telles qu'inscrites dans la constitution.
Cependant, les Chinois ont
cherché à détourner ou à mal interpréter les demandes que nous y avons
inscrites. Afin de clarifier ces sujets et pour faire une nouvelle
demande en deux points, les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama se
sont rendus à Pékin cette année et y ont participé à une neuvième série
de pourparlers avec leurs homologues chinois, les 30 et 31 janvier. Dans
ces derniers entretiens, les émissaires, sur les conseils de Sa Sainteté
le Dalaï-Lama, ont mis en avant les deux propositions
suivantes: 1. Le souci ultime de Sa Sainteté le
Dalaï-Lama est le bien-être des six millions de Tibétains. À ce sujet,
le gouvernement central chinois soutient que les Tibétains du Tibet sont
heureux et qu'en tant que telle, il n'y a pas de question du Tibet à
résoudre. Nous croyons au contraire que la plupart des Tibétains du
Tibet sont soumis à de terribles épreuves. Il règne parmi eux un vaste
sentiment d'insatisfaction et de mécontentement dans tous les domaines
(religieux, politique, économique, linguistique, culturel et social).
Face à des vues aussi divergentes entre les deux parties, il nous semble
nécessaire de mener une étude collective et méticuleuse de la situation
sur place afin de saisir quelle est la réalité. Par conséquent, nous
demandons au gouvernement chinois d'entreprendre une telle étude, de
manière à ce que chaque Tibétain puisse véritablement exprimer ce qu'il
ressent réellement, sans crainte et sans doute. S'il s'avérait, suite à
une telle étude, que les Tibétains, dans leur majorité, estiment qu'il
n'y a pas de problème au Tibet et qu'ils sont contents de leur sort, Sa
Sainteté le Dalaï-Lama ne recherche rien d'autre. Il n'y aurait alors
nul besoin pour les deux parties d'être en désaccord sur l'avenir du
Tibet. Mais s'il s'avère que les Tibétains sont mécontents, alors le
gouvernement central chinois devra, " preuves concrètes à l'appui ",
reconnaître qu'il y a un véritable problème au Tibet et entamer des
discussions pour collectivement trouver des solutions et leurs moyens au
problème du Tibet. 2. L'allégation que Sa Sainteté le
Dalaï-Lama et son administration en exil ont provoqué le soulèvement
spontané et pacifique qui secoue toutes les zones tibétaines depuis le
10 mars 2008, est faux. De fait, cette allégation n'est pas acceptable
par nous. Cela a été signifié aux dirigeants chinois lors des
pourparlers informels qui se sont déroulés à Shenzhen. En conséquence,
lors de la 7ème série de pourparlers, le gouvernement central chinois a
accepté la réalité et a changé sa position en passant des " trois
interdits " à " quatre choses à ne pas soutenir ". Pourtant, récemment,
il a de nouveau formulé de telles allégations à notre encontre. Il y a
donc désormais une nécessité pour le gouvernement central chinois de
clarifier si sa position est restée la même que lors de la 7ème série de
pourparlers ou s'il l'a changée. S'il l'a effectivement changée, alors
le gouvernement central chinois doit entreprendre cette étude en
profondeur (au Tibet et en dehors) pour scientifiquement identifier la
véracité de ces accusations. L'issue d'une telle enquête devra être
acceptée par les deux parties concernées. De plus, dussions-nous être
dans notre tort, nous en ferions amende honorable. Si ce n'est pas le
cas, le gouvernement central chinois doit cesser de répandre des
mensonges et de telles allégations infondées, à la fois sur son sol et
sur la scène internationale, et publier une clarification sur ce
point. Le gouvernement central chinois n'a pas apporté de
réponses claires sur ces deux points et n'a pas non plus communiqué nos
deux demandes dans ses déclarations de presse ultérieures. Nous allons
de notre côté continuer de faire pression sur ces deux points que nous
avons formulés de manière honnête et sincère. Si le point de vue et ce
que dit le gouvernement central chinois contiennent un élément de
vérité, alors celui-ci ne devrait avoir aucune hésitation à accepter
cette enquête. Nous pouvons tous garantir qu'une fois qu'une enquête en
bonne et due forme sera menée, les choses seront plus claires pour
l'avenir et la réalité sera plus évidente à tous. Au cours
des neuf séries de pourparlers, les émissaires de Sa Sainteté le
Dalaï-Lama ont catégoriquement affirmé au gouvernement chinois qu'il n'y
a pas lieu de débattre de la question personnelle de Sa Sainteté le
Dalaï-Lama ou de ses proches. L'unique intérêt du processus de dialogue
est le bien-être des six millions de Tibétains. La question personnelle
de Sa Sainteté n'a été avancée dans aucun de ces échanges. Nous avons
amplement clarifié cela dans le passé et nous le réitérons aujourd'hui.
Par conséquent, le gouvernement central chinois, à travers ses dires et
ses déclarations officielles, selon qui la raison des pourparlers est
précisément de parler de la question personnelle de Sa Sainteté le
Dalaï-Lama, et pas le bien-être des six millions de Tibétains, a tort.
C'est tout simplement hors propos. Bien qu'il n'y ait pas le moindre
changement dans notre détermination à nous engager dans le dialogue avec
la RPC jusqu'à ce qu'une solution durable soit trouvée à la question du
Tibet, le Kashag souhaite officiellement stipuler que l'agenda du
processus de dialogue ne doit concerner que le bien-être des six
millions de Tibétains et rien d'autre. Nous réaffirmons par conséquent
qu'il n'y a strictement rien à débattre au sujet de la situation
personnelle de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. D'avis que la
question du Tibet est d'ordre intérieur et qu'elle doive donc être
résolue dans le cadre de la RPC, nous sommes toujours ouverts envers le
gouvernement central chinois. Cependant, les Chinois continuent
d'évoquer Sa Sainteté le Dalaï-Lama et de la question du Tibet et ils
continuent d'exercer partout d'énormes pressions liées à cela : dans
leurs relations bilatérales avec d'autres pays ou dans divers forums
internationaux. Cela contribue manifestement à nos yeux à faire de la
question du Tibet une question internationale. Notre lutte
se base sur la vérité et la non-violence. Il ne fait aucun doute que si
tous les Tibétains du Tibet et du dehors mettent toute leur foi dans la
voie de la non-violence que nous avons choisie et que nous pratiquons,
alors la véracité du problème tibétain prévaudra plus tôt que prévu.
Aujourd'hui, un nombre croissant de pays en quête de vérité, des gens,
des dirigeants religieux et politiques manifestent leur inquiétude et
leur soutien envers la question du Tibet. De plus en plus
d'intellectuels chinois en Chine et à l'étranger commencent à apprécier
et à soutenir la " Voie Médiane " choisie par Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
De plus, la vérité liée aux mauvaises politiques chinoises au Tibet
devient de plus en plus évidente. Qui plus est, la politique de la "
Voie Médiane ", bénéfique à tous, ne prévoit pas la victoire des uns et
la défaite des autres. Le monde entier nous l'envie et des pays comme
les États-Unis et d'autres partageant les mêmes idéaux lui ont offert
leur soutien. Les intellectuels tibétains des trois régions tibétaines
l'admirent et la soutiennent également. Ainsi, la question du Tibet a
atteint et continue d'atteindre de grands résultats dont les bénéfices
sont à moyen et à long termes. Alors que nous exprimons notre infinie
gratitude à Sa Sainteté le Dalaï-Lama d'avoir élaboré une politique
aussi authentique, le Kashag souhaite faire le serment devant Votre
Sainteté de poursuivre cette politique à l'avenir, sans la remettre en
question. La cruauté et les atrocités inimaginables de ces
60 dernières années n'ont pas réussi à ébranler l'esprit et la
détermination du peuple tibétain. Le gouvernement chinois aiguise
actuellement sa politique du recours au mensonge et à l'argent pour
détruire l'esprit et l'unité du peuple tibétain. Le Kashag pense que le
peuple tibétain ne se laissera pas prendre au piège des Chinois et de
leurs tromperies. L'unité de tout le peuple tibétain, intacte depuis si
longtemps, a été renforcée par le soulèvement populaire de 2008. Le
Kashag appelle tous les Tibétains à fournir un effort pour renforcer
cette unité et à résister aux sollicitations et aux machinations de la
partie adverse qui cherche à nous diviser, nous, les Tibétains. Le
Kashag exhorte tous les Tibétains à veiller à ne pas s'engager dans des
querelles internes pour des motifs de moindre
importance. Deux points importants auxquels les Tibétains
du Tibet doivent être vigilants sont les suivants
: 1. Les jeunes Tibétains doivent être encouragés à
étendre leurs horizons éducatifs en se concentrant à la fois sur
l'enseignement traditionnel et sur l'enseignement moderne et en
acquérant des compétences professionnelles dans leurs domaines
d'études.
2. Il faut rechercher tous les moyens
possibles de préserver le délicat environnement du plateau tibétain de
toute dégradation supplémentaire. Il s'agit là de sujets
apolitiques qui auront pourtant un impact fort à cout et à long termes
pour le bénéfice à la fois de Tibétains et des Chinois. Il est donc
capital que les deux parties fassent des efforts collectifs dans ce
sens. De même, chacun doit faire de son mieux pour appliquer les
conseils de Sa Sainteté le Dalaï-Lama aux gens à travers le monde en
général et aux Tibétains en particulier, conseils à teneur à la fois
spirituelle et temporelle, pour cette existence actuelle mais également
pour toutes celles à venir. Si les Tibétains, actuellement
divisés en différentes unités administratives, peuvent être réunies sous
une seule administration autonome, cela facilitera l'élaboration d'une
politique uniforme visant à développer les domaines de l'éducation, de
la culture, de la santé etc. Cela contribuera notamment à préserver la
culture et l'identité uniques du Tibet. La demande de réunir tous les
Tibétains sous une administration unique a été faite et répétée au
gouvernement chinois depuis 1951. Ainsi, au cours du Vème Forum de
Travail sur le Tibet, il a été demandé aux délégués de toutes les zones
tibétaines de réfléchir à un plan de développement uniforme pour tous
les Tibétains. Le Forum a également identifié le fait que les conditions
de vie de tous les Tibétains en général, mais des paysans et des
éleveurs tibétains en particulier, sont particulièrement mauvaises. Nous
devons répondre à cet état de fait. Nous attendons que le gouvernement
chinois applique un programme de développement uniforme pour toutes les
zones peuplées de Tibétains. Le 6 juillet 2010, Sa Sainteté
le Dalaï-Lama aura 75 ans. Le Kashag prévoit de célébrer cet
anniversaire de manière plus recherchée que les années précédentes,
grâce à des activités spirituelles majeures. De même, notre démocratie
en exil fêtera ses 50 ans le 2 septembre cette année. Nous planifions
par conséquent de fêter cet anniversaire-là également. Nous espérons que
tous les Tibétains garderont ces deux événements à l'esprit. Bien qu'il
soit particulièrement difficile pour les Tibétains du Tibet de célébrer
ouvertement ces deux événements, nous ne doutons pas que leurs cœurs et
leurs esprits s'uniront à ceux des Tibétains en exil à ces deux
occasions. Pour finir, le Kashag prie pour que Sa Sainteté
le Dalaï-Lama vive encore longtemps et pour l'accomplissement spontané
de tous ses vœux. Puisse la vérité de la question tibétaine éclater très
prochainement ! Le 10 mars 2010
Le Kashag
________ (*) Le Kashag est le nom tibétain qui signifie " le
cabinet du gouvernement tibétain " NB : Le présent document
a été traduit d'après un original publié en tibétain. En cas de
différence de sens entre les deux, veuillez considérer la version en
tibétain comme primant et finale sur toute
autre. Traduction française d'Alexandre Huillet pour le
Bureau du Tibet, Bruxelles. www.tibet.net ( english, tibétain, …) www.tibet-info.net (
français)
_______________________
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Entretien
avec Sa Sainteté le Dalaï Lama
(réalisé en octobre 2009
avant sa visite récente aux Etats-Unis)
Le Tibet survivra-t-il ?
Cet entretien a été conduit par
Chen Yan (**)
Dans le monde interconnecté
du XXIème siècle, il y a longtemps que la question tibétaine ne relève
plus uniquement des " affaires intérieures " de la Chine, mais s'inscrit
dans un mouvement plus vaste d'aspiration à la démocratie. Comment
répondre à la demande d'autonomie et de liberté du peuple tibétain ; et
comment aider une Chine économiquement développée et politiquement
arriérée à s'engager dans la voie de la démocratie : aux yeux du Dalaï
Lama, ces deux questions sont intimement liées.
Un dialogue entre représentants
du Dalaï Lama et autorités chinoises s'est engagé en Chine à partir de
2002. Huit rencontres officielles ont eu lieu sur le territoire chinois,
mais pour l'heure, les pommes de discorde restent nombreuses. Le Tibet
historique comprend, outre la région autonome du Tibet, les territoires
peuplés de Tibétains dans les provinces du nord-ouest de la Chine :
Qinghai, Gansu, Sichuan (1) et Yunnan. Afin de sauvegarder la culture
tibétaine dans son ensemble, le gouvernement tibétain en exil a demandé
au gouvernement chinois de procéder à un redécoupage territorial qui
permette d'inclure dans la région " autonome " du Tibet (qui n'a
d'autonome que son nom officiel !) toutes les régions habitées par les
Tibétains. Cette suggestion a provoqué une réaction virulente de la part
du gouvernement chinois pour lequel cette tentative de reconstitution
d'un " Grand Tibet " n'est qu'une revendication d'indépendance voilée.
Le malaise est d'autant plus profond que, malgré les réformes
démocratiques introduites en 2001 par le quatorzième Dalaï Lama et la
mise en place d'un pouvoir exécutif désormais dirigé par un chef de
gouvernement élu au suffrage universel (2), les médias officiels chinois
continuent de voir dans le gouvernement tibétain en exil un régime
théocratique. Il est pourtant certain que, résidant en Inde, le
gouvernement tibétain en exil n'a été reconnu par aucune instance
internationale et n'a guère que le pouvoir d'organiser la vie des
quelques centaines de milliers de Tibétains éparpillés à travers le
monde, tout en se projetant dans un avenir hypothétique. Le jour où
l'armée chinoise quittera les terres tibétaines n'est, en effet,
aucunement prévisible…
Nos lecteurs apprécieront cet
entretien exceptionnel réalisé à Dharamsala et accordé à Radio France
Internationale (émission en chinois) ainsi qu'à notre revue. Cet
entretien (mené en tibétain et en chinois), a permis au Dalaï Lama de
s'adresser directement, pour la première fois, à un auditoire de Chine
populaire et de briser ainsi le mur de la propagande que les dirigeants
de Pékin s'emploient à ériger entre lui et la population
chinoise.
Sa Sainteté le Dalaï
Lama - La Chine d'aujourd'hui est fondamentalement différente de la
Chine d'il y a trente ou quarante ans. Le tournant se situe en 1978,
avec le retour de Deng Xiaoping au pouvoir et le lancement de la
politique de réforme. Incontestablement, le développement économique a
permis d'améliorer les conditions de vie des Chinois. Ils sont de plus
en plus nombreux à voyager, et de plus en plus d'étudiants chinois font
des études à l'étranger. Grâce à ces échanges, la Chine devient de plus
en plus perméable aux valeurs démocratiques de
l'Occident.
C. Y. - 2009, c'est
aussi le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, qui a
sonné le glas du système communiste en Europe. Comment envisagez-vous la
sortie du communisme en Chine ?
D.L. - Un effondrement
brutal du régime, à l'image de ce qu'à connu l'Union Soviétique, serait
problématique non seulement pour la Chine mais aussi pour les pays
voisins. La meilleure solution serait, pour le Parti communiste chinois,
de mettre en place, de sa propre initiative, des réformes politiques
graduelles. J'approuve entièrement le point de vue qu'a exprimé le
vice-président Xi Jinping dans un long texte publié par le Quotidien du
Peuple (3) : il insiste sur l'importance des comportements démocratiques
au sein du Parti et appelle de ses vœux l'organisation d'élections
directes au niveau des instances de base. Le président Hu Jintao a
également mentionné à plusieurs reprises le mot démocratie dans son
discours d'ouverture du XVIIe Congrès du Parti communiste chinois en
octobre 2007. Mais la démocratie ne saurait se contenter de discours.
Elle doit s'ancrer dans le concret. Je suis néanmoins confiant : les
dirigeants savent que la démocratie est incontournable, et lorsqu'ils
mesureront l'intérêt à long terme que la Chine peut en retirer, ils
seront bien obligés de régler cette question.
C.Y. - Vous voulez dire
que, sans la démocratie, la Chine ne deviendra jamais une véritable
grande puissance ?
D.L. - Absolument. La
Chine est un grand pays qui est appelé à occuper une position importante
sur la scène mondiale. Pour l'instant, elle en est loin car le reste du
monde ne lui fait pas confiance. La raison ? Son manque de transparence.
C'est parce que la Chine se dissimule que ses voisins et la communauté
internationale la redoutent. Il n'y a ni liberté de la presse ni liberté
de parole. Le gouvernement se réfugie constamment derrière le secret
d'Etat. Ce mot avait peut-être un sens pendant la guerre civile, avant
1949, ou pendant la guerre de Corée, au début des années 1950 ; mais, en
temps de paix, est-il nécessaire de tout bâillonner ? Cette censure des
médias nuit à l'image de la Chine. N'importe qui, n'importe quel pays,
peut commettre des erreurs. Il faut les reconnaître et s'excuser
publiquement aux yeux du monde.
C.Y. - Lors de votre
récent voyage aux Etats-Unis, vous n'avez pas été reçu par le président
Obama. Savez-vous s'il a subi des pressions de la part du gouvernement
chinois ? Avez-vous prévu de le rencontrer dans un proche avenir
?
D.L. - Le président
Obama a certainement subi des pressions. C'était peu de temps avant sa
visite à Pékin, au cours de laquelle il a abordé la question tibétaine
avec le gouvernement chinois. Pour ne pas irriter ses interlocuteurs, il
a jugé plus opportun de ne pas me recevoir. J'étais de son avis. Notre
but ultime n'est-il pas de résoudre le problème tibétain ? Il est donc
inutile de froisser qui que ce soit. Des amis qui entretiennent des
contacts avec des officiels chinois de haut rang m'ont, eux aussi,
conseillé de ne pas rencontrer le président américain cette
fois-ci.
Mais il a été convenu qu'au
retour de sa visite en Chine, M. Obama me recevrait dès que possible.
Comme mes voyages sont programmés longtemps à l'avance et que je n'ai
pas l'intention de modifier mes plans, je pense que notre rencontre aura
lieu probablement en 2010 (NDLR : Le Dalaï Lama a
rencontré le président Obama le 18 février 2010 "Le gouvernement chinois
a émis une protestation formelle, concernant cette rencontre,
auprès de l'ambassadeur des Etats-Unis en Chine Jon
Huntsman).
C.Y. - Un certain nombre
de dirigeants européens, eux, ont bravé les foudres de Pékin. C'est le
cas du président Sarkozy qui vous a rencontré en Pologne (4). A la suite
de cette entrevue, les relations franco-chinoises ont d'ailleurs connu
un sérieux refroidissement …
D.L. - La chancelière
allemande et le président français, que j'ai vus l'an dernier, ont tous
deux été " punis " par le gouvernement chinois. Cela dit, je ne tiens
pas particulièrement à multiplier mes contacts avec les dirigeants,
surtout si ces rencontres doivent leur causer des ennuis. Si je sillonne
la planète, c'est avant tout pour aller au devant des peuples. J'estime
que, en tant qu'élément de ce vaste ensemble qu'on nomme humanité, il
est de mon devoir de promouvoir la bonté qui réside en chacun de nous
afin que le monde devienne plus harmonieux. Et, en tant que chef
religieux, j'essaie de favoriser le dialogue entre les religions. C'est
pourquoi, chaque fois que je visite un pays, je donne toujours des
conférences devant le plus grand nombre de personnes possible. Enfin, en
tant que Dalaï Lama, je dois assumer mon rôle de porte-parole de tous
les Tibétains qui me font confiance, quel que soit l'endroit où ils se
trouvent. Depuis 2001, les responsabilités administratives sont assumées
par des élus tibétains (5). Il me reste des responsabilités politiques,
mais je joue plus un rôle de conseiller que de décideur. Je suis un
semi-retraité !
C.Y. - Quelle impression
le président Sarkozy vous a-t-il laissée ?
D.L. - C'est un homme
très franc et pas maniéré du tout. Quant à son épouse, que j'ai eu
l'occasion de rencontrer dans le sud de la France, elle était
visiblement très émue et très franche elle aussi.
C.Y. - Après les
manifestations de mars 2008 au Tibet, la Chine a connu en juillet 2009
des affrontements interethniques meurtriers dans la province du
Xinjiang. Quelle est votre lecture de ces deux événements ? Une alliance
est-elle envisageable entre les peuples tibétain et ouighour pour lutter
ensemble en faveur de l'indépendance ou d'une véritable autonomie
?
D.L. - Lorsque j'ai
quitté le Tibet en 1959, j'ai fait la connaissance de nombreux Ouighours
- (6). Nous nous réunissions pour parler de notre souffrance et de notre
avenir. Il y avait parmi eux des gens qui préconisaient de recourir à la
lutte armée pour conquérir l'indépendance - une démarche que, comme vous
le savez, j'ai toujours réfutée. C'est la raison pour laquelle nous nous
sommes éloignés peu à peu les uns des autres.
Mais apparemment, les esprits
ont évolué. Il y a quelques années, j'ai rencontré Mme Rebiya Kadeer
(7). Je lui ai exposé mon point de vue sur l'autonomie et la lutte non
violente et elle a totalement approuvé mes idées. Après les événements
du 5 juillet dernier à Urumqi, je l'ai revue à Prague à l'occasion d'une
conférence de la Fondation Nobel et elle m'a, à nouveau, confirmé son
choix de la non violence.
Certains de mes amis chinois
pensent que je devrais éviter Mme Kaader en raison de sa mauvaise
réputation : Pékin la considère comme un leader terroriste. Je leur ai
répondu que je leur avais rendu service puisque j'ai réussi à la rallier
à ma position et à lui faire abandonner toute idéologie belliqueuse
!
C.Y. - Mme Kaader
jouit-elle sur le peuple ouighour de la même autorité que vous sur les
Tibétains ?
D.L. - J'ai abordé ce
sujet avec elle. Je lui ai dit qu'elle devait souder autour d'elle tous
les Ouighours et enfants d'Ouighours installés à l'étranger. De la même
façon, j'encourage les très nombreux dissidents qui ont quitté la Chine
après les événements de Tian'anmen à s'unir pour former une force
commune. Malheureusement, cette force n'a pas encore vu le
jour.
C.Y. - Vous avez
organisé, il y a quelques mois, deux rencontres sino-tibétaines : la
première a eu lieu au mois d'août 2009 à Genève, et la seconde un mois
plus tard à Vancouver. Les Tibétains en exil ont, de leur côté,
multiplié les contacts avec les Chinois d'outremer. Cette politique de
rapprochement a-t-elle porté ses fruits ?
D.L. - Après les
événements de Lhassa en mars 2008 (8), j'ai effectué des voyages aux
Etats-Unis, en Angleterre et en Allemagne. Partout, je me suis heurté à
des centaines d'étudiants chinois qui protestaient avec véhémence contre
moi et contre le gouvernement tibétain en exil. Pensant qu'ils n'étaient
pas au courant de ce qui s'était réellement passé, j'ai décidé d'aller
vers eux, en particulier les bouddhistes, et de leur expliquer ma
position. Cette démarche a été très fructueuse puisque, lors de mon
voyage en Australie au mois de juin, les manifestations avaient baissé
d'un ton. Certains étudiants, chercheurs et écrivains chinois m'ont fait
part de leur étonnement. Non seulement ils ont pu constater que je ne
ressemble en rien à la personne décrite par la propagande officielle,
mais en plus ils approuvent entièrement mon point de vue. J'en ai déduit
qu'en améliorant la communication entre les Tibétains et les Chinois on
pourrait grandement contribuer à la résolution du problème tibétain. De
même, certains Chinois, fraîchement arrivés à Dharamsala (9), étaient
inquiets pour leur sécurité. Ils pensaient que les Tibétains allaient
les attaquer. Lorsqu'ils ont compris qu'ils se trouvaient sur une terre
de paix, ils en ont été tout heureux !
Rien ne remplace l'expérience
directe. En 1956, quand j'ai quitté le Tibet pour la première fois à
l'occasion d'un pèlerinage en Inde, l'armée chinoise m'a escorté jusqu'à
la frontière. Il y avait là un vice Général qui me disait que, si l'on
me posait des questions sur le Tibet, il faudrait répondre qu'il valait
mieux voir la réalité de ses propres yeux, et que les yeux sont des
témoins plus fidèles que les oreilles. Et il avait parfaitement raison.
Au lieu de stigmatiser les Tibétains de Dharamsala, de les accuser -
comme ce fut encore le cas en mars 2008 - de fomenter des troubles au
Tibet, pourquoi les autorités chinoises n'envoient-elles pas sur place
une délégation pour faire toute la lumière sur ce prétendu complot ? Les
archives du gouvernement tibétain en exil sont à leur disposition, sans
aucune restriction. Mais Pékin n'a pas répondu à notre offre. Cette
ouverture doit pourtant s'effectuer dans les deux sens. S'il est vrai
que les Tibétains profitent du développement économique de la Chine et
qu'ils sont heureux, pourquoi les autorités chinoises n'ouvrent-elles
pas les portes du Tibet aux journalistes du monde entier pour qu'ils
puissent le constater de leurs propres yeux ? Au lieu de cela, ils
continuent d'en interdire l'accès aux médias
étrangers.
C.Y. - Vous expliquez
depuis plusieurs années que vous ne revendiquez pas l'indépendance du
Tibet, mais une simple autonomie, conformément à la Constitution
chinoise. Vous insistez également sur le fait que la région tibétaine
devrait comprendre non seulement la région autonome du Tibet, mais aussi
toutes les zones où la culture tibétaine est fortement présente, ce qui
est interprété par Pékin comme la revendication d'un " Grand Tibet " et
un premier pas vers l'indépendance …
D.L. - C'est le
gouvernement chinois qui parle de Grand Tibet. Jamais nos représentants
n'ont utilisé cette expression. La vérité, c'est qu'il existe, en dehors
de la région autonome, des départements et des districts autonomes
tibétains dans plusieurs provinces limitrophes du Tibet, qui possèdent
leurs propres radios et journaux en langue tibétaine. Ce que nous
demandons, c'est une réelle autonomie du Tibet qui permette de protéger
la religion et la culture tibétaines. Pendant plus de mille ans, les
régions de U-Tsang, d'Amdo et de Kham, qui se trouvent aujourd'hui en
dehors de la région autonome tibétaine proprement dite, ont largement
contribué au rayonnement de notre culture. Parmi les Tibétains qui ont
quitté la Chine en 1959 nombreux sont ceux qui sont originaires de ces
contrées. Certains sont même devenus des guéshé (10)
bouddhistes.
Le monastère de Drepung (11),
qui comptait sept ou huit mille disciples avant 1959, en accueillait
encore ces dernières années entre six cents et mille, malgré l'exil de
nombreux Tibétains. Mais un ami chinois, qui s'y est rendu il y a
quelques mois, nous a appris qu'il ne reste pas plus de soixante-dix
moines. Pour quelle raison ? Parce que, après les événements du 14 mars
2008, les Tibétains dont le lieu de résidence (12) se trouve en dehors
de la région autonome ont été renvoyés chez eux par les
autorités.
Depuis l'ouverture d'un
dialogue avec Pékin en 2002, mes représentants se sont entretenus à huit
reprises avec les autorités chinoises. Lors de la cinquième rencontre à
huis clos, qui a eu lieu en février 2006, les négociateurs de Pékin ont
clairement dit qu'ils savaient que le Dalaï Lama ne cherchait pas
l'indépendance du Tibet. Pourtant, en avril et en mai de la même année,
la presse officielle a redoublé de critiques à mon égard, m'accusant de
vouloir diviser le pays. Ce double discours prouve que les dirigeants
chinois ont toujours eu des arrière-pensées. S'agissant du Grand Tibet
aujourd'hui, c'est exactement la même chose. Les Chinois déforment
sciemment mes propos. Après les événements qui se sont déroulés au
Xinjiang (13) le 5 juillet 2009, le secrétaire du parti de la province
de Guangdong, Wang Yang, a souligné la nécessité de réexaminer la
politique chinoise à l'égard des minorités nationales. Je suis tout à
fait d'accord avec lui. Deng Xiaoping a eu le courage de réformer
l'économie chinoise. Si le gouvernement chinois pouvait faire preuve du
dixième de ce courage pour entreprendre des réformes politiques, nous en
serions les premiers ravis.
C.Y. - Si le
gouvernement chinois vous donnait des garanties suffisantes sur le plan
culturel, seriez-vous prêt, en contrepartie, à consentir des concessions
politiques ? Pourriez-vous transiger sur le point controversé de la
réunification des trois régions tibétaines (14) ?
D.L. - Notre devoir est
de respecter la volonté du peuple tibétain et de nous battre pour que
ses souhaits soient exaucés. Le dixième Panchen Lama (15) était très
attaché à la réunification des trois régions tibétaines. Parmi les
nombreuses raisons citées, il mettait surtout en avant la protection de
notre culture et de notre religion. D'ailleurs, demandez aux Tibétains
de l'Amdo, du Gansu et du Qinghai, y compris aux membres du Parti
communiste chinois, ce qu'ils en pensent : tous sont favorables à
l'unification. Au moment de la fondation de la région dite " autonome "
du Tibet en 1965, le vice-premier ministre de l'époque Chen Yi, envoyé
du gouvernement à Lhassa, avait lui-même admis que l'unification de
toutes les régions tibétaines était incontestablement une bonne
idée.
Il est évident que, pour entrer
dans le détail d'une unification, il faudrait négocier concrètement avec
le gouvernement chinois - ce qui, dans le contexte actuel de tensions
extrêmes, est peu probable. Nous avons appelé la communauté
internationale à faire pression sur la Chine pour qu'elle autorise des
organismes indépendants et fiables à conduire une enquête auprès de la
population tibétaine. Si les Tibétains sont satisfaits de leur sort,
s'ils vivent dans de bonnes conditions, alors nous retirerons notre
demande et nous présenterons nos excuses auprès de la communauté
internationale. En revanche, s'il apparaît que les Tibétains sont
malheureux, sur le plan économique ou spirituel, alors le gouvernement
chinois doit faire face à la réalité et entamer les
réformes.
C.Y. - Vous avez
mentionné la réforme de 2001 qui a démocratisé le pouvoir tibétain en
exil. Cette réforme n'a-t-elle pas signé également, d'une certaine
manière, la fin de la tradition tibétaine ?
D.L. - Le titre et la
fonction du Dalaï Lama ont correspondu à une certaine période de
l'histoire du Tibet. Il n'y a pas de rapport intrinsèque entre la
culture tibétaine - qui compte environ mille trois cents ans d'histoire
- et le système du Dalaï Lama qui ne remonte qu'à six cents ans. Le
régime du Dalaï Lama est le produit de la culture tibétaine, plus
particulièrement du bouddhisme tantrique, et non l'inverse. L'ancien
système, dans lequel le Dalaï Lama était un leader à la fois spirituel
et temporel, est révolu à jamais.
Quant à l'institution du Dalaï
Lama elle-même, il appartiendra au peuple tibétain de se prononcer sur
sa survie. C'est à lui que reviendra la décision. Pas tout de suite,
parce que je n'ai pas l'intention de mourir demain matin ! Mais, un jour
ou l'autre, les Tibétains devront se poser la question. S'ils
considèrent qu'il n'y a plus de raison de maintenir ce système, alors il
faudra arrêter. L'idée d'être le dernier Dalaï Lama ne me déplairait pas
car, après tout, par rapport à mes treize prédécesseurs, je ne suis
peut-être pas le meilleur, mais je ne suis pas le pire non plus
!
C.Y. - Si l'on
interrogeait les Tibétains aujourd'hui, je suis sûr qu'ils ne seraient
pas d'accord pour abolir votre fonction !
D.L. - Vous avez raison.
Les Tibétains souffrent terriblement et ils comptent sur moi pour
améliorer leur situation. C'est à cause du gouvernement chinois que je
suis devenu quelqu'un d'extrêmement important. Mais l'abolition du
système n'est pas impossible : si le Tibet devenait une région
réellement autonome et si le niveau de vie des Tibétains augmentait
sensiblement, il n'aurait plus lieu d'être. J'exhorte les bouddhistes du
monde entier - ceux du Tibet, de Chine ou de Corée, du Vietnam ou du
Japon, les disciples du Petit Véhicule ou du Grand Véhicule - à entrer
pleinement dans le XXIe siècle. Un bouddhiste moderne doit vivre en
harmonie avec son temps, concilier sa croyance et la science. Le jour où
ce souhait sera réalisé, c'en sera probablement fini de l'ère des lamas
et des grands maîtres du bouddhisme tantrique.
C.Y. - Mais la fin du
système théocratique ne va pas forcément de pair avec la disparition du
Dalaï Lama …
D.L. - Les choses sont
claires : le chef du gouvernement tibétain en exil est désormais élu
tous les cinq ans au suffrage universel. Je n'exerce donc plus aucune
responsabilité de nature administrative. Quant à ma mission politique et
historique, elle s'arrêtera le jour où les Tibétains de Chine et les
Tibétains de l'exil seront réunis au sein d'un Tibet qui n'aura pas
d'"autonome" que l'appellation. Ce jour là, je pourrai me contenter de
donner des conférences sur le bouddhisme… _______ * Quatorzième Dalaï Lama,
Tenzin Gyatso vit en exil en Inde depuis 1959. Prix Nobel de la paix en
1989.
** Historien. Chef de la
section en langue chinoise de Radio France Internationale. Auteur, entre
autres publications, de : L'Eveil de la Chine, Editions de l'Aube,
2004.
Chen Yan - La Chine
vient de fêter le soixantième anniversaire de la naissance de la
République populaire. Cette année 2009 a également marqué le
cinquantième anniversaire de votre départ de Lhassa et de celui de
milliers de Tibétains vers l'exil. Quel regard portez-vous sur ces
dernières décennies ?
(1) Le Tibet
historique comprend une zone beaucoup plus vaste que la région autonome
du Tibet telle qu'elle a été définie par le gouvernement chinois en
1965. L'Amdo se situe dans les provinces actuelles du Qinghai et du
Gansu, et le Kham dans celles du Sichuan et du
Yunnan.
(2) La
démocratisation du régime tibétain a débuté dès l'arrivée en exil du
Dalaï Lama et a été réalisée progressivement sous sa direction. Depuis
2001, le premier ministre, actuellement le professeur Samdhong Rinpoché,
est élu au suffrage universel. En 2007, le départ à la retraite du Dalaï
Lama a été officiellement évoqué, ainsi que son remplacement éventuel
par le XVIIe Karmapa, Orgyen Trinley Dorje. Bien que le Dalaï Lama se
déclare lui-même en semi-retraite, les Tibétains continuent à le révérer
comme leur chef spirituel, créant ainsi une ambiguïté sur la nature de
ses fonctions. Même s'il ne joue plus le rôle traditionnel du théocrate,
il reste l'ultime recours vers lequel les Tibétains se tournent, faisant
passer la dévotion avant les principes démocratiques que le Dalaï Lama
tente patiemment de leur inculquer.
(3) Quelques réflexions sur les soixante ans
d'édification du parti dans la Chine nouvelle, discours prononcé le 1er
septembre 2009 à l'Ecole centrale du parti et reproduit par le Quotidien
du Peuple.
(4) Le président français a rencontré le Dalaï
Lama à Gdansk, le 6 décembre 2008, à l'occasion des cérémonies du 25e
anniversaire du prix Nobel de la paix de Lech
Walesa.
(5) Le
Parlement tibétain est l'organe législatif du gouvernement tibétain en
exil. Il comprend 43 membres élus, dont 10 députés pour chacune des
trois provinces principales du bouddhisme tibétain. Trois députés
représentent la diaspora tibétaine en Europe et en Amérique. Les
derniers députés sont nommés par le Dalaï Lama pour représenter la
culture, les sciences ou le service de la communauté. C'est le Parlement
qui est habilité à élire le Cabinet tibétain : le Kashag ou Conseil des
ministres.
(6) La province
du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, est peuplée à 47 % d'Ouighours,
groupe ethnique de langue turque, en majorité des musulmans sunnites, à
40 % de Chinois Han et à 12 % de membres d'autres groupes ethniques
comme les Kazakhs et les Kirghizes.
(7) Rebiya
Kadeer est devenue la personnalité politique la plus représentative du
mouvement d'opposition ouighour en exil. Elle vit à Washington depuis
2005, après avoir passé six ans en prison en
Chine.
(8) Des
manifestations importantes se sont déroulées à Lhassa du 10 au 14 mars
2008, avant que la police et l'armée interviennent pour ramener le
calme. Le gouvernement tibétain en exil estime qu'il y aurait eu plus de
150 morts et des milliers d'arrestations suite aux manifestations qui se
sont déroulées dans la plupart des régions habitées par des
Tibétains.
(9) Dharamsala
est une ville du nord de l'Inde, située dans l'Etat de l'Himachal
Pradesh. C'est là que siège le gouvernement tibétain en exil, et que
réside le XIVe Dalaï Lama, Tenzin Gyatso.
(10) Docteur en
bouddhisme tantrique.
(11) Le monastère de Drepung se trouve au
nord-ouest de Lhassa. Fondé en 1416, il est l'un des trois grands
monastères de la branche des Gelugpas du bouddhisme tibétain, à laquelle
appartient le Dalaï Lama et le Panchen Lama.
(12) Le système du hukou, mis en place par le
gouvernement chinois dès le début des années 1950, fixe le lieu de
résidence de chaque citoyen chinois, en distinguant les ruraux et les
citadins et en obligeant chacun à dépendre d'un seul village ou d'une
seule ville, de la naissance à la mort. Les " migrants " peuvent ainsi
être renvoyés à tout moment dans leur lieu de
résidence.
(13) Les émeutes du 5 juillet au Xinjiang
trouvent leur origine dans un événement qui s'était produit dans une
usine de jouets à Shaoguan au Guangdong, en juin 2009, et qui avait
provoqué la mort de deux ouvriers ouighours.
(14) Région autonome du Tibet, Kham et
Amdo.
(15) Le dixième
Panchen Lama, contemporain du XIVe Dalaï Lama, est mort au Tibet en
janvier 1989.
Entretien traduit du
chinois par Mme Yang Mei et Marie Holzman.
Edité par :
Politique Internationale, n° 126, Hiver 2009-2010 (revue
trimestrielle) Coût : 15 €
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Le Dalaï-Lama sera reçu à la Maison Blanche
courant février
Jeudi 4 février 2010 -
LEMONDE.FR - AFP/Stefan Rousseau
Le Dalaï-Lama, chef spirituel des Tibétains
en exil, sera reçu ce mois-ci à la Maison Blanche en dépit de la colère
exprimée par la Chine à l'annonce de sa rencontre avec Barack Obama, a
confirmé, jeudi 4 février, le porte-parole de la présidence américaine.
"Il sera ici ce mois-ci", a dit M. Gibbs en réponse à une question sur
la date de la visite du Dalaï-Lama à Washington.
Le porte-parole n'a cependant pas communiqué
la date exacte de cette visite, ni précisé si M. Obama et le Dalaï-Lama
poseraient ensemble pour les photographes. La Maison Blanche avait déjà
confirmé mercredi la rencontre, sans évoquer de date, expliquant que "le
Dalaï-Lama est une figure religieuse et culturelle respectée dans le
monde entier, et c'est à ce titre que le président va le rencontrer".
Pékin, qui accuse le Dalaï-Lama de vouloir l'indépendance du Tibet,
avait protesté, indiquant que "la Chine s'oppose fermement à la visite
du Dalaï-Lama aux Etats-Unis et à ce que des dirigeants américains le
reçoivent".
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NDLR : Si la visite du Dalaï-Lama
devait se confirmer, la France de Nicolas Sarkozy ne sortirait pas
grandie des ses atermoiements de 2009.
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Claude B.
Levenson Janvier
2010
Tibet, afin que perdure la
lumière
Elles étaient froides et
venteuses, ces nuits de janvier à Bodh Gaya, et pourtant, les journées
poussiéreuses, brumeuses au petit matin, étaient empreintes de cette
légèreté bienveillante qui - en dépit de bousculades passagères -
accompagne d'ordinaire les déplacements du Dalaï-lama. A ce rendez-vous
d'enseignement public, les fidèles étaient bien présents, attentifs sous
la vaste tente pompeusement baptisée Kâlachakra maïdan. Autour du grand
stûpa et de l'arbre de la Bodhi où le prince Gautama a jadis atteint
l'Eveil, c'était la circumambulation traditionnelle en rangs serrés des
pèlerins venus de loin, accompagnée de la non moins traditionnelle
litanie profonde des moines, dans le crissement des moulins à prières au
poing des dévots et le glissement feutré de milliers de pas sur les
cailloux et la terre battue du chemin de ronde consacré par le temps et
la foi. Les moments forts n'ont pas manqué, parmi lesquels hors session
une audience remarquée accordée aux participants chinois de divers
horizons de l'intérieur et de l'extérieur, ainsi qu'une rencontre avec
des étrangers (entendez " occidentaux ") venus à trois ou quatre mille
d'une quarantaine de pays écouter le maître de sagesse que les Tibétains
apprécient depuis si longtemps.
Si les enseignements sont chose
sérieuse par excellence, le Dalaï-lama sait aussi les agrémenter de
remarques judicieuses parfois inattendues mais toujours à propos -
ainsi, alors qu'il expliquait la nécessité de se débarrasser de
l'hypocrisie en tant qu'obstacle sur le chemin, son allusion brocardant
le président américain ajournant leur rencontre afin de ne pas froisser
des susceptibilités à fleur de peau à l'autre bout du monde a soulevé
une vague de rires dans l'assistance. Plus grave cependant, à l'issue de
ces journées bien remplies, au cours d'une rencontre informelle, le
leader tibétain a renouvelé un appel pressant à tous ceux qui le
pouvaient d'aller voir " ce qui se passe au Tibet militairement occupé,
afin de prendre la mesure des souffrances endurées par le peuple
tibétain, et d'en porter témoignage. "
Il y a une année, l'ONU et les
décideurs de tout calibre d'horizons divers avaient fait la sourde
oreille. Certes, un vieil adage prétend qu'il n'est pire aveugle que
celui qui ne veut pas voir - mais comment rester de marbre quand Dhondup
Wangchen écope de six ans de prison pour avoir filmé des Tibétains
exprimant leur ras-le-bol d'une présence étrangère imposée ? Les peines
sont lourdes pour quiconque ose parler vrai dans un pays sous la botte,
Tibétains et Chinois téméraires en font la cruelle expérience. A preuve,
deux écoles, l'une élémentaire et l'autre moyenne, viennent d'être
fermées d'autorité dans la région de Machu, pour avoir annoncé
l'organisation d'un séminaire consacré à la sauvegarde de la langue
tibétaine… Et ce n'est pas la nomination d'un Tibétain de souche, Pema
Thinley, au poste de secrétaire adjoint (adjoint seulement, pas dans le
rôle principal) du parti communiste de la Région dite autonome qui va
changer quelque chose, tandis qu'à peu près dans le même temps, lors
d'une réunion politique dans la capitale tibétaine, Jampa Phuntsok
(Qiangba Pingcuo, selon la transcription chinoise) donnait sa démission
du poste de gouverneur - payerait-il les pots cassés des manifestations
de Lhassa de 2008 ? Pas de nouvelles cependant de son double chinois,
Zhang Qingli, dont les prises de position d'une rare intransigeance ont
sans doute contribué à entretenir les tensions.
Et pendant ce temps, on apprend
qu'il y a quelques jours, le 8 janvier de cette année, le Bureau
politique du parti communiste chinois réuni à Pékin sous la présidence
de Hu Jintao en personne, flanqué du premier ministre Wen Jiabao et du
vice-président Xi Jinping discutait du " système d'autonomie régionale
des minorités ethniques et d'une voie de développement à la chinoise
adaptée aux conditions locales ", afin d'assurer " la stabilité à long
terme du Tibet ". Mais, au fait, qui donc a décidé que les Tibétains
étaient une " minorité ethnique " de la Chine ?
Après les jeux olympiques et le
60e anniversaire tant claironné de la République populaire, la clique
dirigeante de la Chine se prépare en vue de l'exposition universelle de
Shanghai et, un peu plus tard dans l'année, des jeux asiatiques de
Canton. Inutile donc de s'étonner qu'à la veille de la réunion à Pékin
des plus hautes têtes pensantes du régime, le Bureau d'information du
Conseil d'Etat ait jugé nécessaire d'annoncer et de définir publiquement
ses objectifs pour 2010. En voici l'essentiel, dans le respect du jargon
officiel : " La Chine doit se saisir du pouvoir du discours, prendre la
direction de l'opinion publique et accroître sa capacité de
communication internationale, travailler à gagner en puissance dans
l'opinion publique étrangère - à la mesure du développement économique
de la Chine et de son statut international. " Et le directeur dudit
Bureau, Wang Chen, de préciser : "nous nous efforcerons encore davantage
afin d'aider le monde à comprendre une Chine prospère, démocratique,
ouverte, pacifique et harmonieuse. " Rien que ça…
Inutile de rire, même
jaune, nous voilà prévenus, et en guise d'illustration concrète, il faut
savoir que très fâchés par le refus des organisateurs privés d'un
festival de cinéma à Palm Springs de retirer de leur programmation un
film tibétain de Ritu Sarin et Tenzin Sonam intitulé " Le soleil au-delà
des nuages ", les responsables de l'industrie cinématographique chinoise
ont décidé de quitter la compétition en emportant les deux films
officiels. Le film tibétain a remporté un franc succès. Et encore plus
courroucés par les (timides) remontrances anglaises à la suite de la
récente exécution d'un citoyen britannique, les diplomates chinois ont
fort peu diplomatiquement fait avoir qu'ils ne se rendraient pas au
rendez-vous du dialogue sino-britannique bisannuel sur les droits de
l'homme qui devait se tenir en janvier à Londres. Ça commence bien…Il
n'empêche : à en croire l'avis de deux experts aux points de départ de
leur réflexion croisée grandement opposés, le Tibétain Tsering Shakya et
le Chinois Wang Lixiong, " la bataille du Tibet " est bel et bien
engagée, et ce qui se joue tragiquement aujourd'hui sur le toit du monde
nous concerne tous, chacun et chacune. Il n'est pas concevable de
laisser disparaître le Tibet, son peuple et sa culture, ni de les
laisser être métamorphosés de force en produits folkloriques de
pacotille… chinoise, la communauté humaine ne s'en remettrait
pas.
C'est à coups d'investissements
économiques, d'encouragements effrénés au consumérisme et de contrôle
renforcé sur la religion que le régime de Pékin entend venir à bout de
la résistance tibétaine. Et si le chemin est semé d'embûches à l'heure
d'une érosion généralisée des libertés fondamentales et de la liberté
tout court, n'est-ce pas Alexandra David-Neel qui disait : " La bravoure
est la plus sûre des attitudes. Les choses perdent de leur épouvante à
être regardées en face ", alors qu'Albert Camus estimait pour sa part
que " en vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à
tout… "
Newsletter janvier
2010 mailto : claude.levenson@gmail.com
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Neuvième rencontre
Tibet-Chine Le compte-rendu du chef de la délégation Lodi
Gyari Transmis par Christiane Stocchi et
Thupten Gyatso - Bureau du Tibet
Paris
Avec Kelsang Gyaltsen et
accompagné de Tenzin P. Atisha, Bhuchung K. Tsering et Jigmey Passang
membres de la Task Force, Lodi Gyari a conduit la délégation tibétaine
en RPC du 26 au 31 janvier pour une neuvième série de pourparlers avec
les représentants des autorités chinoises. Discussions intervenant après
une interruption de 15 mois.
Revenus à Dharamsala le 1er février 2010, Lodi Gyari
et les membres de la délégation ont présenté leur rapport officiel au
Dalaï-Lama, au Premier ministre du Gouvernement tibétain en exil
Samdhong Rinpoche, ainsi qu'au Président et à la Vice-présidente du
Parlement tibétain en exil.
Voici ce rapport établi par Lodi Gyari
(*) "Le 30 janvier, nous nous sommes
entretenus à Pékin avec M. Du Qinglin, Vice-président de la Conférence
consultative politique populaire chinoise et Ministre du Département du
Travail du Front uni du Comité central. Le lendemain, le 31
janvier 2010, nous avons passé une journée en pourparlers avec Zhu
Weiqun, Vice-ministre adjoint et avec le Vice-ministre Sithar. M. Nyima
Tsering, l'un des Vice-directeurs du Congrès populaire de la Région
autonome du Tibet, a également assisté à ces
entretiens. Nous sommes arrivés à Changsha, capitale de la
province de Hunan, le 26 janvier 2010. Avant d'entamer notre programme
sur place, nous avons officiellement présenté au Département du Travail
du Front uni du Comité central une Note relative au Mémorandum sur
l'autonomie réelle pour tous les Tibétains, que nous avions déjà
proposée lors de la huitième série de pourparlers, en novembre
2008. Cette Note contenait sept points sur les questions
fondamentales soulevées par les autorités chinoises lors de cette
huitième entrevue, ainsi que des suggestions constructives pour faire
progresser le processus de dialogue. Ces sept points comprennent
le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la
République populaire de Chine, le respect de la Constitution de la RPC,
le respect des "Trois Adhésions", le respect de la hiérarchie et de
l'autorité du gouvernement central chinois. Des questions
soulevées par le gouvernement central sur des compétences particulières
se rapportaient au Mémorandum, reconnaissant le cœur du problème et
offrant la coopération de Sa Sainteté le Dalaï-Lama en vue d'une
solution mutuellement bénéfique. La Note indiquait
clairement que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et d'autres membres du
gouvernement en exil n'ont aucune exigence personnelle à formuler.
Sa Sainteté se préoccupe des droits et du bien-être des Tibétains.
Par conséquent, la question fondamentale devant être résolue est
l'application fidèle d'une autonomie réelle, permettant aux Tibétains de
se gouverner eux-mêmes, selon leurs propres idées et
besoins. Sa Sainteté le Dalaï-Lama s'exprime au nom du
peuple tibétain avec lequel il entretient une relation profonde et
historique, basée sur une confiance totale. Il est indéniable que Sa
Sainteté représente légitimement le peuple tibétain et elle est
certainement perçue comme son légitime représentant et
porte-parole. En effet, ce n'est que par le dialogue avec Sa
Sainteté le Dalaï-Lama que la question tibétaine pourra être
résolue. Il est capital de reconnaître cette
réalité. Nous insistons sur le fait que l'engagement de Sa
Sainteté pour la cause tibétaine ne vise pas la revendication de droits
personnels ou d'une position politique, ni pour le compte de
l'administration tibétaine en exil. Nous avons appelé nos
homologues chinois à cesser les accusations infondées contre Sa Sainteté
et de la traiter de séparatiste. Au contraire, nous enjoignons les
autorités chinoises à travailler avec Elle afin de trouver une solution
au problème du Tibet, acceptable des deux côtés et basée sur le
Mémorandum. C'est ainsi que seront assurés la stabilité, l'unité et le
développement d'une société harmonieuse. Nos homologues
chinois ont quant à eux exposés " les Quatre Interdits " pour définir
leur position. Ils nous ont aussi fourni un exposé détaillé sur les
récents développements relatifs au Tibet, et en particulier à
l'important Vème Forum sur le travail au Tibet. Ils ont déclaré
que le Forum visait à améliorer la vitalité des Tibétains dans la Région
autonome du Tibet et dans toutes les zones tibétaines, et tout
particulièrement, dans les services publics tels que l'éducation, les
services médicaux et la protection de l'environnement. En nous
basant sur les rapports qui nous ont été transmis sur le Forum à
l'origine, nous avons salué les questions qu'il a soulevées pour
améliorer la vie des Tibétains, notamment dans les zones rurales.
Nous saluons le fait que le Vème Forum sur le travail au Tibet a examiné
des points comme le développement dans toutes les zones tibétaines ( la
Région autonome du Tibet ainsi que les autres zones tibétaines ). Nous
croyons fermement que toutes les zones tibétaines doivent être régies
par une politique uniforme et une administration unique. En nous
débarrassant des slogans politiques, bien des problèmes dont le Forum a
fait des priorités s'apparentent aux besoins de base des Tibétains, tels
que mentionnés dans notre Mémorandum. Le regard opposé
porté sur l'analyse de la situation actuelle au Tibet demeure une
différence majeure entre nos homologues chinois et nous. Donc,
pour une compréhension mutuelle de la situation réelle, nous avons
suggéré un effort commun pour saisir la réalité de fait sur place, avec
le souci de chercher la vérité d'après les faits. Cela aidera les deux
parties à évoluer au-delà des controverses l'une de
l'autre. Ces prochains jours, nous examinerons les points
soulevés par nos homologues, y compris les comptes-rendus du Vème Forum
sur le travail au Tibet ainsi que " les Quatre Interdits ". Comme
je l'avais fortement précisé au cours de notre entretien, je souhaite
ardemment que les autorités chinoises se livreront à un travail de
réflexion sérieuse sur les points que nous avons soulevés. Comme Sa
Sainteté le Dalaï-Lama n'a cessé de clarifier sa position quant à
l'avenir du Tibet au sein de la République Populaire de Chine et qu'elle
a fait preuve de volonté politique envers les autorités chinoises, nous
ne voyons aucune raison pour laquelle un terrain d'entente ne pourrait
être trouvé pour résoudre ces problèmes. Nous souhaitons réitérer
l'incessante volonté de Sa Sainteté à travailler avec le gouvernement
central chinois là-dessus afin que le peuple tibétain puisse retrouver
sa fierté et sa dignité et que la stabilité et l'unité de la République
Populaire de Chine soient assurées.. Nous remercions nos
hôtes, le Front uni du Hunan, le Front uni pékinois et le Département du
Travail du Front du Comité central pour leur hospitalité au cours de ce
séjour. Dharamsala, le 2 février 2010." (*) Traduction française d'Alexandre Huillet pour le
Bureau du Tibet, Paris.
____
NDLR :
Comme on le voit, il n'y a aucune proposition de la part des
responsables chinois lors de cette nouvelle rencontre, ces derniers
restant campés sur leurs positions... désormais bien connues
!
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Décès à 99 ans d'un "collabo tibétain" historique
! Jeudi 24 décembre 2009 - Agence
France-Presse
Un ancien haut responsable
du gouvernement du Dalaï-lama, qui avait signé l'accord de 1951
reconnaissant la souveraineté de la Chine sur le Tibet, Ngapoi Ngawang
Jigme, est décédé mercredi à Pékin à l'âge de 99 ans, ont rapporté jeudi
les médias officiels.
Dans un communiqué, cité par les médias chinois, le
comité central du Parti communiste a salué "un grand patriote, un
militant social connu, un bon fils du peuple tibétain".
Né en février 1910 à Lhassa dans une famille de
nobles, Ngapoi Ngawang Jigme était gouverneur du Kham, lorsque les
troupes communistes chinoises s'étaient emparées de cette province de
l'est du Tibet en octobre 1950.
Capturé, il avait ensuite dirigé la délégation qui
s'était rendu à Pékin en 1951 pour, selon la terminologie chinoise,
négocier la "libération pacifique du Tibet". Il avait alors signé l'
"accord en 17 points", reconnaissant la souveraineté de la Chine sur le
Tibet.*
Pékin affirme que le Tibet fait partie de la Chine
depuis le XIIIe siècle, une affirmation contestée par le gouvernement
tibétain en exil.
Le Dalaï lama, chef spirituel des Tibétains qui vit
en Inde depuis 1959, soutient que l'accord de 1951 a été imposé par les
Chinois et qu'il en a pris connaissance en écoutant la radio.
Après la fuite du Dalaï-lama, à la suite d'un
soulèvement avorté contre la présence chinoise en 1959, Ngapoi Ngawang
Jigme était devenu l'un des principaux responsables politiques tibétains
au sein du régime communiste. En 1965, il avait été nommé président de
la toute nouvelle Région autonome du Tibet.
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(*) Accord et prise d'otages (NDLR).
Cet accord ornementé d'un faux cachet a été
imposé par Pékin à la délégation tibétaine coupée de Lhassa et ne
disposant d'aucun moyen de communication avec le Dalaï-lama et les
responsables tibétains.
L'accord lui-même signifiant la mise sous
tutelle manu-militari d'une nation indépendante avec cependant la
reconnaissance d'une "certaine" autonomie n'a pourtant jamais été
respecté par les responsables de la dictature chinoise qui l'avaient
imposé au cours de cette prise d'otages.
Aucun changement depuis 1951 : le point
de vue de Pékin étant de croire et faire croire qu'un mensonge mille et
mille fois répété inlassablement finira par devenir un jour une "vérité"
d'inspiration divine sans aucun doute
!
Avec les compliments de toutes les
dictatures et régimes autoritaires du monde ! C'est ce que certains
appellent sans doute les progrès du régime chinois en matière de Droits
de l'homme.
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Une nonne, prisonnière politique
tibétaine, décède à l'hôpital de Chengdu (Chine) des suites de ses
tortures
Lundi 7 Décembre 2009
- Phayul - (traduction Tibet Chine Actualité)
Dharamsala (Inde) - Une
nonne tibétaine de Kardze est morte tôt dimanche dans un hôpital de
Chengdu, capitale de la province chinoise du Sichuan, selon des sources
tibétaines en éxils en Inde.
La religieuse de la nonnerie de
Kardze Lamdrag, Yankyi Dolma, âgée de 33 ans a été arrêtée le 24 mars
2009 avec une autre religieuse, Sonam Yangchen, après avoir organisé une
manifestation sur la place du marché à Kardze contre la politique
répressive du gouvernement chinois.
Les nonnes on scandé des
slogans comme : "La Chine hors du Tibet", "retour du Dalaï
Lama au Tibet", "arrêtez la persécution religieuse au Tibet", tout en
jetant en l'air des tracts pro-indépendance, selon un communiqué.
Environ 50 soldats armés ont
battu sévèrement les deux religieuses et les ont emmenées dans un
fourgon. Les autorités ont ensuite saccagé la nonnerie. Ce soir-là,
Yankyi et Sonam ont dû enlever les photos du Dalaï Lama,
ajoute le communiqué. Leurs parents et les membres de leur
famille ont été réprimandés pour avoir des liens avec les "forces
séparatistes en exil du Dalaï-lama". Le jour suivant, les autorités
chinoises ont appelé le frère de Yankyi, Tsangyang Gyatso, à
l'autorité administrative locale et l'ont interrogé pendant des
heures.
Yankyi aurait succombé à
la suite des tortures en prison. Tenzin Choeying de l'Association
"Étudiants pour un Tibet Libre" (Inde) a déclaré : "Les soldats chinois
l'ont battue sans pitié en plein jour dans le marché historique de la
ville de Kardze. Et nous pouvons très bien imaginer ce qu'ils peuvent
faire à huis clos dans la prison."
Yankyi avait été remise à
la Cour populaire intermédiaire de Kardze, le 24 août 2009. Toutefois,
on ne connaît pas les décisions du tribunal.
Yankyi est née de Guendune
Dhargye et Pema Khando de Hormeytsang, famille du canton de Roltsa dans
le comté de Kardze, "TAP" province du Sichuan. Elle devint religieuse à
l'âge de 17 ans.
L'Association des femmes
tibétaines, Étudiants pour un Tibet libre, le Parti démocratique
national du Tibet et l'Association d'anciens prisonniers politiques "Gu
Chu Sum" ont tenu, tard dans la soirée, une veillée aux chandelles
sur la place principale de McLeod Ganj (Inde) pour rendre hommage à
Yankyi.
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Le chanteur tibétain Tashi Dondrup a été arrêté à
cause de "chansons subversives"
Lundi 7 décembre 2009 -
Phayul (Traduit par Gachet, H.N.S Info)
Les autorités
chinoises ont arrêté jeudi un chanteur tibétain jeune et populaire sous
les accusations de composition de chansons subversives, selon le Times
Online.
Tashi Dondrup (photo) a été arrêté hier après-midi
alors qu'il était en fuite dans la ville de Xining, capitale de la
province de Qinghai, où il s'était réfugié après que les autorités
eurent interdit sa musique.
Le chanteur professionnel de 30 ans a sorti un album
intitulé "Torture sans trace" le mois dernier. Cet album contient treize
chansons exprimant la nostalgie envers le leader tibétain exilé, le
Dalaï-Lama et rappelle la répression qui a suivi les émeutes
anti-chinoises au Tibet en mars dernier. Les 5000 CD ont vite été
épuisés chez les tibétains de la région de l'Amdo dans l'est du Tibet,
où Tashi Dondrup est une star locale. Les autorités chinoises ont
interdit l'album immédiatement.
Selon le reportage, les officiels de la province
centrale du Henan, où le chanteur est membre de la troupe artistique de
la région autonome mongole du Henan, ont émis un mandat pour son
arrestation. Le musicien, fils de fermiers tibétains, marié il y a deux
mois, a ensuite pris la fuite avant son arrestation.
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Claude B.
Levenson Décembre
2009
Les Iles Féroë à l'Unesco, le Tibet peut
toujours attendre...
Récemment, le petit monde
parisien de l'Unesco était en pleine effervescence, dans l'attente du
nouvel élu qui tiendra dorénavant le devant de la scène à sa direction.
De rumeurs en joutes serrées, de palabres en négociations laborieuses,
la tête de l'organisation internationale est féminine, Irina Bokova la
Bulgare, l'ayant finalement emporté sur Farouk Hosny l'Egyptien. A peu
près en même temps, les amateurs de foot, bien plus nombreux, se
passionnaient pour un match décisif entre les équipes de France et des
îles Féroé, justement.
A première vue, pas grand-chose de commun entre ces
deux événements. Et pourtant… Le brouhaha autour du premier et les
clameurs entourant le second ont relégué loin à l'arrière-plan un
troisième événement qui vaut tout de même son pesant
d'information.
Heureusement, à la différence d'un surprenant
silence journalistique, un organe de presse sérieux et qui ne perd
aucune occasion de lancer son scoop n'a pas négligé d'annoncer à son
vaste public cette nouvelle si importante : dès la mi-octobre, tous les
intéressés étaient informés que les Iles Féroé venaient d'être admises
comme deux-centième membre à l'Unesco, " qui compte désormais 193 Etats
membres et sept associés ".
Merci le Service français de Radio Pékin, qui précise
doctement : " Selon l'Acte constitutif de l'Unesco, les territoires ou
groupes de territoires qui n'assument pas eux-mêmes la responsabilité de
la conduite de leurs relations extérieures peuvent être admis comme
membres associés par la Conférence générale. "
Sage disposition qui a permis à
l'archipel européen de 18 îles et 40.000 habitants de se joindre aux
associés qui l'ont précédé, à savoir Aruba, les Antilles néerlandaises,
les Iles Caïman, les Iles Vierges, Tokelau (dans le Pacifique, trois
îlots et 1.187 habitants), et … Macao. La dépêche chinoise a ceci
d'intéressant que non seulement elle donne l'information, capitale pour
enrichir le patrimoine culturel mondial de l'humanité, mais en même
temps, elle est stimulante, car elle peut donner des idées et suggérer
des initiatives tout aussi heureuses et novatrices. Que les pays
adhérant à l'ONU soient de plein droit membres de l'Unesco, rien à
redire, et que son institution spécialisée dans l'éducation et les
sciences en compte une demi douzaine de plus eu égard à la diversité
culturelle de notre brave petite planète bleue, rien que de très normal
: l'auguste institution n'a-t-elle pas pour mandat de " contribuer au
maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en resserrant, par
l'éducation, la science, la culture et la communication, la
collaboration entre nations, afin d'assurer le respect universel de la
justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales
pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion,
que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples "
?
Il est donc tout naturel d'y
retrouver St. Kitts et Nevis, St. Marin, St. Vincent et les Grenadines,
les Iles Marshall et les Salomon, ou encore Kiribati, Nauru, Tuvalu et
Tonga, pour accueillir leur nouvel associé, les Féroé, " connues pour
l'intégrité des paysages, l'architecture traditionnelle et une identité
culturelle marquée ". " Identité culturelle marquée… territoires qui
n'assument pas eux-mêmes la responsabilité de leurs relations
extérieures ", ça ne vous rappelle rien? D'accord, Macao y a bien sa
place… Mais alors, pourquoi pas le Tibet ? Nul doute qu'il s'agit là
d'un malencontreux oubli, que le ministre chinois des affaires
étrangères (ce sont eux qui se chargent généralement de déposer la
demande d'association à l'Unesco, au nom du pays qui exerce la tutelle)
se fera un réel plaisir de réparer dans les meilleurs délais. Il est de
notoriété publique - pour reprendre une formule chère aux porte-paroles
de Pékin - que le Pays des Monts neigeux qui, comme chacun sait ou feint
de le croire, " appartient à la Chine depuis la nuit des temps ", se
prévaut sans ambiguïté d'une " identité culturelle marquée ", avec son
architecture traditionnelle et ses paysages naguère intègres d'une
beauté puissante, pour ne citer que ces traits
saillants.
Son passé, son savoir ancestral, ses trésors
artistiques, sa langue et son alphabet, ses us et coutumes, ce qui reste
de son patrimoine qualifient amplement ce vaste territoire qu'on appelle
" le toit du monde ", autant que Macao, pour entrer par la grande porte
à l'Unesco.
Une idée en ce sens avait été lancée il y a environ
une année, visant à l'inscrire au Patrimoine mondial, en vue d'apporter
une " réponse magistrale et pacifique au problème posé par le statut de
ce pays ". Intention on ne peut plus louable, mais qui l'a entendue en
des temps où le tout économique l'emporte sur le tout politique, voire
sur le respect des principes mêmes de l'ONU et de l'Unesco auxquels ont
souscrit tous les membres de ces honorables institutions ? Faute d'un
geste de véritable courage politique, l'Unesco qui revendique
l'universalité culturelle s'honorerait de pareille audace…
Une ombre de taille entre New Delhi et
Pékin
Au-delà cependant de ce qui
peut paraître relever de l'anecdote, la realpolitik de plus en plus
largement en vogue à travers le monde a de quoi laisser songeur. Comme
si le Tibet n'était qu'un simple alibi, ou un cache-misère, selon les
intérêts de l'instant - que l'on s'appelle Barack Obama ou Nicolas
Sarkozy, sans oublier Manmohan Singh, voire Sonia Gandhi. Entre les deux
mastodontes asiatiques qui se livrent sans cesse à des escarmouches plus
ou moins feutrées masquant mal une rivalité croissante, le Tibet n'est
plus l'Etat-tampon de naguère, mais une ombre gigantesque sur les
relations entre New Delhi et Pékin. Et ces rapports ne sont pas au beau
fixe, quand bien même la presse est plutôt discrète à ce
propos.
Davantage que des bruits de bottes, ce sont des
roulements de chars et le sourd vacarme d'une construction accélérée
d'infrastructures militaires sur le toit du monde qui se font entendre
au loin, tandis que le gouvernement indien joue apparemment la sérénité…
tout en suspendant des chantiers frontaliers dès que les autorités
chinoises manifestent leur mauvaise humeur.
Il ne suffit toutefois pas de laisser le Dalaï-lama
répondre aux demandes des fidèles d'Arunachal Pradesh et d'ailleurs pour
faire croire que l'Inde n'a pas à se soucier des intentions de sa
nouvelle voisine au-delà de l'Himalaya - les intentions de cette
dernière ne sont pas à l'abri de tout soupçon. Le Tibet et les Tibétains
en ont fait et en font encore l'amère expérience, certains stratèges ou
hauts fonctionnaires en Inde n'ont pas oublié l'expérience de 1962 et ne
souhaitent pas qu'elle se renouvelle. Personne n'y a intérêt certes, à
l'exception de ceux qui aimeraient bien allumer la mèche, et l'histoire
indique qu'ils se laissent plus souvent qu'à leur tour enivrer par
l'orgueil de la puissance, cette illusion pernicieuse qui monte si vite
à la tête au point d'en ignorer les conséquences.
Prenant à rebrousse-poil
l'antienne du déclin de l'influence occidentale, américaine en
particulier, dans le monde et du rôle des démocraties en faveur des
droits de l'homme, Wei Jingsheng, un vétéran de la dissidence chinoise,
rappelait récemment à l'occasion de l'anniversaire de la chute du mur de
Berlin : " Nous autres Chinois, nous étions découragés après le massacre
du 4 juin à Tiananmen. Cette victoire des Européens de l'Est nous a fait
l'effet d'un feu de camp dans les ténèbres, elle nous a encouragés et
rendu espoir. " Certes, les temps changent lentement, et même si parfois
l'horizon s'obscurcit et le ciel semble bas, le dernier mot revient
toujours à la lumière. " L'humanité crie à l'aide, constatait naguère le
Dalaï-lama. Notre temps est désespéré. Ceux qui ont quelque chose à
offrir, qu'ils se manifestent. Il est grand temps… " En des temps encore
plus reculés, un autre sage assurait : " C'est lorsqu'il n'y a plus
d'espoir qu'il convient d'espérer. "
Newsletter Décembre
2009 mailto : claude.levenson@gmail.com
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Photo SL
- capture Dailymotion - LeMonde.fr - montage SL
Accord UMP-PC chinois :
Le Député Lionnel Luca voit... rouge
24 Octobre 2009 - Nice Matin
" Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP,
a signé jeudi un protocole entre son parti et le Parti communiste
chinois lors de sa visite à Pékin
(...)" Bertrand signe... Et Luca
s'étrangle.
De colère. D'amertume, aussi.
Le député des Alpes-Maritimes, président du groupe
d'études sur le Tibet à l'Assemblée nationale, se dit " complètement
abasourdi " que son mouvement " s'acoquine à un parti totalitaire ". Et,
dans un courrier adressé à Xavier Bertrand, il annonce sa décision " de
se mettre en congé de l'UMP pour son fonctionnement interne ".
Lionnel Luca, député impétueux, ne mâche pas ses
mots.
Comment avez-vous appris que Xavier Bertrand
avait signé ce protocole ?
Franchement ? On m'a envoyé la dépêche de l'AFP et
j'ai cru que c'était une mauvaise blague. Un bidouillage. Un canular sur
Internet, c'est dire...
Et quand vous avez compris que c'était
vrai...
Déjà, faire ça un 22 octobre, le jour de la lecture
de la lettre de Guy Môquet dans les lycées, il fallait oser. Et pendant
que Xavier Bertrand signait le protocole à Pékin, le même jour, trois
Tibétains - deux hommes et une femme - étaient exécutés par l'armée
chinoise pour leur rôle dans les émeutes de l'an dernier. Et je ne suis
pas loin de penser que ce n'est pas une coïncidence de faire ça, ce
jour-là. De ça, Xavier Bertrand n'en dit pas un mot. Les manifestations
au Tibet n'avaient qu'une seule revendication : la liberté. Je suis
écoeuré que mon parti soit du côté des tyrans et non des
résistants.
" On va lui faire péter son protocole ! "
A quoi sert ce protocole ?
Il s'agit de resserrer les liens, de mieux
travailler et échanger. Je crois rêver ! Ils se sont même promis une
manifestation commune chaque année. Une fois en France, une fois en
Chine. Même le PCF, dans ses rêves les plus fous, n'aurait pas imaginé
un truc pareil !
En réaction, vous vous mettez en congé de l'UMP
pour son fonctionnement interne, ce qui veut dire ?
Que je n'assure plus mes fonctions comme
celle au Conseil national par exemple. Pour tout ce qui fait la machine
UMP, je ne m'associe plus au fonctionnement du parti. C'est une grève
passive. Un boycott. J'en ai marre, c'est vraiment n'importe quoi. En
revanche je garde ma carte. D'abord parce que l'UMP, c'est... familial.
Et parce que je ne suis pas certain que tous les membres du mouvement
soient d'accord avec ce protocole, bien au contraire.
Vous êtes remonté...
Enfin ! On ne le fait même pas avec les
conservateurs britanniques et on fait ça avec les communistes chinois.
60 millions de morts ! Oui, en colère, décontenancé. Et triste aussi,
parce que ce n'est pas l'idée que je me fais de la politique. A
l'époque, en prenant ma carte au RPR, je pensais qu'on était plutôt du
côté de la résistance que du côté des collabos. Et moi je ne veux pas me
déshonorer.
Vous comprenez Xavier Bertrand ?
Non. Je tombe des nues. Je peux comprendre la
nécessité pour nous d'avoir des relations d'Etat à Etat avec la Chine,
mais pas qu'on lui donne un brevet de bonne fréquentation. Là
franchement, ça rime à quoi ? Qu'est-ce qu'on a à gagner ? Des
chaussures pourries qui vous brûlent les pieds ?
Je suis étonné de ce qu'à fait Xavier Bertrand qui
était un homme pour qui j'avais plutôt de la sympathie. Mais on va lui
faire péter son protocole !
Qui avez-vous informé de votre décision
?
J'ai prévenu Copé, mon président de groupe. Et les
députés du Groupe Tibet. On est 180, dont plus de 100 UMP quand même.
Mais cela ne remet pas en cause mon soutien à Nicolas Sarkozy, qui
restera dans l'histoire comme le seul président de la République à avoir
rencontré officiellement le Dalaï-lama.
Votre décision est-elle révocable ?
Je veux marquer le coup. On verra comment ça va
réagir.
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L'UMP Lionnel Luca :
" l'UMP est solidaire des tyrans
chinois"
Vendredi 23 Octobre 2009 - Marianne - Gérald Andrieu
Le député UMP des
Alpes-Maritimes et président du Groupe d'étude sur la question du Tibet
n'a pas apprécié de voir son parti "s'acoquiner avec un parti
totalitaire", le Parti communiste chinois. Dans un courrier adressé à
Xavier Bertrand, il annonce "sa mise en congé de l'UMP".
Ça sentait la goutte d'eau,
la goutte de trop. Et ça l'a été. Pour Lionnel Luca, député UMP des
Alpes-Maritimes et défenseur de la cause tibétaine, l'annonce de la
signature par Xavier Bertrand d'un protocole d'accord entre son parti et
le Parti communiste chinois ne passe pas. Dans un courrier adressé au
secrétaire général de l'UMP en date de ce vendredi, Lionnel Luca annonce
" avec beaucoup de regrets mais également avec une entière certitude "
vouloir " [prendre] congé de l'UMP pour son fonctionnement interne
auquel [il] ne [saura] participer dans ces
conditions".
Certes, il prend soin de préciser que " cela ne
remet nullement en cause [son] soutien au Président de la République qui
restera dans l'histoire comme le seul Président de la République à avoir
rencontré officiellement le Dalaï Lama ".
Mais Lionnel Luca n'est pas du genre à mâcher ses
mots. Et il le prouve à nouveau lorsqu'il s'agit d'expliquer sa décision
: " Si je peux comprendre, écrit-il, la nécessité pour la France d'avoir
des relations d'Etat à Etat avec le grand pays qu'est la Chine, rien
n'oblige un parti démocratique comme le nôtre à s'acoquiner avec un
parti totalitaire, lui donnant ainsi un brevet de bonne fréquentation. "
Et d'ajouter à l'adresse de Xavier Bertrand : " Dans
le même temps où vous étiez présent (en Chine, ndlr), trois Tibétains
dont une femme ont été exécutés par l'armée chinoise à Lhassa pour leur
participation aux manifestations de mars 2008 violemment réprimées ;
elles font suite à 12 condamnations à mort prononcées à la suite des
récentes manifestations dans le Si-Kiang. Toutes ces manifestations
n'avaient qu'une revendication : la Liberté. Je suis triste que mon
parti soit du côté des tyrans et non des résistants. Le Parti communiste
chinois aura tôt ou tard à rendre des comptes à son peuple et devant
l'Histoire. Qu'aurons-nous à dire à ce moment-là ?
" ______
*** Lionnel Luca, député UMP des Alpes maritimes,
président du groupe d'Etudes parlementaire sur le problème du
Tibet, Assemblée nationale, Palais Bourbon, casier de la Poste
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L'UMP se jumelle avec les communistes
chinois
Jeudi 22 Octobre 2009 -
Marianne - Philippe Cohen et Sylvain Lapoix
A l'occasion d'une visite en Chine, Xavier
Bertrand a signé un protocole entre l'UMP et le Parti populaire chinois.
A quand les grandes fresques sur le Président Sarkozy sur les murs de
Paris ? "Le
vent d'Est l'emporte sur le vent d'Ouest !", avait coutume de dire Mao.
En devenant parti-frère du Parti populaire chinois, l'UMP réalise enfin
les prédictions du Grand Timonier ! A l'occasion d'une visite officielle
du secrétaire général du parti présidentiel français, Xavier Bertrand a
signé un protocole pour "une meilleure compréhension, une meilleure
connaissance et beaucoup plus d'échanges" entre les deux formations
politiques. Une façon de rattraper l'incident suite à la rencontre entre
Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama en début d'année et un message fort
envers le dissident UMP Lionnel Luca, soutien de la monarchie
théocratique illégitime du Tibet, reclus sur la Côte d'Azur
!
On a eu du mal à le croire. On
a vérifié pour savoir s'il ne s'agissait pas d'un hoax. Mais non, c'est
du béton, l'UMP se marie bien avec le dernier parti totalitaire du
monde (avec le PC nord-coréen), celui qui a dirigé la révolution
culturelle et provoqué la mort de centaines de millions de Chinois.
Lou ravi qui a eu cette idée de
génie, tout heureux d'avoir pris de vitesse le sinophilique Jean-Pierre
Raffarin, a même fourni des précisions sur cet accord historique. Tous
les deux ans, a-t-il promis, un événement donnera "un relief
particulier" à ce protocole. On imagine le dilemme : que choisir, un
défilé militaire signé Serge Dassault ? Une longue Marche des caissières
de Carrefour ? Un défilé de majorettes conduit par Carla Bruni
?
Une chose est sûre : le
secrétaire général de l'UMP était également là pour s'inspirer de la
réussite du PCC. Il a ainsi visité l'école des cadres du parti qui
compte 76 millions de membres afin de s'initier aux méthodes les plus
modernes de recrutement et de formation des militants politiques. " Le
quart de rouge c'est la boisson du Garde Rouge ", chantait Nino Ferrer
dans les années 1970.
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Jacques Rogge
et Liu Qi, maire de Pékin, lors de l'ouverveture des J.O. le 8 août
2008.
On comprend, enfin, pourquoi Jacques
Rogge a fait la sourde oreille aux demandes réitérées
du "respect des Droits de l'Homme en Chine"
durant les JO !
Un accord secret entre Jacques Rogge et
la Chine pour que les J.O. soient attribués à
Pékin
Mardi 20 octobre 2009 - Harold Thibault
(Aujourd'hui la Chine)
Voila qui pourrait expliquer la ferveur avec
laquelle le président du CIO a toujours défendu les Jeux de Pékin. La
Chine et Jacques Rogge se sont entendus secrètement pour que Pékin
obtienne les J.O. et que lui soit élu président du CIO, révèle l'ancien
ministre chinois des sports.
Jacques Rogge et Liu Qi, maire de Pékin, lors de la
cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques le 8 août 2008
La Chine a passé un accord secret avec Jacques Rogge,
président actuel du Comité International Olympique (CIO), pour s'assurer
l'attribution des Jeux de Pékin, selon un livre du ministre chinois des
sports de l'époque, Yuan Weimin, que s'est procuré le quotidien
britannique Times.
L'ancien ministre y explique
que M. Rogge a négocié avec lui pour s'assurer le vote des membres
chinois du CIO lors de sa réunion de Moscou en 2001, au cours de
laquelle il devait attribuer les Jeux d'été de 2008 et élire un nouveau
président.
Le livre, intitulé "Yuan Weimin
et les vents et nuages du sport international" révèle comment Pékin a
réussi à se mettre des votes de membres européens du CIO dans la poche,
alors que ces derniers étaient plus susceptibles de voter pour Istanbul
ou Paris.
"Bien que n'ayant pas de
contrat écrit avec Rogge nous avions un accord privé" écrit Yuan, selon
le Times.
Yuan explique que lui et le
maire de Pékin Liu Qi ont eu un rendez-vous avec M. Rogge dans un
appartement d'un centre de conférences de Genève à l'approche de la
réunion de Moscou. Rogge aurait alors dit que l'une des raisons pour
lesquelles il soutiendrait la candidature de Pékin était qu'en cas
d'attribution des J.O. de 2008 à Paris, cela serait mauvais pour sa
propre campagne à l'intérieur du CIO. La rencontre était une initiative
de Li Lanqing, alors membre du Comité Permanent du Bureau Politique du
PCC, la plus haute instance politique de Chine, selon l'ancien ministre.
"Nous avons expliqué à Rogge
que nous espérions que (lui) et ses amis soutiendraient Pékin. Rogge a
dit qu'il espérait que les trois délégués chinois du CIO et les amis de
la Chine le soutiendraient" écrit Yuan Weimin, selon le Times. "Rogge
m'a dit qu'il m'était très reconnaissant de le soutenir dans sa campagne
pour être président et qu'il soutiendrait complètement la candidature
chinoise aux Jeux Olympiques", poursuit-il.
"Mais il espérait que la Chine
comprendrait qu'il ne puisse pas exprimer sa position et son opinion
(publiquement) parce qu'il était président du Comité Olympique Européen
et que Paris et Istanbul étaient en Europe - mais que malgré cela il
travaillerait pour Pékin".
L'ancien ministre révèle dans
le livre que la Chine a promis qu'elle persuaderait ses amis de soutenir
Rogge et qu'en retour Rogge s'était engagé à gagner le soutien des
membres européens du CIO.
Le plan du Bureau permanent a
failli vaciller lorsque l'un des délégués chinois au CIO s'est montré
enclin à voter pour un autre candidat à la présidence, le Sud-Coréen Kim
Un-yong. Furieux, les dirigeants chinois auraient alors donné l'ordre
aux trois Chinois du CIO de voter pour Rogge. Finalement, Pékin s'était
vue attribuer le 13 mai 2001 et Jacques Rogge avait été élu président 3
jours plus tard.
Un porte-parole de M. Rogge a répondu au quotidien
londonien que le président du CIO avait été élu par une large majorité
et que toute insinuation que des accords auraient été passés est
complètement fausse.
A l'époque, et jusqu'à la tenue
des Jeux, le choix du Comité Olympique d'attribuer les Jeux à Pékin
avait été critiqué au regard du bilan de la Chine en matière de droits
humains.
A plusieurs reprises, M. Rogge
avait défendu son choix. "Au moment de la candidature à Moscou en 2001,
un membre dirigeant du Comité de candidature (de Pékin) a dit
qu'attribuer les Jeux à Pékin ferait avancer l'agenda social de la
Chine, dont les droits de l'Homme. C'est ce que j'appelle un engagement
moral" avait par exemple expliqué M. Rogge au printemps 2008, à quelques
mois des J.O, sur CNN.
Jacques Rogge a été réélu
président du CIO pour 4 ans vendredi 9 octobre dernier après avoir été
le seul candidat à sa succession.
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Claude B.
Levenson Octobre 2009
Tibet on t'aime, Washington non
plus...
Les grands titres de l'actualité qui se bousculent à
la une de la presse et occupent le devant des journaux télévisés ont
tendance à laisser dans l'ombre des informations souvent révélatrices.
Ainsi, rien que depuis début octobre, plusieurs sources tibétaines ont
permis de confirmer l'arrestation d'un certain nombre de Tibétains qui
avaient participé le 7 juin à une cérémonie d'offrande d'encens à
l'occasion de Saka Dawa (une fête d'importance capitale du calendrier
tibétain), quelques-uns ont été relâchés, mais familles et proches sont
toujours sans nouvelle d'autres participants. Par ailleurs, les
responsables du monastère de Pangsa sont également sans nouvelle ni
information d'une dizaine de moines arrêtés lors des protestations de
mars 2008. D'autres renseignements reçus début octobre confirment qu'une
doctoresse tibétaine à la retraite a été condamnée en novembre 2008 à 15
ans de prison sous l'accusation d'avoir " passé des secrets d'Etat à
l'étranger " lors des manifestations du printemps 2008.
Elle purge sa peine de travaux forcés dans un centre
près de Lhassa, sans avoir été autorisée à voir quiconque de ses proches
depuis sa détention et sans avocat lors du procès…
Et afin de ne pas oublier
qu'une " bonne " nouvelle peut tenter d'en cacher une autre bien moins
réjouissante, l'agence officielle chinoise annonçait le 4 octobre que
près de 3 millions d'hectares de prairie de la réserve des Trois
rivières (Dri-chu, Ma-chu et Za-chu, soit le Yangtsé, le Fleuve jaune et
le Mékong, entre Kham et Amdo) avaient été " écologiquement réhabilités
" au cours des quatre dernières années. Pas un mot en revanche des
restrictions imposées dans ce louable but à des dizaines de milliers de
nomades tibétains dont c'était naguère le terrain de transhumance depuis
des siècles, désormais sédentarisés de force dans les nouveaux "
villages socialistes " où, privés de leurs bêtes et sans possibilités
d'activités de substitution, ils semblent voués à une mort aussi lente
que certaine. Toute comparaison avec le sort naguère réservé aux peuples
indiens des Amériques serait oiseuse ou fortuite, voire taxée de
malveillance.
Quant au Nobel surprise attribué au fringant
président américain, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était
inattendu et qu'il n'a pas suscité que de l'enthousiasme jusque parmi
ses plus ardents partisans. Des commentateurs, y compris américains (et
de tout bord) s'étonnent de la promptitude d'un prix couronnant certes
de belles intentions, mais bien peu de concret. Bien sûr, l'heureux
lauréat n'est qu'en début de mandat, même si d'aucuns se disent qu'une
candidature déposée à la hâte juste avant la clôture des listes de
proposition et à peine onze jours après son entrée à la Maison Blanche,
c'est aller un peu vite en besogne.
Le fait que le nouveau
président du Comité Nobel de la paix soit parallèlement et depuis peu
secrétaire du Conseil de l'Europe peut donner à penser que le brave
homme n'avait guère envie de se mettre à dos Moscou pas plus que Pékin.
Or, l'association russe " Mémorial " et le dissident Hu Jia (au nom de
tous les autres, et ils sont nombreux à languir dans les geôles
chinoises souvent sans même que l'on sache leurs noms ou les accusations
qui pèsent sur eux) étaient cités comme favoris pour le prix de cette
année. De quoi regretter le discrédit ainsi jeté sur une récompense
prestigieuse, gaspillée pour un lauréat qui n'en demandait pas tant ni
n'en avait besoin - ce qui fait dire à un blogueur américain que cette
bévue pourrait bien signaler le début de la fin d'un certain rêve
américain de pays protecteur pur et dur des libertés
fondamentales.
Il semble difficile de ne pas percevoir une
contradiction évidente entre de belles paroles et des faits pratiques -
nombre d'analystes n'ont pas manqué de relever le report par la Maison
Blanche de la rencontre envisagée entre Barack Obama et le Dalaï-lama
justement de passage à Washington, et certains responsables tibétains
ont eu du mal à masquer leur déconvenue tandis que Pékin ne cachait pas
sa satisfaction. Sortant de sa réserve coutumière, seul Samdong
Rimpoché, chef de l'administration en exil, a constaté publiquement que
comme tant d'autres, le président américain choisissait l'apaisement
vis-à-vis de la Chine.
Dame, quand une bonne partie de
la dette américaine est en mains chinoises, on le comprendrait à moins…
Il n'empêche : ce que l'on appelle aujourd'hui en politique un " signal
" lancé en direction d'un partenaire (ou d'un adversaire) est en
l'occurrence un signe qui laisse mal augurer de la place concédée
dorénavant à la défense des libertés et des droits de l'homme par une
administration américaine plus préoccupée (comme tant d'autres !) par
des soucis économico-financiers et d'une relance convoitée pour sortir
de la crise d'un capitalisme débridé.
De l'autre côté de la planète,
entre l'Inde et la Chine, en dépit des protestations de bonne foi et de
bonne volonté réciproques, la tension monte le long de la frontière,
avec déploiement de troupes à la clef. Des frictions sont évitées de
justesse du côté du Ladakh et les responsables chinois voient rouge à
l'idée de la visite annoncée du Dalaï-lama en Arunachal Pradesh, au
monastère de Tawang où était né le VIème dalaï-lama… Pendant ce temps,
au Népal, les nouvelles autorités mènent la vie dure aux réfugiés
tibétains, de plus en plus surveillés et restreints dans leurs
activités, alors que le gouvernement népalais a demandé à Pékin la
prolongation de la voie ferrée de Lhassa à Katmandou, afin de favoriser
les échanges entre les deux pays. Pourtant, dans les campagnes
népalaises, la grogne monte devant les intrusions chinoises, l'ouverture
de routes nouvelles menaçant directement le mode de vie et les
conditions de travail des populations locales.
Dans le contexte actuel, tout
cela ne signifie nullement qu'on se croise désormais les bras, car on ne
saurait oublier que d'autres affrontent les autocrates à mains nues :
ils résistent aux pires épreuves, et quand on les entend, on n'en finit
pas de s'interroger - comment font-ils? Impossible de ne pas les
soutenir par une solidarité agissante, aussi modeste
soit-elle.
Naguère, lorsque le continent
latino-américain était le théâtre favori des dictateurs, des amis
comparaient, en guise d'humour trop souvent noir, les dictaduras et les
dictablandas (soit dictadure contre dictadouce ?).
L'actuelle variante en vogue
chez les héritiers du Céleste empire ressemble de plus en plus à une
forme exemplaire de la première variété - raison suffisante de ne pas
rendre les armes. Les graines de démocratie prennent du temps à éclore,
mais elles ont été semées, reste à les cultiver et les arroser - sans
jamais oublier qu'il n'est rien de permanent, sinon le
changement…
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Le Népal s'apprête à déployer une force
de police à sa frontière tibétaine
5 octobre 2009 - Treck
Magazine Anthony Nicolazzi
Selon Anthony Nicolazzi, le
Népal s'apprête à déployer une force de police à sa frontière tibétaine,
selon Bhim Rawal, le ministre de l'Intérieur népalais, cité par l'AFP
(lire la dépêche originale en anglais). Si le ministre se défend d'agir
sous la pression de la Chine, cette annonce intervient au lendemain de
l'arrestation, par la police népalaise, de 80 militants tibétains, qui
manifestaient jeudi devant l'ambassade de Chine à Katmandou, à
l'occasion des 60 ans de la république populaire de
Chine.
"Nous envisageons de déployer
l'APF (Armed Police Force) à différents points le long de la frontière"
a ajouté M. Rawal. "Nous avons déjà déployé nos forces de sécurité le
long de la frontière indo-népalaise. Il est clair que la sécurité de nos
frontières est d'un intérêt national. Nous devons consacrer tous nos
efforts à rendre notre frontière sûre et
efficace".
Plusieurs milliers de Tibétains
franchissent chaque année la frontière népalaise pour fuir la politique
d'intégration chinoise à l'égard du peuple tibétain. Le 30 septembre
2006, un groupe de Tibétains qui fuyaient au Népal en passant par le col
de Nangpa La et le Solukhumbu avait essuyé les tirs de la Police
Populaire Armée (PAP) chinoise, chargée de la sécurité des frontières
chinoises. Une nonne de 17 ans avait été
tuée.
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Le Tibet de nouveau fermé
aux touristes
étrangers
22 septembre 2009 - La Presse Canadienne
Pékin - Le gouvernement
chinois a de nouveau fermé le Tibet aux touristes étrangers, dans la
perspective du 60ème anniversaire de la Chine populaire, a indiqué mardi
un responsable du tourisme, alors que des mesures de sécurité renforcées
sont prises partout pour éviter des incidents pendant les
célébrations.
Tan Lin, du bureau du tourisme du Tibet, précise que
l'interdiction est entrée en vigueur ce mardi, mais ne s'applique pas à
ceux qui sont déjà sur place.
La Chine a imposé des mesures de sécurité telles que
l'interdiction de la vente de poignards dans les grands magasins
Carrefour, après deux attaques au couteau place Tiananmen la semaine
dernière, d'après les médias locaux. D'après une responsable du magasin
du Grand Hôtel de Lhassa, l'interdiction s'applique jusqu'au 8 octobre
prochain.
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Tsewang Dondrup montre ses
blessures
lors d'une conférence de
presse à Dharamsala
le 28 mai (Abhishek
Madukhar/Reuters)
Tsewang Dondrup, une histoire tibétaine en
exil
Mardi 8 septembre 2009 -
Alexandre Marchand (Etudiant en journalisme) - Rue
89 Dharamsala - Accrochée aux contreforts des Lower
Himalayas, Dharamsala (Himachal Pradesh) est une agréable station de
montagne dans laquelle débarquent des flots continus de touristes et de
hippies. Mais de cette foule vêtue à l'occidentale surgissent ça et là
des teintes ocre et mauve. Les moines tibétains sont là pour rappeler au
voyageur, si besoin en est, qu'il se trouve au centre de la communauté
tibétaine en Inde.
Il y a cinquante ans cette année, le Dalaï-lama
s'enfuyait de Lhassa, capitale tibétaine, entraînant dans son sillage
des foules d'exilés volontaires. L'hémorragie n'a jamais cessé depuis.
Aujourd'hui encore des Tibétains continuent de prendre le chemin de
l'Inde pour échapper à la présence chinoise. Tsewang Dondrup est un de
ceux-là.
Coincée entre deux échoppes, l'entrée sombre du
centre pour les réfugiés tibétains est peu engageante. C'est ici, dans
une triste chambre sentant le feu de bois, que réside Tsewang depuis son
arrivée en Inde il y a trois mois et demi. Dehors, la pluie martèle les
vitres et des torrents d'eaux dévalent les rues pentues. Petit homme vif
au visage rond et au teint hâlé, Tsewang est vêtu d'une polaire rouge,
son bras gauche en écharpe. La voix chargée de colère, il entame son
récit.
Fermier dans la province de Kham (est du Tibet),
Tsewang se joint en ce 24 mai 2008 à une manifestation pacifique
spontanée en faveur des droits de l'Homme dans la ville de Tihoe. Seules
armes des participants : des slogans, que ce soit parce que " Sa
Sainteté [le Dalaï-lama] interdit l'usage de la violence " ou, sur un
plan plus pratique, parce que les Chinois ont entrepris de confisquer
tout objet susceptible de servir d'armes.
Face au groupe, près de 200 policiers et soldats
chinois. Ayant d'abord vainement tenté de disperser les manifestants à
coups de barres de fer, la police se met à tirer dans la foule.
Fuite à dos de moto
Non loin de lui un jeune moine s'effondre, incapable
de se relever. Tsewang se jette à sa rescousse en le traînant par le
bras. Rejoint par un autre homme, ils commencent à déplacer le moine.
C'est à ce moment-là qu'il reçoit une balle dans le dos dans la région
du rein. Balle vite suivie par une autre qui lui traverse l'avant-bras
dans toute sa longueur (le curieux angle de ses os atteste de
l'irréversibilité des dommages). Il perd connaissance et tombe. Les
manifestants le mettent sur une moto où deux hommes prennent son corps
en sandwich et démarrent immédiatement.
Après une halte de deux heures dans un village
voisin, le temps de panser tant bien que mal les blessures afin de
réduire l'hémorragie, il faut continuer à fuir. Les deux motocyclistes
ainsi que deux autres hommes du village prirent sur eux de le mettre sur
un brancard et de le transporter dans les montagnes. Il raconte : " Le
trajet fut très douloureux car mes blessures étaient très mauvaises et
le terrain très accidenté. "
Avançant uniquement de nuit, sans lumière, se
cachant dans les forêts en journée, le convoi marcha ainsi pendant six
jours.
Mis sur la liste des " personnes les plus
recherchées " par les autorités chinoises, Tsewang se vit privé de toute
possibilité de retour à la vie normale. Commença ainsi son long séjour
dans les montagnes en compagnie de ses quatre sauveurs (trois dont il ne
peut révéler les noms car ils vivent toujours au Tibet). Afin d'éviter
de se faire repérer, la troupe changeait régulièrement d'emplacement,
vaguant de grottes en forêts.
Les tsampas (galettes faites de farine d'orge),
cuites la nuit, constituèrent l'alimentation de base des cinq hommes
pendant tout ce temps. A tour de rôle, chacun de ses compagnons
retournait au village pour un temps afin d'éviter d'éveiller des
soupçons et d'amasser de la nourriture et des médicaments. Coûteux, ces
derniers étaient payés par des villageois au courant de la présence et
de l'état du fuyard. Pendant six mois, Tsewang resta ainsi allongé sur
le dos, se rétablissant douloureusement.
Une " seconde mort ", quitter le
Tibet
Malgré les rigueurs du climat et un traitement
médical assez sommaire, Tsewang réussit à survivre animé, dit-il, " par
la volonté de raconter son histoire au monde ". Au bout d'un an et deux
mois, se sentant suffisamment fort il prit la décision, sa " seconde
mort ", de quitter le Tibet pour l'Inde.
Avec un de ses compagnons d'infortune, Lobsang
Samten, ils rejoignirent Lhassa où, de là, ils traversèrent l'Himalaya
avec l'aide d'un passeur. Trois semaines furent ainsi nécessaires pour
atteindre leur havre, le Népal, où ils furent pris en charge par les
autorités tibétaines en exil.
Homme simple, sans éducation, Tsewang sait les
risques qu'il prend en racontant son histoire, surtout vis-à-vis de sa
famille restée au Tibet. Mais son récit ne lui appartient pas, c'est
celui de ces personnes qui l'ont aidé à travers ces épreuves, celui de
ceux qui vivent toujours cachés dans la nature, celui de toute une
communauté. Dans les rues de Dharamsala, la pluie continue de tomber,
drue.
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Les Sénateurs français exhortent Pékin
d'accorder au Tibet une autonomie réelle
Samedi 5 septembre 2009 - Tibet.net (site officiel
du Gouvernement tibétain en exil) "La délégation du Parlement français presse
le Gouvernement chinois de mettre réellement en application au Tibet les
dispositions en matière d'autonomie régionale des ''nationalités''(2)
inscrites dans la Constitution chinoise.
A Pékin, lors d'une 8ème rencontre sino-tibétaine
(début nov. 2008), les Représentants de Sa Sainteté le Dalaï-lama
avaient présenté au Gouvernement chinois un ''Memorandum pour une
Autonomie réelle du Peuple tibétain''(4). Le Memorandum insiste sur la
nécessité de voir préservés l'unité de la nationalité tibétaine et son
patrimoine riche et unique (sur les plans historique, culturel,
linguistique, spirituel, etc.). Ce texte considère que la mise en
application effective de ce que prévoit théoriquement la Constitution
chinoise pour les ''minorités''(2) permettrait de répondre aux
principales aspirations des Tibétains.
" En France, parfois les avis divergent au Sénat sur
des questions qui nous sont soumises, mais quand il s'agit des Tibétains
les Parlementaires restent unanimes dans leur attitude et dans le souci
qu'ils ont du problème du Tibet " a déclaré le Sénateur Humbert(1) aux
médias internationaux et locaux.
" Notre présence à Dharamsala symbolise la
solidarité du Peuple français et son soutien envers le Peuple tibétain.
Notre visite ne vise aucunement à porter atteinte aux sentiments du
Peuple chinois ", affirmait le Sénateur Humbert.
Il a ajouté qu'ils n'étaient pas du tout ennemis de
la Chine et qu'ils ne cherchaient pas à lui infliger une défaite, mais "
ce que nous voulons dire au Pouvoir chinois, c'est que ce qui se passe
actuellement au Tibet est inacceptable ".
Le Sénateur Humbert a mis l'accent sur le fait
que le problème du Tibet n'est pas une question de politique
intérieure chinoise, et qu'au contraire il figure parmi les
préoccupations les plus fortes de toute la Communauté
internationale.
Il a déclaré que le Peuple français considère
l'avenir du Tibet, comme un problème très important, mettant en jeu la
survie même d'une civilisation unique, et que les Français sont
admiratifs du Peuple tibétain pour sa lutte non-violente
d'émancipation.
"Cette visite à Dharamsala nous a permis de parfaire
et d'enrichir notre approche de la question du Tibet. Nous allons
maintenant faire en sorte de communiquer l'information à la population
française", a-t'il ajouté.
Le Sénateur Thierry Repentin a fortement incité les
Parlementaires du monde entier à se rendre au Tibet pour prendre
vraiment conscience de tout ce que peut endurer le Peuple tibétain sous
le régime répressif instauré par Pékin. Il a précisé que le Parlement
français avait déjà voté trois résolutions sur le Tibet et que les
Parlementaires continuaient à se préoccuper fortement du problème du
Tibet en se tenant informés de la situation.
Les Sénateurs français (1) vont rencontrer Sa
Sainteté le Dalaï Lama à New Delhi le 5 septembre 2009." ______ Notes du traducteur :
1. Les Sénateurs de la
délégation parlementaire française en visite à Dharamsala auprès de la
Communauté tibétaine: le Sénateur Jean-François Humbert (UMP, Président
du Groupe d'information sur le TIBET; région Franche Comté (Est de la
France)); le Sénateur Thierry Repentin (Parti Socialiste, Groupe Tibet);
la Sénatrice Jacqueline Panis (UMP, Groupe Tibet). Sénat / Groupe
d'information internationale sur le TIBET: www.senat.fr/ga/ga_tibet/index.html
2. ''Nationalités, minorités'' : en
dehors de l' ''ethnie Han'', le Pouvoir chinois reconnaît 55 groupes
ethniques - dits ''Minorités'' (dont les Tibétains) - tous sensés faire
partie intégrante de la R.P. de Chine. Sa Constitution leur accorde
certains droits... surtout sur le papier. L'ethnie Han, dite majoritaire
en RPC, est en réalité un patchwork de ''minorités'' de langues et de
cultures très diverses: cf. article " Cent façons ou presque d'être
Chinois " : www.courrierinternational.com/article/2009/08/01/cent-facons-ou-presque-d-etre-chinois
3. Démocratie : la Communauté tibétaine
en exil est régie par un système démocratique instauré par le Dalaï Lama
depuis les premières années de son exil forcé en Inde, avec une nette
séparation des Pouvoirs :
" Exécutif :
assuré par le Gouvernement tibétain en exil composé de plusieurs
Ministres (Ministre se dit Kalon en tib.) dirigé par un Premier Ministre
(élu tous les 5 ans par tous les exilés dans le monde entier; poste
occupé par le Professeur Samdhong Rinpoche; élections en 2011; Premier
Ministre = Kalon Tripa en tib.). Le Premier Ministre est assez méconnu
au niveau international - alors que le Dalaï lama lui a délégué le
pouvoir politique - car à ce jour aucun pays n'a eu le courage de
reconnaître le Gouvernement tibétain en exil.
" NB : le 6 juillet 2000, le
Parlement européen votait une résolution invitant les "gouvernements des
États membres à examiner sérieusement la possibilité de reconnaître le
gouvernement tibétain en exil comme représentant légitime du peuple
tibétain si, dans un délai de trois ans, les autorités de Pékin et le
gouvernement tibétain en exil n'étaient pas parvenus à un accord sur un
nouveau statut pour le Tibet par le biais de négociations organisées
sous l'égide du Secrétaire général des Nations unies".
" Au terme de l'échéance, en
juillet 2003, il était attendu que le Parlement européen fasse le bilan
des objectifs fixés et reformule en conséquence ses recommandations dans
le cadre d'une nouvelle résolution. Cela n'a pas été le cas. Pourtant,
la mise en oeuvre de cette résolution est aujourd'hui plus que jamais
justifiée.: cf. extrait de la Campagne Tibet-Europe
(www.tibet-europe.eu/). La France devrait donner le ton
!
" Législatif : 43 députés
élus par les exilés tibétains tous les 5 ans (le Dalaï lama n'exerce pas
l'option qui lui permet de désigner 3 députés supplémentaires: il veut
que les Tibétains prennent en charge leur propre destin);
" Judiciaire : en Inde, les
Tibétains traitent d'affaires civiles spécifiques; le reste incombe à la
Justice indienne.
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Claude B. Levenson Septembre
2009
Tibet, la résistance au
coeur
Le Dalaï-lama à Taiwan - une visite-surprise,
inattendue, et qui en a pris plus d'un au dépourvu, suscitant même une
controverse passagère sur place. Mais celle-ci avait à voir
essentiellement avec la politique intérieure de Taipeh, dans la mesure
où l'invitation émanait de l'opposition peu favorable au rapprochement
trop appuyé du président Ma de la Chine continentale. Pékin a d'ailleurs
parfaitement saisi les intentions de chacun, en se montrant
inhabituellement modéré dans ses protestations dirigées davantage vers
les initiateurs de la visite que vers un président taïwanais navigant si
bas dans les sondages qu'un refus d'accéder à la demande d'approbation
de visa n'aurait en rien arrangé ses affaires.
A l'évidence, la sagesse du
leader tibétain n'a pas été prise en défaut, lui qui, en répondant
favorablement à l'invitation, s'est empressé de préciser haut et clair
que ce voyage avait pour but unique de réconforter les familles
endeuillées après le passage d'un cyclone meurtrier d'une rare violence
et de prier avec elles pour le repos des disparus. Et comme à
l'ordinaire, le Dalaï-lama s'en est tenu à sa promesse, se contentant à
l'occasion de constater devant une poignée de contestataires combien ils
avaient de la chance de vivre en démocratie et d'être libres de
s'exprimer. Magistrale leçon de droiture et de compassion, soit dit en
passant, qui devrait donner à réfléchir à bien des responsables d'un
monde ne tournant pas tous les jours très rond.
A la fin du voyage, il se
dégage sans nul doute un sentiment de gratitude de tous ceux - et ils
étaient nombreux - qui ont bénéficié de cette Présence, mais peut-être
aussi des réflexions à en tirer. Ainsi donc, le Dalaï-lama a passé
quelques jours en un territoire bruyamment revendiqué comme sien par
Pékin qui ne se gêne pas pour l'ostraciser, et le ciel n'est pas (encore
?) tombé sur la Cité interdite ? Serait-ce que le temps est enfin venu
de voir en ce pèlerin pas tout à fait comme les autres un authentique
facteur de paix plutôt qu'un méchant fauteur de troubles ? Au moment où
le Turkestan oriental s'enflamme à nouveau et qu'Ouroumchi quadrillé par
l'armée fait écho à Lhassa il n'y a guère, la question n'est pas
forcément impertinente.
Sédentarisation, alcoolisme et
Potala. Car pendant ce temps,
au Tibet comme dans les enclaves tibétaines qui persistent à demeurer
elles-mêmes au Kham et en Amdo, il se passe des choses qui éveillent
fort peu d'intérêt et ne font pas les grands titres de l'actualité
internationale. Par exemple, qui prête attention au drame silencieux que
vivent les nomades en voie de sédentarisation forcée ? Plus de 50.000
d'entre eux viennent d'être délogés du " parc naturel " autour des
sources du Fleuve jaune, du Yangtsé et du Mékong - sous prétexte de
surpâturage qui mettrait en péril l'équilibre écologique des lieux,
alors que pasteurs et bergers tibétains ont de tout temps été les
meilleurs gardiens de ce fragile environnement. Un vaste programme de
relocation a été lancé en octobre 2008, prévoyant la sédentarisation
dans les cinq ans de près d'un demi million de nomades au
Séchouan…
Ou encore, cet encouragement
aussi insidieux qu'officiel à la boisson dans les villes et les nouveaux
villages " socialistes " : avec l'apparition de promotions tapageuses
pour la bière et autres breuvages, l'alcoolisme va croissant parmi les
jeunes générations et les laissés pour-compte marginalisés chez eux, au
point qu'un fonctionnaire chinois, maire adjoint de Lhassa, Chen Zhi
Chan, déclare tout de go à un journaliste indien de passage dans la
capitale tibétaine à l'occasion de la fête de Choeton, rebaptisée
d'autorité ' du yaourt' : " Boire est dans la nature des Tibétains,
c'est une espèce de culture locale. La bière tibétaine est à base
d'orge, c'est une manière de stimuler l'économie locale ". Ah bon ? Ce
qui n'empêche pas le journaliste de relever que tandis que visiteurs et
touristes boivent jusqu'à plus soif, les Tibétains, eux, se pressent du
côté du monastère de Drépung pour assister au déploiement du grand
thangka de Bouddha, élément fondamental de la fête.Autre nouvelle passée
inaperçue, pourtant claironnée par Chine nouvelle, l'achèvement " avec
succès " (bien entendu !) des travaux de rénovation de " trois reliques
du patrimoine tibétain - les palais d'hiver et d'été à Lhassa, et le
monastère de Sakya ".
Mais ce qu'omet de dire
l'agence officielle chinoise et que relève le Times of India, c'est que
le Potala et le Norbulingka sont devenus des musées, des coquilles vides
sans âme, et qu'il est vain de chercher au Potala la moindre image du
XIVe Dalaï-lama… Sans doute les adeptes bien pensants de la
modernisation et du développement du Tibet seront-ils ravis d'apprendre
qu'il est question de creuser un tunnel d'accès souterrain au Potala, "
pour alléger la circulation et faciliter le parcours des pèlerins
"…
Et qui donc a relayé la
protestation silencieuse d'une Tibétaine et de ses enfants devant le
commissariat de police d'un village près de Chamdo pour demander la
libération de son mari arrêté le 27 juin pour n'avoir pas donné suite
aux ordres d'application d'une nouvelle " campagne de rééducation
patriotique " au monastère de Pema dans le district dont il était
responsable ? Tans d'autres informations si quotidiennes qu'elles vont
se perdre dans un marais de routine, comme si le sort des uns laissait
indifférents tous les autres… Même le témoignage poignant d'un moine de
Labrang, passé clandestinement en vidéo, n'a guère éveillé d'écho - il
rappelle pourtant " aux Nations unies et à la communauté internationale
qu'elles ont l'obligation morale de parler au nom du peuple tibétain à
l'intérieur du Tibet qui vit dans une peur constante et endure une
sévère répression ". Est-ce ainsi que les hommes vivent ?,
s'interrogeait un jour un poète…D'autres nouvelles passent elles aussi,
sans qu'il leur soit réellement prêté attention - cette sourde tension
qui monte insidieusement entre New Delhi et Pékin autour du vieux
monastère de Tawang et de la revendication chinoise affichée ouvertement
sur l'Arunachal Pradesh, ou cette brusque flambée de violence du côté de
Kokang à la frontière septentrionale de la Birmanie avec la Chine, au
grand déplaisir de Pékin qui demande à la junte de prendre les mesures
adéquates pour protéger les citoyens chinois. Et ce rappel de
l'injustice faite à Aung San Suu Kyi qui résiste en faisant appel de son
inique condamnation, alors qu'une rumeur circule que les moines birmans
en ont assez de la mauvaise conduite des généraux. Quant aux grands de
ce monde, ils sont apparemment aux abonnés absents, ou en vacances, ou
ils regardent ailleurs, englués dans des soucis plus urgents, et surtout
ne pas faire de vagues, ne pas faire de peine aux autocrates en place où
que ce soit, maîtres chez eux comme le veut la bienséance diplomatique
internationale. Comme s'ils étaient sourds à cette autre rumeur qui
court, résister, désobéir, ne pas se croiser les bras devant
l'intolérable…
Car au loin, là-haut, brille
une flamme, celle du Tibet.
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De la gauche vers la droite
: Wang Lequan, Li Dezhu, Zhang
Qingli, Liang
Guanglie.
Les
dirigeants Chinois accusés par la justice espagnole
de la
répression lors du soulèvement
du
peuple Tibétain de mars 2008.
La Chine adresse par
écrit des menaces à l'Espagne,
au sujet du
Tibet
Quant à la Cour espagnole, dans sa poursuite pénale contre
les dirigeants chinois, elle ajoute le carnage de Nangpala
...
Vendredi 21 août 2009 - Communauté Tibétaine de
France Dharamsala, le 21 août 2009, la Chine a
rejeté la demande judiciaire concernant les dirigeants chinois, qui
doivent comparaître devant la Cour espagnole pour " les crimes contre le
Peuple Tibétain ". Par ailleurs, la Chine a répliqué en demandant au
gouvernement espagnol d'arrêter l'enquête et en la qualifiant de " faux
procès ".
L'ambassade de Chine en Espagne, dans ses premières
réponses écrites aux poursuites pénales la concernant, a dit que
l'Espagne a violé " les principes de base d'une juridiction d'Etat et de
l'immunité établie par le Droit International, et que l'assistance
judiciaire n'est pas couverte par le Traité concernant les Affaires
criminelles entre la Chine et l'Espagne ". La Chine a dit
qu'elle "refuse avec fermeté toute demande de l'assistance judiciaire
concernant le procès, et elle demande à l'Espagne d'assumer ses
responsabilités face au Droit international, et d'adopter des mesures
immédiates et effectives pour empêcher une quelconque violation du
Traité par l'assistance judiciaire dans les Affaires criminelles entre
la Chine et l'Espagne, et donc de mettre un terme à la poursuite pénale
contre la Chine aussi vite que possible ".
L'ambassade de Chine à Madrid a également retourné
la commission rogatoire délivré par le Ministère espagnol de la Justice
pour que les dirigeants chinois puissent témoigner devant la
Cour. Les Tribunaux nationaux espagnols, lesquels traitent
des cas de crimes contre l'humanité et de génocide, ont accepté
d'entendre une poursuite pénale engagée le 9 juillet 2008, par un Groupe
de soutien au Tibet. Cela a été admis en vertu des principes de la
compétence universelle, que le système judiciaire espagnol a adopté en
2005, et sous lesquels les Tribunaux espagnols peuvent entendre des
Affaires concernant le génocide et les crimes contre l'humanité où que
cela soit commis, et quelque soit la nationalité du défendeur.
Le Juge espagnol, Monsieur Santiago Pedraz a informé
le 5 mai dernier le Ministère chinois de la Justice de la poursuite
pénale devant la Haute Cour d'Espagne, contre huit dirigeants chinois,
dont le Secrétaire du Parti pour " la Région Autonome du Tibet " Zhang
Qingli, en rapport avec la répression du gouvernement chinois sur les
manifestants tibétains depuis mars 2008.
Le Juge Monsieur Pedraz a demandé en mai, à la
Chine, d'interroger les défendeurs chinois en Chine, au cas où ils
refusent de venir en Espagne. Un représentant de l'ambassade chinoise à
Madrid, selon des sources fiables à Madrid, aurait indiqué dans des
échanges verbaux avec les officiels espagnols, que le Juge Pedraz serait
arrêté s'il se rendait en Chine.
Les procès concernant le Tibet, affrontent des
menaces depuis qu'une résolution du Congrès espagnol, a adopté le 19
mai, de limiter les compétences juridictionnelles des Juges aux Affaires
dans lesquelles, il y aurait un lien espagnol clair.
En dépit des manœuvres politiques et de la pression
continue de la Chine, le Juge Monsieur Pedraz a récemment annoncé
l'extension de l'un des procès concernant le Tibet, qui inclura
l'enquête sur la fusillade du 30 septembre 2006 à Nangpala, par les
forces des gardes frontière. Ce qui a entrainé la mort de la none
Kelsang Namtso, âgée de 17 ans, au moment où, ils essayaient de
traverser la frontière du Tibet et du Népal. Le Juge
Monsieur Pedraz a demandé le 14 juillet au gouvernement indien, un visa
afin d'interroger les témoins tibétains de la fusillade de Nangpala. Un
Alpiniste américain, Luiz Benitez qui a vu abattre fatalement la none
Kelsang Namtso , celle-ci avec soixante quatorze autres tibétains
incluant des nones, des moines, et des enfants fuyaient le Tibet, par le
passage du col de Nangpala ; l'alpiniste américain a fourni des preuves
le 17 juillet au Juge Pedraz de la Haute Cour d'Espagne.
Parmi les personnes poursuivies, sont inclues, le
Ministre chinois de la Défense, monsieur Lian Guanglie, le Ministre de
la Sécurité d'Etat, monsieur Geng Huichang , le Ministre de la Sécurité
publique, monsieur Meng Jiangzhm, le secrétaire du Parti monsieur Zhang
Qingli, membre du Bureau politique, monsieur Wang Lequang, le Président
de la Commission des Affaires ethniques, monsieur Li Deshu, Commandant
de l'Armée populaire de " libération " à Lhassa, le général Tong
Guishan, ainsi que le Commissaire politique du commandement militaire à
Chengdu, parmi lesquels Zhang Qingli, Wang Lequan, et Li Dezhu ont été
associés en tant que les principaux architectes des répressions au Tibet
et dans d'autres régions à population tibétaine.
Les tribunaux nationaux espagnols qui traitent les
crimes contre l'humanité, et le génocide, ont accepté d'entendre un
procès engagé par " le Comité de Apoyo al Tibet " (CAT) et la fondation
" Casa Del Tibet ", le 5 août de l'année dernière avant les J.O. de
Pékin. Cela a été admis en vertu des principes de la " compétence
universelle " adoptés par l'appareil judiciaire espagnol en 2005 et sous
lesquels les Tribunaux espagnols peuvent entendre les cas de génocide et
de crimes contre l'humanité, où que cela soit commis et quelque soit la
nationalité du défendeur.
Le Juge d'une autre Cour nationale est en train
d'enquêter sur un génocide allégué au Tibet, dans les années 1980 et
1990. Dans ce procès, les trois anciens prisonniers politiques ont
témoigné devant la Cour, il s'agit de Paldent Gyatso ; Jampel Monlam et
Bhagdro.
Un avocat espagnol Dr. Jose Elias Esteve et Alan
Cantos du Comité " de Apoyo al Tibet " (CAT) ont été en Inde, au mois de
février de l'année dernière, pour demander aux Tibétains de témoigner
devant la Cour espagnole, après que l'Inde ait refusé de mettre en place
une commission rogatoire qui aurait permis aux Tibétains de témoigner en
Inde, d'après un rapport " d'Asian Age " en date du 17 février
2008.
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Conférence sino-tibétaine "Trouver des terrains
d'entente" Communiqué de presse
(1)
Déclaration de la Conférence
sino-tibétaine
GENEVE - Une conférence sino-tibétaine
intitulée "Trouver des terrains d'entente" s'est tenue à Genève du 6 au
8 août 2009. Elle a réuni des Chinois et des Tibétains, notamment des
experts, professeurs, écrivains et des défenseurs des droits de
l'homme. L'objectif de la
conférence était d'abord d'informer le peuple chinois et la communauté
internationale du fait que :
- la culture et l'identité mêmes du peuple tibétain se
trouvent en grave danger ;
- le régime chinois ne respecte absolument pas les
droits humains fondamentaux des Tibétains. La conférence
visait aussi à identifier des orientations concrètes pour soutenir le
peuple tibétain encore davantage dans sa lutte pour ses libertés et pour
sauver de l'extinction son identité et sa culture uniques, comme l'avait
exprimé de manière poignante Sa Sainteté le Dalaï-Lama dans son discours
d'ouverture. Dans ce contexte, la conférence a mis en
évidence les orientations communes suivantes : I. Valeurs fondamentales
La conférence s'est appropriée les valeurs
fondamentales de la " Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ",
dont la liberté, la démocratie, l'État de droit, le respect des Droits
humains, l'égalité et la coexistence de toutes les
cultures. II. Origines et nature du
problème du Tibet
- Le problème du Tibet ne tire par son origine
d'un conflit quelconque entre les peuples chinois et tibétain. La cause
vient du pouvoir totalitaire que la République Populaire de Chine exerce
au Tibet, en y perpétrant un génocide culturel. - Pékin
revendique que le Tibet fait partie de la Chine depuis toujours. Or, les
faits historiques prouvent le contraire. - La culture, la
religion, la langue et le mode de vie du peuple tibétain sont en voie de
disparition. - Les droits humains fondamentaux du peuple
tibétain sont bafoués : notamment le droit à l'auto-détermination
nationale, le droit de participer aux choix politiques et la liberté
religieuse. - Les media du pouvoir chinois déforment la
réalité du problème du Tibet et attisent les conflits entre les deux
Peuples. III. Voies pour une résolution du
problème du Tibet - Respect des droits humains
fondamentaux du peuple tibétain, notamment la participation aux choix
politiques et la liberté religieuse. - La solution du
problème du Tibet est fortement liée à la démocratisation de la
Chine.
- Le peuple chinois devrait sérieusement réfléchir
aux dérives du nationalisme Han et se mettre à vraiment respecter la
culture et le mode de vie des Tibétains. - Le gouvernement
chinois doit se conformer aux règles d'un État de droit. -
Respect du droit indéniable de Sa Sainteté le Dalaï-Lama de pouvoir
retourner dans sa patrie. IV.
Recommandations à l'attention du gouvernement tibétain en
exil - Développer dans le monde entier des
cercles d'amitié sino-tibétains (associations, forums, organisation
citoyennes etc.) afin d'accroître les échanges culturels et les liens
affectifs entre ces deux peuples. - Créer un Institut de
Recherches pour les experts chinois et tibétains travaillant sur
l'histoire et la culture du Tibet et dont le credo sera la vérité des
faits. - Mettre en œuvre des moyens pour contrer le blocus
de l'information à propos de Sa Sainteté le Dalaï-lama et pour briser le
contrôle médiatique du régime chinois sur la question tibétaine, afin
notamment de permettre aux citoyens de Chine et de la communauté
internationale d'accéder à une information autre que celle élaborée par
Pékin. - Faire en sorte que Sa Sainteté le Dalaï-lama
puisse communiquer plus facilement ses valeurs à la communauté chinoise
et renforcer ainsi le renouveau en cours des valeurs spirituelles au
sein de la population chinoise. Notre vœu à tous au
sein de la conférence sino-tibétaine est que le peuple tibétain recouvre
sa liberté et que l'on empêche la culture tibétaine de
disparaître.
Nous partageons cette foi fondamentale : la liberté est la
valeur la plus essentielle de toutes ; la culture tibétaine est un
précieux trésor de l'humanité au même titre que toutes les autres
cultures.
Tant qu'il n'y aura pas de liberté au Tibet, il n'y
en aura pas non plus en Chine. L'extinction de la culture tibétaine ne serait pas
seulement une tragédie pour le peuple tibétain mais aussi une honte pour
le peuple chinois et une perte irremplaçable pour toute
l'humanité.
Les participants à la conférence
sino-tibétaine Genève, le 8 août 2009.
______ (1) Document initial en mandarin, puis
traduit en anglais. En cas de divergence, le document en mandarin fait
référence.
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Claude B.
Levenson Août 2009
" Le Tibet, le Dalaï-Lama et les foudres de
Pékin"
Si
d'aventure quiconque en doutait, les actuels locataires de la Cité
interdite n'ont guère l'intention de changer quoi que ce soit à leur
politique envers les 'minorités', et surtout pas à l'égard des Tibétains
pas plus d'ailleurs qu'envers les Ouïghours. Pour les Mongols et les
Mandchous, c'est déjà vraisemblablement un peu tard, et toujours dans
une même indifférence internationale qui donne à réfléchir. Le récent
voyage européen du Dalaï-lama - Pologne, Allemagne et Suisse - est
révélateur à ce propos, non pas qu'il ait été très différent des
précédents, même si certains aspects en disent plus long qu'il n'y
paraît de prime abord, mais parce que du côté de Pékin, le ton est
encore monté jusqu'à devenir comminatoire.
Bien sûr, les fidèles étaient
au rendez-vous, les enseignements et conférences ont été suivis avec une
attention soutenue, les échanges avec le public empreints à la fois de
bonne humeur et de bon sens, les Tibétains accourus des alentours pour
s'incliner devant leur chef spirituel et temporel. Ce qui a pu peut-être
attirer l'attention d'un œil un tant soit peu scrutateur, c'est parfois
la frivolité de plusieurs articles de presse, une connaissance
approximative du sujet abordé et la tonalité souvent agressive de
certains intervenants. L'étonnement aussi de percevoir assez nettement
dans quelques propos l'écho marqué de la propagande officielle chinoise.
Certes, nul n'ignore l'offensive, de propagande justement, lancée
récemment à grand fracas par les responsables dudit Bureau tous azimuts
et en de multiples langues - rien de surprenant là, après tout c'est
leur boulot. Mais qu'aujourd'hui encore -à nouveau ? - d'aucuns,
journalistes ou autres, se laissent si aisément piéger, voilà qui ne
manque pas de surprendre.
Il est de notoriété publique
(pour reprendre une expression qu'affectionne particulièrement la
propagande chinoise) depuis belle lurette que les dirigeants chinois
n'aiment pas que le Dalaï-lama se déplace peu ou prou à sa guise, et à
chacun de ses voyages où que ce soit, lorsque Pékin ne réussit pas à
bloquer visas ou invitations toujours jugés malintentionnés, la machine
se met en marche comme s'il suffisait d'appuyer sur un bouton pour
entendre la même rengaine. Cette fois cependant, le tir de barrage a été
plus violent que de coutume, avertissant péremptoirement, par exemple le
3 août à la suite de l'escale à Varsovie (chinatibet.people.com.cn) que
"les activités d'instigation au séparatisme en Chine doivent cesser".
Vous m'en direz tant sur le sacro-saint principe de non-ingérence dans
les affaires d'autrui, dont Pékin ne cesse de se gargariser à la moindre
occasion.
Le lendemain, le Quotidien du
peuple en ligne (version française originale) récidivait encore plus
explicitement. Sous le titre " La Suisse officielle ignore le Dalaï-lama
", Zhao Guojun, " spécialiste des problèmes internationaux " expliquait
: " Autrefois, la Suisse n'a pratiquement aucune influence sur la
stratégie politique internationale, c'est pourquoi elle osait provoquer
la Chine en recevant officiellement le Dalaï-lama. Cette fois-ci la
Suisse officielle décide de l'ignorer et la raison c'est qu'elle
constate que la Chine occupe une place de plus en plus importante dans
l'environnement mondial actuel et qu'elle doit prendre en considération
sa coopération avec celle-ci, ce afin de pouvoir préserver ses intérêts
d'Etat et surtout protéger ses intérêts économiques et commerciaux (…)
D'autre part, la violente protestation diplomatique du gouvernement
chinois (après les incidents d'Ouroumchi) a produit un certain effet sur
les autres pays. " Illustration involontaire du vieil adage chinois "
effaroucher les poules pour faire peur aux singes " ? Allez
savoir…
Il n'empêche, le ton est encore
monté pour stigmatiser la rencontre à Genève, sous l'égide d'une
respectable ONG, le Mouvement international pour la réconciliation, et
de l'Association d'amitié Suisse-Tibet, d'intellectuels tibétains et
chinois dans le but avoué d'explorer ensemble des ouvertures afin de
préserver l'avenir. Certes, le chemin est encore long jusqu'à jeter des
ponts, mais l'histoire enseigne qu'il faut bien commencer un jour,
quitte à nourrir une infinie patience : quelques cartes en main, ou
quelques oreilles réellement attentives, permettent à l'espoir de durer.
Et dans le contexte de blocage actuel dû à l'intransigeance des
dirigeants chinois, force est de miser sur l'avenir.
D'aucuns font grief au
Dalaï-lama de l'échec, qu'il admet lui-même, de sa volonté de dialogue
pour parvenir à une solution négociée, viable pour les deux peuples que
la géographie a placés dans un voisinage commun. Lui est allé aussi loin
qu'il le pouvait dans les concessions, et il est parfaitement conscient
de la volonté profonde de son peuple qui aspire au respect de son droit
inaliénable à l'autodétermination, à la liberté. Dans ces conditions,
plutôt que de lui imputer l'échec de cette tentative non violente de
sortir de l'impasse, ne serait-ce pas plutôt grand temps de reconnaître
que c'est un signe sans équivoque de la faillite du système de société
contemporaine et des règles dont elle s'est dotée dans le sillage de la
Seconde guerre mondiale et que chaque dictature bafoue à sa convenance ?
A y réfléchir à deux fois, sans attendre un miracle, plus que jamais il
s'avère nécessaire de faire pièce au mensonge, de résister sans
oublier que ma liberté dépend aussi de celle d'autrui.
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Les dirigeants chinois peu empressés de recevoir
François Fillon
Vendredi 30 Juillet 2009 - Le Monde
François Fillon avait prévu de se rendre à Pékin
fin août. Ce devait être la première visite, sur le plan bilatéral, d'un
haut
responsable du gouvernement français, depuis la brouille spectaculaire entre Paris et
Pékin à propos du Tibet, en 2008. Le déplacement a dû être repoussé
à la demande des Chinois, qui ont invoqué le calendrier chargé
du premier ministre, Wen Jiabao.
Le report de ce voyage, au
cours duquel le premier ministre français devait poser la première
pierre d'une des deux centrales nucléaires EPR vendues à la Chine par
Areva, signale, selon des connaisseurs du dossier, la persistance d'une
mauvaise humeur chinoise à l'égard des autorités politiques françaises.
Malgré les multiples efforts de l'Elysée, depuis des mois, pour rétablir
la relation avec Pékin. Le voyage de M. Fillon reste programmé. Selon
des sources autorisées à Pékin, il devrait avoir lieu d'ici à la fin de
l'année, avant une visite prévue en France du président Hu Jintao.
"Principe de non-ingérence"
M. Sarkozy avait provoqué la
colère de Pékin à deux reprises en 2008. En conditionnant sa venue aux
JO de Pékin à la reprise d'un dialogue entre les émissaires du
dalaï-lama et la Chine (le chef de l'Etat fit malgré tout le déplacement
pour la cérémonie d'ouverture). Puis en annonçant abruptement, en
novembre, qu'il rencontrerait le chef de l'Eglise tibétaine en
Pologne.
Paris avait cherché à dissiper
ces tensions, décrites par des diplomates comme la plus grave crise dans
les relations bilatérales depuis des décennies. Dans un communiqué
publié en avril, avant une rencontre à Londres, en marge du G20, entre
M. Sarkozy et son homologue chinois Hu Jintao, la France s'engageait,
"dans le respect du principe de non-ingérence", à ne jamais, "sous
quelque forme que ce soit", soutenir le principe d'une indépendance du
Tibet.
Certains passages du texte
avait été interprétés par des observateurs comme une façon pour Paris de
promettre aux Chinois qu'aucune nouvelle rencontre entre le dalaï-lama
et M. Sarkozy ne serait désormais envisageable. Côté français, on
assurait toutefois n'avoir que réitéré la position traditionnelle de la
France à l'égard du Tibet, ajoutant que, le dalaï-lama ne revendiquant
pas lui-même l'indépendance, la formule ne pouvait donc s'appliquer à
lui. Le geste français était censé en tout cas solder le contentieux
avec Pékin. Les diplomates notaient des améliorations dans la relation.
Mais cela a-t-il suffi ?
Certains facteurs internes
chinois pourraient aussi avoir joué. Le report de la visite de M. Fillon
est annoncé au moment où Wen Jiabao, qui incarne l'aile plus modérée du
régime, est curieusement absent de la scène politique publique depuis
des semaines.
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Deux Tibétains de retour d'exil gravement
torturés
15 juillet 2009 - Tibet DeFacto
et Phayul
Deux jeunes tibétains en exil
retournant au Tibet ont été brutalement torturés par la police chinoise
suite à leur arrestation près de la frontière du Népal en avril de cette
année.
D'après boxun.com, un site
Web en langue chinoise, les deux jeunes étaient en Inde pour aller à
l'école gérée par le gouvernement tibétain en
exil.
Dagah et Tsuiltrim de la
Préfecture autonome du Tibet de Dechen dans la province du Yunnan ont
tenté une première fois d'entrer au Tibet en février. Ils sont arrêtés à
la frontière par une patrouille chinoise qui leur indique qu'il y a en
ce moment des restrictions gouvernementales sur les déplacements des
jeunes tibétains à la frontière. Les deux retournent alors à la capitale
népalaise et reviennent à la frontière en avril. De nouveau, une
patrouille chinoise les arrête sous prétexte que leur permis de voyage a
expiré depuis quinze jours.
Les deux jeunes sont
emmenés dans un centre de détention à Shigatsé où la police chinoise les
interroge pendant plusieurs jours. D'après le site, ils sont soumis à de
terribles séances de torture durant lesquelles ils sont frappés avec des
matraques électriques ce qui provoque de graves lésions sur leurs
abdomens et leurs organes génitaux.
Avant leur départ du Népal, les
deux jeunes avaient contacté par téléphone leurs familles dans le
Yunnan. Les recherchant, les deux familles les localisent au centre de
détention de Shigatsé.
D'après les sources, la mère de
Dagah s'est évanouie en voyant son fils dans un état de faiblesse
extrême. Alors que la famille de Dagah obtient sa libération sous
caution, les parents de Tsuiltrim seraient en route pour Shigatsé pour
le faire libérer.
Dagah a été admis dans un
hôpital de Kunming dans le Yunnan pour y suivre un traitement médical.
Des sources fiables ont fait part au site Web de l'inquiétude des
médecins envers les problèmes médicaux que Dagah risque d'avoir plus
tard dans sa vie malgré sa récupération progressive à
l'hôpital.
Selon le site, il y a d'autres
Tibétains au centre de détention de Shigatsé arrêtés soit alors qu'ils
fuyaient le Tibet soit de retour d'exil.
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Vendredi 17 juillet 2009 - Le Dauphine Libéré -
Crest
Enfin... un semblant de réponse
!!!
A un mois de
l'exposition sur les Cinq
continents
la Mairie de Portes-lès-Valence avait annulé téléphoniquement
la participation de TVD à la manifestation des 17 et 18 juillet... pour un "problème de salle"
!
Interrogée par
le "Dauphiné Libéré" la mairie de Portes-lès-Valence apporte une
"réponse" qui ne peut que surprendre par ses contre-vérités
ou ses approximations...
"Nous avons fait le choix
d'une diversité à offrir au public au niveau des associations. Et finalement,
nous avons trouvé que Tibet Vallée de la Drôme était trop
partisane pour convenir à l'esprit du festival" explique Cyril Bernardin,
directeur du cabinet du maire. "Nous avons également appris
que l'association allait travailler avec un établissement privé, nous
nous préférons favoriser le public au privé, c'est un choix politique assumé. Ce
festival a vocation à rassembler, nous avons également
craint que le discours de l'association choque certains des visiteurs.
Même si nous respectons son activité. Je regrette qu'elle
face de cette décision une montagne, cela ne reflète pas d'une certaine
sérénité" et de conclure "le drapeau tibétain ne flotte pas
sur notre mairie, nous jugeons qu'un service public ne doit pas prendre position
sur un tel sujet."
Lettre ouverte au Maire de
Portes-lès-Valence
MAIS
POURQUOI DONC AVONS-NOUS ETE INVITES ?
1) Sommes-nous une association partisane
? Oui, si l'on prend ce terme dans le sens de "favorable à" ou
"qui défend une opinion, une idée". Non, dans le
sens de "partial" ou "de parti
pris".
Donc, nous ne
sommes pas une association partisane, au sens ou semble l'entendre la
mairie de Portes, puisque notre raison d'être est de faire connaître
la culture tibétaine, de mener à bien des projets de scolarisation au
Tibet (avec l'accord tacite des autorités chinoises) et maintenant en France
et de demander le respect des Droits de l'Homme pour les Tibétains.
Nous laissons à d'autres
associations, qui le font mieux que nous, le soin d'engager des actions
plus militantes. Nous avons d'ailleurs répondu à l'invitation de
communes (quelques soient les opinions politiques de leurs maires) ou
d'associations qui nous ont invitées, et ce, sans faire de "vagues" que
ce soit à Chabeuil, Saillans, Eurre, Rousset-les-Vignes, Chastel-Arnaud,
Cléon d'Andran, Montmeyran, Allex ou Crest. Il suffit qu'un "cahier des
charges" précis soit signé par les partenaires.
2) Nous allons effectivement scolariser deux étudiants dans un lycée privé
"sous contrat" mais ce n'est pas un choix délibéré. Ceci résulte
de la fin de non recevoir des lycées publics que nous avons contactés
en premier lieu. Ces derniers réclamaient les dossiers scolaires de nos étudiants que
nous n'étions pas en mesure de fournir puisque ces derniers arrivaient de
camps de réfugiés en Inde.
3) Notre discours ne peut être choquant car selon
les directives données par le "cahier des charges" nous restons sur le terrain
culturel.
4) Il
semblerait que nous fassions "une montagne" de cette décision d'annuler notre participation
à un mois de l'exposition ! Notre article paru dans la presse prouve
le contraire. Mais l'élémentaire correction aurait nécessité de nous écrire (ou
de nous rencontrer) pour nous informer de ce changement radical de
dernière minute, voire de nous présenter des excuses pour les frais
engagés, or rien de tel n'a été fait ! Seul un bref
appel téléphonique a ruiné tout notre travail.
Nous avions été invités (sans
avoir rien demandé !) après que la commune de Portes ait consulté notre
site Internet, compulsé notre book et visionné des
photos, elle s'était dite "intéressée par notre
travail".
Je rappelle que TVD avait investi
dans de l'artisanat et des décors en accord avec le service
culturel de la mairie de Portes. Cette décision risque de mettre en
difficulté financière notre association qui n'avait inscrit à son calendrier
2009 que cette seule manifestation. Nous entamons une action sur
quatre années de scolarisation de deux étudiants et avions besoin des
bénéfices potentiels dégagés par cette exposition.
On aurait voulu faire capoter
notre action que l'on ne s'y serait pas pris
autrement.
5) Quant au
"Drapeau tibétain". Il n'a jamais été question de le faire flotter sur la mairie de
Portes-lès-Valence à l'occasion de cette exposition.
Chaque mairie prend ce type de décision en son âme et
conscience et après un vote de son Conseil municipal. La
seule demande qui ait été formulée (comme il se doit
!) c'est de savoir si nous pouvions l'apposer dans ou sur la salle d'exposition durant
la manifestation.
Une campagne de drapeaux avait
été menée par plusieurs associations drômoises, dont la nôtre, à
l'occasion des JO de Pékin... mais, c'était en 2008. Il serait bon de ne
pas faire l'amalgame !
Conclusion - Laissons
donc vivre Portes-lès-Valence sur son île déserte en dehors de toute
information... ne troublons surtout pas la quiétude de sa population par des
"vérités choquantes" qui ont pour nom : tortures, emprisonnements arbitraires,
exécutions sommaires, avortements programmés par les autorités, infanticides,
génocide culturel, etc. Toutes choses que nous n'aurions pas dites... pour ne
pas faire de "vagues" !
TIBET VALLEE DE LA
DROME
souhaite
vous avoir éclairé sur cette "réponse" pour le moins contestable de la mairie de
Portes-lès-Valence.
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Avec un peu de
retard
Vibrant hommage de Robert Badinter au Dalaï
Lama
Jeudi 11 juin 2009
- Communauté Tibétaine
"Les gouvernants chinois,
exaspérés par sa force tranquille, peuvent le dénoncer comme un loup
caché sous sa robe de moine. Mais si nous voyons la robe du moine, nous
ne distinguons pas les traits du loup. Et à dire vrai mes amis, les
gouvernants chinois nous paraissent bien peu qualifiés pour jouer le
rôle du petit chaperon rouge.
La vérité est plus simple. Le Dalaï Lama est un
homme de paix. Et il sait que la résistance spirituelle d'un peuple
opprimé, à travers le temps et les épreuves, finit toujours par
l'emporter."
C'est un rare privilège de présenter le Dalaï Lama
en de telles circonstances et à une telle assemblée.
Souvent je me suis interrogé : Pourquoi parmi les
personnalités si diverses que j'ai eu l'occasion de rencontrer, le Dalaï
Lama est-il marqué du sceau de l'exception ? Sans doute, son savoir est
considérable et recouvre des domaines multiples de la connaissance,
philosophique, politique, scientifique, écologique. Mais d'autres
détiennent aussi ces clefs du monde. Sans doute, son expérience de la
vie et des épreuves traversées au cours d'une existence déjà longue
ajoute à son enseignement la densité de la sagesse. Mais d'autres
personnalités détiennent aussi cette vertu.
En vérité, ce qui fait aujourd'hui du Dalaï Lama un
être d'exception, c'est le message dont il est porteur, qu'il a toujours
enseigné et incarné : un message d'humanité et de spiritualité dans un
monde marqué par le matérialisme quand ce n'est pas la cupidité, et la
cruauté quand ce n'est pas la barbarie.
D'abord l'humanité : Le Dalaï Lama en a fait son
horizon tout au long d'une vie qui depuis un demi-siècle est faite
d'exil et d'errance, loin de son peuple et de sa terre natale. Parce
qu'à l'orée de sa vie, le Dalaï Lama a vu son pays envahi et écrasé par
une puissance militaire étrangère, le Dalaï Lama est devenu bien au-delà
de sa propre cause un messager de la paix universelle, cette condition
première du bonheur des peuples.
L'humanité, pour le Dalaï Lama, elle s'exprime dans
le respect constant de la dignité et des droits de l'Autre, de notre
frère humain. Pour lui, les droits de l'homme sont la charte politique
de l'humanité. Ils sont les droits de tous les êtres humains, partout
dans ce monde. Ces droits précieux et fragiles, ils ne se conçoivent
qu'universels et indivisibles. Car que seraient les droits de l'homme
s'ils n'appartenaient qu'aux sociétés riches et développées alors que
des milliards d'êtres humains vivent dans la misère, la maladie et
l'ignorance ?
Le message du Dalaï Lama est ainsi proclamation de
notre solidarité avec tous les êtres humains, face aux épreuves que le
destin réserve à chacun de nous. Car où l'être humain accablé
trouvera-t-il refuge ou secours sinon dans la solidarité de ses frères
?
Enfin l'humanité, pour le Dalaï Lama, ne survivra
que sur une terre protégée contre sa destruction progressive en assurant
la sauvegarde de l'environnement, ce patrimoine commun de tous les êtres
vivants.
Ce message d'humanité qui inspire l'enseignement et
la vie du Dalaï Lama, il ne prend toute sa dimension que par sa
spiritualité. Face à la violence dans ce monde, le Dalaï Lama a toujours
opposé les seules forces qui vaillent, celle de l'esprit et de la
justice.
Si le Dalaï Lama, chef d'un état occupé, meurtri,
opprimé, a maintenu haut et fort les droits du peuple tibétain, c'est
parce qu'il a choisi de faire de la non violence une arme spirituelle à
nulle autre pareille. Oui, le Dalaï Lama croit, comme nous, qu'une cause
juste doit pour l'emporter, faire appel inlassablement à la conscience
humaine face à la violence mortelle. A cet égard, le Dalaï Lama
s'inscrit dans la droite ligne de Gandhi.
Les Chinois exaspérés par sa force tranquille,
peuvent le dénoncer comme un " loup caché sous sa robe de moine ". C'est
d'ailleurs ce terme de " simple moine " qu'utilisait le Dalaï Lama
lui-même pour se qualifier, au moment solennel où il recevait à Oslo le
prix Nobel de la Paix. Mais si nous voyons la robe du moine, nous ne
distinguons pas les traits du Loup. Et à dire vrai, les dirigeants
chinois nous paraissent peu qualifiés pour jouer le rôle du petit "
Chaperon rouge ".
La vérité est plus simple : le Dalaï Lama est homme
de paix. Il sait que la résistance spirituelle d'un peuple opprimé, à
travers le temps et les épreuves, finit toujours par l'emporter. Le
Dalaï Lama croit à la force du Droit. Et parce que la cause des
Tibétains est juste, il sait qu'elle triomphera de ses oppresseurs. Car
que demande le Dalaï Lama ? non pas, comme affirme la propagande
chinoise, la proclamation d'un Etat tibétain souverain, reconnu comme
tel par la communauté internationale. (Pour ma part, je l'avoue, je n'y
verrai pas d'inconvénient).
Le Dalaï Lama, lui, conscient des réalités
internationales et des rapports de force, ne réclame que le statut
d'autonomie pour le Tibet, la sauvegarde de son identité culturelle, si
importante dans le concert des civilisations, et le respect des droits
fondamentaux des Tibétains. Mettre un terme à un régime d'oppression et
à un génocide culturel, instaurer un régime d'auto gouvernement et
amener l'Etat de droit au Tibet, il n'y a rien là qui menace l'intégrité
territoriale de la république chinoise ni sa souveraineté
internationale. Aussi nous continuerons inlassablement à soutenir, par
les voies du droit et la force spirituelle de la justice tous ensemble,
sans violence ni provocation, mais avec résolution et constance, la
juste cause des Tibétains. C'est pourquoi je vous remercie d'être venus
si nombreux aujourd'hui écouter le " simple moine bouddhiste " de
passage chez nous, notre ami Le Dalaï Lama.
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Le
Tibet devient une priorité
de la politique américaine envers la
Chine
Vendredi 26 Juin 2009 - France
Tibet
Les questions liées au
Tibet resteront parmi les principales priorités de la politique
américaine envers la Chine, a dit Kurt M. Campbell, récemment nommé par
le Président Obama au poste de Secrétaire Adjoint aux affaires de l'Asie
de l'est et de la Pacifique.
Encourager le respect des
Droits de l'Homme, dont les droits des minorités et la liberté de
religion, dans toutes les régions, y compris le Tibet, est une grande
priorité dans notre engagement bilatéral avec la Chine a dit M. Campbell
lors de son audition devant le Comité des Relations Etrangères du Sénat
et en réponse aux questions des sénateurs le 10 juin
2009.
"En engageant la Chine sur un
grand éventail de défis, nous aurons des discussions franches sur des
questions où il y a des désaccords, dont les Droits de l'Homme, le
Tibet, la liberté de religion et la liberté d'expression" a dit M.
Campbell dans une réponse écrite à une question.
Il soutient que la "promotion
des droits de l'homme est un aspect essentiel de la politique étrangère
américaine" et il a ajouté que le Président Obama et la Secrétaire
d'Etat Clinton avaient tous les deux soulevé leurs inquiétudes à propos
des Droits de l'Homme et les questions tibétaines lors de leurs réunions
respectives avec les dirigeants chinois.
"Nous ne répugnerons pas à
chercher des occasions de soulever franchement avec les dirigeants
chinois nos inquiétudes sur la mauvaise situation des Droits de l'homme
au Tibet. Le Président Obama et la Secrétaire d'Etat Clinton ont discuté
des problèmes tibétains avec les responsables chinois au plus haut
niveau, et moi je ferai de même" dit Campbell qui devrait être confirmé
rapidement dans son poste par le Sénat.
Campbell est le premier
responsable haut placé du Département d'Etat à se présenter devant le
comité qui sera responsable des questions qui, dans leur ensemble,
formeront la politique américaine sur le Tibet, dit dans un rapport sur
son site web la Campagne Internationale pour le Tibet, un groupe de
pression qui soutient le Tibet à Washington.
D'après ce rapport, le
Secrétaire Adjoint de la démocratie, des droits de l'homme et du
travail, le Secrétaire Adjoint de la population, des réfugiés et de la
migration, l'ambassadeur américain en Chine, et le coordinateur spécial
des affaires Tibétaines sont tous des membres clés de l'équipe de
politique du Département d'Etat et devraient être en place dans les
semaines à venir.
Dans sa déclaration, Campbell a
également dit que le gouvernement américain continuerait à promouvoir le
dialogue positif entre les responsables chinois et tibétains dans le but
d'atteindre résultats significatifs sur le Tibet.
"De la même manière, nous
encouragerons aussi les Tibétains à poursuivre le dialogue avec les
Chinois et à identifier des domaines où des améliorations substantielles
dans la vie des Tibétains peuvent de manière réaliste être
atteintes."
Cette administration considère
que les discussions entre le gouvernement chinois et les représentants
du Dalaï Lama sont essentielles pour résoudre les tensions de longue
date dans les régions tibétaines de la Chine, et pour protéger
l'identité ethnique, culturelle et religieuse du peuple tibétain. "
Nous continuerons à nous
concentrer sur la promotion du dialogue positif qui vise à atteindre des
résultats significatifs", dit-il.
Répondant à la déclaration de
Campbell, Todd Stein, directeur des relations avec le gouvernement de la
Campagne Internationale pour le Tibet, a dit : "L'attente des 'résultats
significatifs' fait écho aux déclarations récentes du président Obama,
de la secrétaire d'état Clinton et de la présidente de la Chambre des
représentants Pelosi, qui donnent une haute priorité pour le Tibet et un
sentiment que les discours ne suffiront pas pour satisfaire une nouvelle
équipe présidentielle qui recherche des preuves de progrès sur le Tibet
et qui est prête soutenir les moyens de l'obtenir. Le langage sans
ambiguïté de ces déclarations devraient être ainsi entendu par le
gouvernement chinois".
Les discussions entre les
représentants du Dalaï Lama et Beijing se sont arrêtées après que Pékin
a reçu avec dérision le "Mémorandum sur l'Autonomie Véritable pour le
Peuple Tibétain" soumis par les Tibétains lors de la huitième session de
discussions en octobre 2008.
La Chine continue d'insister
sur le fait que la porte est toujours ouverte pour les
discussions.
Cependant, du côté tibétain, on
dit que les chinois n'ont pas été sincères dans les discussions qui ont
eu lieu depuis 2002, et on prétend que le gouvernement de Pékin a rejeté
le mémorandum proposé sans donner d'explications juridiques ou
raisonnées.
Le Groupe de Travail pour le
Tibet, une organisation mise en place en 1999 principalement pour aider
les représentants du Dalaï Lama dans leurs discussions avec les
représentants du gouvernement chinois, se serait réuni récemment à
Dharamsala, le siège du gouvernement tibétain en exil, pour réfléchir
sur des façons de briser l'impasse et reprendre les discussions avec les
responsables chinois.
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Une ONG chinoise remet en cause la version
officielle sur la révolte tibétaine de
2008
Samedi 13 juin 2009 - LE MONDE -
Correspondant à Shanghaï Plus d'un an après les
manifestations qui ont secoué Lhassa en mars 2008, une organisation non
gouvernementale (ONG) chinoise ose prendre à revers la thèse officielle
et simpliste sur les événements, en publiant les résultats d'une enquête
d'un mois sur le terrain, dans la province du Gansu, près de Xiahe et
Hezuo, ainsi qu'au Tibet même, à Lhassa et Haidong.
Rédigé par quatre chercheurs pour le compte de l'ONG
Gongmeng (ou Open ConstitutionInitiative), un tel rapport, qui soulève
des questions taboues en Chine, aurait difficilement pu voir le jour
s'il n'avait pas été le fait deChinois Hans (population majoritaire en
Chine), oeuvrant sous couvert de recherches universitaires.
Gongmeng, fondée en 2003, n'est
autre que la plate-forme des "avocats des droits de l'homme". Plusieurs
de ses membres ont par ailleurs entrepris ces derniers mois de défendre
des Tibétains accusés de divers crimes suite aux troubles de 2008, non
sans s'exposer au harcèlement policier.
Intitulé "Rapport d'enquête sur
les causes sociales et économiques de l'incident du 14 mars dans les
zones tibétaines" - ce jour-là, ont eu lieu au Tibet les plus
importantes manifestations depuis celles de 1989 à Lhassa -, le texte
d'une quarantaine de pages annonce très vite la couleur : au-delà des
prétendus "facteurs externes" qui ont contribué à échauffer les esprits
au Tibet en 2008, les auteurs notent combien ils ont ressenti, sur
place, "le mécontentement populaire et la colère qui se cachaient
derrière les incidents, et la complexité de leurs causes
sociales".
Il serait vain, expliquent-ils
en substance, de faire l'économie d'un débat "autour des causes
historiques de ces contradictions", des "questions de sentiment
religieux et d'identité ethnique"ainsi que de "la réalité profonde des
problèmes de conflits d'intérêts" au coeur de ce mécontentement. Ils
s'en prennent ouvertement à la "surexposition de la violence du 14 mars
par la propagande" à travers les médias, qui n'a conduit qu'à "attiser
les rancoeurs entre Hans et Tibétains".
En s'intéressant à l'entreprise
de modernisation du Tibet par le gouvernement chinois, l'enquête révèle
les limites des politiques de "développement rapide" lancées dans les
années 1990, qui ont en réalité "créé les bases d'une marginalisation
accrue" des Tibétains. Ce sont "les nouveaux venus, les Non-Tibétains,
qui sont les premiers à bénéficier (de la) stratégie de chances pour
tous" à Lhassa et ailleurs, soulignent les
auteurs.
Surtout, "une nouvelle
aristocratie" s'est substituée à l'ancienne. A la tête de "ressources
sociales complexes", elle est "plus puissante que l'ancienne
aristocratie" et a adopté des "pratiques rentières". Son pouvoir
provient "d'une source de légitimité externe", le gouvernement central,
ce qui accroît l'aliénation de la population. Le prétexte du "maintien
de la stabilité", les"accusations de séparatisme", ou "de forces
étrangères" masquent comme "un cache-sexe les erreurs de gestion (des
dirigeants locaux) justifiant la répression du mécontentement
populaire", lit-on.
L'extrême indigence des
politiques culturelles et éducatives en langage tibétain a contribué,
constatent les auteurs, à créer une jeunesse tibétaine désoeuvrée et
ignorante de sa propre histoire culturelle.
Enfin, le rapport considère que
le "bouddhisme tibétain", qui "est à la base du système et de la culture
traditionnelle tibétaine, non seulement ne devrait pas être considéré
comme un obstacle à la modernisation mais plutôt comme une base sur
laquelle il faut compter pour la promouvoir".
L'enquête de Gongmeng est bienvenue dans le contexte
d'omerta qui règne autour de la question tibétaine en Chine : de source
chinoise et indépendante, elle confirme et nourrit la plupart des
problèmes exposés par les ONG tibétaines en exil.
Accessible en ligne, sa
diffusion reste toutefois confidentielle - aucun média chinois n'en a
encore fait l'écho. Mais elle a tout lieu de ne pas passer inaperçu à
Pékin. "Le but est de proposer des idées constructives au gouvernement.
Il est indispensable d'avoir des voix plurielles lors d'un événement
aussi complexe que celui du 14 mars", confie, à Pékin, Zhang Boshu,
professeur à l'Académie des sciences sociales. Proche de Gongmeng, il
est l'auteur, en 2008, d'un texte corrosif sur le rôle historique du
Parti communiste du Tibet.
"Le problème du Tibet est avant
tout une question des droits de l'homme. Mais ce n'est pas que cela. Les
violations des droits de l'homme sont un effet, et non une cause. La
cause du problème du Tibet, c'est un système dictatorial irrationnel", y
écrit-il.
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Chamdo : la campagne de boycott agricole
sévèrement réprimée
Jeudi 18 Juin 2009 - Tibet de
Facto
Un Tibétain blessé par balle et
trois autres grièvement blessés à Chamdo dans l'est du Tibet lors d'une
opération contre la campagne de boycott agricole en cours dans la
région.
Au cours de la répression, un
dénommé Tsering a été touché par une balle et deux autres Tibétains,
Paga et Lhadar, ont été emportés par la police après avoir été gravement
battus et blessés à coups de matraques. Un autre, nommé Samga, a lui été
frappé à coups de crosse. D'après les sources, tous ces événements se
sont déroulés fin mai dans le district de Jomda, Préfecture de Chamdo,
Région Autonome du Tibet (RAT).
Ces mêmes sources précisent que
les forces de sécurité chinoises ont également arrêté des manifestants
dont certains font partie du personnel des monastères de Vara et Jobhu
dans le district de Jomda.
Tous les détenus ont plus tard
été relâchés à l'exception de trois personnes?: Sonam Palmo (dit Sopal)
Lobsang Palden et Yeshe Dorjee, accusés d'être les meneurs de cette
campagne de boycott agricole.
Plusieurs lamas en retraite de
deux autres monastères de la région ont également été sévèrement frappés
par les forces de sécurité chinoises au cours de descentes nocturnes.
Le monastère de Gyune a été
assiégé et encerclé par les forces armées et 8 de ses lamas en retraite
ont été battus lors d'un raid de nuit. Même scénario pour des lamas du
monastère de Palchen, eux aussi battus.
Des campagnes de boycott
agricole similaires ont également eu lieu à différents endroits dans la
préfecture de Kardze (Ch: Ganzi) dans la province du Sichuan depuis mars
dernier.
Le TCHRD (Tibetan Center for
Human Rights and Democracy) dit que ce mouvement de désobéissance civile
symbolique est mené par les habitants de ces régions afin de défier la "
politique répressive qui prévaut, initiée et mise en œuvre par les
autorités chinoises contre les Tibétains ".
Le TCHRD avait déjà rapporté
que les autorités chinoises avaient averti par voie d'affiches les
paysans tibétains des sérieuses conséquences encourues, pouvant aller
jusqu'à la confiscation des terres, par ceux qui refuseraient de
reprendre leurs activités agricoles.
Depuis, les autorités chinoises
de Kardze ont mené une opération " arrestations et passages à tabac "
contre les paysans continuant de défier l'ordre donné de cultiver leurs
terres.
Selon le TCHRD, beaucoup des
jeunes de Kardze ont été arrêtés et mis en détention par les autorités
chinoises après avoir participé aux manifestations de l'an
dernier.
Pour le TCHRD, " même si les
gens de Kardze désiraient labourer les terres, il n'y a presque plus de
main-d'œuvre disponible ".
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Le Dalaï lama remet une kata à
Bertrand Delanoë en symbole de respect, dimanche 7 juin à
Paris.
Nouvelle tentative d'ingérence de la RPC dans les
affaires intérieures françaises... La Chine appelle la ville de
Paris à "rectifier ses erreurs"
Mardi 9 juin 2009 - AFP et Aujourd'hui la
Chine La Chine a fermement condamné lundi la remise
la veille par Paris du titre de "citoyen d'honneur" au dalaï lama,
estimant qu'il s'agissait d'une "grave ingérence" dans les relations
sino-françaises.
La remise de cette distinction
dimanche au chef spirituel des Tibétains par le maire socialiste de la
capitale française, Bertrand Delanoë "ne pourra que porter atteinte aux
relations de Paris avec les municipalités chinoises concernées et
constitue une grave ingérence dans les relations sino-françaises", a
indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué faxé à
l'AFP.
Ce titre de "citoyen d'honneur"
de Paris avait été décerné en mars 2008 par les élus de la
ville.
Les autorités chinoises, qui
accusent le Dalaï lama de rechercher l'indépendance du Tibet, ce qu'il
récuse, avaient par avance protesté, début mai, contre cette cérémonie.
"Ignorant l'opposition de la Chine, la ville de Paris a accordé au dalaï
lama le prétendu titre de citoyen d'honneur, nous exprimons notre fort
mécontentement et notre opposition déterminée à cet égard", déclare le
ministère dans son texte, rappelant les "graves difficultés" récentes
entre la Chine et la France en raison du Tibet.
Pékin appelle la ville de Paris
"à cesser toutes ses ingérences sans exception, à adopter des mesures
sincères et efficaces, à rectifier ses erreurs et à éviter de s'enfoncer
dans la voie de l'erreur".
Dimanche, le maire de Paris
avait expliqué ne vouloir "ni pratiquer d'ingérence dans les affaires
chinoises, ni même prôner l'indépendance du Tibet, ce que nous n'avons
jamais fait".
Le maire PS de Paris Bertrand
Delanoë a affirmé lundi "ne pas négliger la réaction des dirigeants
chinois" qui ont condamné la remise dimanche par Paris du titre de
"citoyen d'honneur" au dalaï lama, tout en soulignant que la ville "ne
fait pas la politique étrangère de la France". "Je ne néglige pas la
réaction des dirigeants chinois. Je m'y attendais un peu", a-t-il
souligné lors d'un déjeuner de presse en marge du conseil de Paris,
après la vive réaction de Pékin à la remise de ce titre, décerné en mars
2008 par les élus de la Ville.
"Paris doit se situer du point
de vue des valeurs, mais Paris ne fait pas la politique étrangère de la
France", a-t-il souligné, précisant: "Je n'ai subi absolument aucune
pression de l'Elysée ou du Quai d'Orsay".
"Je n'ai jamais été pour
l'indépendance du Tibet, je ne suis pas bouddhiste. Je prends des
positions liées aux valeurs de Paris et à mes convictions profondes. Je
ne prétends pas régenter le monde", a redit lundi Bertrand Delanoë,
après des propos similaires la veille.
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La RPC
trompe tout le monde...
Dalaï-lama
à Paris : profil bas sous la pression de la Chine
Lundi 8 juin 2009 - Pierre Haski -
Rue89 En visite en France, le Dalaï-lama a estimé que "la
Chine trompe tout le monde, y compris les hommes politiques français" qui,
à part Betrand Delanoë, n'ont pas souhaité le rencontrer. Le prix à payer
pour la réconciliation franco-chinoise.
Le Dalaï lama a une grande capacité à rire de tout, y
compris de ce qui semblerait à première vue négatif pour lui. Dimanche matin, à
Paris, lors d'une visite en demi-teinte, il a fait remarquer à quelques
journalistes, dont Rue89, que "la Chine trompe tout le monde, y compris les
hommes politiques français", partant dans un éclat de rire aussi communicatif
qu'intrigant. S'il y a une chose dont le chef spirituel des
bouddhistes tibétains peut rire, c'est effectivement les embarras que sa visite
suscite dans le monde politique français ! Nicolas Sarkozy et le gouvernement
prennent bien soin de faire savoir qu'ils n'auront aucun contact avec le Dalaï
lama lors de son séjour, et même le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui
l'avait invité pour lui remettre sa médaille de "citoyen d'honneur" de la
capitale française décerné l'an dernier en pleine crise tibétaine, le reçoit
dimanche en catimini, sans tapage, comme s'il regrettait son geste passé.
Il est vrai qu'entre temps, la Chine a piqué une grosse
colère contre la France après la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le leader
tibétain en Pologne, annulant un sommet sino-européen sous présidence française,
et pénalisant les entreprises françaises dans l'attribution des contrats.
Dimanche, en piqure de rappel, des étudiants chinois en France manifestaient à
Paris contre la venue du dalaï lama risquant d' "endommager la relation
franco-chinoise, qui vient de sortir d'un époque difficile"…
"Victoire" diplomatique chinoise
La réconciliation franco-chinoise s'est en effet faite sur
le dos du Dalaï lama : même s'il ne l'admet pas, Nicolas Sarkozy a dû promettre
à Pékin de ne plus rencontrer ce "diable en habit de moine", selon la
terminologie du Parti communiste chinois… Le communiqué commun franco-chinois
d'avril dernier a été présenté à Pékin comme une grande victoire diplomatique.
Le Dalaï lama ne s'en formalise pas en apparence. Il confiait
dimanche matin à un petit groupe de journalistes français invités à le rencontrer
dans un palace parisien que l'enjeu de sa visite n'étant pas diplomatique
mais spirituel - il prononçait dimanche après midi une conférence
sur "éthique et société" à… Bercy ! -, cette absence de contacts politiques ne
le chagrinait pas. Et il considère toujours Nicolas Sarkozy comme "un ami du
Tibet".
Pourtant, à
y regarder de plus près, Nicolas Sarkozy aurait des raisons de considérer
que le compte n'y est pas au Tibet, par rapport à sa demande publique,
l'an dernier, de voir reprendre le dialogue entre Pékin et les émissaires
du dalaï lama. Ce dialogue a certes repris à la veille des Jeux olympiques
de Pékin, mais a vite tourné court : "Après les événements de mars 2008,
on pouvait espérer une approche plus réaliste de la part du gouvernement
de Pékin. Mais cela ne s'est pas produit. Toute leur politique est basée sur l'hypocrisie, à
tous les niveaux. (…) Il n'y a rien à attendre du gouvernement chinois,
je n'ai pas beaucoup d'espoir. Il peut toujours changer d'avis, mais je n'y crois
pas. Mais je garde confiance dans le peuple chinois."
Le Dalaï lama sait pertinemment que si la mobilisation
internationale autour du Tibet est importante pour sa cause, elle n'a que peu
d'influence sur la Chine en raison du rapport de force qui a basculé en faveur
de Pékin, à mesure que le poids économique et diplomatique chinois montait.
Dalaï-lama : "L'esprit tibétain ne sera jamais
brisé" S'il reste optimiste, c'est parce
qu'il est convaincu que "l'esprit tibétain ne sera jamais brisé". Il souligne
que trois générations de Tibétains se sont confrontés au pouvoir chinois. Celle
des années 50 qui a été brisée par le pouvoir maoiste ; celle des années 80 qui
a fait face à la répression des manifestations de 1987-88 ; et enfin la nouvelle
génération qui a explosé l'an dernier, même s'il suggère que les violences de
Lhassa le 14 mars 2008 auraient pu être organisées par le pouvoir chinois.
"Les dirigeants chinois devraient savoir que tous les vingt
ans, ils ont face à eux une nouvelle génération déterminée. Ils devraient savoir
que sans une approche plus réaliste, d'autres manifestations suivront. Ce n'est
dans l'intérêt de personne".
A moins que, comme il l'admet
lui-même, "ils attendent ma mort" ! Et d'éclater de nouveau de rire… A 74
ans, le chef exilé des Tibétains réfléchit en effet à sa succession pour
ne pas laisser Pékin en profiter pour semer la confusion parmi son peuple.
La succession des dalaï lama répond en effet à des rituels très stricts
liés à la "réincarnation" et le pouvoir chinois a déjà prouvé dans celle
du panchen lama, le "numéro deux" de la hiérarchie tibétaine, qu'il était
capable de s'immiscer dans un processus religieux complexe.
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Source France Tibet
Réincarnation de son vivant ?
Le dalaï lama a confirmé dimanche qu'il réfléchissait,
avec les autres chefs spirituels tibétains en exil en Inde, à désigner de
son vivant l'enfant qui devra "accueillir" sa réincarnation après sa mort.
Une procédure qui, selon lui, n'est pas étrangère à la tradition
tibétaine, même si elle peut sembler contradictoire avec l'idée même de
"réincarnation". Il est certain que Pékin s'opposera à ce choix et tentera
d'imposer une alternative.
Pour l'heure, le dalaï lama reste le porte drapeau de la
cause tibétaine et reste une épine pour le géant chinois. On conscoit bien
que Pékin mise beaucoup sur sa disparition au plus vite. Fort de son aura
spirituelle, il parvient à remplir un stade comme Bercy pour écouter ses
enseignements spirituels et a développé un discours "universel" qui
s'adresse aussi aux non-croyants, ou aux non-bouddhistes.
De ce point de vue, quel que
soit le jugement que l'on porte sur son action, le dalaï lama a
assurément pris un ascendant moral sur ses ennemis de Pékin, qui l'emportent toutefois au
"nombre de divisions", comme disait Staline en parlant du Vatican… Le profil bas des
officiels français dimanche en est le signe le plus sûr
!
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Le Dalaï-lama accuse la Chine
d'avoir orchestré les émeutes de mars
2008
Dimanche 07
juin 2009 - LEXPRESS.fr
Le chef spirituel en exil
des Tibétains, de passage dans la capitale, a été fait "citoyen
d'honneur" de la ville de Paris.
Le Dalaï-lama, chef spirituel
en exil des Tibétains, a évoqué dimanche à Paris une "orchestration" par
la Chine des émeutes de mars 2008 au Tibet et une campagne pour le
discréditer, peu avant de recevoir le titre de "citoyen d'honneur" de la
ville de Paris.
"On a eu des témoignages selon
lesquels trois camions de Tibétains qui étaient inconnus ont été amenés
le 14 (mars) au matin. On soupçonne une orchestration", a affirmé le
Prix Nobel de la Paix à quelques journalistes.
"Les Chinois ont dit que tout
avait commencé le 14 mars au matin et en fait on sait très bien que ça a
commencé le 10 après-midi mais que la police et l'armée ne sont pas
intervenues", a-t-il ajouté en tibétain traduit par son interprète
officiel en France, Matthieu Ricard.
De même, en février 2006, lors
d'une rencontre entre des envoyés du Dalai-lama et des officiels
chinois, ces derniers "ont reconnu qu'ils acceptaient le fait que le
Dalai lama ne demandait pas l'indépendance (du Tibet). Mais quelques
mois plus tard, il y eu une intensification de la dénonciation du
Dalaï-lama comme étant un séparatiste", a traduit Matthieu
Ricard.
Le Dalaï lama qui multiplie les
rencontres avec les Chinois à l'étranger depuis un an, leur explique,
comme il l'a fait samedi à Paris, "qu'il n'a pas confiance dans le
gouvernement totalitaire chinois mais qu'il fait confiance au peuple
chinois", a expliqué à l'AFP Matthieu Ricard.
"Il veut contrer la propagande
de Pékin qui tend à monter les Chinois contre les Tibétains et ramener
de bonnes relations entre les deux ethnies", explique Marie Holzman,
présidente de l'association Solidarité Chine, proche des dissidents
chinois, qui a organisé la rencontre entre le Dalai-lama et un groupe de
Chinois.
La Chine avait accusé le
Dalaï-lama d'avoir fomenté des émeutes anti-chinoises en mars 2008 pour
saboter les jeux Olympiques de Pékin, et l'accuse de séparatisme. Lui
dément, et affirme qu'il prône seulement une large autonomie culturelle
et spiriturelle du Tibet.
Samedi, le Dalaï lama avait
dénoncé, à son arrivée à Paris, la "condamnation à mort" dont est
victime la "nation tibétaine", en raison de la "politique dure" de
Pékin.
Dimanche après-midi, il devait
donner une conférence de deux heures sur le thème de "l'Ethique laïque"
au Palais-Omnisport de Bercy où des milliers de fidèles étaient
attendus.
"Mon engagement c'est la
promotion des valeurs humaines. Je décris ces valeurs comme [l'éthique
laïque] ce qui signifie le respect de toutes les origines, de toutes les
religions", a-t-il expliqué en anglais.
Le Dalaï lama devait se rendre
ensuite à la mairie de Paris en fin d'après-midi pour recevoir son titre
de citoyen d'honneur pour lequel il s'est dit "honoré". Décernée en
2008, la distinction lui sera remise par le maire de Paris Bertrand
Delanoë, membre de l'opposition socialiste à Nicolas
Sarkozy.
En dépit des foudres de Pékin,
qui avait qualifié l'octroi de ce titre d' "ingérence dans les affaires
intérieures chinoises", M. Delanoë a maintenu le rendez-vous, affirmant
qu'il n'entendait pas renoncer à ses convictions.
Cette visite intervient à un
moment délicat des relations entre la France et la Chine qui se
remettent à peine de quatre mois de "brouille" consécutifs précisément à
une rencontre en décembre en Pologne entre le président Nicolas Sarkozy
et le Dalaï-lama, qui avait ulcéré la Chine. Aucun rendez-vous avec le
gouvernement n'est prévu lors de cette visite de deux jours à Paris du
chef tibétain.
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Le Dalaï-Lama à Paris, une visite
embarrassante
Vendredi 5 juin 2009 - LEMONDE.FR - Hélène
Franchineau
Programmée le même week-end que les élections
européennes et la finale de Roland-Garros, la visite du dalaï-lama en
France, les 6 et 7 juin, pourrait presque passer inaperçue. Surtout
depuis que la France et la Chine se sont officiellement réconciliées,
reléguant à l'arrière-plan leur différend autour du Tibet. Après une
conférence à Bercy sur le thème "l'éthique et la société", le dalaï-lama
recevra une médaille de citoyen d'honneur des mains du maire de Paris,
Bertrand Delanoë. Le Dalaï-lama avait été fait citoyen
d'honneur de la Ville de Paris le 21 avril 2008, au moment où les
relations franco-chinoises connaissaient un sérieux refroidissement en
raison des positions françaises concernant le chef spirituel des
Tibétains. Quelques mois plus tard, en décembre, le président de la
République, Nicolas Sarokzy, l'avait rencontré, provoquant l'ire de
Pékin. Mais depuis une entrevue entre le président français et son
homologue chinois Hu Jintao, le 1er avril, l'ardoise semble effacée. Un
voyage en Chine du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer,
y aura aidé. Ce qui n'a pas empêché Pékin, dans un communiqué publié le
7 mai, d'exprimer à nouveau sa forte opposition à la venue du chef
spirituel dans la capitale, appelant Paris à "ne plus commettre
d'erreurs au sujet du Tibet".
Le Dalaï-Lama " mérite un meilleur accueil
" dixit Lionnel Luca
Le député UMP Lionnel Luca, président du groupe
d'études sur le Tibet à l'Assemblée nationale, déplore que l'événement
n'intéresse plus personne.
"Ce n'est pas un enjeu pour les médias, car il tombe
après les Jeux olympiques et les vingt ans de la répression sur la place
Tiananmen." Du côté de la Mairie de Paris, l'équilibre est délicat. Sur
l'agenda de M. Delanoë, disponible en ligne, on ne trouve aucune mention
de la cérémonie censée commencer dimanche à 17 heures. L'entourage du
maire explique qu'elle sera organisée en petit comité. Les groupes UMP,
centriste et communiste au conseil municipal ont pour leur part annoncé
leur intention de boycotter la rencontre. Jean-François Lamour,
président du groupe UMP au conseil municipal, s'interroge en effet sur
"l'opportunité d'un tel événement" alors que les relations entre les
deux pays commencent à s'améliorer.
"Cet état de choses reflète la situation de la
diplomatie en France : on ne sait pas sur quel pied danser.
L'autocensure envers la Chine s'exerce à fond", déplore la sinologue
Marie Holzman, qui participera à la rencontre entre le Dalaï-lama et la
communauté chinoise de Paris. Lionnel Luca regrette pour sa part que le
chef spirituel des Tibétains reçoive un accueil aussi ambigu : "Le
Dalaï-lama n'est pas un repris de justice, c'est un Prix Nobel de la
paix. Il mérite un meilleur accueil."
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Contre toute tentative d'ingérence de la Chine
dans les affaires intérieures
françaises... A chacun son drapeau :
une haie d'honneur demain rue de Rivoli pour le
Dalaï-lama
Dimanche 7
juin 2009 - France Tibet
L'idée lancée par l'association
"France-Tibet" et reprise par nombre de groupes de soutien au Tibet qui
doivent se réunir lundi, à l'invitation du Dalaï-Lama et du Bureau du
Tibet, consiste à faire rue de Rivoli une haie d'honneur au Dalaï-lama
avec les drapeaux tibétains à la sortie de sa conférence à Bercy demain
dimanche.
Pour honorer d'une part le prix Nobel de la paix,
citoyen d'honneur de la Ville de Paris, guide spirituel et leader
politique du Peuple tibétain.
Pour souligner d'autre part l'opposition nette et
massive de l'opinion publique française à toute tentative d'ingérence de
la Chine dans les affaires intérieures européennes ou
françaises. Dans un communiqué l'association France Tibet
indique notamment : "Pour que l'on n'oublie pas le Tibet et tous les
drames qui s'y déroulent actuellement, pour obliger les médias à un
minimum de couverture de cette " cérémonie ", pour montrer au
gouvernement de la République Populaire de Chine, que nombre de citoyens
français n'ont pas l'intention de fermer les yeux sur ce qui se passe au
Tibet, mais bien au contraire de poursuivre le soutien pour la
revendication d'un Tibet autonome, nous vous invitons à rejoindre dès la
sortie de la conférence de Bercy, la rue de Rivoli au plus près de
l'Hôtel de Ville. A l'intérieur de Bercy, en fin de conférence, comme à
Nantes, nous saluerons le Dalaï-lama avec nos drapeaux du Tibet, et avec
ces mêmes drapeaux nous nous déploierons le long de la rue de Rivoli
pour une haie d'honneur la plus longue possible.
A Pékin, la place Tian' an Men a été bouclée le jour
anniversaire du massacre de sa jeunesse étudiante. Le rêve du
gouvernement chinois serait sans doute de baillonner la presse à Paris
et que cet hommage passe inaperçu."
Une
position similaire a été adoptée par de nombreux groupes de soutien au
Tibet dont ceux du sud-est et du sud-ouest . Ces groupes qui en dehors
de la conférence de Bercy doivent se retrouver lundi pour une réunion de
coordination [le 2e vice-président de TVD, Benoît
L'HUILLIER, y représentera l'association]
, appellent ainsi chacun à
rejoindre avec son drapeau dès la sortie de la conférence ou au plus
tard à 17 h, la rue de Rivoli au plus près de l'Hôtel de Ville
(métro ligne 14) .
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Hillary Clinton veut que
Pékin rende publics
les noms des victimes
Mercredi 3 Juin 2009 - Le Monde
A la veille de
l'anniversaire de la répression des manifestations de Tiananmen, la
secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé le régime
chinois à publier les noms des personnes tuées, disparues ou arrêtées il
y a vingt ans.
"Des centaines de milliers de
manifestants étaient descendus dans la rue pendant des semaines à Pékin
et dans l'ensemble du pays, tout d'abord pour honorer la mémoire du
dirigeant réformiste disparu Hu Yaobang, puis pour exiger les droits
fondamentaux qui leur étaient refusés", a rappelé la chef de la
diplomatie américaine.
A ses yeux, "une Chine qui a
fait d'énormes progrès économiquement et qui est en train de trouver sa
juste place au premier plan sur la scène internationale devrait examiner
ouvertement les pages sombres de son passé et publier le décompte de
ceux qui ont été tués, arrêtés ou ont disparu".
Aucun décompte définitif des
manifestations dans la capitale chinoise n'existe. Des centaines,
peut-être des milliers de personnes auraient été tuées le 4 juin 1989.
Le 30 juin 1989, un rapport de la mairie de Pékin avait fait état de
"dizaines de militaires morts, six mille membres des forces de l'ordre
blessés, plus de trois mille civils blessés et plus de deux cents morts
dont trente-six étudiants".
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Droits
de l'homme :
des réfugiés tibétains
interpellent l'ONU à Genève
Mardi - 2 Juin 2009 -
Romandie News
Une centaine de manifestants
tibétains ont demandé à l'ONU d'envoyer une mission d'enquête au Tibet
et de faire annuler des condamnations à mort prononcées par Pékin. Ils
ont lancé cet appel à l'ouverture d'une session du Conseil des droits de
l'homme.
Parti le 25 mai de Berne, un groupe de marcheurs de
la communauté tibétaine en Suisse s'est joint à la manifestation sur la
place des Nations, devant le siège de l'ONU. Les Tibétains ont alterné
prières et discours et condamné les "détentions arbitraires" au
Tibet.
Dans un mémorandum transmis au bureau de la Haut
Commissaire aux droits de l'homme Navi Pillay, la communauté tibétaine
de Suisse lui demande d'intervenir pour exiger de la la Chine qu'elle
annule les condamnations prononcées le 8 avril dernier à Lhassa contre
quatre militants. Lobsang Gyaltsen et Loyak ont été condamnés à mort et
Gangtsu Tenzin Phuntsog et Penkyi à la prison à vie.
Dans sa pétition, la communauté tibétaine de Suisse
demande à la Haut Commissaire et au Conseil des droits de l'homme de
"censurer la Chine". Elle souhaite l'envoi immédiat d'une commisison
d'enquête internationale indépendante au Tibet, l'autorisation d'un
accès sans entraves, notamment pour la presse, au territoire et la fin
des "exécutions brutales" de militants tibétains.
Le Conseil des droits de l'homme a entamé une
session régulière de trois semaines, consacrée à la discussion des
rapports de plusieurs experts de l'ONU. Les nouveaux pays membres élus
le 12 mai par l'Assemblée générale de l'ONU, dont les Etats-Unis,
n'assumeront leur nouveau rôle qu'à la fin de cette session, le 19
juin.
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Les
figures clefs de la confrontation
sur la
place Tiananmen en 1989
Mardi 02 juin 2009 - NOUVELOBS.COM
Voici les principales figures qui ont marqué le mouvement
prodémocratique de 1989 en Chine...
Les politiques :
Li Peng : le boucher de
Pékin Premier ministre et principal
opposant au secrétaire général du Parti Zhao Ziyang's - ce dernier étant
contre la répression militaire du mouvement prodémocratique -, Li Peng
fut considéré comme "le boucher de Pékin". Il est vu comme celui qui
persuada Deng Xiaoping que les étudiants menaçaient le régime. Il se
retira en 2002 et vit toujours à Pékin.
Chen Xitong : la repression + la
corruption Maire de Pékin en 1989, il
soutint la répression militaire. En 1995, il fut démis de ses fonctions
et écopa de 16 ans de prison pour corruption. Mais les observateurs
voient plutôt dans son emprisonnement le résultat de rivalités
politiques. Il fut libéré en 2006.
Deng Xiaoping : l'ordre à l'Armée de
tirer c'est lui En 1989, il était l'homme fort du régime.
Président de la Commission militaire centrale et père des réformes économiques,
il fit pencher la balance en imposant la manière forte et ordonna que l'armée
tire sur les manifestants après sept semaines de paralysie du
pouvoir. Zhao
Ziyang et Hu Yaobang :
les honnêtes hommes
Quand s'est déclenché le "Printemps de Pékin", Zhao Ziyang était
secrétaire général du Parti communiste et partisan du dialogue. Le 19 mai 1989,
il se rendit à Tiananmen, exhortant, en pleurs, les étudiants à quitter la
place. Ce fut sa dernière apparition publique. Limogé le 24 juin, il fut placé
en résidence surveillée à Pékin. Il mourut en 2005. Ses mémoires posthumes ont
été publiés en avril dernier. Il avait succédé au poste de secrétaire général du
PCC à Hu Yaobang mort le 15 avril 1989 en résidence surveillée qui de retour
d'une tournée au Tibet dans les années 80 avait jugé l'occupation chinoise au
Tibet : "ça, c'est du colonialisme à l'état pur" .
Les étudiants
:
Wang
Dan Il fut, à 20 ans, l'un des plus importants leaders étudiants
du mouvement de 1989. Il passa près de huit ans en prison avant d'être relâché
en 1998. Il s'exila aux Etats-Unis où il reprit ses études et passa une thèse
sur l'Histoire asiatique.
Wuer
Kaixi Il avait 21 ans et étudiait à Pékin au moment du "Printemps
de Pékin". Il prit part aux grèves de la faim sur la place Tiananmen et devint
célèbre en tenant tête au Premier ministre chinois Li Peng, en mai, en direct à
la télévision.
Chai
Ling Etudiante de 23 ans, elle fut baptisée la "pasionaria" des
étudiants chinois. Elle reste une figure controversée du mouvement
prodémocratique de 1989, en raison de l'obstination qu'elle montra à convaincre
les étudiants à continuer d'occuper la place Tiananmen, alors que la répression
semblait imminente. Elle s'enfuit plus tard à Paris, puis partit en exil aux
Etats-Unis. Elle y poursuivit ses études à Harvard avant de monter une société
d'informatique. > lire son témoignage dans Le Nouvel Observateur de
1989
Les intellectuels et
artistes :
Liu
Xiaobo Il fut l'un des principaux intellectuels à soutenir le
mouvement prodémocratique de 1989. Il participa aux négociations avec l'armée
pour laisser la vie sauve au dernier groupe d'étudiants qui demeurait sur la
place Tiananmen. Pour avoir combattu pour les droits de l'homme et critiqué le
Parti communiste, il a passé bon nombre de ces vingt dernières années en
prison.
Fang
Lizhi S'il n'a pas participé directement au mouvement de
Tiananmen, les idées de cet astrophysicien, expulsé du Parti communiste en 1987
pour avoir soutenu des manifestations d'étudiants, l'a inspiré. Peu après la
répression, les autorités émirent un mandat d'arrêt à son encontre. Il trouva
refuge à l'ambassade des Etats-Unis, pays où il obtint l'asile politique en
1991.
Cui
Jian Le "père du rock" en Chine vint plusieurs fois sur la place
Tiananmen et l'une de ses chansons ("Etre dans un extrême dénuement") devint
l'hymne du mouvement des étudiants.
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Nouvelle tentative d'ingérence
de la Chine
dans les affaires européennes... Pékin menace à nouveau les
pays hôtes du Dalaï-Lama
Mardi 2 juin 2009 -
NOUVELOBS.COM Une "détérioration" des relations serait le
prix à payer pour les pays qui recevront le leader spirituel tibétain,
actuellement en tournée européenne, prévient le gouvernement
chinois.
Une nouvelle mise en garde contre les pays qui
accueilleraient le Dalaï-Lama a été lancée, mardi 2 juin, par la Chine,
alors que le leader spirituel est actuellement en tournée européenne. En
cas d'accueil du chef des bouddhistes tibétains, une "grave
détérioration" des relations avec Pékin seraient la conséquence à
assumer par ces nations.
Qin Gang, le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, a annoncé aux médias que "Toute action irresponsable de
quelque pays que ce soit sur cette question représentera une grossière
ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et détériorera
gravement les relations (de la Chine) avec ces pays", a déclaré le
porte-parole du ministère des Affaires étrangères Qin Gang à la
presse.
Le Dalaï-Lama est accusé par
Pékin de demander l'indépendance du Tibet. Il est pourtant uniquement
partisan d'une large autonomie. Le leader spirituel tibétain vient de
séjourner au Danemark pendant trois jours, où il a été reçu par le
Premier ministre Lars Loekke Rasmussen.
Du 6 au 8 juin, le Dalaï-Lama est attendu dans la
capitale française, où le maire de Paris, Bertrand Delanoë, doit le
recevoir afin de lui remettre la distinction de citoyen d'honneur de la
ville, accordé l'année dernière par le conseil de la ville. Une visite
qui survient alors-même que les relations franco-chinoises commençaient
à s'apaiser. Invité par Nicolas Sarkozy après des mois de tension, le
président chinois est attendu en France avant la fin de l'année. Les
deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés début avril à Londres, en marge
du sommet du G20. La rencontre avait mis fin à une longue période de
tensions dans les relations franco-chinoises.
Lors du passage de la flamme olympique à Paris, en
2008, les manifestations pro-tibétaines avaient créé des frictions entre
les deux pays.
En réponse à un rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et
le Dalaï-Lama à Gdansk (Pologne) début décembre, le président chinois
avait annulé sa venue au sommet de l'Union européenne à
Lyon.
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Deux manifestants (frères) évadés du
Tibet
parlent des atrocités chinoises
Lundi 1er Juin 2009 - Tibet de Facto
Tsewang Dhondup, 38 ans et Lobsang Thupten,
31 ans, originaires de Tehor, (district de Dragko (Ch?: Luhuo),
préfecture autonome de Kardze (Ch?: Ganzi), province du Sichuan) avaient
participé avec des centaines d'autres personnes à une grande marche de
protestation contre les autorités chinoises dans le district de Dragko
le 24 avril 2008. En tête de cette marche, des nonnes et des moines du
monastère de Palden Chokri.
La manifestation pacifique s'était terminée par des
tirs meurtriers de la police armée chinoise, faisant au moins deux morts
et plus de dix blessés graves.
Tsewang pense qu'il y a eu probablement beaucoup
plus de victimes.
"Vers 16?h?30, le 24 mars, une grande marche
de protestation menée par environ 150 nonnes du couvent de Ngangong se
met en branle à Dragko. La marche est ensuite rejointe par des moines de
Palden Chokri et des centaines de civils, principalement des paysans",
explique Tsewang.
Les marcheurs chantaient "Longue vie au Dalaï-lama",
"Chine, quitte le Tibet", et "Retour de Sa Sainteté le Dalaï-lama au
Tibet".
"Plus tard, plus de 300 policiers chinois armés ont
ouvert le feu au hasard dans la foule. Ils ont également lancé des gaz
lacrymogènes et fait usage de cannes électriques et de matraques
métalliques pour réprimer la manifestation. Ces forces chinoises ont
frappé sans aucune retenue et sans montrer la moindre pitié."
Tsewang a été touché par deux fois en essayant
d'aider Kunga, un moine de 20 ans du monastère de Chokri, blessé par
balle.
"Alors que j'essayais de sauver la vie de kunga,
j'ai moi-même étais atteint par deux fois. Une balle tirée dans mon dos
a traversé mon corps et est ressortie devant, un peu au-dessus de ma
taille et une autre a touché mon bras gauche. Je suis tombé quasi
inconscient", raconte Tsewang tout en montrant ses mauvaises blessures
aux journalistes présents à la conférence de presse.
Son frère Thupten l'a vu tomber sous les balles.
Très vite, il réussit à le mener en sécurité à l'aide de sa moto. Konga,
le moine de 20 ans et fils de Tashi Gyaltsen, était lui déjà mort.
À partir de là, Tsewang a lutté entre la vie et la
mort tout en réussissant à ne pas être arrêté pendant un an et trois
mois.
"C'est mon frère qui a pris constamment soin de moi
alors qu'on était toujours en cavale de peur d'être arrêtés", raconte
Tsewang.
"On a même passé environ 6 mois dans une famille. On
ne pouvait pas rentrer dans notre ville vu que nos noms apparaissaient
dans la liste des personnes recherchées par le gouvernement avec une
prime entre 15000 et 20000 Yuan (1500 et 2000 €) sur chacune de nos
têtes."
"C'était vraiment un combat entre la vie et la mort
pour moi. Comme je ne pouvais pas accéder à des soins médicaux corrects,
les blessures par balle ont commencé à pourrir en se couvrant d'asticots
et de pus, ce qui provoquait des douleurs insoutenables."
"Ma santé allait tellement de mal en pis que j'ai
envisagé de mettre fin à mes jours".
"Et puis l'espoir et la détermination de voir Sa
Sainteté le Dalaï-lama et l'envie de raconter au monde extérieur les
souffrances endurées par le peuple tibétain sous l'occupation chinoise
m'ont rendu plus fort."
"Tout au long du parcours, nous avons été
généreusement soutenus par plusieurs familles. Mais je suis avant tout
éternellement redevable à mon frère Thupten."
Questionné par un étudiant américain sur ce que les
communautés afro-américaines pouvaient faire pour le Tibet, Tsewang a
lancé un appel pour que des "recherches approfondies" soient faites pour
mettre réellement en lumière le problème du Tibet.
"Je demande à la communauté internationale
de soutenir le Tibet en se basant sur la réalité de la situation et à se
dégager de l'emprise de l'information partisane émise par la puissante
machine de propagande chinoise en Chine et à travers le
monde."
"Je demande à la communauté internationale d'aider
le Dalaï-lama à retourner dans son pays, le Tibet. Vous pouvez également
aider à faire libérer les prisonniers politiques tibétains ainsi que le
Panchen-lama, celui reconnu par le Dalaï-lama."
"Les gens des médias doivent être assez courageux
pour aller au cœur des villages tibétains et dans les régions isolées
pour évaluer eux-mêmes et de manière indépendante la véritable situation
du Tibet sous l'autorité chinoise. Ils doivent entendre les vraies voix
du Tibet qui sont si bien bâillonnées par le gouvernement chinois",
insiste Tsewang.
"Le niveau de violence que nous avons dû subir de la
part des forces chinoises l'année dernière confirme ce que nous pensons
depuis longtemps. La Chine n'a aucun respect ni aucune considération
pour la vie et le bien-être des Tibétains", ajoute Tsewang avec
dédain.
"Je ne peux même pas m'imaginer comment les Chinois
ont pu infliger une telle violence à des manifestants pacifiques l'année
dernière. Après ce qu'ils ont fait au Tibet l'année dernière, je peux
seulement imaginer la quantité de ressentiment qu'éprouvent maintenant
les Tibétains envers le gouvernement chinois."
Les deux frères disent qu'ils ont quitté le Tibet
avec la "conviction et l'espoir" d'aider à soulager les souffrances des
Tibétains au Tibet.
À la conférence de presse, Tsewang et Thupten ont
été rejoints par Tsering Gyurmey et Gompo qui avaient pris part à une
manifestation similaire à Kardze l'année dernière et qui ont réussi eux
aussi à regagner l'Inde la semaine dernière.
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Six femmes tibétaines blessées
lors d'une fusillade à Tawu
Mardi 26 mai 2009 - Tibet de Facto
Au moins 6
femmes tibétaines ont été gravement blessées après que les forces de
sécurité chinoises aient ouvert le feu sur des Tibétains dans le
district de Tawu.
Dimanche 24 mai, 11 heures du matin (heure de
Pékin): la police et la police armée (la PSB et la PAP) tirent à
l'aveuglette sur des habitants des districts de Tawu et de Kardze
(préfecture autonome de Kardze).
A l'origine de cet événement, la volonté de la Chine
de construire un énorme barrage hydroélectrique entre les districts de
Nyagchu et Tawu qui implique un déplacement massif de Tibétains (des
dizaines de milliers). Alors qu'elles commencent à planifier les travaux
début 2008, les autorités chinoises contraignent les habitants du
district de Tawu à signer des documents relatifs à leur
expropriation.
Cette année, les autorités veulent commencer le
transfert des populations, ce à quoi les Tibétains s'opposent vivement,
refusant de quitter leurs terres et maisons ancestrales.
Le 5 mai 2009, le gouvernement chinois envoie un
grand nombre de policiers armés dans la région. Ils détruisent les
maisons de plusieurs familles dont celles d'Ati Gyatso Tsang et de Chego
Pezi Tsang.
Plus tôt, lors d'une réunion à laquelle les
habitants de la ville de Wara Mato ont été convoqués, les autorités font
ériger un pilier en pierre pour leur signifier leur transfert dans un
autre lieu.
Sous la conduite de Lhamo, une femme de plus de 70
ans, les habitants furieux et s'opposant fermement à cette politique de
transfert forcé, refusent de bouger et détruisent le pilier.
Le 24 mai 2009, les habitants des districts de Tawu
et de Nyagchu sont convoqués au siège du district de Tawu pour assister
à une déclaration publique à propos de leur évacuation de la région à
cause du barrage. Très vite après cette annonce, le rassemblement se mue
en manifestation que la police tente d'arrêter en lançant des gaz
lacrymogènes. L'armée ouvre le feu.
Six femmes (Tsering Lhamo, Rigzin Lhamo, Dolma,
Kelsang, Dolkar et Khaying) sont gravement blessées sans que l'on sache
si c'est mortellement ou non vu qu'elles ont été immédiatement évacuées
de force.
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Le
maire de Paris recevra
le Dalaï-Lama début
juin
Mercredi 27 mai 2009 - AFP
PARIS - Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë
recevra le Dalaï-Lama lors de sa visite en France prévue du 6 au 8 juin, a
indiqué mardi à l'AFP Laurent Fary, porte-parole du maire, confirmant des
informations de RTL.
Le porte-parole a cependant précisé qu'il n'était pas en
mesure pour le moment de "confirmer quelque date ou créneau horaire que ce
soit".
Le Conseil de Paris avait voté en 2008 pour faire du
Dalaï-Lama un Citoyen d'honneur de la capitale et le secrétaire général du
bureau du Tibet à Paris, Wangpo Bashi, avait évoqué début mai la possibilité que
le chef spirituel des Tibétains reçoive ce titre des mains de M. Delanoë lors
d'une visite à Paris prévue du 6 au 8 juin.
La Chine avait immédiatement demandé à la Ville de Paris de
cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises", assurant que ce
titre de Citoyen d'honneur décerné au chef spirituel tibétain, que Pékin accuse
de vouloir obtenir l'indépendance du Tibet, avait "soulevé une forte indignation
du peuple chinois".
"Si la municipalité de Paris remet ce titre, cela entraînera
de nouveau une forte opposition de la Chine", avait déclaré le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.
Le 11 mai dernier, M. Delanoë avait toutefois indiqué ne pas
avoir "l'intention de changer de point de vue" à ce propos, tout en affirmant
qu'il "n'est pas question d'ingérence" dans les affaires intérieures
chinoises.
"Mais il n'est pas question non plus de renoncer à mes
convictions, sans provocation", avait-il ajouté.
Le Quai d'Orsay a confirmé mardi la venue du "Dalaï-Lama
(qui) effectue une tournée européenne qui va le conduire au Danemark, en
Islande, aux Pays-Bas et en France".
"Il sera à Paris pour recevoir la distinction de citoyen
d'honneur qui lui a été attribuée en 2008", a confirmé le porte-parole adjoint
du ministère, Frédéric Desagneaux.
"Il s'agit d'une initiative prise par la Ville de Paris en
toute indépendance", a-t-il ajouté, soulignant qu'"aucune demande n'a été faite,
aucune rencontre n'est prévue avec un représentant du gouvernement
français".
"Nous considérons que la visite
du Dalaï-Lama à Paris ne doit pas avoir d'impact sur la qualité de nos
relations avec la Chine", a-t-il ajouté, alors que la France et la Chine ont
mis officiellement un terme début avril à la brouille provoquée par une rencontre
en décembre du président Nicolas Sarkozy et du Dalaï-Lama, qui avait ulcéré
Pékin.
M. Sarkozy a nié l'existence
d'un accord secret avec Pékin au terme duquel il aurait renoncé à
rencontrer le Dalaï-Lama en échange de la reprise d'un dialogue de haut
niveau avec la Chine.
Le
Dalaï-Lama vit en exil depuis 1959 dans le nord de l'Inde, à Dharamsala, et
affirme avoir renoncé à ses exigences indépendantistes au profit d'une autonomie
pour la région himalayenne.
Après l'invasion et l'occupation
par la Chine du Tibet en 1950-1951, le 14e Dalaï-Lama avait fui le 17 mars 1959
et traversé la frontière indienne le 30, près de trois semaines après le début
d'une insurrection avortée contre le régime chinois.
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Visite du Dalaï-Lama :
Bertrand Delanoë se défend de toute ingérence,
mais ne veut pas renoncer à ses
convictions
Mardi 12 mai 2009 - AFP Le maire
socialiste de Paris Bertrand Delanoë n'a "pas l'intention de changer de
point de vue" à propos du Dalaï-lama qui a été fait citoyen d'honneur de
la capitale tout en affirmant qu'il "n'est pas question d'ingérence"
dans les affaires intérieures chinoises.
La Chine a récemment demandé à la Ville de Paris de
cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises", alors
qu'il y a un an, la municipalité parisienne a décerné le titre de
citoyen d'honneur au Dalaï-lama. "J'ai reçu le Dalaï-lama il y a
quelques années (...) J'assume le vote des élus de Paris de lui accorder
la citoyenneté d'honneur. Quand lui remettrai-je? Je n'en sais rien", a
indiqué M. Delanoë lors d'un déjeuner de presse en marge du conseil de
Paris. "Il n'est pas question d'ingérence.
Mais il n'est pas question non plus de renoncer à mes
convictions, sans provocation" a-t-il ajouté.
Le secrétaire général du bureau du Tibet à Paris,
Wangpo Bashi, avait évoqué les dates d'une visite du 6 au 8 juin pour
que le chef spirituel des Tibétains, accusé par les Chinois de vouloir
obtenir l'indépendance du Tibet, reçoive son titre de citoyen d'honneur
des mains de M. Delanoë.
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Photo : VOA Tibetan
language TV relayée par Tibet de Facto
Des images de la manifestation
étudiante
à Labrang sortent du Tibet
Dimanche 10 mai 2009 - Tibet de Facto
De nouvelles images
de la manifestation réunissant lycéens et étudiants à Labrang (chinois?: Xiahe)
le 24 avril 2009 sont sorties du Tibet.
Les images confirment que plusieurs
centaines d'étudiants du collège tibétain de Labrang ainsi que plusieurs enfants
âgés d'environ une dizaine d'années ont participé à la manifestation contre la
diffamation permanente du Dalaï-lama qu'orchestrent les autorités
chinoises.
Une des images montre un groupe de
jeunes filles d'environ douze ans, presque toutes en costumes tibétains
traditionnels, en tête d'un cortège de
manifestants.
D'autres images montrent des
enfants portant des bannières apparemment " faites mains ".
Des adultes ou des étudiants
plus âgés sont également visibles ainsi que des moines (probablement du
monastère de Labrang) en arrière-plan bien qu'ils ne semblent pas
prendre part à la manifestation.
Ces photos ont été prises avant que la police n'intervienne
pour appréhender les étudiants. Sur une photo postérieure, on aperçoit en
arrière-plan des camions de l'armée.
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Des moines manifestants de Labrang s'échappent du
Tibet
Dimanche 10 mai 2009 - Tibet de
Facto
Cinq moines tibétains
recherchés par les autorités chinoises pour avoir organisé une
manifestation au monastère de Labrang en 2008 viennent de trouver refuge
en Inde.
Les cinq moines tibétains (Gendun Gyatso, Kelsang
Jinpa, Lobsang Gyatso, Jamyang Jinpa et Jigme Gyatsa) avaient réussi à
manifester contre l'oppression chinoise devant des journalistes
étrangers participant à une visite organisée et contrôlée par le
gouvernement chinois en avril 2008 au monastère de Labrang (province de
Gansu). Cette action avait eu un grand retentissement médiatique à un
moment ou de nombreuses autres manifestations se multipliaient dans la
région depuis le mois de mars. Les moines sont arrivés sains et saufs à New Delhi,
la capitale indienne, après avoir réussi à échapper aux forces
de sécurité chinoises pendant plus d'un
an.
Ayant
eu vent après la manifestation qu'ils seraient arrêtés, les cinq moines,
séparés en plusieurs groupes, se réfugient dans les collines près du
monastère.
" Nous avons vécu comme des animaux, nous déplaçant
constamment d'un endroit à un autre. Mais mieux valait ça que la prison
" déclare Gendun Gyatso.
Alors qu'ils vivent dans la clandestinité depuis
deux mois, Gyatso et ses deux amis se retrouvent un jour encerclés par
la police chinoise. Kelsang Gyatso et Jinpa arrivent à s'échapper de
nouveau mais leur compagnon est capturé et est toujours en prison.
Une évasion
conseillée
Jamyang Jinpa, l'un des moines ayant parlé aux
journalistes étrangers lors de la manifestation, dit avoir entendu
parler une première fois de leur visite à Labrang sur Radio Free Asia
diffusant une émission en dialecte de l'Amdo " Mais nous ne savions pas
la date exacte " précise-t-il.
Jinpa et ses camarades de classe du monastère, Jigme
Gyatso et Lobsang Gyatso, se sont mis alors à planifier la
manifestation, persuadés que c'était " une excellente occasion " de
faire connaître les problèmes du Tibet.
" Nous avons demandé la liberté pour le Tibet ainsi
que la libération des prisonniers politiques tibétains dont le
Panchen-lama " déclare Jinpa.
Les troupes chinoises ont encerclé le monastère de
Labrang après la manifestation ajoute Jinpa, précisant que lui et ses
amis se sont enfuis dans les collines, habillés en civil, après qu'un
lama leur ait conseillé de s'échapper.
Questionnés sur leurs intentions actuelles, Jinpa
dit qu'ils ne souhaitent qu'une chose, aller à Dharamsala, siège du
gouvernement tibétain en exil, afin de rencontrer le Dalaï-lama.
En dépit de leur évasion réussie, ils
n'éprouvent pas de satisfaction particulière " Trop de personnes
souffrent encore au Tibet " dit Jinpa.
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Tibet : un juge espagnol veut interroger des
responsables chinois
Mardi 5 mai 2009 -
NOUVELOBS.COM
Un juge espagnol souhaite interroger huit hauts dirigeants
chinois sur leur implication dans la répression tibétaine du printemps dernier.
Le ministre chinois de la Défense fait partie des "mis en
examen". Le juge d'instruction espagnol Santiago Pedraz a annoncé,
mardi 5 mai, son intention d'interroger huit hauts dirigeants chinois présumés
responsables de la répression du printemps 2008 au Tibet.
Il a indiqué avoir demandé aux autorités chinois
l'autorisation de se rendre en Chine et y interroger ces personnes parmi
lesquelles figurent le ministre chinois de la Défense, Liang Guanglie, selon un
document auquel l'AFP a eu accès.
Le juge souligne que ces responsables politiques et
militaires seront interrogés en qualité de "mis en examen", c'est-à-dire de
suspects, et non comme témoins. Leurs interrogatoires seront ensuite remis à
l'Audience nationale, tribunal espagnol dédié aux enquêtes sur les crimes de
masse commis dans le monde entier.
Répression chinoise : "un crime contre
l'humanité"
En août 2008, la justice espagnole
s'est déclarée compétente pour instruire une plainte du Comité de soutien au
Tibet (CAT) déposée à Madrid contre ces dirigeants chinois. Les plaignants
estiment que la répression des troubles au Tibet par les autorités chinoises au
printemps 2008, est constitutive "de crimes contre l'humanité par élimination
systématique et généralisée de Tibétains, de blessures graves, tortures et
disparitions forcées".
Cette répression a fait, selon eux, au moins 203 morts, plus
de 1.000 blessés graves et 5.972 arrestations illégales et disparitions. De son
côté, Pékin a assuré qu'un seul Tibétain avait été tué par les forces de
sécurité et que les émeutiers avaient tué 21 personnes lors des graves troubles
de la mi-mars 2008 au Tibet et dans les régions environnantes.
Le juge Santiago Pedraz souligne que les faits dénoncés par
la plainte, s'ils se confirment, "seraient constitutifs de crime contre
l'humanité selon la législation pénale espagnole". La justice espagnole se
reconnaît, depuis 2005, une compétence universelle pour enquêter sur les crimes
contre l'humanité, génocides, et tortures de masse commis dans le monde entier,
à condition que les faits dénoncés ne fassent pas ou n'aient pas fait l'objet
d'une enquête dans le pays concerné.
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La Chine reçoit Chirac, un "vieil
ami"
Mardi 28 avril 2009 - Aujourd'hui la
Chine
L'ancien président de la République française
Jacques Chirac, que les autorités chinoises aiment à qualifier de "vieil
ami de la Chine", a été reçu par le chef de l'Etat Hu Jintao, au début
d'une brève visite à Pékin.
M. Chirac a été reçu mardi 28 avril par M. Hu à
Diaoyutai, la résidence des hôtes étrangers, pour un entretien qui
devait être précédé d'un dîner, a constaté l'AFP. Hu Jintao l'a remercié
au début de la rencontre pour son action, alors qu'il était président,
au service de l'amitié sino-française.
M. Chirac a été invité par les autorités chinoises
pour cette visite de deux jours de caractère privé lors de laquelle il
souhaite évoquer la crise économique mondiale, le G20, l'Afrique, et
le rôle prépondérant de la Chine sur ces dossiers, a-t-on indiqué dans
son entourage.
L'ancien chef de l'Etat français devait avoir
mercredi un entretien téléphonique avec l'ex-numéro un chinois Jiang
Zemin, puis prononcer un discours à l'Institut des Hautes Etudes
Diplomatiques de Pékin, dont il sera fait docteur honoris causa.
M. Chirac doit évoquer également à Pékin les
questions que défend la Fondation Chirac qu'il a créée après avoir
quitté le pouvoir en 2007 : lutte contre la déforestation, accès aux
médicaments pour tous et sauvegarde des langues et cultures menacées.
Jacques Chirac est populaire en Chine où les
autorités le traitent souvent de "lao pengyou", vieil ami de la Chine,
un pays qu'il connaît bien.
Cette affection officielle et populaire fait
ressortir par contraste la difficulté de la relation avec son successeur
Nicolas Sarkozy, surtout depuis le passage chaotique de la flamme
olympique au printemps 2008 à Paris et sa rencontre avec le Dalaï-lama,
leader spirituel des Tibétains. Cet entretien, en décembre, avait ulcéré
Pékin et provoqué une brouille diplomatique de quatre mois, jusqu'à ce
que les deux pays signent le 1er avril un communiqué conjoint et
tournent officiellement la page.
Depuis, le chef de l'Assemblée nationale Bernard
Accoyer a fait le voyage de Pékin. Un autre ancien président français,
Valéry Giscard d'Estaing, est également attendu, fin mai, dans la
capitale chinoise.
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Chine : la mort après les JO
Suite aux condamnations à morts réaction du
député Lionnel Luca
Président du groupe d'étude sur le Tibet à
l'Assemblée Nationale
Nice 17 Avril 2009
L'agence Chine Nouvelle a révélé des condamnations à
mort prononcées à l'encontre des manifestants tibétains arrêtés l'an
dernier. Au mépris de tous ses engagements pour obtenir les JO, le
Gouvernement chinois poursuit tranquillement sa politique de répression
avec la complicité passive des démocraties qui se taisent.
En France où on aime faire du zèle, c'est le moment
qu'ont choisi des responsables politiques anciens et actuels pour se
rendre en Chine sûrement pour s'excuser du soutien du peuple français au
peuple tibétain…
L'annonce de ces condamnations à mort politique
devraient les faire renoncer à ce déplacement sauf à prendre
l'engagement d'intercéder en leur faveur.
Lionnel LUCA Président du Groupe
d'Etudes sur la question du Tibet Vice-Président
du Conseil Général des Alpes-Maritimes
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REPUBLIQUE
FRANCAISE
Communiqué du
Sénat
Paris, le 9 avril
2009
Réaction du Président du groupe d’information sur
le Tibet du Sénat au "communiqué de presse sino-français"
du 1er avril 2009
Les sénateurs membres du
groupe d’information sur le Tibet du Sénat ont pris connaissance avec la
plus grande attention du communiqué de presse rendu public le 1er avril
2009, après plusieurs réunions de consultations, par le ministère des
Affaires étrangères de la République populaire de Chine et le ministère
des Affaires étrangères de la République française, à l’occasion de la
rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et le président Hu
Jintao.
M. Jean-François Humbert (UMP –
Doubs), président du groupe d’information sur le Tibet du Sénat, formule
à propos de ce communiqué de presse sino-français les observations
suivantes :
1. La Chine et la France sont
légitimement attachées au principe de non-ingérence tel que consacré par
la Charte des Nations unies. Toutefois, la question tibétaine ne saurait
être considérée comme une affaire intérieure à la Chine, tant que 140
000 exilés politiques tibétains continueront de vivre en dehors des
frontières du Tibet, et que le flux quotidien des réfugiés tibétains
vers le Népal et l’Inde, à travers l’Himalaya, ne sera pas
tari.
2. La question du Tibet est
effectivement très importante et sensible, au premier chef pour les
Tibétains eux-mêmes. Elle est aussi sensible pour les Français et pour
leurs représentants élus, nationaux ou locaux, qui sont attachés au
respect partout dans le monde des droits humains, et notamment des
libertés politiques, d’opinion et de conscience.
3. le Tibet est
effectivement partie intégrante du territoire chinois, depuis "l’accord en
dix-sept points" signé sous la menace de la force en 1951 par les émissaires
de Lhassa avec les représentants de Pékin. Même si les Tibétains ont
une interprétation très différente de celle des Chinois sur les
relations qui ont existé entre les deux pays dans le passé, antérieurement à
la "libération pacifique" du Tibet en 1949, il est aujourd’hui inutile
de contester ce fait.
4. Depuis 1988, la
position constante et
très claire du Dalaï Lama, comme du Gouvernement tibétain en exil
à Dharamsala en Inde, a été de renoncer à l’indépendance pour demander
une véritable autonomie. Les propositions concrètes des
négociateurs tibétains pour un nouveau statut du Tibet, dans le cadre actuel de
la Constitution de la République populaire de Chine, sont exposées dans
le Memorandum pour une véritable autonomie du peuple tibétain présenté
en novembre 2008 aux négociateurs chinois.
Source : Sénat, 9 avril 2009 et
Rédaction Tibet Info (JMB)
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REPUBLIQUE FRANCAISE
Communiqué de l'Assemblée
nationale
Paris, le 3 avril 2009
"
L'ingérence dans la non-ingérence "
L'annonce d'un accord entre les
gouvernements français et chinois pour renouer des contacts ne peut que
réjouir tous ceux qui sont attachés à la défense de l'identité
culturelle et religieuse du peuple tibétain.
Affirmer que le Tibet est
partie intégrante de la Chine est également la position du Dalaï- lama ;
par contre l'affichage d'une région autonome du Tibet au sein de l'Etat
chinois reste purement virtuel et doit donc être vraiment réalisé en
étant conforme à la constitution chinoise.
Cela dit, quand le Quai d'Orsay
évoque le respect du principe de non-ingérence, a-t-il consulté son
Ministre des Affaires Etrangères avant lui qui s'était fait le hérault
de l'ingérence ?
Lionnel LUCA Président du Groupe d'Etude sur la
question du Tibet
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Jean-Pierre Raffarin se félicite
du "compromis fertile" avec la
Chine
Mercredi 8 avril 2009 - Le Monde -
Bruno Philip Pékin - Venu présider un colloque économique
franco-chinois, l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin
a estimé, lundi 6 avril, que le communiqué de réconciliation publié le
1er avril par Paris et Pékin était le fruit d'un "compromis fertile" qui
permettait d'en revenir "aux fondamentaux" après des mois de bouderie
chinoise. M. Raffarin a expliqué que le texte était à la fois "plus
précis et plus engageant" à l'égard de Pékin.
"On ne parle pas seulement de (l'attachement français) à
l'unité de la Chine (dans ce communiqué) : on dit que l'on est non
seulement contre l'indépendance du Tibet mais aussi contre le soutien à
l'indépendance.
Jean-Pierre Raffarin persiste et signe...
"Si Nicolas Sarkozy rencontrait de nouveau le Dalaï
Lama
Pékin considérerait que c'est un soutien à
l'indépendance" (*)
" A la question de savoir si le même
texte engage le président Nicolas Sarkozy à renoncer à toute rencontre
avec le Dalaï-Lama, M. Raffarin a répondu qu'"on ne peut pas faire dire
au texte ce qu'il ne dit pas", ajoutant cependant que, si M. Sarkozy
rencontrait de nouveau le chef spirituel tibétain en exil, "les Chinois
considéreraient cela comme une forme de soutien (à l'indépendance du
Tibet)".
La rencontre entre les deux hommes, en décembre 2008, en
Pologne, avait provoqué la fureur de Pékin, qui avait annulé un sommet
sino-européen.
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(*)
NDLR : Rappelons, pour la vérité des faits, que le Dalaï Lama ne demande pas l'indépendance du Tibet, mais
une réelle autonomie. Il n'y donc pas lieu d'évoquer un quelconque soutien à
l'indépendance. _______________
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Quelque soit leur âge "Les Tibétains votent avec leurs pieds et avec leurs
vies" pour fuir le "le Paradis chinois" - @ Centre des réfugiés -
Dharamsala.
EXPO A PEKIN
Un sommet dans l'art de la propagande
d'Etat !
"
Au Tibet, c'est le paradis ! "
Vendredi 3 avril 2009 - Le Monde - Bruno
Philip (correspondant à Pékin)
En ce 50e
anniversaire du soulèvement de Lhassa et de la fuite du Dalaï-Lama (10
et 17 mars 1959), le régime chinois a tenu à frapper les esprits. En
témoigne l'organisation à Pékin d'une exposition dont l'intitulé ne
laisse pas place au doute - "Cinquante ans de réforme démocratique au
Tibet" - et qui, de fait, représente, dans son genre, un sommet dans
l'art de la propagande d'Etat.
Les organisateurs ne se sont
préoccupés ni d'une vision historique globale ni des subtilités
anthropologiques ou culturelles pour décrire la réalité médiévale du
Tibet d'avant les "réformes". Pris sous le feu d'une critique
occidentale qui ne faiblit pas à propos de la "colonisation" han sur le
Toit du monde ou des failles de la légitimité chinoise historique au
pays des neiges, il leur fallait choisir dans les réalités de l'Histoire
ce dont ils avaient besoin pour démontrer que le Tibet d'autrefois
n'était qu'une terre de violence et d'injustice.
A l'entrée, alors qu'une longue
file d'attente d'enfants des écoles et des membres des comités
d'entreprise s'est formée devant le Musée des nationalités, qui héberge
l'exposition, tout visiteur est soigneusement fouillé. Une inspection si
minutieuse que le journaliste étranger, qui a pourtant montré sa carte
de presse prouvant son accréditation officielle auprès des autorités
chinoises, se fait subtiliser son carnet de notes par les gardiens.
Motif : les notes déjà prises en français ressemblent à du tibétain et
il est interdit d'introduire des documents dans
l'exposition...
Celle-ci est organisée de façon
chronologique. Tout commence, au temps du Tibet "féodal", une époque
marquée par le servage dans lequel étaient plongés, selon les chiffres
des légendes explicatives, "95 % des Tibétains". Dans le premier hall,
le visiteur ne peut qu'être impressionné par les vieilles photos de
certains serfs enchaînés, d'autres qui brandissent des moignons,
d'autres encore qui fixent l'objectif de leurs orbites vides, signes de
l'amputation et de l'énucléation rituelles punissant parfois les
coupables de crimes.
Dans une ferme reconstituée,
une paysanne ploie sous un sac tandis que son bébé en haillons gémit sur
le sol en terre battue. A côté, une maison d'aristocrate respirant
l'opulence illustre les contrastes du monde tibétain
d'autrefois.
Une notice enfonce le clou :
"Avant 1959, la société tibétaine était sombre et cruelle. Le peuple
souffrait de l'oppression politique et spirituelle. La société était
décadente et arriérée, le Tibet était plongé dans un stade prolongé de
pauvreté et d'immobilisme." Selon le même texte, "les aristocrates, les
officiels et les représentants du clergé qui constituaient 5 % de la
population possédaient toutes les terres".
Certes, le Tibet d'autrefois
n'était pas le pays de cocagne tel que se le représentent certains
Occidentaux fantasmant sur le pays des neiges qui, selon certaines
images d'Epinal, incarne une sorte de "Shangri-La" paisible et
bienheureux avant l'invasion chinoise. Le Tibet était un pays médiéval
et un royaume théocratique. Les réalités sociales étaient cependant plus
complexes ou différentes de ce que la propagande chinoise
instrumentalise aujourd'hui pour justifier sa politique dans l'ancien
royaume du dalaï-lama. Ces mêmes réalités continuent de faire débat et
divisent les chercheurs occidentaux : A. Tom Grunfeld, un sinologue
canadien pourtant plutôt bien en cour à Pékin, publie des chiffres
différents de ceux présentés à l'exposition dans son livre sur
l'histoire du Tibet : "Le clergé et la noblesse formaient 20 % de la
population et 60 % des Tibétains étaient des serfs." (Et pas 95 %,
donc...) Le grand tibétologue américain Melvyn Goldstein confirme que le
Tibet d'avant 1950 était une "théocratie féodale" dirigée par "des
leaders incompétents et corrompus". Il ajoute que le servage ne
signifiait pas pour autant que la société était figée et qu'il
n'existait pas une certaine forme de mobilité sociale chez les serfs où
se distinguaient plusieurs sous-groupes, de conditions
variables.
En 2003, Heidi Fjeld,
anthropologue norvégien, affirmait pour sa part que les termes servage
et féodalisme étaient des concepts non adaptés au Tibet qui aurait,
selon lui, davantage ressemblé à une "société de castes"... Le terme de
serf lui-même - qui se dit miser en tibétain - est controversé dans sa
traduction, certains spécialistes estimant qu'il faut y voir avant tout
la notion de "sujet" lié aux seigneurs féodaux ou aux monastères, même
si une partie d'entre eux étaient soumis à l'impôt ou à la
corvée.
A ce sujet, Melvyn Goldstein
devait préciser que les conditions de vie du serf tibétain ressemblaient
fort à celles du serf de l'Europe médiévale, utilisant les écrits de
l'historien français Marc Bloch. Selon ce dernier, la condition de
servage supposait un statut héréditaire, permettait à l'individu de
jouir de certains droits sans qu'il lui soit possible de posséder les
moyens de production, en l'occurrence les terres.
En ce qui concerne les
amputations et l'énucléation, si ces formes de punitions existaient bel
et bien dans le Tibet médiéval, elles n'étaient pas employées de manière
systématique et le treizième Dalaï-Lama les avait même fait évoluer dans
les années 1930 en alternant curieusement d'une année sur l'autre
châtiments corporels et peine de mort. Ce qui n'empêcha pas le
gouvernement tibétain de condamner à l'énucléation, en 1934, le
politicien réformateur Lungshar, accusé d'avoir fomenté un complot
contre certains ministres...
Heureusement, tout cela est bel
et bien révolu. Une autre partie de l'exposition vante les mérites de la
"Libération pacifique du Tibet" (1951), celle-ci finissant par être mise
en danger par les "23 000 rebelles" qui, à la fin de 1958, infestaient
les campagnes tibétaines. Mais l'insurrection populaire de mars 1959
dans Lhassa fut matée, le Dalaï-Lama s'enfuit, les rebelles se rendirent
et, le 28, la Chine finit par dissoudre le "gouvernement local du
Tibet". Cette date, annonce fièrement l'une des affichettes de
l'exposition, sanctionne désormais "le jour anniversaire de
l'émancipation des serfs".
Dans un des halls principaux,
une fresque spectaculaire annonce la couleur : des mannequins vêtus en
paysans brûlent, sur un feu artificiel aux flammes mouvantes, les titres
de propriété des seigneurs désormais dépossédés de leurs droits sur les
serfs. Des fusils mitrailleurs et des grenades capturés sur les
guérilleros sont exposés dans des vitrines, mais la violente répression
de l'année 1959, les conséquences du Grand Bond en avant, durant lequel
un Tibétain sur cinq serait, selon certaines sources occidentales, mort
de faim au début des années 1960, les émeutes des années 1980, sont bien
entendu passées sous silence.
La dernière partie de
l'exposition est consacrée, chiffres à l'appui, à la mise en valeur de
la modernisation du Tibet grâce à la République populaire de Chine. Au
hasard, on apprend qu'il n'y avait encore que 0,4 télévision pour 100
habitants en "Région autonome" tibétaine en 1990 et qu'il y en a 61,8
aujourd'hui. En 1958, il y avait 62 hôpitaux, cliniques ou dispensaires
au Tibet. Il y en a 1 339 désormais. Dans le Tibet féodal, 2 % des
enfants étaient scolarisés ; depuis 1985, 29 500 Tibétains ont étudié
dans différentes provinces chinoises.
Sur les livres de commentaires
mis à la disposition du public, on peut lire des phrases du genre :
"L'union fait la force !" "Vive la République populaire prospère !"
"Vive l'Union des nationalités de Chine !" Un jeune homme de 23 ans
nommé Peng Xu, stagiaire informaticien, nous glisse gentiment en sortant
: "La Chine est une grande famille. Taïwan et le Tibet sont des parties
inaliénables de la Chine. Personne ne pourra les séparer de la mère
patrie."
Comme le dit l'un des slogans
de l'expo : "Au Tibet, maintenant, c'est le paradis
!"
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Tibet : pas d'accord "secret"
France-Chine
pour renouer le
dialogue
Vendredi 3 avril 2009 -
AFP
Londres - Le président Nicolas
Sarkozy a catégoriquement démenti jeudi à Londres tout "accord secret"
au terme duquel il aurait renoncé à rencontrer le Dalaï Lama en échange
de la reprise d'un dialogue de haut niveau avec la
Chine.
"Il n'y a pas d'accord caché
avec la Chine (...). Les Chinois sont extrêmement pragmatiques et il ne
leur viendrait pas à l'idée de demander des choses qu'ils
n'obtiendraient pas", a déclaré M. Sarkozy lors d'une conférence de
presse en clôture du sommet du G20.
"Toute ma vie politique, j'ai
considéré qu'il n'existait qu'une Chine (...) J'ai toujours considéré
que le Tibet faisait partie de la Chine", a-t-il poursuivi, rappelant
que le chef spirituel des bouddhistes tibétains lui-même "ne demande pas
l'indépendance du Tibet".
"Je tiens beaucoup au
partenariat stratégique avec la Chine (...) On a levé les malentendus,
j'en suis extrêmement heureux", a conclu Nicolas
Sarkozy.
Après quatre mois d'une
brouille provoquée par sa rencontre en décembre en Pologne avec le Dalaï
Lama, la France et la Chine ont repris leur relation à haut niveau
mercredi soir, à la faveur d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le
président chinois Hu Jintao en marge du G20.
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La France et la Chine se réconcilient
sur le dos du
Tibet...
Jeudi 02 avril 2009 -
Liberation.fr
La France et la Chine
se sont réconciliées en catimini, à l’ombre des grandes tractations du
G20. Alors qu’une rencontre avec Nicolas Sarkozy ne faisait pas partie
des plans de Hu Jintao, il y a encore une semaine, c’est un petit
communiqué (voir le communiqué du Ministère des
Affaires étrangères, en fin d'article),
glissé discrètement hier, qui a scellé la réconciliation. Ce
texte a été publié conjointement par les deux
pays.
Symbole du renouveau, les deux
présidents se sont finalement entrevus hier soir. Hu Jintao s’est félicité de ce
revirement: «Notre rencontre (...) marque un nouveau point de départ pour nos
relations bilatérales et j’espère que les deux parties vont travailler ensemble
pour lancer une nouvelle phase dans les relations
sino-françaises».
Pour rétablir les relations, il n’a
fallu qu’une petite phrase, paraphée par la France: «La France mesure pleinement
l’importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu’elle s’en
tient à la politique d’une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet
fait partie intégrante du territoire chinois».
Finies les références à une autonomie
culturelle large tibétaine, au respect des droits de l’homme, la France lâche le
Tibet pour courtiser Pékin.
Les relations sino-françaises, déjà peu
chaleureuses depuis le passage chaotique de la flamme olympique à Paris l'an
dernier, avait pris un sérieux coup de froid en décembre, lorsque Nicolas
Sarkozy avait rencontré le Dalaï Lama à Gdansk.
A cette époque, Nicolas Sarkozy
exprimait encore sa «préoccupation» pour le Tibet, jugeant primordiaux la
reprise du dialogue entre les autorités chinoises et le dalaï lama ainsi que le
respect des droits de la minorité tibétaine. Mais dans le communiqué d'hier,
nulle trace de ces exigences. La realpolitik a repris le
dessus.
Cette réconciliation furtive reste
largement eclipsée par la poignée de main entre Barack Obama et Hu Jintao. Le
président américain a accepté une invitation de son homologue chinois à se
rendre à Pékin avant la fin de l’année. Les Etats-Unis, comme beaucoup d’autres,
veulent s’engager sur la voie d'une collaboration plus étroite avec le géant
chinois.
Communiqué du ministère des Affaires étrangères
et européennes
Après plusieurs réunions de
consultations, le ministère des Affaires étrangères et européennes de la
République française et le ministère des Affaires étrangères de la République
populaire de Chine sont parvenus aux conclusions agréées
suivantes.
Les deux parties ont réaffirmé leur
attachement à l’importance primordiale de la relation franco-chinoise et leur
volonté de saisir l’occasion du 45e anniversaire des relations diplomatiques
entre la France et la Chine pour renforcer le partenariat stratégique global,
fondé sur une approche stratégique et de long terme, le respect mutuel et la
prise en considération des intérêts fondamentaux des deux pays. La France et la
Chine réitèrent leur attachement au principe de non-ingérence tel que consacré
par la Charte des Nations unies, et conviennent de renforcer leur concertation
sur les dossiers mettant en jeu les intérêts fondamentaux des deux pays dans un
esprit de confiance mutuelle.
La France mesure pleinement
l’importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu’elle s’en
tient à la politique d’une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet
fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise
par le général de Gaulle qui n’a pas changé et ne changera pas. Dans cet esprit
et dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à
l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit.
Les deux parties estiment que dans la
situation politique et économique internationale actuelle marquée par de
profonds changements, la France et la Chine, membres permanents du Conseil de
sécurité des Nations unies, assument de lourdes responsabilités dans la
préservation de la paix mondiale comme dans la promotion du développement. Les
deux parties ont souligné leur disposition à renforcer le dialogue et la
concertation pour relever ensemble les défis planétaires tels que la crise
financière internationale.
Dans cet esprit, les deux parties ont
décidé de tenir, au moment opportun, des contacts de haut niveau ainsi que de
nouvelles sessions du dialogue stratégique entre les deux pays, en vue de
promouvoir la coopération bilatérale dans les différents domaines et d’assurer
un développement harmonieux et stable de la relation
franco-chinoise.
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Paris honore la
censure chinoise
Rue89
- Pierre Haski et Aujourd'hui la Chine
C'est Aujourd'huilachine.com
qui a découvert cette décoration insensée remise à Long Xinmin (à droite
sur la photo), alors Directeur Général de l'Administration générale de
la Presse et de la Publication.
La révélation de cette cérémonie a aussitôt provoqué
la disparition des photos de la cérémonie et du discours de
l'ambassadeur de France du site de la Chancellerie...
L'ambassadeur de France, Hervé
Ladsous, avait eu quelque audace, pendant la cérémonie, en déclarant
: "une information plurielle, une information fiable, libre
d'accès et libre de circuler sont autant d'objectifs pour une réelle
liberté d'expression dans un Etat de droit en construction".
Mais cette réaffirmation des
principes s'accompagnait d'un passage de pommade en règle, avec cette
phrase étonnante au paragraphe suivant : "Vous avez su concilier
votre passion pour les médias avec une carrière au sein du parti". Long
Xinmin est membre suppléant du Comité central du Parti Communiste
Chinois.
Commentaire du site
Aujourd'huilachine.com à propos de M. Long : "C'est en fait lui
qui a la responsabilité de la mise en place de la politique
d'information voulue par les autorités. Il n'est certes à ce poste que
depuis la fin 2005, mais c'est en droit à lui que les journalistes
emprisonnés en Chine, ou que les internautes en délicatesse avec la
sécurité d'Etat pourraient s'adresser. Il a fait interdire plusieurs
publications, dont le populaire supplément du China Youth Daily". C'est
ce qui s'appelle concilier une passion pour les médias avec une carrière
au PCC...
Remerciements pour l'autorisation de lancement
du magazine
"Chine Plus" du groupe Hachette
?
Une clé de cette décoration est
peut-être contenue dans les remerciements qui lui sont adressés pour
avoir permis le lancement du magazine Chine Plus. Chine Plus, c'est le
dernier né du groupe Hachette, qui a besoin d'avoir beaucoup de guangxi,
de relations au sein des autorités, pour sortir ses nombreuses
publications.
Quelle qu'ait été
l'arrière-pensée de cette cérémonie, elle aura tourné court : Long
Xinmin a en effet perdu son poste, soupçonné, selon la presse de
Hongkong, d'être impliqué dans un "énorme scandale immobilier à Pékin".
D'autres sources hongkongaises attribuent son limogeage à son
conservatisme excessif... De quoi donner un petit goût encore plus
détestable à cette décoration de la honte.
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Militaires
chinois frappant des Tibétains menottés au sol (mars
2008)
Les premières
images
de la répression chinoise au
Tibet
Vendredi 20 mars 2009 -
NOUVELOBS.COM
Le gouvernement tibétain en exil a diffusé les premières images –
extrêmement choquantes –
des violences exercées par le régime chinois lors de la
répression des manifestations à Lhassa en mars 2008
ATTENTION CERTAINES IMAGES PEUVENT
CHOQUER !
Diffusée vendredi 20 mars par
le gouvernement tibétain en exil, la vidéo provient apparemment de trois
sources différentes. On peut y voir des images qui ont de toute évidence
été prises par des cameramen de l'armée chinoise. Des manifestants
affrontant les forces de l'ordre sont ensuite roués de coups et menottés
à terre. Certains semblent s'être évanouis.
Les images qui suivent
proviennent probablement de la famille d'un jeune Tibétain. Il a été
torturé, et apparemment relâché sans avoir été soigné. A l'Hôpital de la
Région autonome du Tibet (TAR), des médecins – payés par sa famille,
précise la voix off – essayent de le soigner, sans parvenir à le sauver.
La vue de ses plaies infectées est insoutenable. L'équipe médicale a été
amenée à extraire 2,5 kg de chair pour parvenir à les nettoyer, est-il
précisé. Le jeune homme serait mort le 19 juin 2008. La vidéo montre
ensuite ses "funérailles célestes" célébrées selon la tradition, avec
les vautours qui dévorent rituellement le cadavre. Dans les restes
d'ossements, indique la voix off, un clou fiché dans son pied est
découvert. Selon les indications de la vidéo, il aurait notamment été
brûlé, battu avec bâton électrique et son talon droit aurait été percé
avec un clou, avant d'être relâché.
Enfin, une troisième source
a fourni des images volées des troupes chinoises qui quadrillent Lhassa
aujourd'hui.
En mars 2008, des
manifestations pacifiques de moines avaient démarré à Lhassa et
rapidement débordé du Tibet. Elles s'étaient soldées par de nombreuses
arrestations et par la mort de 21 personnes selon Pékin, d'au moins 203
Tibétains selon le gouvernement tibétain en exil.
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Texte de la "Résolution du
Parlement européen"
du 12 mars 2009
Le Parlement européen,
- vu ses précédentes résolutions sur la Chine
et le Tibet, et en particulier celles du 10 avril 2008 sur le Tibet[1]
et du 10 juillet 2008 sur la situation en Chine après le tremblement de
terre et avant les jeux olympiques,
- vu l'allocution prononcée par Sa Sainteté le
Dalaï-Lama devant le Parlement européen le 4 décembre 2008,
- vu la déclaration sur le
Tibet faite par le gouvernement des États-Unis et l'Union européenne
lors du sommet UE-États-Unis du 10 juin 2008,
- vu l'article 108,
paragraphe 5, de son règlement,
A. considérant que le mois de mars 2009 marque
le cinquantième anniversaire de la fuite du Tibet et du début de l'exil
en Inde de Sa Sainteté le Dalaï-Lama,
B. considérant que les
huit sessions du dialogue entre les émissaires de Sa Sainteté le
Dalaï-Lama et les représentants du gouvernement chinois se sont soldées
par un échec et qu'aucune nouvelle négociation n'est prévue,
C. considérant que le
mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain, élaboré à
la demande du gouvernement chinois et présenté en novembre 2008 à Pékin
par les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, lors de la huitième
session de négociations, respecte les principes de la constitution
chinoise et de l'intégrité territoriale de la République populaire de
Chine, mais qu'il a été rejeté par le gouvernement chinois, qui y voit
une tentative de "semi indépendance" et d'"indépendance déguisée",
D. considérant que Sa Sainteté le Dalaï-Lama
fait appel à la non-violence, que cette démarche lui a valu d'être
couronné par le prix Nobel de la Paix en 1989 et qu'il ne demande pas
l'indépendance du Tibet mais la reprise des négociations avec les
autorités chinoises, afin de parvenir à un accord politique global
d'autonomie réelle, dans le cadre de la République populaire de Chine,
E. considérant que, au cours des derniers
jours, les autorités chinoises ont renforcé les mesures de sécurité au
Tibet, en interdisant aux journalistes et aux étrangers de se rendre
dans la région et en annulant les autorisations qui avaient été
accordées aux étrangers, menant une campagne de représailles violentes à
l'encontre du peuple tibétain,
F. considérant qu'un grand nombre de moines du
monastère de An Tuo, dans la province chinoise de Qinghai, ont été
arrêtés le 25 février 2009 au cours d'une marche pacifique à l'occasion
du nouvel an tibétain,
1. prie instamment le gouvernement chinois de
considérer le mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple
tibétain, présenté en novembre 2008, comme une base de discussion sur le
fond, dans la perspective d'un changement positif et notable au Tibet,
dans le respect des principes énoncés dans la constitution et la
législation de la République populaire de Chine;
2. invite le Conseil à établir avec précision
ce qui s'est passé lors des négociations entre la République populaire
de Chine et les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama;
3. demande à la présidence du Conseil, à
l'occasion du cinquantième anniversaire du départ en exil vers l'Inde de
Sa Sainteté le Dalaï-Lama, d'adopter une déclaration demandant au
gouvernement chinois l'ouverture d'un dialogue constructif en vue de
parvenir à un accord politique global et d'y introduire une référence au
mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain;
4. condamne tous les actes de violence, qu'ils
soient le fait de manifestants ou d'une répression disproportionnée de
la part des forces de l'ordre;
5. demande au gouvernement chinois de libérer
sans délai et sans conditions toutes les personnes détenues au seul
motif de leur engagement dans un mouvement de protestation pacifique et
de fournir des informations sur toutes les personnes qui ont été tuées,
qui sont portées disparues ou maintenues en détention, y compris sur les
charges retenues contre elles;
6. demande aux autorités chinoises de permettre
aux médias étrangers d'entrer librement au Tibet, y compris dans les
territoires tibétains situés hors de la région autonome du Tibet, et de
supprimer le système d'autorisations spéciales nécessaires pour pouvoir
se rendre dans ladite région autonome;
7. invite instamment les autorités chinoises à
permettre aux experts des droits de l'homme des Nations unies et aux
organisations non gouvernementales internationales et reconnues
d'accéder librement au Tibet afin qu'ils puissent enquêter sur la
situation sur place;
8. prie instamment la présidence du Conseil de
prendre l'initiative d'inscrire la question tibétaine à l'ordre du jour
d'une session du Conseil "Affaires générales" afin d'aborder la manière
dont l'Union pourrait faciliter l'accomplissement de progrès en vue
d'une solution pour le Tibet;
9. charge son Président de transmettre la
présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux
gouvernements et aux parlements des États membres, au président, au
gouvernement et au parlement de la République populaire de Chine et à Sa
Sainteté le Dalaï-Lama.
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Rama
Yade estime que le Dalaï-Lama
est un "homme de paix" et non un "homme
dangereux"
Mercredi 11 mars 2009 - NOUVELOBS.COM
- AP
Réagissant aux commentaires du gouvernement
chinois accusant le Dalaï -lama de colporter des "mensonges", Rama Yade
souligne que le chef spirituel des Tibétains est "un homme de
paix". La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme Rama Yade
a estimé mardi 10 mars que le Dalaï-Lama n'est "pas un homme dangereux",
mais "un homme de paix". Réagissant aux déclarations du gouvernement
chinois accusant le chef spirituel tibétain de colporter des
"mensonges", à l'occasion du 50e anniversaire du soulèvement manqué de
mars 1959 contre l'occupation chinoise, Rama Yade a souligné sur
France-2 que "ce n'est pas un homme dangereux, c'est un homme de paix,
un homme de dialogue, (...) de sagesse, un apôtre de la non violence.
C'est pour cela qu'on lui doit respect et égard".
Pas d'indépendance
"Ce que nous souhaitons c'est
que l'identité spirituelle et religieuse du Tibet soit pleinement
respectée", a rappelé la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme. "Nous
ne demandons pas l'indépendance du Tibet (qui) fait partie intégrante de
la Chine. C'est une donnée de la politique étrangère française depuis le
général de Gaulle".
"Partenariat stratégique" avec la Chine
Sur le plan économique, Mme
Yade a déclaré qu'un "partenariat stratégique" entre la France et la
Chine "existe déjà depuis plusieurs années, et nous y tenons". En ce qui
concerne le Tibet, "il n'y a nulle ingérence, il y a eu juste, rencontre
entre le chef de l'Etat français et un homme de paix", a-t-elle insisté,
faisant référence à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-Lama
en décembre en Pologne.
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Les eurodéputés appellent à une autonomie
réelle du Tibet
Jeudi 12 mars 2009 -
NOUVELOBS.COM
Les députés européens ont demandé, jeudi 12 mars, à
Pékin de renouer le dialogue sur une "autonomie réelle" du Tibet. Ils se
sont à leur tour penchés sur la question tibétaine, deux jours après le
50e anniversaire du départ en exil en Inde du dalaï lama, et au
lendemain de l'adoption d'un texte similaire par la Chambre des
représentants américaine.
Le
texte des eurodéputés a été adopté par 338 voix contre 131 et 14
abstentions. Ce document "prie instamment le gouvernement chinois de
considérer le mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple
tibétain, présenté en novembre 2008, comme une base de discussion sur le
fond".
Un memorandum rejeté par Pékin
Les eurodéputés, qui ont pour nombre d'entre eux
arboré un drapeau tibétain dans l'hémicycle ces derniers jours, demandent
aussi aux 27 Etats membres de l'Union européenne de
faire une déclaration demandant à Pékin "l'ouverture d'un dialogue
constructif" et mentionnant explicitement ce mémorandum.
Présenté en novembre 2008 aux
autorités chinoises par les émissaires du Dalaï-Lama, ce mémorandum a
été rejeté par Pékin. Car la Chine le considère comme une remise en
question de l'intégrité territoriale chinoise.
Lors d'un débat, la commissaire
européenne aux Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a regretté
le fait que les discussions en 2008 entre Pékin et les émissaires du
Dalaï-Lama n'aient "pas apporté de résultats substantiels".
Elle a rappelé elle aussi "la
nécessité pour les deux parties de reprendre rapidement le dialogue",
soulignant qu'il s'agissait du "meilleur moyen d'éviter la frustration
et la violence chez les jeunes Tibétains".
Le vote du Parlement européen
intervient peu après des protestations de Pékin contre l'adoption par la
Chambre des représentants américaine d'une autre résolution de soutien
au Tibet.
Pour un libre accès au Tibet
Invité en marge de la session
du Parlement à Strasbourg, le représentant à Bruxelles du Dalaï-Lama, Tashi Wangdi, avait
appelé mardi les journalistes à faire pression sur Pékin pour
obtenir le droit d'aller librement au Tibet.
Un appel relayé par les
eurodéputés qui demandent le libre accès au Tibet aux médias étrangers
et aux observateurs indépendants.
Les journalistes étrangers ne
peuvent pas se rendre librement dans la région autonome du Tibet.
Cependant, selon les règles en vigueur depuis deux ans, ils sont
autorisés à circuler normalement dans les régions tibétaines
proches.
Mais, ces derniers jours, de
nombreux journalistes étrangers ont rencontré les mêmes difficultés dans
ces zones, ce qui a suscité des protestations du Club des correspondants
étrangers de Chine et de groupes de défense des droits de
l'Homme.
Paris dans le collimateur de Pékin
Les relations entre l'UE et la Chine avaient été
mises à mal en décembre par la rencontre entre le chef spirituel des
bouddhistes tibétains et le président français Nicolas Sarkozy, qui
assumait alors la présidence tournante de l'UE. Pékin avait alors annulé
le sommet UE-Chine prévu à Lyon.
En janvier, le Premier ministre
chinois Wen Jiabao a effectué une tournée d'apaisement en Europe, en
évitant soigneusement de faire escale à Paris.
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Le Congrès américain vote une résolution de soutien au Tibet par 422
voix contre 1
Mercredi
11 mars 2009 - Romandie
News
WASHINGTON - La Chambre des représentants américaine a adopté
mercredi une résolution de soutien au Tibet à l'occasion du
50e anniversaire du soulèvement de Lhassa contre la présence
chinoise dans la région himalayenne qui a provoqué le départ
en exil du dalaï lama.
La résolution a été adoptée par 422 voix contre 1.
Le texte introduit à la chambre basse par le
représentant Rush Holt appelle à "reconnaître la détresse du peuple
tibétain à l'occasion du 50e anniversaire de la fuite du dalaï lama et
appelle à un effort multilatéral soutenu pour apporter une solution
durable et pacifique au problème du Tibet".
Aucun texte similaire n'était en projet au Sénat
mercredi.
La
Chine estime que cette résolution représente l'expression de quelques
anti-Chinois... 422 représentants !!!
De son côté, Pékin avait appelé mardi le Congrès
américain à retirer son projet de résolution. "Nous faisons part de
notre profonde inquiétude à ce sujet, la résolution au Congrès américain
proposée par quelques représentants anti-chinois va à l'encontre de
l'histoire et de la réalité du Tibet", avait déclaré le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères Ma Zhaoxu.
Le texte "reconnaît le peuple tibétain pour sa
persévérance face aux épreuves et à l'adversité". Il appelle "le
gouvernement de la République populaire de Chine à répondre aux
initiatives du dalaï lama pour trouver une solution durable à la
question tibétaine".
"Cette résolution appelle à une cessation immédiate de
la répression et des violences à l'encontre du peuple tibétain", a
déclaré M. Holt mercredi devant ses collègues de la Chambre des
représentants.
La présidente de la Chambre des représentants Nancy
Pelosi a ensuite pris la parole affirmant, en reprenant les mots du
dalaï lama, que "la vie pour les Tibétains sous la répression du régime
chinois est l'enfer sur terre".
Le chef spirituel des Tibétains, âgé de 73 ans, vit en
exil en Inde depuis l'écrasement en 1959 d'un soulèvement contre la
domination chinoise du Tibet, occupé neuf ans plus tôt par Pékin.
Pékin accuse le dalaï lama de séparatisme, ce que ce
dernier rejette en se prononçant seulement pour le respect de l'identité
culturelle du Tibet et des droits de l'homme dans cette région
himalayenne au sein de la Chine.
En octobre 2007, malgré la colère de la Chine, le
président américain George W. Bush avait remis au dalaï lama, la plus
haute distinction civile du Congrès, au cours d'une cérémonie sous la
coupole du Capitole.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi
a rencontré mercredi son homologue américaine Hillary Clinton. Il
devrait être reçu jeudi par le président Barack Obama.
Mardi, le département d'Etat américain a exprimé sa
"profonde préoccupation" concernant les droits de l'homme au Tibet et
pressé la Chine de "revoir" une politique "qui a créé des tensions à
cause de son impact négatif sur la religion, la culture et le mode de
vie tibétains".
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Cinquante ans
après la fuite du Dalaï-lama,
le Tibet sous tension
Lundi 9 mars
2009 - Pierre Haski (Rue 89) Extraits - C'était il y a
cinquante ans. Mais la page d'histoire n'a jamais été tournée, et
continue de peser sur l'un des points de crise de la planète: le Tibet.
Un demi-siècle après la fuite de Lhassa du Dalaï-lama, le "toit du
monde" sous contrôle chinois reste sous haute tension, comme en témoigne
la forte mobilisation sécuritaire à l'approche de cet anniversire à haut
risque.
L'approche de l'anniversaire du 10 mars 1959 est
chaque année un moment difficile pour les autorités chinoises. L'an
dernier, on se souvient que la répression des premières manifestations
de moines avait dégénéré en émeutes antichinoises dans les rues de la
capitale tibétaine, Lhassa, le 14 mars, faisant une vingtaine de morts
et d'importants dégats matériels, et replaçant la question tibétaine au
coeur de l'agenda mondial.
Les autorités chinoises
redoutent ce désormais double anniversaire, celui du soulèvement de 1959
et celui des émeutes du 14 mars 2008 et de la répression qui s'ensuivit.
Ces derniers jours, un début d'agitation a été signalé parmi les moines
des zones tibétaines du Sichuan, où un moine nommé Tabe s'est immolé par
le feu vendredi 27 février devant le monastère de Kirti, dans la ville
d'Aba. Le moine serait sorti de son monastère avec un drapeau tibétain à
l'effigie du dalaï lama dessiné à la main, puis se serait aspergé
d'essence avant d'allumer le feu.
Le poids de
l'histoire
Il y a un demi-siècle,
l'histoire a basculé dans cette partie du monde. Les troupes chinoises
avaient pris le contrôle du Tibet peu après la victoire des troupes
communistes de Mao Zedong à Pékin en 1949, mais avaient respecté
jusque-là une autonomie relative à cette région placée sous l'autorité
d'un chef religieux, le dalaï lama, quatorzième "réincarnation" du
Bouddha de la Compassion. De vieilles photos montrent même le jeune
dalaï lama, Tenzin Gyatso, qui n'a alors que 16 ans, en compagnie du
chef de la révolution chinoise, un choc culturel
profond.
Mao extorque au
leader tibétain un "Accord en dix-sept points" signé le 23 mars 1951, qui
intègre le Tibet dans la toute jeune République populaire de Chine, tout
en lui garantissant la liberté religieuse et une relative
autonomie.
Mais cette autonomie se révèle de plus en plus factice,
et
le parti communiste chinois (PCC) veut imposer
aux Tibétains le système qu'il met en oeuvre dans le reste du pays
: une modernisation à marche forcée doublée d'un égalitarisme
absolu, et un abandon des "superstitions" religieuses. Le contexte de la
guerre froide naissante accentue le climat de crise, d'autant que deux
frères du dalaï lama critiquant sa soumission à la volonté de Pékin
s'enfuient aux Etats-Unis où ils sont enrôlés dans un programme de
destabilisation de la CIA...
La crise arrive à son paroxysme
en mars 1959. Les Tibétains sont convaincus que les Chinois, qui ont
amassé des troupes, veulent tuer le dalaï lama. Le 10 mars, la foule
assiège la résidence de son chef spirituel pour l'empêcher de se rendre
à ce qui ressemble comme un traquenard chinois. La tension monte, et
l'armée chinoise tire même quelques obus près de la
maison.
Le 16 mars, finalement, conseillé
par son "oracle", le dalaï lama s'enfuit en pleine nuit de Lhassa
avec quelques fidèles, et gagne à travers les sommets enneigés l'Inde
voisine, où Nehru l'accueille et lui accorde l'asile. En apprenant
la fuite du chef spirituel des Tibétains, Mao aurait déclaré :
"Dans ce cas, nous avons perdu la bataille"...
Le dalaï lama vit depuis un
demi siècle à Dharamsala, en Inde, où il a été rejoint par quelque 250
000 réfugiés formant une véritable nation tibétaine en exil, avec son
gouvernement, son parlement, ses rituels...
A Lhassa, la fuite du dalaï lama provoque
une répression sanglante de ce soulèvement populaire, faisant des
milliers de victimes - jusqu'à 80 000 selon les exilés, chiffre
invérifiable - et plongeant le Tibet dans une situation de
soumission totale à l'autorité chinoise. Le Tibet subira, comme le reste
de la Chine, les outrances du maoïsme, à commencer par la Révolution
culturelle dont un des aspects a porté sur la tentative d'éradication de
la religion.
Le 10 mars 1959 marque la
dernière tentative des Tibétains de résister massivement à la mainmise
chinoise; c'est aussi le début d'un exil sans fin pour celui qui incarne
historiquement ce peuple des montagnes, fort d'à peine quelques millions
d'âmes et qui tente de maintenir sa culture et son identité dans un pays
d'1,3 milliard d'habitants.
Cinquante ans après, le
problème tibétain est entier
Les événements de l'an dernier
ont montré que cinquante ans de pouvoir chinois absolu sur la "Région
autonome tibétaine" n'ont rien changé au problème: les Tibétains vivent
leur situation comme coloniale, un mot qui agace les Chinois qui,
documents historiques à l'appui, disent que le Tibet est
chinois.
Mais le problème est moins l'appartenance du
Tibet à la Chine - même le dalaï lama affirme qu'il ne veut
pas l'en détacher - que ce qui s'y passe. Une fois passées les
outrances de la Révolution culturelle, le pouvoir chinois a changé de
stratégie au Tibet et a joué la carte du développement économique et de
l'intégration de plus en plus forte du Tibet dans l'ensemble
chinois.
L'identité tibétaine est-elle
soluble dans le matérialisme? C'est finalement sur cette queston que
repose le pari chinois, qui semble d'ores et déjà perdu. En déversant
des milliards dans une des zones les plus pauvres de l'ensemble chinois,
le gouvernement pensait calmer les critiques tibétaines contre l'afflux
de Chinois Han dans la zone autonome, et affaiblir le poids de
l'influence du dalaï lama et des moines.
Si les Chinois s'étaient
contentés de casser la vieille société féodale et d'apporter au Tibet la
"modernité", ils seraient sans doute moins critiqués aujourd'hui. Mais
l'autonomie du Tibet a été réduite à une dimension purement symbolique,
et le très athée parti communiste chinois se mêle même de décider qui
est la bonne réincarnation des dignitaires
bouddhistes.
Un an après, le rendez-vous de mars
est donc revenu hanter les dirigeants chinois, confrontés à une équation
sans autre solution, pour le moment, que celle de la force et de
la patience : attendre la mort du dalaï lama en espérant profiter de
la confusion qui en découlera pour asseoir définitivement le pouvoir
chinois.
Le temps presse pour le dalaï lama
Le dalaï lama, pour sa part,
sait que le temps presse. A 73 ans, il sait que les autorités chinoises
jouent la montre en attendant sa disparition. Lorsque le successeur du
panchen lama, le deuxième personnage du clergé bouddhiste tibétain, a
été sélectionné selon les rituels de la "réincarnation", Pékin a
littéralement kidnappé le choix du dalaï lama et lui a imposé son propre
choix. On n'a plus jamais revu l'enfant qui avait été initialement
choisi, et c'est le "panchen lama de Pékin" qui parade aujourd'hui dans
les cérémonies officielles.
La même chose risque de se reproduire
pour le choix du 15e dalaï lama, et le risque est d'en avoir deux,
l'un choisi en exil, l'autre par Pékin, avec les dangers de la confusion.
Le parti communiste a même émis un décret interdisant les réincarnations
sans l'accord du PCC, un comble pour un parti théoriquement
marxiste !
En attendant, Pékin amuse la
galerie avec un dialogue largement destiné à montrer sa bonne foi au
reste du monde qui se mobilise à intervalles réguliers autour de la
question tibétaine, pour mieux l'oublier dès que les opinions publiques
sont apaisées... Ainsi, pour sauver ses Jeux olympiques, le gouvernement
chinois a accepté de tenir plusieus réunions l'an dernier, avec les
émissaires du dalaï lama, sans résultat et sans
lendemain.
Le calcul chinois pourrait être
à courte vue, car le dalaï lama est aujourd'hui en mesure de contrôler
les éléments les plus radicaux de la jeunesse tibétaine, en empêchant le
recours à la violence, même si Pékin l'accuse sans preuve d'avoir été
l'instigateur des émeutes de mars 2008.
On sait que la Ligue de la
jeunesse tibétaine en exil rue dans les brancards, et n'accepte que par
fidélité de soutenir la "voie moyenne" du dalaï lama, c'est-à-dire la
négociation d'une véritable autonomie pour le Tibet au sein de la
RPC.
Pour l'heure, la bataille de propagande
fait rage. Pékin vient ainsi de publier un "livre blanc", à la
veille de cette période anniversaire, pour accuser les Occidentaux d'entretenir
les troubles et de freiner le développement économique de la
région tibétaine. Ce texte, rédigé par le Bureau de l'Information du Conseil
d'Etat et publié par l'agence de presse officielle Xinhua, souligne
notamment : " Il est clair
que la soi-disante question tibétaine n'est en aucune façon un problème
ethnique, religieux ou social. Il s'agit plutôt d'une manoeuvre des
forces occidentales anti-chinoises pour affaiblir, diviser et diaboliser
la Chine. "
Pas vraiment la main tendue aux
Tibétains, mais plutôt le signe d'une nervosité du pouvoir chinois
actuel, confronté à une grogne sociale de plus en plus forte, pris au
dépourvu par l'impact colossal de la crise économique mondiale sur une
Chine qui se croyait au-dessus de ça, et même au réveil d'une dissidence
qu'il croyait matée, comme le montre la publication de la Charte 08 en
décembre dernier.
Au moment où s'engage un rapprochement à pas
comptés avec Taiwan, Pékin ne veut pas donner le moindre signe de
faiblesse sur la question de l'"unité nationale". Ce sont les Tibétains
qui en font les frais, mais qui pourraient bien ne pas l'accepter sans
se faire entendre.
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COMMUNIQUE DU BUREAU DU
TIBET
ET DE LA COMMUNAUTE TIBETAINE EN
FRANCE
C'est au cours des années 1949/50 que les
troupes chinoises envahirent le territoire tibétain. Le Tibet lança un
appel à la communauté internationale qui resta sans réponse. Seule face
à la Chine, la délégation tibétaine fut contrainte de signer, en 1951, à
Pékin, l'infâme " Accord en 17 Points " dans lequel le Tibet fut forcé
d'abandonner sa souveraineté. Il s'ensuivit, pour le Tibet bouddhiste et
la Chine communiste, une période de neuf années de coexistence
difficile. Les Tibétains du Nord-Est et de l'Est du Tibet,
qui assistèrent les premiers à l'intrusion de l'Armée populaire de "
libération ", fuirent devant la répression chinoise croissante et durent
gagner les zones rurales. C'est là qu'une résistance armée s'organisa,
laquelle se propagea bientôt dans tout le Tibet. Tristement célèbres
dans la mémoire des Tibétains, les provinces de l'Amdo et du Kham furent
la scène d'un cycle résistance-répression qui contraignit des milliers
de Tibétains à fuir vers le Tibet central et vers Lhassa, relativement
plus sûrs. Mais le ressentiment de ces populations, engendré par
l'arrogance et la violence avec lesquelles la Chine traitait le
gouvernement tibétain, s'abreuva encore des récits de destructions des
monastères et de massacres de lamas et de moines que rapportaient les
réfugiés venus du Tibet oriental. Bientôt, le mécontentement qui
couvait se traduisit par une défiance ouverte à l'égard de la Chine et
le rejet de son pouvoir colonialiste. Le 10 mars 1959, ce
sont des dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui descendent dans
les rues de Lhassa pour réclamer l'indépendance du Tibet. Ce mouvement
de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé
dans un bain de sang. Selon une estimation chinoise, près de 87
000 Tibétains furent massacrés dans le seul Tibet central. Il fallut un
peu plus de trois jours à l'Armée Populaire de Libération pour venir à
bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de
la résistance qui se répandait dans tout le Tibet. Le soulèvement du 10
mars et sa répression inconditionnelle eurent pour conséquence la fuite
vers l'Inde du Dalaï-Lama, des membres de son gouvernement et d'environ
80 000 Tibétains. Le gouvernement tibétain en exil, depuis
son siège de Dharamsala en Inde, a développé, sous la conduite du
Dalaï-Lama, une résistance non-violente contre l'occupation chinoise,
résistance qui a donné naissance à un Mouvement pour la liberté du
peuple tibétain étendu aujourd'hui à l'échelle mondiale.
Aussi chaque année, où qu'ils soient, les Tibétains
commémorent le 10 mars, pour qu'eux-mêmes se souviennent et pour
rappeler au monde que les Tibétains qui sont morts pour la cause de la
liberté ne sont pas morts en vain, que leur mort est un sacrifice juste
et noble, consenti pour que puisse renaître un Tibet
libre. Depuis 1996, plusieurs communes en France et en
Europe, ont décidé de hisser le drapeau du Tibet autour du 10 mars pour
manifester leur solidarité envers le peuple tibétain et ainsi soutenir
sa lutte non-violente pour trouver une solution négociée avec la Chine
afin de résoudre durablement le problème du Tibet.
C'est ainsi qu'en France, près de 500 communes arborent
une fois par an le drapeau du Tibet et plus de 300 communes ont décidé
de le hisser de façon permanente. Ces actions ont pris de l'ampleur et
depuis, sont suivies dans de nombreux pays européens.
Pour la première fois, le 10 mars 2006, la Ville de Paris
et le Conseil régional d'Ile-de-France, ont décidé de hisser le drapeau
du Tibet dans le cadre d'une cérémonie officielle afin de montrer leur
solidarité au peuple tibétain. AUJOURD'HUI LA REPRESSION
CONTINUE AU TIBET : plus de 6000 Tibétains sont détenus pour leur
participation dans les manifestations de mars-avril 2008, plusieurs
Tibétains ont été condamnées sans aucun recours ou avec le simulacre de
justice, les surveillances sont renforcées autour de tous les monastères
et lieux du culte au Tibet, les autorités ont annoncé le renforcement de
campagne " Frapper fort " au Tibet, toute manifestation est interdite,
postes de contrôles de l'armée et de la police ont été multiplié de
façon significative, voyageurs étrangers sont autorisés avec des
restrictions extrêmes, aucun journaliste n'est autorisé de travailler
sur place, et récemment, des nouvelles arrestations ont eu lieu,…et pour
provoquer les Tibétains, les autorités chinoises ont récemment fait
annoncer au gouvernement de la soi-disant " Région autonome du Tibet "
de décréter le 28 mars comme la journée de fin de servage au Tibet
!! Manifestation de commémoration organisée conjointement
par la Communauté tibétaine en France et le Bureau du
Tibet. CONTACTS PRESSE
: M. Thupten
Gyatso Mobile :
0680729054 ou 0145673837 M. Wangpo
Bashi Mobile
: 0633346087 au Bureau : 0146565453 M. Alain
Vercamer Mobile :
0616572592 ou 0144520969
E
mail : 10mars2009@gmail.com ou tibetparis@aol.comSites
:
www.tibet-info.net ou www.tibetan.fr
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Au Tibet... vive
inquiétude à
l'approche du 10
mars
La presse chinoise se déchaîne
!
Samedi 21/02/2009 - Le Monde - Bruno
Philip
Ecraser la clique du Dalaï-Lama !" Trois semaines
avant le 50e anniversaire du soulèvement de Lhassa, le 10 mars 1959, la
presse officielle se déchaîne contre le chef de l'Eglise tibétaine, et
prévient que le pouvoir ne tolérera pas une répétition des émeutes
antichinoises du printemps 2008.
Selon le journal Xi Zang Ribao
("Le Quotidien du Tibet"), des responsables de la "Région autonome"
tibétaine ont appelé "le Parti communiste, le gouvernement, l'armée et
le public à se mobiliser", afin "d'écraser fermement la sauvage
agression de la clique du Dalaï-Lama". "Il faut, conclut l'article,
vaincre le séparatisme et maintenir la stabilité."
Dans les zones tibétaines,
le niveau de contrôle exercé par la police et les forces paramilitaires
de la Police armée populaire (PAP) a été renforcé. Les forces de l'ordre
ont été déployées principalement à Lhassa, à Xiahe (Gansu) - où se situe
le grand monastère de Labrang, qui avait été le théâtre de
manifestations en mars 2008 -, à Tongren, dans la province du Qinghai,
et enfin à Litang, au Sichuan.
C'est dans cette dernière
ville que vient d'avoir lieu la manifestation la plus significative
depuis les troubles du printemps 2008 : dimanche 15 février, un moine du
nom de Lobsang Lhundup, 37 ans, a été arrêté après avoir crié des
slogans en faveur du Dalaï-Lama.
Selon l'organisation Free
Tibet et le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy (TCHRD), basé
à Dharamsala, en Inde, 300 personnes se sont rassemblées le lendemain
dans le centre de Litang pour exiger la libération du moine. Des heurts
ont éclaté avec les forces de l'ordre, qui ont dispersé la manifestation
à coups de bâton et de crosse de fusil. Selon ces mêmes sources, une
vingtaine de manifestants ont été arrêtés.
"Le doigt sur la détente"
Que ce soit au Tibet ou
dans les districts et "préfectures autonomes" tibétaines des provinces
avoisinantes, l'ambiance est morose, rapportent des voyageurs ou des
habitants. La population semble bien décidée à boycotter les festivités
du nouvel an tibétain (Losar), qui ont débuté mercredi 18 février. Les
Tibétains veulent faire de ce boycottage un exemple, afin de marquer
leur hostilité au pouvoir et de protester contre la répression qui s'est
abattue sur ces régions depuis les événements de 2008.
Les mesures prises à l'approche
de l'anniversaire qui marque la fuite en exil du Dalaï-Lama trahissent
la préoccupation des autorités. De passage en Allemagne, le chef de
l'Eglise tibétaine avait déclaré : "La situation est si tendue que les
militaires chinois ont le doigt sur la détente quand ils portent leurs
armes. Aussi longtemps qu'il y aura présence militaire chinoise, il y a
aura tension."
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Le
Dalaï-Lama contre le Karma noir
19 Février
2009 - L'Express - François Gautier à Auroville (Inde)
Le 14e Dalaï-Lama est en visite à Auroville, la cité internationale
près de Pondichéry, où 2000 personnes venant de 44 pays s'essaient à
l'unité humaine. " Le monde a besoin de tentatives comme celle d'Auroville
", sourit le Dalaï-Lama, alors qu'il sort du Matrimandir, une
boule d'or futuriste qui est le centre spirituel d'Auroville. Un
peu plus tard, après avoir inauguré le pavillon tibétain, le
premier centre culturel tibétain au monde, le Dalaï-Lama accorde une
interview exclusive au Point. Cette interview -immédiatement après le
conclave de Dharamsala, où de nouvelles stratégies pour la libération du
Tibet ont été discutées - est une première.
INTERVIEW
Le Point : Qu'avez-vous pensé des attentats
de Bombay du 26 novembre ?
Le Dalaï-Lama : Quelle horreur ! Le terrorisme
frappe de plus en plus l'Inde et ces gens-là ont réussi à prendre Bombay
en otage pendant trois jours. Du point de vue tibétain, le terrorisme
est un péché, non seulement contre ceux que l'on assassine, mais contre
soi-même, lorsqu'il s'agit de terrorisme suicide, comme cela a été le
cas à Bombay...
Le Point : Justement, sous l'angle
bouddhique, quel karma se créent ces terroristes ?
Le
Dalaï-Lama : Nous, les Tibétains, croyons en un karma noir que des
individus ou des peuples se créent à eux-mêmes, et qui leur revient un
peu plus tard, ou au cours d'autres vies [il marque un silence]... mais,
pour ces terroristes, je ne veux pas [il insiste sur " veux pas "]
répondre à cette question [autre silence]... La violence engendre la
violence... Mais tous mes amis musulmans me disent que le vrai djihad,
c'est contre soi-même, que le Coran ne prêche pas la violence et qu'à
partir du moment où on pratique la violence, on n'est plus musulman.
Alors, je ne sais pas [il marque une pause]... Tout de même, ces
terroristes recherchent la publicité, et à Bombay, ils en ont bénéficié
au maximum grâce aux télévisions. Montrer ces images qui médiatisent la
terreur constitue une sorte de violence passive, qui elle aussi engendre
son karma.
Le Point : Comment combattre le terrorisme
?
Le Dalaï-Lama : Du point de vue bouddhiste, si votre
motif est sincère, si vous êtes plein de compassion, alors la violence
est permise pour se défendre, ou pour combattre une autre violence qui
cherche à faire le mal. Les dieux grimaçants de nos temples tibétains
sont d'ailleurs les incarnations de cette violence pétrie de compassion
et de sagesse. En fait, il existe deux sortes de violence : une première
qui est mentale ; et la seconde, physique, qui se manifeste dans
l'action. Généralement, on ne parle que de celle-ci et on oublie
celle-là, qui est le moteur premier de la violence. Mais si vous avez un
mental plein de compassion et d'amour pour le prochain, même vos mots
durs et vos actions violentes seront pleins d'amour. Cela dit, une fois
que vous avez commis quelque violence, même si au départ votre motif est
juste, on ne peut jamais prédire quels effets cette violence va avoir
sur vous car, comme je l'ai déjà dit, la violence engendre la violence.
Le Point : Alors, comment faire ?
Le Dalaï-Lama : Il faut utiliser le dialogue, pour
que la prochaine génération de musulmans soit différente. Il faut avoir
de la compassion, fût-ce envers les terroristes-car c'est aussi à
eux-mêmes qu'ils se font du mal.
Le Point : Vous avez récemment dit que vous
étiez en semi-retraite ?
Le Dalaï-Lama : Absolument ! J'ai remis tous mes
pouvoirs au gouvernement tibétain [en exil] démocratiquement élu, ce qui
a été entériné par le récent conclave de Dharamsala ; 90 % des décisions
sont d'ailleurs aujourd'hui prises par les élus tibétains.
Le Point : Mais vous êtes le porte-flambeau
du Tibet !
Le Dalaï-Lama : [Il rit] Je sais bien... C'est pour
cela que je continue à voyager et à donner des interviews comme celle-là
[nouveau rire]. Mais le sort du Tibet ne peut pas reposer sur une seule
personne, c'est trop dangereux. Notre lutte doit devenir nationale et
tous les Tibétains doivent y prendre part. Personnellement, j'ai
toujours pris trois engagements : le premier, envers le monde entier,
est de promouvoir les valeurs humaines telles que la compassion, le
pardon, la tolérance ; le deuxième, en tant que bouddhiste, est
d'inciter à une compréhension ainsi qu'à une harmonie parmi les
traditions religieuses majeures à travers le monde ; et le troisième, en
tant que dalaï-lama , est donc d'oeuvrer pour la cause tibétaine, pour
le Tibet.
Le Point : Le Tibet en dernier ?
Le Dalaï-Lama : Oui, mon premier engagement est pour
l'humanité tout entière.
Le Point : Vous avez été opéré récemment de
la vésicule biliaire ; quel est l'état de votre santé ?
Le Dalaï-Lama : [Il part d'un grand rire] Je suis en
pleine forme. Regardez : je me suis levé à 4 h 30 ce matin, j'ai fait
deux heures d'avion, trois heures de voiture, puis deux heures
d'audiences... Est-ce que j'ai l'air fatigué ? Le docteur qui m'a
récemment examiné pour voir si j'avais bien récupéré de l'opération m'a
dit que j'avais la constitution d'un homme de 60 ans, alors que je vais
en avoir 74... Est-ce grâce à toutes ces heures de méditation et de
contemplation ? Je n'en sais rien, mais je pense que je vais vivre
jusqu'à 95 ans... Tant pis pour les Chinois qui attendent ma mort
prochaine afin de choisir un dalaï-lama qu'ils pourront contrôler.
Le Point : Justement, préparez-vous votre
prochaine réincarnation ?
Le Dalaï-Lama : [Il soupire] Je ne sais pas si je
vais me réincarner... ou alors je me réincarnerai en femme... [rire]...
Vous savez, dans la tradition des dalaï-lamas, on peut même se
réincarner avant sa mort. Un de mes maîtres, Sakya Tchögyach Rimpoché,
fut choisi par le 13e dalaï-lama comme la réincarnation de son propre
maître, alors que ce dernier était encore vivant. Les Chinois sont fous
de rage quand je parle de nommer quelqu'un de mon vivant.
Le Point : Pensez-vous que la récession
économique chinoise va aider la cause tibétaine ?
Le Dalaï-Lama : Vous faites allusion au fait que le
Tibet a recouvré la liberté chaque fois que la Chine connaissait des
problèmes internes... Mais non, cette fois, cela va les durcir encore
plus [il marque un silence]. J'ai l'impression que mes cinquante ans de
politique de non-violence pour retrouver l'autonomie tibétaine ont
échoué et c'est de cela que le conclave récent a principalement discuté.
En même temps, que pouvons-nous faire, nous un million de Tibétains,
contre un milliard de Chinois ? Lors de la dernière rencontre [entre
Tibétains et Chinois après les JO], les Chinois ont purement et
simplement nié l'existence d'un problème tibétain. Le seul problème pour
eux, c'est le dalaï-lama, ce " séparatiste ".
Le Point : Quelle est la solution ?
Le Dalaï-Lama : Il faut protester. Le mouvement
contre la guerre du Vietnam a été un exemple de suprême efficacité pour
nous. Mais comment créer un tel mouvement contre les Chinois ? Il
faudrait que le monde entier participe à cette protestation.
Le Point : Que pensez-vous d'Obama ?
Le Dalaï-Lama : Je l'ai rencontré en 2004 lorsqu'il
était sénateur. Il a l'air très jeune, dynamique, mais je ne le connais
pas très bien [il marque une pause puis dévoile un petit sourire
moqueur]. Moi, j'aimais bien Bush ! Il rigolait tout le temps et me
prenait par la main chaque fois qu'il me rencontrait...
Le Point : Vous trouvez que le monde va mieux
?
Le Dalaï-Lama : Absolument ! Il y a de nombreux
signes positifs : l'élection d'Obama en est une, mais aussi l'Union
européenne qui avance-et les Français ont donné le ton et le donnent
encore aujourd'hui grâce à votre président.
Le Point : De quoi d'autre avons-nous besoin
?
Le Dalaï-Lama : D'un peu plus d'amour, d'un peu plus
de compassion les uns pour les autres... Du sens de l'humour, il faut
savoir sourire [il part alors d'un rire tonitruant qui lui secoue tout
le corps]...
Le Point : Vous avez rencontré récemment
Carla Bruni...
Le Dalaï-Lama : J'ai été très impressionné. Carla
Bruni est non seulement belle, mais elle est intelligente, dynamique et
sincère. Lorsque je l'ai rencontrée en août 2008, à Lodève, elle m'a
demandé comment elle et son mari pouvaient aider la cause tibétaine [le
dalaï-lama ne veut pas nous dire ce qu'il lui a demandé mais, trois mois
plus tard, Nicolas Sarkozy rencontrait enfin officiellement le
dalaï-lama en tête à tête].
Le Point : Vous pensez qu'elle est bouddhiste
?
Le Dalaï-Lama : [Silence]... Je ne sais pas... Il
faudrait lui demander [grand rire]...
Le Point : Comment s'est donc déroulée votre
entrevue avec le président français à Gdansk ?
Le Dalaï-Lama : Il a les idées claires , il est très
intelligent et ne cache pas ses buts. J'ai décelé quelqu'un d'ouvert,
qui sait écouter et qui, peut-être grâce à Carla, comprend la
spiritualité tibétaine.
Le Point : Si vous deviez définir les
Français en quelques mots...
Le Dalaï-Lama : Chaque fois que je vais chez vous,
je remarque que les journalistes français, même s'ils ne sont pas
toujours des plus polis, posent des questions plus intellectuelles, plus
profondes, que celles que posent par exemple les journalistes
américains. Beaucoup de Français s'intéressent également de près à la
cause tibétaine et au bouddhisme tibétain.
Le Point : A quoi attribuez-vous cet
engouement ?
Le Dalaï-Lama : Moi, je ne cherche pas à convertir,
je crois que chacun devrait garder sa religion. Mais que l'on croie au
bouddhisme ou non, il n'y a pas de doute que c'est une des philosophies
les plus riches de ce monde ; et cela explique peut-être cet engouement
croissant en France.
Le Point : Vous avez proposé que le Tibet
devienne un Etat démilitarisé, dénucléarisé, qui fasse tampon entre
l'Inde et la Chine, les deux géants d'Asie.
Le Dalaï-Lama : Oui, dénucléarisé surtout. Car les
Chinois ont placé sur le plateau du Tibet un certain nombre d'ogives
nucléaires. Nous savons également qu'ils stockent leurs déchets
nucléaires dans des grottes au nord du Tibet, car de nombreux animaux y
donnent naissance à des bébés difformes. Il faut que cela cesse et c'est
pour cela que je pense que le bouddhisme et sa religion de non-violence
et de compassion peuvent aider la Chine communiste [silence]. Une zone
de paix ne veut pas simplement dire une absence d'armes nucléaires, mais
aussi qu'il n'y ait pas la moindre trace de haine et de violence mentale
dans ceux qui la peuplent. Car, comme je l'ai dit plus haut, c'est la
motivation de la haine qui est plus grave que l'acte lui-même. Grâce à
une longue tradition bouddhique qui enseigne la compassion et l'amour,
nous les Tibétains pouvons remplir ce rôle
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Tibet : les ferments de la
révolte
Vendredi 20/02/2009 - Libération.fr - Pascale
Nivelle
Grand angle - A l'approche des commémorations d'un
mois de mars qui s'annonce explosif, et malgré le bouclage de la région,
notre envoyée spéciale a pu rencontrer des résistants au
quotidien.
Des
centaines d'hommes, serrés, debout à l'arrière de camions, remontent
l'unique rue de Tagong. Moines en robes rouges, bergers en manteaux
doublés de fourrure, le couteau à la ceinture. Ils lèvent les bras en
signe de victoire. Devant le temple étincelant dans le soleil d'hiver,
un millier de personnes et quelques yacks placides ont formé une haie
d'honneur. Villageois et nomades descendus des plateaux sont venus sur
leurs chevaux harnachés, les femmes ont sorti leurs lourdes coiffes de
fête ornées d'os de yack et d'argent. La foule pousse des cris aigus,
s'engouffre dans l'enceinte du monastère à la suite des camions. Deux
garçons, la tête basse, sont menés dans les profondeurs du temple sous
les huées : "Voleurs, pilleurs !" Dans la salle de prière, du riz et du
thé au beurre fumants attendent les justiciers. Partis à 300 avant le
lever du soleil à la poursuite des pilleurs de temple, ils n'ont rien
avalé depuis près de dix heures.
Dans le Tibet verrouillé, constellé de casernes de
la wujing, la police armée, la scène paraît inouïe. Toute cette longue
journée, les policiers chinois de Tagong sont restés terrés dans leur
local. L'expédition punitive aurait été montée à leur insu. "Ils savent,
mais ils ont peur", se moque Adjie (1), une solide commerçante
tibétaine, les joues écarlates de soleil et d'excitation. "La police,
c'est nous", pérore Telsen, l'un des "combattants". "Nous savions où
étaient les voleurs, nous sommes allés les chercher.
Maintenant, c'est aux grands lamas de les juger." Bras
nus dans le froid coupant, un moine, Nonorpa, explique : "Ces jeunes
garçons ont volé sept statues au temple, pour les revendre à Chengdu.
Leur famille, des nomades pauvres installés par ici pour l'hiver, les a
dénoncés. On les a arrêtés chez eux." A la découverte du vol, il y a
moins d'un mois, le temple n'avait pas porté plainte devant la justice.
Selon Nonorpa, le pouvoir chinois n'a pas à se mêler des "affaires
intérieures du monastère". C'est la tradition, Tagong s'y accroche au
mépris de la loi. "Si la police chinoise intervenait, les villageois se
soulèveraient, affirme Telsen, on ne la voit jamais dans ce genre
d'affaires." Selon le moine, "il s'agit d' un vol de plusieurs millions
de yuans, les jeunes risquent la peine de mort avec la loi chinoise.
Pour eux, mieux vaut que nous rendions la justice entre nous." La peine
est fixée à l'avance : quelques jours de détention dans le monastère,
puis une parade dans l'unique rue de Tagong, sous les sifflets de la
foule en colère, prête à lyncher les iconoclastes. Et peut-être un
pèlerinage obligatoire, à pied jusqu'au palais du Potala de Lhassa, à
quelque 1 500 kilomètres. Tout Tibétain doit s'y rendre un jour. "Cela
leur remettra les idées à l'endroit et servira d'exemple, juge Telsen,
33 ans. Beaucoup de jeunes n'ont plus de religion, plus rien dans la
tête. Le gouvernement leur a lavé le cerveau."
Bouche à oreille
Des Telsen, le Tibet en compte des dizaines de
milliers. Fiers, forts, fervents, ils sont allés, ou rêvent d'aller en
Inde se prosterner devant leur idole, la bête noire de Pékin. "Chez moi,
j'ai 400 photos du dalaï-lama, affirme Telsen dans un anglais presque
parfait. Si la police en découvre une seule, je peux partir en prison
pour huit mois." A 20 ans, ce fils de nomades pratiquement illettrés, en
charge de sa mère et de plusieurs frères et sœurs depuis la mort de son
père, était parti pour "devenir un vrai voyou", traînant de bars en
bars, prompt à la bagarre. Un séjour d'un an et demi à Dharamsala, parmi
les Tibétains en exil, l'a "métamorphosé". Il a vu le dalaï-lama deux
fois et a appris l'anglais. Revenu à Tagong, il a ouvert un commerce,
s'est acheté une voiture et des chevaux, et s'est mis au service du
temple qui a facilité son voyage en Inde : "J'ai compris ce que
signifiait être Tibétain", dit-il. Sur la route du Kham, haute région
tibétaine rattachée à la province du Sichuan, Telsen fait mine de tirer
sur les voitures de police et les convois militaires qui sillonnent la
région depuis les émeutes de mars dernier : "Je hais ce gouvernement.
Pas les Chinois, qui sont comme nous, mais ce régime." Il ajoute : "On
est tous prêts à se battre. Ce ne sera pas pour l'économie ou la
politique, mais pour défendre notre religion. A Pékin, ils n'ont pas
compris ça."
Adjie, la villageoise aux joues rouges, n'est pas
une rebelle. Mariée à un Chinois elle remercie "le gouvernement qui nous
donne à manger", se rappelant qu'enfant, elle marchait pieds nus l'hiver
: "On n'avait que de l'herbe et de la poudre d'os de yack pour ne pas
mourir de faim." Ce qui manque à Adjie, c'est "la liberté d'aimer celui
que vous appelez DL". Jamais elle ne reniera "sa sainteté" comme le
voudraient les autorités de Pékin. "Sa présence nous éclaire, il est
dans le cœur de chaque Tibétain, pour toujours", dit-elle. C'est sa
façon "personnelle" de résister. Le 25 mars, pour la première fois de sa
vie, Adjie boycottera le Losar, le nouvel an tibétain. Pas de danse, pas
de parades de chevaux, comme le veut la tradition. Cette année, le Tibet
priera "pour les morts de mars 2008". Selon les Tibétains en exil, la
répression des violentes émeutes au printemps dernier aurait fait 200
morts et 1 000 blessés. Pékin parle d'une vingtaine de victimes, tous
han (ethnie majoritaire chinoise).
Dans
l'immense région tibétaine, de la Région autonome du Tibet (TAR) au Kham
et à l'Amdo (provinces de Gansu et Qinghai), la consigne du boycott du
Losar est passée de bouche à oreille, de portable en portable. Elle est
partie d'on ne sait où, mais chacun s'apprête à la suivre : "Seuls les
Tibétains carriéristes ou ceux qui sont fonctionnaires danseront ce
jour-là", affirme Cewang, commerçant de 27 ans et déjà propriétaire de
plusieurs boutiques de souvenirs. Une vieille femme au visage tanné,
occupée à balayer le temple, s'approche à la vue d'étrangers : "Comment
va le dalaï-lama ?" Mola fera la grève du nouvel an et priera pour les
morts du 14 mars, "comme tout le monde". Elle ajoute : "Je ne suis
jamais allée à l'école, j'ai passé ma vie avec les yacks, je suis un
yack moi-même. Je ne comprends pas tout."
A huit heures de voiture de Tagong, sur la plus
mauvaise route de Chine qui relie la capitale du Sichuan à Lhassa, voici
Lithang, devenue en dix ans une bourgade chinoise grise et sale, serrée
au pied d'un immense monastère. L'altitude - 4200 mètres - n'a pas
découragé les nombreux Chinois installés ici. Pour arriver ici, il faut
passer au travers de plusieurs check-points tenus par des policiers de
18 ans, peu motivés. "Des Tibétains enchinoisés", comme explique,
maussade, notre chauffeur local : "La plupart des policiers, sauf les
chefs, sont Tibétains. C'est la force du pouvoir chinois de faire ça. En
cas d'émeutes, ils préfèrent qu'on se batte entre nous."
Bâton de pèlerin
La foule est tibétaine. Les hommes, cheveux longs,
portent la chuba, une manche négligemment rejetée en arrière. Les femmes
aux lourds bijoux cachent leur visage sous des bonnets colorés et
doublés de fourrure. Les policiers sont partout, errants sans but dans
la rue principale. Ce dimanche, vers midi, Lobsang Lhundup, 37 ans, lama
d'un monastère voisin, a brusquement levé son bâton de pèlerin dans la
rue du marché. Il a crié : "Longue vie au dalaï-lama, indépendance pour
le Tibet, pas de Losar cette année !" Les policiers ont fondu sur lui
aussitôt. "Ils l'ont frappé et arrêté", raconte un témoin. Le lendemain,
300 personnes défilaient dans Xingfu Donglu, la "rue du Bonheur" en
chinois. 24 Tibétains ont été arrêtés selon le groupe Free Tibet et des
témoins sur place. Le district, assure un commerçant, a été "placé sous
loi martiale".
En mars dernier, les émeutes tibétaines avaient
démarré comme ça. L'immense région s'était enflammée à quelques mois des
Jeux olympiques. Lithang était restée calme. Mais depuis, la ville a été
transformée en garnison de la PAP, la police armée populaire. Des
milliers de soldats campent, prêts à intervenir, ne sortant que pour des
parades spectaculaires.
Dans son Restaurant des Neiges, minuscule gargote
qui sert des momos (raviolis) tibétains, Metipa écarte le rideau de la
cuisine. Sous ses fenêtres, dans la cour d'une école transformée en
caserne, des dizaines de soldats s'entraînent, bouclier au poing,
hurlant en chœur. Metipa branche une cassette du chanteur interdit Gonga
pour couvrir ces "cris de guerre". Sur une étagère, une petite photo du
dalaï-lama jeune, du temps où il portait des verres fumés : "S'ils la
découvrent, les policiers m'obligeront à l'écraser du pied. Ils me
colleront une amende de plusieurs milliers de yuans et me mettront en
prison." Ce portrait pourtant en évidence, c'est la contribution de
Metipa, père de deux jeunes enfants, à la révolte secrète qui habite
selon lui les Tibétains : "Tout est devenu interdit, porter un couteau
en ville, mettre l'écharpe blanche à la porte du restaurant, ou des
drapeaux de prière… On a tous, tout le temps, envie de se rebeller. Mais
d'un autre coté, on a peur." Metipa dit connaître "au moins dix
personnes, dont des moines", qui ont été arrêtées ces derniers mois et
dont personne n'a plus de nouvelles. Au pied du Chöde Gompa, la grande
lamaserie qui surplombe la ville, il désigne quelques ruines : "Tout a
été détruit par l'armée chinoise dans les années 50. Des milliers de
moines ont été tués à cette époque. Chaque Tibétain le sait. On n'a
jamais pardonné."
Le 10 mars prochain sera le cinquantième
anniversaire de la plus importante rébellion tibétaine, matée dans la
violence par l'Armée populaire de libération (APL) qui avait "libéré" le
Tibet neuf ans plus tôt. Une semaine après, le dalaï-lama s'échappait
définitivement pour l'Inde, laissant 6 millions d'orphelins. Les
Tibétains, et encore plus les autorités chinoises, craignent de
nouvelles émeutes début mars. Déjà, de nombreuses régions de la zone
tibétaine ont été fermées préventivement aux étrangers, le passage des
convois militaires s'intensifie. Un jeune moine hésite à parler, de peur
d'avoir affaire à des envoyés du gouvernement, comme cela arrive
souvent. Puis il se lance, au mépris des caméras de surveillance piquées
tout autour : "Il va se passer des choses lors de cet
anniversaire."
Il ne faut pas insister longtemps pour être conduit
dans un dédale d'escaliers antiques jusque sous les toits. Comme dans
chaque monastère tibétain, la "Présence" est là, dans un réduit enfumé
d'encens. Dans un cadre d'un demi-mètre de hauteur, Tenzin Gyatso,
quatorzième dalaï-lama, sourit devant un monceau de billets de banque à
l'effigie de Mao. Un vieux moine fait un clin d'œil, le pouce levé,
heureux de la visite. Ses jeunes frères, occupés à façonner des
statuettes en beurre coloré dans un local glacial, le sont moins. Leurs
yeux en disent plus long que leurs paroles, contingentées sur ordre du
supérieur. Un bonnet enfoncé sur les yeux, un masque sur le visage, un
grand moine finit par souffler en anglais : "J'ai passé dix mois en
prison, comprenez-nous, on ne peut pas vous parler."
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(1) Les noms ont été
changés
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A Pékin, Jean-Pierre Raffarin fait un faux procès au
gouvernement tibétain en exil !
" Peut-on être favorable à la théocratie quand on est
Français, c'est-à-dire que le religieux prenne le pouvoir ?
"
Mardi 10 février 2009 - Aujourd'hui la
Chine L'ancien haut responsable
français Jean-Pierre Raffarin a affirmé mardi à Pékin qu'il restait
"encore du travail" pour un apaisement des relations entre la Chine et
la France, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Wen Jiabao.
"On est plutôt dans une situation où tout le monde cherche à sortir de
la crise (...) mais naturellement il y a encore du travail à faire, des
précisions et des clarifications à apporter", a-t-il déclaré à la
presse, soulignant que M. Wen avait insisté "de manière positive sur
l'exigence d'une bonne relation avec la France".
"Les Chinois attendent de
nous des positions rassurantes", a-t-il poursuivi, se déclarant persuadé
que le président français Nicolas Sarkozy prendrait "des initiatives
avant le 2 avril (date du G20 à Londres) pour rassurer les autorités
chinoises sur son attachement au partenariat global stratégique".
"Les diplomates
travaillent", a-t-il souligné, refusant de donner des précisions sur les
initiatives que la France pourrait prendre pour calmer la situation.
"Sur la souveraineté et la théocratie,
deux sujets sur lesquels les Chinois nous interpellent, nous avons
une forte proximité", a jugé M. Raffarin, expliquant que la France ne
pouvait pas "encourager le séparatisme du Tibet". "Peut-on être favorable
à la théocratie quand on est Français, c'est-à-dire que le religieux
prenne le pouvoir ?", a-t-il aussi lancé.
Les relations
sino-françaises qui avaient déjà pris un coup de froid au printemps
dernier, lors du passage chaotique de la flamme olympique à Paris, se
sont encore tendues à la fin de l'année dernière.
Le président Sarkozy, alors
président en exercice de l'Union européenne, avait décidé de rencontrer
le 6 décembre le dalaï lama en Pologne, entraînant l'annulation
exceptionnelle par Pékin d'un sommet sino-européen prévu à Lyon le 1er
décembre. Wen Jiabao a aussi volontairement évité la France lors de sa
récente tournée européenne.
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Sénat : Jean-François Humbert élu à la tête
du groupe d'information sur le Tibet
5 Février 2009 - Ma Commune.info
Le groupe a porté à sa présidence le sénateur du
Doubs qui succède à Louis de Broissia. La cause du Tibet a toujours été
très chère à Jean-François Humbert.
En cette année 2009, qui
s'annonce cruciale pour le Tibet et sera l'occasion de commémorer
l'invasion chinoise de 1949 et l'insurrection de Lhassa en 1959, le
groupe d'information sera plus actif que jamais, annonce un communiqué.
Il s'efforcera de prendre des
initiatives en commun avec les groupes sur le Tibet de l'Assemblée
nationale, du Parlement européen, et des autres Parlements de pays
démocratiques. Le nouveau président du groupe d'information
sur le Tibet du Sénat a, sans plus attendre, demandé à l'ambassadeur de
la République populaire de Chine à Paris de bien vouloir recevoir une
délégation de son bureau.
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Matthieu Ricard :
"le Dalaï-Lama est
découragé..."
Mardi 3 février 2009 - Le Matin (Suisse) -
Patrick Vallélian
Le chef spirituel des Tibétains n'a pas le
moral. La faute aux Chinois qui refusent tout dialogue, estime Matthieu
Ricard, un de ses proches.
Quelle issue à la crise entre le Tibet et la
Chine? Aucune, estime Matthieu Ricard*, moine bouddhiste français et
proche du dalaï-lama. Pis, cette situation bloquée par les Chinois sape
le moral du chef spirituel des Tibétains, 73 ans, qui a été hospitalisé
brièvement cette semaine à New Delhi. Pour la troisième fois en cinq
mois. "Le dalaï-lama est découragé depuis les tragiques événements de
mars dernier (ndlr: les révoltes antichinoises de Lhassa)", reconnaît
Matthieu Ricard.
"Les Chinois ne veulent pas
négocier un accord sur l'autonomie culturelle et religieuse du Tibet.
Depuis la fin des Jeux olympiques et le refus en bloc par Pékin du
projet tibétain d'une autonomie, compatible avec la Constitution
chinoise, qui permettrait la survie de l'héritage culturel du Tibet, le
dialogue semble être au point mort", poursuit Matthieu Ricard qui est
sorti de sa retraite spirituelle dans l'Himalaya le temps du WEF pour
participer à divers dialogues auxquels il a été convié et promouvoir
Karuna-Shechen, l'association humanitaire qu'il coordonne et qui est
active au Népal, en Inde et au Tibet.
C'est une situation
déplorable, estime le Français: "Les Chinois ne comprennent pas que le
mieux pour tous serait de trouver un accord avec le gouvernement
tibétain en exil tant que le dalaï-lama est en vie. Une fois qu'il ne
sera plus là, ceux qui exigent l'indépendance du Tibet pourraient
prendre le relais. Ce qui ne mènera pas à grand-chose."
D'autant que la communauté
internationale a d'autres préoccupations que de voler au secours du
Tibet depuis l'éclatement de la crise des subprime. "Dans beaucoup de
pays démocratiques, c'est le plus souvent "mollesse oblige". Il est
regrettable que la cause tibétaine soit ainsi sacrifiée."
Intérêts commerciaux
Les pays capitalistes ont
trop besoin de faire du commerce avec la Chine pour exiger un véritable
respect des droits de l'homme de la part de la nation la plus peuplée du
monde. "Le monde se couche trop facilement devant les Chinois. C'est un
mauvais calcul, car le gouvernement chinois est des plus cyniques et
méprise ceux qui s'abaissent devant lui." Une phrase que le Conseil
fédéral devrait méditer, lui qui a accueilli en grande pompe la semaine
dernière à Berne Wen Jiabao, le premier ministre chinois. Et qui a fait
dégager manu militari de la place Fédérale la poignée de manifestants
protibétains.
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Appel du Kashag à propos de la
relance de la campagne "Frapper fort" au Tibet Dharamsala le 29
janvier 2009
A la suite
des politiques très répressives adoptées par la RPC pour étouffer la
protestation des Tibétains dans toutes les régions du Tibet l'année
dernière, nous sommes très inquiets d'apprendre qu'à compter du 18
janvier 2009, les autorités chinoises à Lhassa ont lancé une campagne
"Frapper fort" de 42 jours dans l'intention d'accroître la vigilance
contre le regain de protestations politiques et pour maintenir la
stabilité dans la politiquement rétive région du Tibet. Des
sources crédibles ont signalé des " raids " officiels dans des maisons
et hôtels tibétains à Lhassa par le Bureau de sécurité publique (PSB)
qui a raflé "5766 suspects" à fin d'interrogatoire. Un incident de tir a
été également signalé au monastère de Dergué, à minuit le 27 janvier.
Cette campagne a pris un angle politique, particulièrement après les
nombreuses émeutes au Tibet en mars 2008 et est utilisée comme une arme
pour éliminer les dissidents. Nous sommes consternés
d'apprendre par un récent communiqué de presse, qu'en raison de tortures
et de coups sévères, Pema Tsepak, un jeune garçon tibétain, est mort le
23 janvier dans la région de Chamdo. Le 20 janvier, il avait prit part à
une manifestation non-violente avec deux autres jeunes garçons
tibétains, dont le sort reste aujourd'hui inconnu. Il y a
davantage de témoignages d'une pression accrue sur les Tibétains au
Tibet pour célébrer le prochain nouvel an tibétain (le Lossar), malgré
leur réticence à la célébration de celui-ci afin de montrer leur deuil
envers les compatriotes tibétains qui sont morts pendant les
manifestations de mars 2008. Dans les régions de "la préfecture autonome
tibétaine" de Ngaba et de "la préfecture autonome tibétaine" de Kardzé,
au Sichuan, les autorités chinoises ont même promis des primes de 500
yuan pour chaque famille et la délivrance de pétards gratuits afin
d'inciter à célébrer le Lossar tibétain. La relance de la
campagne "Frapper fort" et l'intensification d'autres politiques
extrêmes de la RPC vont causer encore bien plus de violations des droits
fondamentaux et des libertés du peuple tibétain. Il y a un accroissement
du sentiment de peur et d'intimidation à Lhassa et dans d'autres régions
du Tibet. Nous sommes très peu informés des intentions de la RPC
derrière la relance de ces campagnes, y compris l'éducation politique,
qui vont incontestablement créer une atmosphère propice à plus
d'agitation politique et, de ce fait, justifier l'usage de mesures
encore plus répressives. Nous demandons aux autorités de la
RPC de suspendre leur campagne "Frapper fort" et de mettre immédiatement
un terme à leurs politiques extrêmes au Tibet. Nous demandons vivement
aux parlements, aux gouvernements et à tous citoyens autour du monde
d'intervenir activement de façon à ce que les incidents malheureux de
mars 2008 ne se répètent pas. Nous demandons également aux
Tibétains au Tibet de comprendre que, malgré la dure répression et les
sévères restrictions, nous devons maintenir notre calme et puiser dans
notre persévérance non-violente, dans l'intérêt à long terme de notre
combat. Nous appelons vivement les Tibétains au Tibet à ne pas s'engager
dans la violence et d'éviter toute activité qui risquerait de conduire à
un emprisonnement inutile ou une mise en danger de la vie. Nous vous
engageons également à tout faire pour prévenir toute animosité et
conflit avec le peuple chinois. Le Kashag Cabinet de
l'Administration centrale tibétaine en
exil Dharamsala
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Opération "Frapper fort"...
La police est chargée
d'enquêter sur plusieurs milliers de
personnes
Mercredi 28 janvier 2009 -
Redaction Tibet Info (JMB)
La Chine a lancé une opération
de police au Tibet, enquêtant sur des milliers de personnes, dont
certaines ont été arrêtées pour leurs opinions "réactionnaires", a
affirmé le 28 janvier 2009 l’organisation de défense des Droits de
l’Homme International Campaign for Tibet (ICT).
La campagne "Frapper fort"
a été lancée le 18 janvier, à quelques semaines du 50e anniversaire du
soulèvement antichinois de mars 1959 au Tibet.
En une semaine, 8
424 personnes (1) ont fait l’objet d’une enquête et 81 ont été interpellées,
a de son côté indiqué le journal officiel China Tibet News sur son site
internet, dans un article récent.
Deux personnes ont notamment été arrêtées parce que
des "opinions réactionnaires" ont été trouvées dans leur téléphone
portable. D’autres sont soupçonnées de crimes tels que vol,
prostitution, meurtre, actes de violence, selon ce media.
La police de Lhassa n’a pas voulu commenter ces
informations.
China Tibet News affirme que
l’opération visait à créer "un bon environnement social" pour le Nouvel
an chinois (le 26 janvier) et le Nouvel an tibétain, le 25 février, mais
ICT estime qu’elle pourrait avoir pour but "d’intimider les Tibétains"
avant le 50e anniversaire du soulèvement de mars, et le premier
anniversaire des violences qui avaient secoué la région en 2008.
"Les autorités ont peur de
nouveaux troubles après la vague de manifestations qui avaient balayé le
plateau (himalayen) l’an dernier", a indiqué
ICT.
(1) L’AFP mentionne
8 424 personnes, ICT n’en mentionne "que" 5 766, car il fait référence à
une source antérieure.
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Pema Tsepak. © Phayul
Communauté tibétaine de
Tsawa
Un jeune Tibétain battu à mort par la police
chinoise
Mardi 27 janvier 2009 -
Redaction Tibet Info (JMB) - Phayul
Pema Tsepak, l’un des trois
jeunes Tibétains qui ont protesté dans le comté de Dzogang [1],
préfecture de Chamdo, en "Région autonome du Tibet", est décédé le 23
janvier 2009 de ses blessures après avoir été battu par les autorités
chinoises.
Le 20 janvier, trois
Tibétains, identifiés comme Thinley Ngodrub, 24 ans, son frère Thargyal,
23 ans [2], et Pema Tsepak, 24 ans, tous originaires de Punda, Comté de
Dzogang, ont exhibé une bannière blanche où était écrit "Indépendance
pour le Tibet", ont jeté des tracts en l’air et crié des slogans, avant
de se faire arrêter par les forces de sécurité chinoises. Une jeune
tibétaine, Dechen Dolma, qui a été trouvée en possession du portable de
Pema Tsepak, a également été arrêtée mais libérée plus tard, le 24
janvier.
Selon des contacts à
Dharamsala, Pema a été admis à l’hôpital du Comté de Dzogang pour des
soins, mais son cas était tellement grave qu’il a dû être transporté à
l’hôpital de la préfecture de Chamdo, où il a succombé à ses blessures.
Pema avait subi de graves
blessures à l’intestin et aux reins, selon le témoignage de Yeshi Tsomo,
originaire de cette région du Tibet, à Phayul.
Dans un autre incident survenu
le 22 janvier, trois autres Tibétains ont participé à une manifestation
de protestation et ont été arrêtés immédiatement. Ils ont été identifiés
comme étant Tashi Norbu, 29 ans [3], Thinlay Gyatso, 44 ans, et Lobsang
Lhamo, 27 ans, tous du Comté de Dzogang. [4]
Une veillée aux chandelles et
une session de prière ont eu lieu à Dharamsala pour pleurer la mort de
Pema Tsepak avec les personnes originaires de sa communauté, en
collaboration avec les associations Tibetan Women Association
(Association des femmes tibétaines), Gu-Chu-Sum, et Students for a Free
Tibet - India (Etudiants pour un Tibet libre -
Inde).
Le Gouvernement tibétain en
exil rappelle que la violente répression des manifestations au Tibet
après mars 2008 est estimée avoir fait 219 morts, 1 294 blessés, et 5
600 personnes arrêtées ou détenues, dont plus de 1 000 manquent
encore.
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[1] Le Comté de Dzogang forme,
avec celui de Markham, la partie la plus au sud-est de
la "Région Autonome du Tibet".
[2] Thinley Ngodrub et son
frère Thargyal sont retenus à la prison de Chamdo
[3] Tashi Norbu est enfermé à
la prison du Comté de Dzogang
[4] Thinlay Gyatso et Lobsang Lhamo ont été libérés
le 24 janvier.
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BUREAU DU TIBET -
PARIS
Mercredi 14 janvier 2009
Discours au parlement Européen
Traduction
française effectuée par le Bureau du Tibet
Décembre
2008
Sa Sainteté le Dalaï Lama
Votre Excellence, M. le
Président, Honorables membres du Parlement, Mesdames et
Messieurs,
C'est un grand honneur de
parler devant vous et je vous remercie de votre invitation. Où que
j'aille, mon principal intérêt et mon engagement premier sont la
promotion des valeurs humaines, telles que l'affection - que je
considère comme le facteur clé d'une vie heureuse tant aux niveaux
individuel et familial que collectif. De nos jours, il semble qu'une
attention insuffisante soit prêtée aux valeurs intérieures. Les
promouvoir constitue donc mon engagement numéro
un.
Mon second engagement le
plus important, c'est la promotion de l'harmonie entre les religions.
Nous acceptons le besoin de pluralisme en politique et en démocratie
mais nous semblons souvent plus hésitants quant à la pluralité des fois
et des religions. Malgré leurs différents concepts philosophiques, les
traditions religieuses majeures portent le même message d'amour, de
compassion, de tolérance, de contentement et de maîtrise de soi. Elles
ont également en commun le potentiel d'aider les êtres humains à mener
des vies plus heureuses. Ces deux objectifs constituent mes engagements
les plus forts.
Bien sûr, le problème du
Tibet me concerne tout particulièrement et j'ai une responsabilité
spécifique à l'égard du peuple tibétain, qui continue de placer en moi
ses espoirs et sa confiance en cette très difficile période de notre
histoire. Le bien-être du peuple tibétain est ma constante préoccupation
et je me considère comme son libre porte-parole en
exil.
La dernière fois que j'eus
le privilège de m'adresser au Parlement européen (PE), le 24 octobre
2001, j'ai déclaré : " malgré quelques développements et progrès
économiques, le Tibet continue de faire face à des problèmes de survie
fondamentaux. Les violations sérieuses aux droits de l'Homme sont
répandues dans tout le Tibet et sont souvent le résultat de politiques
de discriminations raciales et culturelles. Malgré tout, elles sont
seulement les symptômes et les conséquences d'un problème plus profond.
Les autorités chinoises voient la culture et la religion distinctes du
Tibet comme la source d'une menace de séparation. De ce fait, un peuple
entier avec sa culture et son identité uniques font face à la menace
d'extinction résultant de politiques délibérées ".
Depuis mars de cette année,
des Tibétains de tous milieux, à travers tout le plateau tibétain, ont
manifesté contre les politiques discriminatoires et oppressives des
autorités chinoises au Tibet. Avec la pleine conscience du danger
imminent pour leurs vies, des Tibétains de tout le Tibet appelé aussi
Tcheulkha-Soum (U-Tsang, Kham et Amdo), jeunes et vieux, hommes et
femmes, moines et laïcs, croyants et non-croyants, y compris des
étudiants, se sont rassemblés spontanément et courageusement pour
exprimer leur angoisse, leur mécontentement et leurs doléances
authentiques vis-à-vis des politiques du gouvernement chinois. J'ai été
profondément attristé par la perte de vies humaines, tibétaines et
chinoises, et j'ai immédiatement appelé les autorités chinoises à la
retenue. Comme les autorités chinoises m'ont accusé d'orchestrer les
récents événements au Tibet, j'ai appelé de façon répétée à ce qu'une
investigation en profondeur soit diligentée par un comité indépendant et
internationalement reconnu, que j'invite aussi à Dharamsala, en Inde. Si
le gouvernement chinois dispose de la moindre preuve pour soutenir ses
allégations, il doit la révéler au monde.
Malheureusement, les
autorités chinoises ont eu recours à des méthodes brutales pour gérer la
situation au Tibet, malgré les appels de plusieurs dirigeants du monde,
d'ONG et de personnalités de stature internationale pour éviter la
violence et montrer de la retenue. Durant les évènements, un grand
nombre de Tibétains ont été tués, des centaines blessés et emprisonnés.
Nombreux sont ceux dont le sort reste inconnu. Alors que je me tiens
devant vous, il y a dans plusieurs régions du Tibet une forte présence
policière et militaire. Dans plusieurs endroits, les Tibétains
continuent de souffrir à cause d'une situation de loi martiale de fait.
Il y a une atmosphère d'angoisse et d'intimidation. Les Tibétains au
Tibet vivent constamment avec la peur d'être le prochain arrêté. Compte
tenu de l'interdiction faite aux observateurs internationaux, aux
journalistes ou même aux touristes de se rendre dans plusieurs régions
du Tibet, je suis profondément inquiet du sort des Tibétains.
Actuellement, les autorités chinoises ont la main complètement libre au
Tibet. C'est comme si les Tibétains faisaient face à une peine de mort,
une peine visant la destruction de l'esprit du peuple
tibétain.
Plusieurs honorables
membres du PE connaissent mes efforts constants pour parvenir à une
solution mutuelle acceptable au problème tibétain, à travers le dialogue
et la négociation. Dans cet esprit, au PE à Strasbourg, en 1988, j'ai
présenté une proposition formelle de négociation qui n'appelle pas à la
séparation et à l'indépendance du Tibet. Depuis lors, nos relations avec
le gouvernement chinois ont connu diverses fortunes. Après une
interruption de près de dix ans, en 2002 nous avons établi à nouveau un
contact direct avec les dirigeants chinois. Des discussions importantes
ont eut lieu entre mes envoyés et des représentants du gouvernement
chinois. Dans ces discussions nous avons clairement exposé les
aspirations du peuple tibétain. L'essence de mon approche de la voie
médiane est d'assurer une autonomie véritable pour le peuple tibétain,
dans le cadre de la constitution de la République populaire de Chine
(RPC).
Durant le 7ème round de
discussions à Pékin, les 1er et 2 juillet de cette année, la partie
chinoise nous a invités à présenter nos vues sur l'autonomie véritable.
En conséquence, le 31 octobre 2008 nous avons présenté au gouvernement
chinois le Mémorandum pour l'autonomie réelle du peuple tibétain. Notre
mémorandum présente notre position sur l'autonomie véritable et comment
les besoins primaires de la nation tibétaine pour cette autonomie
peuvent être satisfaits. Nous avons présenté ces suggestions avec le
seul objectif de faire un effort sincère pour régler les problèmes réels
au Tibet. Nous étions confiants qu'avec de la bonne volonté, les
solutions présentées dans notre mémorandum pouvaient être mises en
œuvre.
Malheureusement, la partie
chinoise a rejeté notre mémorandum dans sa totalité, stigmatisant nos
suggestions comme une tentative de " semi-indépendance " et "
d'indépendance déguisée " et, pour cette raison, inacceptables. De plus,
la partie chinoise nous accuse de " nettoyage ethnique " parce que notre
mémorandum appelle à la reconnaissance du droit des régions autonomes "
de réguler la résidence, l'installation, l'emploi ou les activités
économiques des personnes qui souhaitent venir dans des régions
tibétaines et provenant d'autres régions de la RPC.
"
Nous avons clairement
exposé dans notre mémorandum que notre intention n'est pas d'expulser
des non-Tibétains. Notre inquiétude est le mouvement de masse mis en
oeuvre, en premier lieu de Han, mais aussi d'autres nationalités, dans
plusieurs régions tibétaines qui marginalise la population autochtone
tibétaine et menace l'écosystème fragile du Tibet. Les changements
démographiques majeurs qui résultent d'une immigration massive
conduiront à l'assimilation plutôt qu'à l'intégration de la nationalité
tibétaine dans la RPC et, graduellement, à l'extinction de la culture
distincte et de l'identité du peuple tibétain.
Le cas des populations de
la Mandchourie, de la Mongolie intérieure et du Turkestan oriental sont
des exemples pertinents des conséquences dévastatrices d'un transfert
massif de population Han majoritaire vers des zones aux ethnies
minoritaires. Aujourd'hui, la langue, l'écriture et la culture du peuple
mandchou ont disparu. Et en Mongolie intérieure, aujourd'hui, seuls 20%
sont d'origine mongole sur une population totale de 24
millions.
Malgré les déclarations
contraires de certains officiels chinois tenant d'une ligne dure, nous
avons répondu sincèrement aux inquiétudes du gouvernement chinois
s'agissant de la question de la souveraineté et de l'intégrité
territoriale de la RPC. Le mémorandum, dont nous vous remettons une
copie, l'explique parfaitement. Vos commentaires et vos suggestions sont
les bienvenus.
Je profite de cette
opportunité pour solliciter les bons offices de l'Union européenne et du
Parlement : ne ménagez pas vos efforts pour convaincre le gouvernement
chinois de résoudre le problème du Tibet par des négociations sincères ,
pour le bien commun des peuples tibétain et
chinois.
Bien que je rejette
fermement l'emploi de la violence comme moyen, dans notre combat, nous
avons certainement le droit d'explorer toutes les autres options
politiques qui nous sont disponibles. Dans un esprit démocratique, j'ai
appelé à une réunion spéciale des Tibétains en exil pour discuter de
l'état du peuple tibétain, du problème du Tibet et de la conduite future
de notre mouvement. La réunion a eu lieu du 17 au 22 novembre 2008 à
Dharamsala, en Inde. Le manque de réponse positive du gouvernement
chinois à nos initiatives a renforcé la suspicion de nombreux Tibétains,
qui considèrent que le gouvernement chinois n'a aucun intérêt à trouver
une solution mutuellement acceptable. Ils continuent de croire que le
gouvernement chinois est résolu à une assimilation forcée et complète et
à une absorption du Tibet par la Chine. Du coup, ils appellent à une
complète indépendance du Tibet. D'autres défendent le droit à
l'autodétermination et à un référendum au Tibet. En dépit de ces
différents points de vue, les délégués ont unanimement décidé de me
donner le pouvoir de décider de la meilleure approche, en accord avec la
situation du Tibet, de la Chine et du monde et des changements qui
interviennent.
Je vais étudier les
suggestions faites par 600 leaders et délégués des communautés
tibétaines dans le monde, y compris les vues que nous pouvons rassembler
de Tibétains au Tibet.
Je suis un ardent défenseur
de la démocratie. En conséquence, j'ai constamment encouragé les
Tibétains en exil à suivre le processus démocratique. Aujourd'hui, la
communauté de réfugiés tibétains fait partie des rares communautés de
réfugiés qui ont établi les trois piliers de la démocratie : le
législatif, le judiciaire et l'exécutif. En 2001, nous avons franchi une
grande étape dans le processus de démocratisation en élisant par
suffrage direct le Premier ministre du Kashag (le cabinet de
l'administration tibétaine en exil).
J'ai toujours soutenu que
le peuple tibétain devait, en dernier ressort, décider du futur du
Tibet. Comme l'a dit le Pandit Nehru, Premier ministre de l'Inde, devant
le Parlement indien le 7 décembre 1950 : " le dernier mot en ce qui
concerne le Tibet devrait être celui du peuple du Tibet et de personne
d'autre ". Le problème du Tibet a des dimensions et des implications qui
vont bien au-delà du sort de 6 millions de Tibétains. Tout d'abord, le
Tibet est situé entre l'Inde et la Chine. Pendant des siècles le Tibet a
été une zone tampon pacifique, séparant les deux pays les plus peuplés
de la Terre. Quoi qu'il en soit, en 1962, seulement quelques années
après la soi-disant " libération pacifique du Tibet ", le monde a été
témoin de la première guerre de l'histoire entre les deux géants de
l'Asie. Cela démontre clairement l'importance qu'il y a à trouver une
résolution juste et pacifique de la question du Tibet pour permettre une
confiance et une amitié véritables et durables entre les deux plus
puissantes nations de l'Asie. Le problème du Tibet tient également en la
fragilité de son environnement qui, selon les scientifiques, a un impact
sur une grande partie de l'Asie et ses milliards d'habitants. Le plateau
tibétain est la source de plusieurs des plus grands fleuves d'Asie. Les
glaciers du Tibet forment la plus grande masse de glace en dehors des
pôles. Certains experts de l'environnement parlent du Tibet comme du
3ème Pôle. Et si le présent réchauffement perdure, le fleuve Indus
pourrait s'assécher dans les prochains 15-20 ans. Enfin, l'héritage
culturel du Tibet est basé sur le principe bouddhique de compassion et
de non-violence. De ce fait, il concerne non seulement les 6 millions de
Tibétains mais aussi les 13 millions de personnes à travers l'Himalaya,
la Mongolie et les Républiques de Kalmoukie et de Bouriatie en Russie, y
compris les frères et soeurs chinois qui, de plus en plus nombreux,
partagent cette culture qui a le potentiel de contribuer à bâtir un
monde pacifique et harmonieux.
Ma maxime a toujours été
d'espérer le meilleur et de se préparer pour le pire. Avec ceci à
l'esprit, j'ai conseillé aux Tibétains en exil de faire plus d'efforts
dans l'éducation de nos jeunes générations, de renforcer nos
institutions culturelles et religieuses en exil, avec pour objectif de
préserver notre riche héritage culturel, d'étendre et de renforcer les
institutions démocratiques et la société civile au sein de la communauté
des réfugiés tibétains. L'un des principaux objectifs de notre
communauté en exil est de préserver notre héritage culturel là où c'est
possible et d'être la voix libre de notre peuple captif au Tibet. Nous
faisons face à des tâches et à des défis démesurés. En tant que
communauté de réfugiés, nos ressources sont naturellement limitées.
Nous, Tibétains, devons également envisager le fait que notre exil
pourrait durer encore plus longtemps. Je voudrais donc remercier l'Union
européenne pour son aide dans les domaines de l'éducation et la
culture.
Je n'ai aucun doute sur le
fait que l'engagement, fidèle sur les principes, du Parlement européen à
l'égard de la Chine aura un impact sur le processus de changement en
cours en Chine. La tendance globale est vers plus d'ouverture, de
liberté, de démocratie et de respect pour les droits de l'Homme. Tôt ou
tard, la Chine devra suivre la tendance mondiale. Dans ce contexte,
j'aimerais louer le PE pour avoir honoré du prestigieux prix Sakharov le
défenseur des droits de l'Homme Hu Jia. C'est un signal important alors
que nous voyons la Chine progresser rapidement. Avec son nouveau statut,
celle-ci est conduite à jouer un rôle majeur de leader sur la scène
mondiale. Pour le remplir, je pense qu'il est essentiel pour la Chine de
permettre l'ouverture, la transparence, le droit et la liberté
d'information et de penser. Il n'y a pas de doute sur le fait que les
attitudes et les politiques de la communauté internationale envers la
Chine auront un impact sur le processus de changement en cours, autant
que sur les événements et développements internes.
En contraste avec
l'attitude toujours extrêmement rigide du gouvernement chinois envers le
Tibet, il y a heureusement au sein de la population chinoise - surtout
au sein des cercles chinois éduqués et informés - une compréhension et
une sympathie grandissantes pour la souffrance du peuple tibétain. Bien
que ma foi dans le gouvernement chinois sur la question du Tibet
devienne de plus en plus faible, ma foi dans le peuple chinois reste
inébranlable. J'ai donc conseillé au peuple tibétain de faire des
efforts concertés pour toucher le peuple chinois. Les intellectuels
chinois ont ouvertement critiqué la répression brutale des
manifestations tibétaines par le gouvernement chinois en mars de cette
année et ont appelé à la retenue et au dialogue pour résoudre les
problèmes au Tibet.
Des avocats chinois ont
publiquement offert de défendre lors de leur procès des manifestants
tibétains arrêtés. Aujourd'hui, il existe une compréhension, une
sympathie, un soutien et une solidarité grandissantes au sein de nos
frères et soeurs chinois pour la situation difficile des Tibétains et
leurs aspirations légitimes. C'est très encourageant. Je profite de
cette opportunité pour remercier nos courageux frères et soeurs chinois
pour leur solidarité.
Je remercie également le PE
pour son soutien et son attention continus pour le combat juste et
non-violent des Tibétains. Votre sympathie, votre soutien et votre
solidarité ont toujours été une grande source d'inspiration et
d'encouragement pour le peuple tibétain, à la fois au-dedans et
au-dehors du Tibet. Je voudrais remercier tout particulièrement les
membres de l'Intergroupe Tibet du PE, qui ont fait de la tragédie du
peuple tibétain non seulement le sujet de leur travail politique mais
aussi la cause de leur coeur. Les nombreuses résolutions du PE sur le
problème du Tibet ont beaucoup aidé à révéler la souffrance du peuple
tibétain et à faire prendre conscience du problème du Tibet au grand
public et aux gouvernements, ici, en Europe, et partout dans le
monde.
Le soutien constant apporté
par le PE pour le Tibet n'a pas été ignoré en Chine. Je regrette que
cela ait causé quelques tensions dans les relations UE - Chine. Quoi
qu'il en soit, j'aimerais partager avec vous mon espoir et ma croyance
sincères que l'avenir du Tibet et de la Chine passera d'une
incompréhension à une relation basée sur le respect mutuel, la confiance
et la reconnaissance d'intérêts communs - malgré la situation actuelle
très sombre au Tibet et l'impasse du processus de dialogue entre mes
émissaires et le gouvernement chinois. Je n'a pas de doutes sur le fait
que votre attention et votre soutien continus pour le Tibet vont, sur le
long terme, avoir un impact positif et aideront à créer l'environnement
politique nécessaire pour une résolution pacifique du problème du Tibet.
Votre soutien continu est donc essentiel.
Je vous remercie de
l'honneur que vous m'avez fait de pouvoir partager mes pensées avec
vous.
Sa Sainteté le XIVème
Dalaï Lama le 4 décembre 2008 Bruxelles
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La Chine
relâche des prisonniers
pour ne pas les voir mourir en
prison
Mardi 6 janvier 2009 - Redaction Tibet Info
(JMB) - Phayul et Voice of Tibet
La Chine a commencé à libérer
les prisonniers tibétains qui sont susceptibles de succomber à leurs
blessures des suites de la torture et des sévices subis en prison. Cela
permet aux autorités chinoises de ne pas être responsable de la mort
d’un détenu en prison.
"Ils (les autorités
chinoises) remettent les prisonniers aux familles pour éviter d’être
blâmé pour leur mort", a déclaré Tenzin Choeying de Students for a Free
Tibet (Étudiants pour un Tibet Libre) en Inde.
Selon la radio Voice
of Tibet, Guru Dorji, de Kardzé, a été libéré avant la fin de sa peine
de prison, après avoir été sauvagement torturé en prison.
Citant des sources fiables, VOT a indiqué que les
villageois ont été appelés par les autorités pénitentiaires pour venir
récupérer Guru Dorji le 1er janvier. Les villageois l’ont ramené à son
domicile le lendemain dans un piètre état.
L’épouse de Guru Dorji est décédée alors qu’il était
en prison. Il a exprimé sa tristesse de ne pas avoir pu la voir, mais a
déclaré qu’il n’était pas inquiet au sujet de sa propre mort. Prévoyant
sa mort prochaine, Guru Dorji a distribué ses biens à ses deux enfants
et a exhorté ses concitoyens à prendre soin d’eux.
Les villageois qui sont allés le chercher ont été
forcés de signer une lettre promettant qu’il ne participerait pas à des
manifestations, s’il se remettait de ses blessures. Une source locale a
indiqué à Voice Of Tibet que Guru vomissait ce qu’il mangeait, et qu’il
était dans un état grave.
Dans un autre incident, une
fille nommée Rigden Lhamo, 21 ans, de Kardzé, a été remise à sa famille
autour du 25 décembre 2008, parce que les autorités craignaient qu’elle
ne succombe à ses blessures en prison. Elle a été grièvement blessée
lors des manifestations du 28 mai 2008, et a ensuite été
emprisonnée.
Le 22 décembre, Rinchen et
Jampa Dolma, du couvent de Getsul à Kardzé, ont également été libérées
avant leur date de sortie prévue. Elles ont été arrêtées avec deux
autres religieuses de Getsul pour leur participation à des protestations
le 22 mai à Kardzé.
Cependant, les raisons de leur libération n’ont pas
pu être confirmées pour le moment.
Une autre sœur nommée Dolma
Yangtso du couvent de Laru à Sertha avait informé sa famille de sa
condamnation à 2 ans de prison. Elle est décédée des suites de ses
blessures après avoir été touchée par balle par les forces de sécurité
chinoises lors d’une manifestation le 10 août 2008, toujours à
Kardzé.
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Voeux de Thupten GYATSO, président de
la Communauté tibétaine de France
Chers amis du Tibet,
A l'occasion de la festivité de
la Saint Sylvestre, je voudrais vous présenter à toutes et à tous de
tout mon coeur au nom de notre équipe du Bureau de "la Communauté
Tibétaine de France et ses Amis" nos meilleurs voeux pour 2009. Nous
prions que celle-ci vous apporte de la paix et de la santé aussi bien à
l'échelle individuelle que collective, ainsi que la réalisation de vos
projets.
L'année 2008 a marqué par une
multitude des événements de tout genre sur le plan mondial et plus
particulièrement au Tibet, les manifestations politiques du mois de mars
dernier ont ouvert une nouvelle page dans l'Histoire de la Résistance
pacifique du peuple tibétain contre l'occupation illégale de notre pays
par la "République populaire de Chine".
Une répression sanglante menée
par des militaires chinois et "la Police armée du Peuple" à l'encontre
des manifestants Tibétains et celle-ci a été commandité directement par
Hu Jin Tao sous sa responsabilité.
Nous sommes tellement attristés
par l'absence d'une réaction concertée de la part de "la Communauté
internationale" sur la question tibétaine à l'instar d'autres problèmes
du monde afin d'imposer aux autorités chinoises "une enquête
internationale" sur la persécution généralisée de la population civile
tibétaine complètement désarmée.
La République populaire de
Chine a bénéficié une totale impunité de l'ONU pour ses crimes contre
l'humanité au Tibet et ailleurs. Le résultat de course, le Tibet
est devenu une prison à ciel ouvert où les Tibétains sont considérés
moins que rien par un pouvoir colonial qui ne sait que exprimer à
travers la violence ensuite Hu Jing Tao cherche à cacher ses crimes en
déformant les faits et sa machine de propagande (Xinghai) prêche une
version des faits selon laquelle les rôles inversés des criminels des
victimes.
Au mois de mai dernier, malgré
la tension qui régnait au Tibet suit aux répressions chinoises, les
Tibétains dans le monde entier ont fait preuve de compassion et d'amitié
en exprimant leurs solidarité avec le peuple chinois lors de la
tremblement de Terre du 12 mai 2008 en Chine, qui a provoqué la mort de
92, 000 personnes selon "l'agence officielle de Chine nouvelle" et que
plusieurs millions se seraient retrouvés sans
abri.
le processus du dialogue
sur l'avenir du Tibet entre Dharamsala et Pékin se retrouve dans
l'impasse à cause de la mauvaise foi et du manque de la volonté
politique des autorités chinoises pour régler la question tibétaine.
Mais tout n'est pas perdu pour le Tibet, les Tibétains dans sa forte
majorité ont apporté un soutien sans faille à la politique de la voie
médiane du gouvernement tibétain donc à Sa Sainteté le Dalai Lama à
travers la "Réunion extraordinaire du 17-22 du novembre dernier à
Dharamsala en Inde.
A l'issue de cette réunion
spéciale, la société civile a démontré son unité et sa pertinence sur sa
demande de l'autonomie pour le Tibet. Désormais la balle se trouve du
côté de Pékin.
En tant que Tibétains, nous
apportons notre soutien à " Charte 08" rédigée par plus de trois cents
chinois de tous les secteur de la société chinoise. ce document résume
en 19 points réclame fin de monopole du pouvoir "du parti communiste"
afin d'engager la Chine vers un Etat fédérale dans un cadre d'une
démocratie chinoise soucieuse du respect des droits fondamentaux pour
tous.
Enfin, nous vous souhaitons une
très belle année et nous demandons à nos amis citoyens de continuer
votre soutien à la cause du Tibet. je vous remercie
infiniment.
Thupten GYATSO,
pour l'équipe du Bureau
de "la Communauté
Tibétaine de France".
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Nicolas Sarkozy a rencontré le
Dalaï-Lama
6 Décembre 2008 - Le
Parisien
Le président de la République a
rencontré pour la première fois le chef spirituel tibétain. L'entretien
a eu lieu à Gdansk (Pologne), à l'occasion de la cérémonie organisée
pour le 25e anniversaire de la remise du prix Nobel de la paix à Lech
Walesa, ancien président polonais et ancien dirigeant du syndicat
Solidarnosc.
"Il convient de ne
dramatiser aucun rendez-vous. Je suis libre en tant que président de la
République française de mon agenda", a déclaré Nicolas Sarkozy,
avant la rencontre avec le dalaï lama qui devrait durer trente
minutes cet après-midi. "En tant que président du Conseil de
l'Europe, je porte des valeurs, des convictions. C'était mon devoir de
le faire, je le fais bien volontiers", a-t-il ajouté.
Cette rencontre suscite la
colère des Chinois, qui menacent de boycotter les produits français.
Pour Pékin, le chef spirituel tibétain en exil est un agitateur
dangereux. Après avoir annulé un sommet avec l'UE à Lyon le 1er décembre
et, dans la foulée, le sommet France-Chine prévu le lendemain à Paris,
Pékin a maintenu la pression sur Paris. Le porte-parole du ministère des
Affaires étrangères, Liu Jianchao, a ainsi affirmé que les relations
commerciales bilatérales pourraient en souffrir, tandis que les appels à
boycotter les produits français ont ressurgi sur Internet.
Face à la colère chinoise, Nicolas Sarkozy a déclaré
à Gdansk : "Il faut voir ces choses tranquillement, sereinement. Le
monde a besoin d'une Chine ouverte qui participe à la gouvernance
mondiale. La Chine a besoin d'une Europe puissante (...) nous avons le
devoir de travailler ensemble." Les relations s'étaient refroidies au
printemps après la sévère répression par Pékin de manifestations
tibétaines, qui avait "choqué" le chef de l'Etat français, puis du
passage mouvementé de la flamme olympique à Paris. En août, Nicolas
Sarkozy avait renoncé à rencontrer le dalaï lama en visite en France. Le
chef spirituel tibétain avait inauguré un temple boudhique avec Carla
Bruni-Sarkozy. "J'ai déjà rencontré l'épouse. Je suis heureux
maintenant de rencontrer le mari", a-t-il déclaré, non sans ironie,
cette semaine lors de sa visite au Parlement de Bruxelles.
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Edito du Monde
Alarme tibétaine
Edition du 25/11/2008 - Le
Monde Il faut s'inquiéter pour le Tibet.
L'apparent calme qui règne sur le Toit du monde, secoué au printemps par
des troubles violents avant que la main de fer de Pékin ne le bâillonne,
est trompeur. En l'absence de règlement politique, le désenchantement et
le désespoir continueront d'y faire oeuvre délétère, avant la prochaine
explosion.
L'échec récent des discussions avec Pékin,
auxquelles les dirigeants chinois avaient consenti pour faire bonne
figure avant les Jeux olympiques de l'été, est un fort mauvais
présage.
Déjà le raidissement se dessine dans le camp
tibétain. Comme si la trêve olympique se concluait. En l'absence d'une
information libre, on peine évidemment à prendre toute la mesure des
sentiments qui travaillent les cinq millions de Tibétains de
l'"intérieur" qui vivent sous la férule chinoise.
Mais la diaspora (140 000 personnes) est gagnée,
elle, par une exaspération lourde de périls. Si un message devait être
retenu des états généraux de l'exil qui se sont réunis du 17 au 22
novembre à Dharamsala, sur les contreforts himalayens du nord de l'Inde,
c'est bien celui-là : les esprits se crispent à nouveau.
Il ne faut pas chercher à se rassurer en relevant
que le document final du conclave, sans précédent dans les annales du
mouvement tibétain, réaffirme le soutien à la voie modérée - l'autonomie
- prônée par le dalaï-lama. Il convient de bien lire entre les lignes.
Ce que sous-entend vraiment ce texte, c'est que toutes les options vont
redevenir ouvertes si, "dans un proche futur", Pékin ne se départ pas de
son intransigeance coutumière.
Toutes les options ? Le projet d'"indépendance", terme
jusque-là tabou dans les cercles proches du dalaï-lama, est ainsi brandi
comme une mise en garde.
Deux décennies d'approche conciliatrice - la fameuse
"voie du milieu" - du chef politique et spirituel des Tibétains sont
ainsi virtuellement en danger. Il est urgent que la communauté
internationale comprenne la rupture en train de se dessiner. Il est
impératif qu'elle se tourne à nouveau vers Pékin pour le convaincre
qu'il n'est dans l'intérêt de personne, y compris des Chinois eux-mêmes,
que le Toit du monde s'enfièvre à nouveau.
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Le Dalaï-Lama juge la communauté
tibétaine
"en grand danger"
Dimanche 23/11/2008 - LEMONDE.FR
Le dalaï-lama a tenu une conférence de presse,
dimanche 23 novembre, à Dharamsala, après avoir déclaré, lors d'un
rassemblement des Tibétains en exil, qu'il avait "récemment perdu de
plus en plus confiance dans les autorités chinoises".
La communauté tibétaine est "en grand danger" faute
de stratégie, a averti, dimanche 23 novembre, le dalaï-lama, qui a aussi
reconnu avoir perdu toute confiance dans les autorités chinoises après
l'échec d'années de négociations sur le statut du Tibet.
"J'ai récemment déclaré que ma confiance dans les
autorités chinoises s'amenuisait", a-t-il ainsi déclaré lors d'un
rassemblement de la communauté tibétaine à Dharamsala, "capitale" depuis
1959 du gouvernement en exil, située dans le nord de l'Inde. Ce type de
consultation, où quelque 550 exilés tibétains débattaient depuis une
semaine sur l'avenir de leur lutte, était sans précédent. "Dans les
vingt prochaines années, si nous ne prenons pas garde à nos actes et à
notre stratégie, alors la communauté tibétaine est en grand danger", a
prévenu le dignitaire bouddhiste, âgé de 73 ans, qui a appelé à des
"projets innovants pour les Tibétains".
Alors qu'une frange des exilés tibétains aspirait à
une radicalisation de la lutte contre la domination chinoise, l'option
d'un possible durcissement - l'indépendance du Tibet plutôt qu'une
simple autonomie - a été écartée. Un consensus s'est en fait dégagé
parmi les délégués pour s'aligner sur la ligne conciliante prônée par le
dalaï-lama, qui a renoncé à revendiquer l'indépendance, sachant que la
Chine ne reviendra jamais sur sa souveraineté sur le Tibet qu'elle
contrôle depuis 1951. Le chef politique et spirituel tibétain a ainsi
choisi une diplomatie dite de la "voie moyenne" consistant à réclamer
une large "autonomie culturelle".
"La majorité s'est
prononcée pour poursuivre la politique de la 'voie moyenne'" du
compromis avec Pékin sur le statut de la province autonome chinoise,
avait déclaré, samedi, le président du Parlement tibétain en exil, Karma
Chophel. Mais "un certain nombre [d'exilés] ont déclaré que si la 'voie
moyenne' ne donnait pas de résultats dans un avenir proche, alors le
peuple tibétain sera contraint de modifier sa position en vue d'une
totale indépendance ou d'une exigence d'auto-détermination", a cependant
prévenu Karma Chophel.
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La pièce
originale (sa version en tibétain) du "Traité Tibet-Mongolie de 1913" a été
retrouvée en Mongolie
Le traité d'indépendance du Tibet (1913) a été
retrouvé
Phayul - 12 novembre 2008 - par Phurbu Thinley
(English version)
"Dans les premières lignes du traité (traité
Tibet-Mongolie de 1913) le Tibet et la Mongolie attestent de s'être
libéré de la domination Mandchou et d'avoir chacun constitué un état
indépendant."
Au cours des siècles, le Tibet et la Mongolie
avaient développé des liens très forts au niveau culturel et historique.
Suite à l'effondrement de la Dynastie Manchu (Qing) en 1911, le Tibet et
la Mongolie déclarèrent leur indépendance puis, par la suite, signèrent
en 1913 un traité d'amitié et de reconnaissance mutuelle de leurs
indépendances respectives.
Parfois, l'existence de ce traité entre le Tibet et
la Mongolie, tel qu'il a été conclu début 1913, a été mise en doute par
certains intellectuels. Mais récemment, la pièce originale de la version
en Tibétain (mais pas celle en Mongol) du traité Tibet-Mongolie de 1913
a été redécouverte, mettant pour la première fois à la disposition des
experts une part essentielle du document original.
Interviewé par Phayul, le Professeur Elliot Sperling
fait un peu plus la lumière sur ce traité, en montrant sa portée
historique par rapport aux controverses sur la question du Tibet.
Le Professeur Elliot Sperling travaille au
Département d'Etudes Eurasie-Centrale de l'Université d'Indiana (USA).
Il y dirige le programme de recherche sur le Tibet. Il est venu
récemment à Dharamsala (siège du Gouvernement Tibétain en Exil en Inde)
pour une conférence sur le Traité, la redécouverte de son texte
original, et en décrivant ses implications. Il vient de donner de
nombreuses conférences sur ce sujet dans diverses universités
occidentales.
Interview
Q - En quoi
consiste exactement ce traité Tibet-Mongolie de 1913
?
Elliot Sperling : Le Traité
revêt exactement ce que laisse entendre son libellé. C'est un traité
signé en janvier 1913 et portant les sceaux des représentants du Tibet
et de la Mongolie. Dans les premières lignes du traité, le Tibet et la
Mongolie attestent de s'être libéré de la domination Mandchou et d'avoir
chacun constitué un état indépendant. Suivent une série de courts
articles portant, entre autres sujets, sur leur engagement mutuel de
secours et d'assistance, et abordant des dispositions commerciales et
financières.
Q - La version en tibétain de l'original du
Traité a été retrouvée au cours de l'année dernière. Où et à quelle date
précisément ? Pourquoi n'a-t'il pas été officiellement accessible plus
tôt ?
E.S. - Le Traité a été retrouvé en Mongolie. Il
devait être dans les archives nationales (d'ailleurs il porte le sceau
de l'ancien ministère des affaires étrangères). Des copies ont commencé
à circuler seulement en 2007. La délicate situation politique de la
Mongolie (située entre l'URSS et la Chine), pendant presque tout le
XXème siècle, a sûrement joué sur le fait que cette version originale
soit restée inaccessible aussi longtemps.
Néanmoins, d'autres versions du traité étaient
disponibles : en anglais, mandarin, et mongol. Il y en avait même une en
tibétain - résultant d'une traduction de l'anglais (!) comme celle en
mandarin - réalisée par Tsepon W.D. Shakabpa - et, avant que
n'apparaisse le document original en tibétain, c'était la seule version
accessible pour ceux qui lisent le tibétain.
La version en anglais résultait quant à elle d'une
traduction d'une version en russe, cette dernière ayant probablement été
rédigée à partir d'un rapport officieux des Mongols relatant l'original.
Aucune de ces autres versions ne donnait une vue exhaustive de toutes
les parties du texte original en tibétain, mais elles sont étonnament
fidèles à l'original sur le fond.
En résumé, les traductions se sont enchaînées à
partir de la pièce originale en tibétain, qui fut d'abord traduite en
mongol, puis cette version fut convertie en russe, elle-même traduite en
anglais. Ce dernier a ensuite été traduit d'un côté en mandarin, et de
l'autre en tibétain (par Shakabpa) à nouveau (avec des différences par
rapport à l'original en tibétain).
Q - Quelle est la
signification historique de ce traité daté de 1913
?
E.S. - Sachant que l'existence même de ce traité
était parfois mise en doute, la redécouverte du document original est
très importante au niveau historique. Sa portée vient surtout du fait
qu'il s'agit d'un document officiel dans lequel, conjointement, le Tibet
et la Mongolie reconnaissent mutuellement leur indépendance, suite à
l'effondrement de la Dynastie Qing.
Q - La Chine conteste
l'existence et la validité de ce traité. Sur quelles bases
?
E.S. - La plupart des auteurs chinois ont dénigré ce
traité, mais pas tous de la même façon. Il y a un ouvrage en mandarin
qui s'évertue laborieusement à n'évoquer ce traité que sous le terme
"accord", laissant entendre qu'il n'a aucune valeur au plan
international. (Les mêmes circonvolutions lexicales furent utilisées
pour l'Accord en 17 Points de 1951, où le terme "Accord" fut choisi pour
montrer que le document en question ne constituait qu'un arrangement
entre parties à l'intérieur d'un même pays, et pour le rendre
inutilisable juridiquement au niveau international.)
D'autres auteurs chinois s'appuient, pour dénigrer
le traité Tibet-Mongolie de 1913, sur les observations de Charles Bell,
qui affirmait que le 13ème Dalai Lama n'aurait ni requis explicitement
la signature d'un tel traité, ni assuré ensuite sa ratification.
Q - Il est incontestable
que le Tibet ait été totalement indépendant de toute subordination
étrangère entre 1911 et 1950. Aussi le 13ème Dalai Lama avait-il déclaré
formellement l'indépendance du Tibet en 1912. Cependant, l'existence du
traité entre le Tibet et la Mongolie, conclu début 1913, était sujet à
discussion pour certains
intellectuels.
E.S. - Cela est, je le répète, largement dû à ce
compte rendu de Bell. Alfred Rubin dénigre sa validité avec l'expression
"même si le traité existe vraiment", tandis que Tom Grunfeld y fait
allusion avec l'adjectif "prétendu". Dans l'édition 1987 de son livre
sur le Tibet moderne, il affirme que le traité "se révèle être un cas
classique de désinformation venant de responsables russes, colons en
Mongolie". Il a omis cette mention dans l'édition de 1996.
Q - Maintenant que le
texte original du traité est retrouvé, quelles sont les implications
éventuelles sur le problème du Tibet, pour les experts de cette question
?
E.S. - C'est un point qui reste à étudier. Mais
désormais il ne peut évidemment plus être balayé d'un revers de
main.
Q - Quelle conclusion
pouvez vous tirer après avoir eu accès à l'original de ce traité
méconnu, objet de tant de débats ?
E.S. - Le traité est authentique. Il existe
vraiment, et il porte les signatures et les sceaux de responsables
agissant avec les attributions de Ministres Plénipotentiaires du Dalai
Lama, dotés des pleins pouvoirs pour conclure ce traité. Il n'y a aucun
doute sur le contenu du traité.
Même si des doutes ont pu être émis, venant
notamment de Charles Bell, il serait inconcevable que les Tibétains
signataires aient pu fabriquer les certificats prouvant que le Dalai
Lama leur avait donné tout pouvoir pour mener à bien cette mission (je
fais notamment référence à leur délégation de pouvoir accordée par le
Dalai Lama les faisant ses Plénipotentiaires), et qu'ils auraient
ensuite pu masquer leur fraude à travers la formulation même du traité.
Pour comprendre les remarques de Bell sur le fait
que le Dalai Lama ait minimisé son rôle dans ce traité, on peut supposer
que dans le prolongement des événements qui ont conduit par deux fois à
son exil, le Dalai Lama ne se faisait plus d'illusion sur les rapports
de force autour du Tibet : alors, quand il a vu les Britanniques,
informés par des rumeurs, commencer à exprimer leur désaccord par
rapport à ce traité, il a sûrement préféré rester dans le vague sur le
traité dans ses échanges avec Bell.
Merci beaucoup
Professeur Sperling.
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Des copies ont
commencé à circuler seulement en 2007. Le Prof. Elliot Sperling pense
que la délicate situation politique de la Mongolie, pendant presque tout
le XXème siècle, expliquerait le fait que l'original du traité n'ait pas
été découvert plus tôt. (Phayul/File).
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Malgré l'échec des dernières discussions le Dalaï Lama veut continuer à discuter avec la
Chine
Mercredi 12 novembre 2008
par Redaction Tibet Info (JMB)
Le Dalaï Lama croit toujours
aux vertus du dialogue avec la Chine sur une éventuelle autonomie du
Tibet, a annoncé le 11 novembre son conseiller, malgré l’échec des
récentes discussions sino-tibétaines.
Le Secrétaire du
Département de la Sécurité Tenzin Taklha a indiqué à l’AFP que le chef
en exil du bouddhisme tibétain "estimait que, dans n’importe quel
conflit, la seule solution réside dans le dialogue".
"Il ne peut y avoir aucun progrès sans pourparlers.
C’est la position constante du Dalaï Lama", a-t-il affirmé.
"La Chine ne fera jamais de concession sur le statut du
Tibet"
Pourtant, la Chine a
annoncé le 10 novembre que ses dernières discussions à Pékin avec les
émissaires du dignitaire religieux avaient échoué en précisant qu’elle
ne ferait "jamais de concession" sur le statut du Tibet, région annexée
par la Chine en 1951.
Deux émissaires du Dalaï
Lama ont participé début novembre en Chine à un nouveau cycle de
négociations sur le Tibet, premiers entretiens depuis ceux de juillet
jugés décevants par les Tibétains.
Des émissaires du lauréat
1989 du prix Nobel de la paix 1989 et des représentants chinois
discutent officiellement depuis 2002.
En octobre, le Dalaï lama
avait reconnu que la revendication pour une plus grande autonomie du
Tibet avait échoué et s’était dit prêt à envisager un durcissement de sa
stratégie. Des groupes de jeunes exilés tibétains, amers et
indépendantistes, sont favorables à une radicalisation du mouvement.
Pour sa part, Pékin refuse toute idée d’indépendance ou de
"semi-indépendance".
Une grande réunion de Tibétains
est programmée à Dharamsala du 17 au 22 novembre pour discuter de
l’avenir de la cause tibétaine.
Le Dalaï Lama avait
lui-même admis en octobre avoir perdu espoir de trouver un règlement
avec la Chine, "mais il n’a jamais dit qu’il renonçait au dialogue", a
assuré le Secrétaire du Département de l’Information et des Relations
Internationales, Thubten Samphel.
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Des moines tibétains battus à coups de pelles
et de machettes par la police paramilitaire chinoise
!
27 septembre
2008
Free Tibet Campaign
English version Free Tibet Campaign (FTC) rapportait le fait que
50 moines tibétains avaient été battus par la police paramilitaire
chinoise le 24 septembre 2008 au monastère de Kirti (dans le comté de
Ngaba, région d'Amdo, dans l'est du Tibet historique; territoire
rattaché à la province chinoise de Sichuan).
Aujourd'hui FTC dispose de
plus de détails, venant d'une source certifiée, sur ces événements au
monastère de Kirti : Le moine qui avait été battu dans la soirée du 24
sept. se dénomme Jimpa Ladja. Il était sorti du bâtiment du monastère
pour aller aux toilettes, à l'intérieur de l'enclave du monastère.
Le monastère de Kirti se
trouve encerclé par la police paramilitaire chinoise, qui a installé 9
postes de garde autour du monastère: chacun d'eux est entouré de
barrières et 10 à 15 policiers y sont regroupés. Au delà de ces
checkpoints, une limite a été tracée tout autour du monastère : les
religieux ont interdiction de sortir de cette zone sans autorisation.
Jimpa Ladja a été arrêté
par des paramilitaires, à l'un des postes de garde, alors qu'il revenait
vers le batiment du monastère. Les policiers l'ont accusé de circuler
hors du périmètre autorisé. Ladja a dit que c'était faux, et ils se sont
mis à le frapper sauvagement. Après ce tabassage, Ladja a pu parvenir à
pied jusqu'à la cantine qui fait partie du monastère. Une cinquantaine
de moines s'y trouvaient en train de dîner. En sang, Ladja leur a
raconté qu'il avait été battu sans qu'il ait commis d'infraction.
Alors, deux des moines sont
allés demander des explications au poste de police, du côté nord du
monastère. Là-bas des paramilitaires chinois les ont menacé en tirant en
l'air et dans le sol, à balles réelles, tout près des moines qui sont
alors repartis en courant vers le réfectoire, poursuivis par les
policiers qui exigeaient que Ladja en sorte
immédiatement.
A la cantine, deux
moines se sont indignés auprès des paramilitaires du fait insensé de
sanctionner des moines sortant de leur monastère pour aller aux
toilettes. Les religieux ont demandé aux policiers de contacter leurs
responsables pour traiter avec eux de cette affaire. L'un des policiers
a effectivement téléphoné mais, juste après, deux camions remplis de
paramilitaires ont débarqué. Ils étaient armées de fusils, de pelles et
de machettes.
Lorsque ces policiers
en armes firent irruption, les moines se tenaient assis par terre,
ouvrant même leurs vêtements pour montrer qu'ils n'avaient aucune arme.
Les religieux n'ont montré aucun signe de violence, mais la police s'est
mise brutalement à leur taper dessus à coups de crosses de fusil, de
pelles et même de machettes.
Leurs blessures
étaient telles que cinq moines durent être hospitalisés. Il s'agit de
Lama Sotse, Rabgye, Tsang Chopel, Labchoek and Lophel. Rabgye et Tsang
Chopel souffrent de graves blessures dues à des coups de pelles et de
machettes.
Les moines blessés ont été
conduits à l'hôpital public de la ville de Ngaba. Au 26 sept. seul Lama
Sotse s'y trouvait encore.
A ce jour, on ne sait
toujours pas ce que sont devenus les quatre autres religieux
hospitalisés.
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Jetsun Pema à Crest - Fabrice Anterion
- Dauphiné Libéré
La soeur du Dalaï-Lama était hier à Crest
Lundi 25 août 2008 - Chantal
Seignoret - Dauphiné Libéré
Pour tous les réfugiés
tibétains d'Inde, elle est "Pema la", la "Mère". C'est par son action
inlassable en faveur de l'éducation et des enfants que Jetsum Pema a
mérité cet affectueux surnom. La soeur cadette du Dalaï Lama a consacré
près de 40 ans de sa vie aux "tibetian children village" installés pour
les exilés sur le territoire indien. Depuis 2006, date de sa retraite,
elle parcourt le monde pour témoigner et recueillir les fonds
nécessaires à la poursuite de son action et à la création de la première
université tibétaine. Elle était hier à Crest à l'invitation de
l'association "Tibet vallée de la Drôme" et de "Tibet, les enfants de
l'espoir".
Le matin, la soeur du
Dalaï-Lama -avec lequel elle partage une certaine noblesse physique- a
été officiellement honorée par la municipalité d'Hervé Mariton. Membre
du groupe d'études pour le Tibet à l'Assemblée nationale, le député
maire soutient depuis longtemps la cause du Tibet; il a tenu à remettre
à Jetsum Pema la médaille de l'Assemblée nationale, la ville se serait
également engagée à parrainer les études de deux jeunes
tibétains.
Toujours de jeunes orphelins
arrivants Au lendemain de la visite du Dalaï Lama en France, sa
soeur s'est refusée à tout commentaire politique, se déclarant seulement
"inquiète de l'après Jeux Olympiques" et des quelque 10.000 prisonniers
qui seraient actuellement dans les prisons chinoises.
"Notre mission est d'être "la
voix des sans voix". La Chine est un pays économiquement très fort, mais
très faible du point de vue des droits de l'homme et il lui faudra
progresser sur cette voie pour être reconnue des autres nations". Pas de
découragement donc puisque le long combat pacifique des exilés tibétains
et de leur chef spirituel "est aujourd'hui connu dans le monde
entier".
"L'important est de former un bon être
humain"
En Inde, un travail
considérable a été accompli depuis la première école, créée dès 1959.
Aujourd'hui 27.000 enfants sont accueillis, dont 16.000 en "tcv", ces
villages d'orphelins organisés en communauté éducative autour d'une
"mère". Et il en arrive encore près d'un millier par an. Les parents
tibétains préfèrent se sacrifier et se séparer de leurs enfants pour
qu'ils rejoignent l'Inde -souvent à pied, dans le froid et la neige- et
puissent conserver leur culture d'origine. Ces écoles sont financées
soit par l'aide occidentale, soit par le parrainage individuel (30
dollars par enfant).
A Bangalore, est en
construction la première université qui accueille déjà 87 étudiants
destinés au professorat. Neuf millions d'euros sont nécessaires, dont la
moitié est déjà trouvée. "La démocratie va de pair avec l'éducation et
celle-ci est au centre des préoccupations du Dalaï-Lama, explique Jetsum
Pema, mais plus que le savoir, l'important est de former un bon être
humain". Porteur de ces valeurs éthiques et spirituelles qui ont valu au
Dalaï-Lama une reconnaissance mondiale.
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SS le Dalaï Lama à
Nantes, à ses côtés Matthieu
Ricard
(photo : Régis Routier - Ville
de Nantes)
L'armée chinoise tire sur la foule dans le
Kham
140 Tibétains tués lundi
18 août
(*)
Jeudi 21 août 2008 - Henri Tincq - Le
Monde
A la
veille de sa visite au temple bouddhiste Lerab Ling près de Lodève
(Hérault), où il doit rencontrer, vendredi 22 août, Carla Bruni-Sarkozy,
Bernard Kouchner et Rama Yade, le Dalaï-Lama a évoqué à Nantes, pour Le
Monde, l'avenir politique du Tibet après les Jeux olympiques de
Pékin.
Le Monde - La répression
a-t-elle continué au Tibet, malgré la trêve olympique ?
Dalaï-Lama - L'armée
chinoise a encore tiré sur la foule, lundi 18 août, dans la région du
Kham, dans l'est du Tibet : cent quarante Tibétains auraient été tués, mais
ce chiffre demande à être confirmé (*). Depuis le début des émeutes, le
10 mars, des témoins fiables ont pu établir que 400 personnes ont été
tuées dans la seule région de Lhassa. Tuées par balles, alors qu'elles
manifestaient sans armes. Leurs corps n'ont jamais été rendus aux
familles. Si l'on considère tout le Tibet, le nombre des victimes est
bien sûr plus grand. Dix mille personnes ont été arrêtées. On ne sait
pas où elles sont incarcérées.
La nouveauté est la
construction de vrais campements militaires. La présence militaire au
Tibet est ancienne, mais la frénésie de constructions nouvelles, dans
les régions de l'Amdo et du Kham, me fait dire que cette colonisation
par l'armée est destinée à durer. Autrefois, des camions militaires
venaient et restaient quelques mois. Aujourd'hui, un projet de
répression brutale s'inscrit dans la durée.
Le Monde - Qu'attendre
donc de la discussion que vous espérez toujours avec Pékin
?
Dalaï-Lama - Entre
les émeutes de mars et les Jeux olympiques, nous avions cru à des
signaux positifs. Le président Hu Jintao lui-même s'était engagé à des
discussions sérieuses. Mais nous avons vite déchanté. Nos émissaires se
sont heurtés à un mur. Aucune ouverture n'a été enregistrée. Le
Parlement tibétain en exil se réunira donc en septembre, mais notre
approche ne va pas bouger : celle de la non-violence et de la voie
médiane. L'autonomie reste notre but. Une autonomie véritable, car
l'autonomie à la chinoise, nous savons ce qu'elle est : un
leurre.
Le Monde - Vous venez
de déclarer au Financial Times qu'il faut "respecter" la Constitution de
la République populaire de Chine. Et au New York Times, que vous êtes
prêt à endosser le "socialisme" chinois. Est-ce un changement de cap
?
Dalaï-Lama - J'ai
toujours dit qu'il fallait instaurer l'autonomie du Tibet dans le cadre
de la Constitution de la République populaire de Chine. Je n'ai pas
changé d'avis. De même, je dis depuis longtemps qu'il faut respecter le
régime chinois, y compris sa nature socialiste. Dès 1992, j'affirmais
que si une solution était trouvée au Tibet et nous paraissait
acceptable, alors nous rentrerions au pays et reconnaîtrions les
pouvoirs en place. J'avais même ajouté que le gouvernement tibétain en
exil se trouverait automatiquement dissous. C'est toujours
vrai.
Le Monde - Hypothèse
inimaginable...
Dalaï-Lama - Oui,
parce que les autorités continuent de penser qu'il n'y a pas de problème
au Tibet, que le seul problème est celui posé par le dalaï-lama ! Elles
ont souvent tenté de me convaincre que si je m'alignais, je retrouverai
tous mes pouvoirs. Mais le sort du dalaï-lama me préoccupe moins que le
sort de six millions de Tibétains.
Bien sûr, il y a un problème au
Tibet ! Le président Hu Jintao affirme qu'il travaille à une "société
harmonieuse". Mais tout ce qu'il fait va à l'encontre d'une telle
harmonie. Den Xiao Ping avait un vrai projet de développement économique
et nous l'avions approuvé, car nous connaissons les retards matériels du
Tibet. Mais tout ce qui a suivi a contredit les projets d'éducation, de
développement, de stabilité politique, d'unité nationale. Aucune
harmonie ne sera possible en Chine avec la politique de la force, qui
est tout sauf une politique réaliste.
La Chine veut devenir une
superpuissance ? Elle doit d'abord retrouver une autorité morale. La
répression qui frappe le Tibet et d'autres régions de Chine porte une
atteinte considérable à sa respectabilité. De plus en plus
d'intellectuels le disent et critiquent le régime. Mais notre position
n'est pas qu'il y ait des gagnants et des perdants. C'est que les deux
parties soient gagnantes. En attendant, nous considérerons toujours que
les Tibétains de l'intérieur sont nos maîtres. Je ne suis que le
porte-parole libre du peuple tibétain qui est chez lui et réprimé au
Tibet.
Le Monde - La "voie
médiane" et la "non-violence" ne sont-elles pas en recul chez les
jeunes, comme l'ont prouvé les émeutes de mars
?
Dalaï-Lama -
Contrairement à ce qu'on a dit dans les médias, ce n'est pas la
non-violence qui est en cause. Il n'y a qu'une très faible minorité - y
compris chez les jeunes - qui évoque le recours à la violence. La vraie
divergence est celle qui oppose ceux qui réclament l'indépendance du
Tibet et ceux qui, comme nous, veulent proposer une voie médiane et une
véritable autonomie. Or nous sommes dans une situation difficile parce
que la voie médiane, il faut le reconnaître, n'a pas porté beaucoup de
fruits.
Je voudrais ajouter, à propos
de la violence, que celle-ci n'est jamais une solution. L'Europe le
sait, qui a subi les carnages de deux grandes guerres. La France le
sait, qui va enterrer dix de ses soldats tués en Afghanistan. J'ai de la
compassion pour leurs familles. Comme j'ai de la compassion pour les
familles du Sichuan touchées par le tremblement de terre : cette
politique chinoise de l'enfant unique est amère. En perdant un enfant
dans une école détruite, beaucoup de parents perdaient leur enfant
unique !
Le Monde - Quel bilan
faites-vous, après les polémiques, de l'accueil de la France
?
Dalaï Lama - Si
j'étais venu avec un agenda politique précis, des rendez-vous avec des
responsables politiques et gouvernementaux, alors il y aurait eu de quoi
être largement déçu ! Je dois rencontrer Bernard Kouchner. Je le connais
depuis longtemps et n'ignore pas sa solidarité pour le Tibet, ni celle
du président Sarkozy.
Alors, j'espère qu'après les
Jeux olympiques, le président en exercice de l'Union européenne fera des
propositions constructives au gouvernement chinois. Quoi qu'il en soit,
mon agenda n'était pas politique. Je suis venu en France travailler à la
promotion de valeurs humaines et au dialogue entre les religions. Si
j'en juge par les publics rencontrés, j'ai de quoi être très satisfait.
Propos recueillis par Henri
Tincq
(*) Le bureau du
Dalaï-Lama a publié un communiqué, jeudi 21 août à 17 heures, de mise au
point : "Suite à un article paru dans le journal Le Monde, daté du 21
Août, Sa Sainteté Dalaï-Lama aurait déclaré que 140 personnes auraient
été tuées récemment dans l'est du Tibet. Nous souhaitons clarifier le
fait que Sa Sainteté n'a pas mentionné un nombre de victimes. En réponse
à une question du journaliste concernant des nouvelles récentes selon
lesquelles les troupes chinoises auraient tiré sur une foule de
manifestants, Sa Sainteté a clairement répondu que nous n'avions pas
d'informations spécifiques concernant le nombre de victimes. Dans cette
interview, Sa Sainteté a dit : " Nous avons simplement reçu cette
nouvelle, mais sans pouvoir la confirmer. " Depuis la réception de ces
nouvelles, tous les efforts faits pour communiquer avec la population
locale affectée par ces événements à Kardzé (Kham, est du Tibet,
province du Sichuan) ont échoués."
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"Les Chinois : prix Nobel de la dictature" selon Lionnel
Luca
Lundi 11 août 2008 -
Tibet Info (JMB)
Plusieurs voix se sont élevées
le 11 août contre la réception à huis clos et sans journalistes du Dalaï
Lama au Sénat, prévue le 13 août, notamment qualifiée de "honte" par un
parlementaire UMP.
Les présidents des groupes
parlementaires sur le Tibet des deux assemblées - tous deux membres de
l’UMP - ont chacun regretté cette décision.
"Nous devons le recevoir à
huis clos, dans le bureau d’un sénateur. C’est une honte !", a déclaré
le député Lionnel Luca, président du groupe d’études sur le Tibet à
l’Assemblée.
Soulignant que le Dalaï
Lama est prix Nobel de la paix, il a relevé que "ce n’est pas le cas des
dirigeants chinois. Eux, c’est plutôt le prix Nobel de la dictature.
Elle me fatigue, l’ambassade de Chine", a-t-il dénoncé dans un
communiqué.
Christian Poncelet fait ami-ami avec Pékin
!
Son homologue du Groupe
d’information sur le Tibet au Sénat, Louis de Broissia, a assuré que le
huis-clos (prévu dès l’annonce de la rencontre fin juillet) avait été
décidé car le président de la Haute Assemblée Christian Poncelet
"craignait de fâcher la Chine" avec une réception officielle.
"En outre, Christian
Poncelet a souhaité que les journalistes ne soient pas là. Heureusement,
il ne peut pas interdire aux parlementaires d’accéder au Sénat !",
ajoute M. de Broissia dans un entretien du 12 août dans La Croix (publié
le 11 août sur le site web du journal La Croix).
Il considère cependant le
rendez-vous comme un "contact officiel". "Nous sommes un groupe reconnu
par le bureau du Sénat et, en tant que parlementaires, nous représentons
la nation", dit-il.
"Le président du Sénat tente
une nouvelle fois de faire plaisir aux autorités de Pékin en refusant à
la presse de couvrir une rencontre entre des élus français et le Dalaï
Lama", a déploré de son côté Reporters sans frontières.
Selon un communiqué de
l’ONG, M. Poncelet tente ainsi "d’empêcher la presse de se faire l’écho
d’un événement qui revêt une grande importance pour la communauté
tibétaine".
Les deux groupes sur le
Tibet réunissent respectivement 189 députés et 63 sénateurs, soit 252
parlementaires de toutes tendances politiques.
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" On ne dit plus rien, sauf aux amis très
sûrs... "
Le tibet sous la
botte
Lhassa - Jeudi 24 juillet -
Ursula Gauthier - Le Nouvel Observateur
Patrouilles incessantes,
contrôles d'identité à chaque instant, mouchards, caméras de
surveillance, micros-espions dans les rues : quatre mois après la
révolte du Tibet, le pouvoir chinois fait régner à Lhassa, d'où les
journalistes sont bannis, une paranoïa qui rappelle les pires
persécutions staliniennes, a constaté notre envoyée spéciale Ursula
Gauthier.
A Lhassa, les chauffeurs de
taxi sont presque tous chinois, les cyclopousses presque tous tibétains
: c'est un des signes les plus visibles de l'inégalité des statuts qui
fait grincer les dents des Tibétains. Mais depuis l'écrasement de la
révolte du 14 mars et l'imposition d'une loi martiale qui ne dit pas son
nom, on n'entend plus la moindre plainte. Il faut être fou, ou
inconscient, pour élever la voix. Ou ivre. C'est le cas de ce jeune
homme qui prend un taxi un jour de juin, trois mois après les émeutes.
Il vient d'une "bonne famille tibétaine", il est éméché et sans doute
arrogant. Sûrement trop confiant dans l'entregent de son père, haut
cadre du Parti. Il se répand en invectives contre ces Chinois qui se
conduisent au Tibet comme en pays conquis. En temps normal, le chauffeur
aurait fait profil bas, de crainte que le fils à papa ne le prive de sa
licence. Mais les temps ont changé. Le petit taxi sichuanais s'arrête au
premier carrefour et va se plaindre auprès des soldats postés là comme à
tous les coins de rue. Les militaires foncent sur l'ivrogne. Malgré sa
mise de golden boy de la nomenklatura, malgré le nom de son père qu'il
hurle en chinois, ils le jettent sur le pavé et s'acharnent sur lui à
coups de botte - jusqu'à ce que mort s'ensuive. Paralysée d'effroi, une
foule immense a suivi toute la scène, sans un mot, sans un
geste.
Mission accomplie. Tout
Tibétain, du haut en bas de l'échelle, sait désormais qu'il risque la
mort au moindre soupçon d'irrespect à l'égard de la puissance chinoise.
Lhassa doit oublier la dangereuse audace des grappes de jeunes qui
hurlaient d'excitation en arrachant les grilles métalliques de la Banque
de Chine, qui caillassaient les camions militaires, incendiaient les
commerces chinois et molestaient leurs boutiquiers. Après avoir passé en
boucle à la télévision les images inouïes de ces jours de désordre et de
rébellion, le pouvoir veut maintenant imprimer la terreur dans les
esprits.
La présence militaire est
écrasante, les contrôles d'identité incessants. Ne pas avoir ses papiers
entraîne une arrestation immédiate, parfois une disparition définitive.
Car la lutte contre les "éléments criminels" responsables des troubles
de mars n'est pas terminée. Une liste d'émeutiers recherchés est
toujours affichée sur des panneaux publics.
Les contrôles visent surtout
les grands gaillards aux cheveux longs, au teint cuivré, portant un
rosaire au poignet, une turquoise au cou ou une dent en or : des
Tibétains des hauts plateaux, qui ont fourni le gros des insurgés de
mars. "La plupart sont renvoyés dans leurs bleds, souffle un habitant de
Lhassa sous couvert d'anonymat. Ceux qui ont trempé de près ou de loin
dans les émeutes sont arrêtés, torturés, déportés. Une amie chinoise,
qui prenait le train quelques semaines après les événements, a vu des
centaines d'hommes blessés, claudiquant, couverts de bandages sales,
menottes, embarqués sur le train pour Xining. De là, ils auraient été
envoyés au Sinkiang, où se trouvent les pires goulags de Chine. Les
familles, des nomades ou des paysans illettrés, n'osent pas demander des
comptes..."
Cette chasse au faciès a vidé
les rues de Lhassa des impressionnants nomades couverts de bijoux qui
faisaient tourner les moulins à prières. Surtout fuir toute ressemblance
avec ces fiers Khampas qui ont osé se dresser contre les maîtres
chinois. Exit la mode "ethnique" qui avait cours chez les jeunes
branchés de Lhassa. "Plus personne ne porte les cheveux sur l'épaule :
trop dangereux, explique un musicien avec un rire amer. On s'est tous
rabattus sur la coiffure déstructurée qui a cours chez les modeux
Chinois..." En priant pour ne pas s'attirer la suspicion des uniformes
omniprésents.
On ne peut faire trois pas sans
tomber, à chaque carrefour, devant chaque bâtiment officiel, chaque
point sensible ou symbolique (stations d'essence, postes, banques,
etc.), sur des groupes de soldats, l'air mauvais, déployés en éventail,
fusils pointés vers l'extérieur, doigt sur la gâchette. Dans toutes les
rues et ruelles, toutes les cinq minutes, une patrouille de militaires,
visages fermés, tenue léopard et gants blancs, défile au pas. Des
camions vert-de-gris sillonnent les avenues, exhibant leur cargaison de
wujing (police armée) en attirail complet - casques, boucliers,
matraques, fusils... Les
nombreuses casernes qui entourent la ville sont-elles insuffisantes à
loger cet afflux de troupes ? Les unités militaires venues du Sichuan
avec leurs véhicules briqués, leur matériel dernier cri, occupent
ostensiblement le Musée du Tibet, la Bibliothèque du Tibet, désormais
fermés aux visiteurs.
A cette mise en scène qui vise
à frapper les esprits s'ajoute la part immergée de l'iceberg : des
milliers de mouchards, déguisés en citoyens ordinaires, en nomades,
voire en moines, épient les conversations dans tous les lieux publics.
"On ne dit plus rien de personnel, sauf aux amis très sûrs, dans des
endroits très sûrs, avoue un Tibétain à mi-voix. Prenez la place du
Jokhang, le temple principal : c'est le lieu le plus fliqué de la
planète." En effet, il suffit de lever le nez : à côté des caméras de
surveillance classiques, les bâtiments qui bordent l'esplanade du
majestueux coeur de Lhassa ont reçu de nouvelles caméras sphériques
plantées au bout de longs bras horizontaux. Ce sont des fish eyes,
capables de filmer à 360°. Le bruit court que des "micros-zooms" ont été
installés, qui peuvent capter une conversation particulière à des
dizaines de mètres de distance.
De quoi créer une paranoïa qui
rappelle l'époque des pires persécutions staliniennes. Les gens simples
sont ainsi persuadés que les Chinois disposent de moyens techniques
fabuleux. "Quand les fouilles des maisons ont commencé, ma nounou m'a
confié en pleurant qu'elle avait détruit les deux photos du dalaï-lama
qu'elle possédait, raconte une intellectuelle. Pourquoi ne pas les avoir
cachées ? Parce qu'elle avait entendu dire que les Chinois avaient une
torche spéciale qui bipait et détectait les photos du dalaï-lama les
mieux dissimulées..."
Cette terreur extrême, frôlant
l'irrationnel, explique peut-être en partie l'absence de photos de la
répression. Certes, lors des fouilles, des contrôles, les forces de
l'ordre ont spécifiquement recherché les images, épluchant les
ordinateurs, les cartes à mémoire des mobiles, saisissant tout ce qui
avait trait aux événements de mars. Mais il faut aussi compter avec
l'autocensure : "Si quelqu'un a eu le courage de faire des photos des
tués, il lui en faut encore plus maintenant pour ne pas les détruire.
Quant à essayer de les faire sortir, ce serait de l'héroïsme",
affirme-t-on sous le manteau. Toute personne en possession de la moindre
image "sensible" est traitée comme un criminel.
Tous les touristes, y compris
les touristes chinois, doivent respecter la consigne : pas de photos qui
fâchent. Les agences habilitées à recevoir des visiteurs étrangers se
sont engagées auprès du Bureau du Tourisme à surveiller étroitement
leurs clients : "Pas de photos de militaires, ni de policiers. Pas de
photos de bâtiments détruits pendant les émeutes. Ne faites pas de
photos d'un quelconque incident, un quelconque heurt entre la population
et les forces de l'ordre, insistent les guides. S'il vous plaît,
respectez les ordres, nous sommes responsables de votre
conduite."
A ce jour, la stratégie est
payante : aucune image n'a transpiré des tueries de mars, ni des
arrestations massives qui ont suivi. Quant à celles de l'occupation
militaire actuelle, elles se réduisent à quelques photos volées.
Le 25 juin, la Chine a pourtant
annoncé la réouverture du Tibet au tourisme. En fait, seuls de rares
voyageurs indépendants sont admis. Quant aux journalistes accrédités,
théoriquement bienvenus, on les empêche systématiquement de s'y rendre.
Le Tibet est la seule province de Chine dont l'accès soit subordonné à
un permis spécial - aux conditions désormais draconiennes : séjour
limité à six jours; visites et trajets prédéfinis; guide, chauffeur et
même véhicule désignés à l'avance et impossibles à modifier... Ici, les
touristes sont surveillés comme le lait sur le
feu.
"Jusqu'aux JO, il ne faut pas espérer autre chose
que cette ouverture en trompe-l'oeil, estime le patron d'un café privé.
Une concession à l'opinion publique internationale, aussi factice que la
prétendue reprise du dialogue avec les émissaires du dalaï-lama." La
Chine, à l'évidence, cherche à gagner du temps au Tibet. Mais dans quel
but ? Que va-t-elle faire après les JO ? Remédier enfin aux causes
réelles de la colère tibétaine ? Ou, comme le redoutent les habitants
traumatisés de Lhassa, déclencher "la répression finale" une fois
l'attention du monde détournée
? _______________
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La Chine réfute une
déclaration sur le Tibet formulée au sommet
UE-Etats-Unis
Beijing, le 11 juin (Agence
Xinhua) - La Chine a marqué mercredi son opposition par rapport à
un commentaire tenu récemment au sommet entre l'Union Européenne
et les Etats-Unis concernant le Tibet, lui reprochant de s'ingérer
dans les affaires intérieures de la Chine.
"Nous sommes attentifs aux
reportages relatifs et nous opposons à la déclaration sur le Tibet tenue
au sommet entre l'Union Européenne (UE) et les Etats-Unis", a dit
le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin
Gang.
Ses commentaires font suites à
une déclaration conjointe proclamée à la fin du sommet 2008
UE-Etats-Unis, faisant des commentaires sur le Tibet et accusant
la situation sur les droits de l'homme en Chine.
Soulignant que le Tibet
constituait une partie inaliénable du territoire chinois, Qin a
dit que "la question du Tibet était une affaire intérieure de la
Chine, de même que les relations entre le gouvernement chinois et le
Dalaï Lama".
Les dirigeants de l'Union
Européenne et des Etats-Unis ont exprimé dans la déclaration leur
"inquétude face aux émeutes récentes au Tibet, et encouragé toutes
les parties à s'abstenir de toute violence supplémentaire".
Ils ont apprécié la décision
récente de la Chine de rentrer en contact avec les représentants
du Dalaï Lama et encouragé les deux parties à progresser par le biais
d'un dialogue substantiel, constructif et orienté vers des
résultats rapidement.
Répondant à l'appel de l'UE et
des Etats-Unis à la Chine pour que cette dernière "s'attaque à son
mauvais bilan en matière des droits de l'homme", Qin a répliqué
que le gouvernement avait fourni des efforts continus pour
promouvoir et protéger les droits de l'homme.
"Nous résistons à toute
tentative d'ingérence dans les affaires intérieures d'autres nations
sous prétexte des droits de l'homme et nous opposons à l'adoption
de tout double standard", a-t-il ajouté.
La Chine croit que les
différends peuvent être gérés sur une base d'égalité et de
confiance mutuelles, et par le dialogue et la coopération, a affirmé le
porte-parole.
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17 Tibétains condamnés... dont 2 à perpétuité
!!!
Selon Pékin, il y aurait eu 19
morts... tous Chinois
???
Mardi 29 avril 2008 -
par FRANCE 24
La justice chinoise a condamné 17 Tibétains pour
leur implication dans les émeutes de mars à Lhassa, capitale du Tibet,
contre la Chine. Le tribunal, basé à Lhassa, a prononcé des peines
allant de trois ans à la perpétuité. Il s’agit des premières
condamnations depuis les violences.
Notre correspondant à Pékin,
Sébastien Le Belzic, parle de "peines sévères et de justice expéditive".
Et de préciser : "La justice a retenu des accusations de meurtres
affirmant que ces émeutes avaient fait 19 victimes, toutes chinoises".
La Chine accuse également les émeutiers d'avoir blessé 382 civils et 241
policiers.
Selon les autorités chinoises,
les émeutiers ont incendié sept écoles, cinq hôpitaux et 120 habitations
et pillé 908 magasins, pour des dégâts totaux estimés à plus de 244
millions de yuans (plus de 22 millions d'euros).
Le détail des peines
individuelles n’a pas été rendu public excepté pour deux condamnés :
Soi'nam Norbu, un conducteur employé par une agence immobilière de
Lhassa, et un moine, Basang, qui ont écopé de la prison à vie. "Ce genre
de procès est très opaque", commente Sébastien Le Belzic.
Un responsable du tribunal a
indiqué à l’AFP que les détails des jugements seraient annoncés
publiquement en fin de journée.
Selon Dharamsala, on dénombre 203 Tibétains tués et 2000
arrestations
Les manifestations
anti-chinoises, qui avaient commencé à Lhassa le 10 mars, jour
anniversaire de la révolte anti-chinoise de 1959, avaient dégénéré
quatre jours plus tard. Elles s’étaient ensuite étendues dans l’ouest de
la Chine où vivent des minorités tibétaines. Le dalaï lama, en exil en
Inde, est accusé par Pékin d'avoir fomenté les émeutes pour saboter les
Jeux olympiques du mois d'août. De leur côté, les dirigeants tibétains
en exil assurent que la répression chinoise a fait au moins 203 morts et
que plus de 2.000 personnes ont été arrêtées. La police chinoise avait
annoncé l'arrestation de 400 personnes participant aux
émeutes.
"On s’attend à d’autres
condamnations dans les jours et les semaines à venir", avance Sébastien
Le Belzic.
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Le dernier maoïste de
France
Réponse à Jean-Luc
Mélenchon
Lundi 14 avril 2008 par
Jean-Paul Ribes Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essone,
aime que l'on parle de lui. Bien qu'élu du parti socialiste, il n'hésite
pas à faire ouvertement campagne contre son parti quand ça l'arrange,
l'essentiel étant de se singulariser par des positions, souvent
outrancières, sur les sujets les plus variés.
Aujourd'hui, devant le grand
mouvement de sympathie pour le Tibet qui se manifeste en France et un
peu partout dans le monde, il fallait bien que quelqu'un se dresse, à
contre-courant, comme le champion de la Chine calomniée. Le sénateur
s'est donc instruit sur la question... mais aux plus mauvaises sources.
A savoir, la petite collection de brochures de propagande diffusée par
l'ambassade de Chine.
D'où ses chiffres fantaisistes,
ses dates inexactes, ses affirmations aussi fausses que péremptoires. Le
tout baignant dans un éloge vibrant de la politique chinoise, non
seulement au Tibet, mais en Mongolie, au Turkestan oriental (ch. :
Xinjiang), et une approbation à peine voilée des mesures de répression à
l'égard des dissidents ou des adeptes de Falung Gong (une secte, donc
pas vraiment des humains) torturés et croupissant en prison.
Si le bouillant défenseur de la
bureaucratie pékinoise avait un peu le souci de l'équilibre, nous lui
conseillerions de se mettre vraiment au travail en allant s'informer,
non seulement auprès des "fanatiques du Dalaï Lama" que nous sommes à
ses yeux (la fameuse "clique" n'est pas loin) mais des universitaires
les plus qualifiés, experts d'une histoire, d'une langue et d'une
culture auxquelles ils consacrent leur vie et leur intelligence. Plus de
cinq-cents d'entre eux, de Varsovie à Oslo en passant par Hong Kong,
Paris et Washington, viennent d'ailleurs d'adresser une lettre sans
équivoque au président chinois M. Hu Jintao.
Premier ouvrage dont nous
lui recommandons instamment la lecture " Le Tibet est-il chinois ? "
[1], paru en 2002 chez Albin-Michel sous la direction d'Anne-Marie
Blondeau et de Katia Buffetrille, et qui regroupe les contributions de
tibétologues mondialement reconnus.
Il y découvrirait que la
prétention d'appartenance du Tibet à la Chine depuis le IXème siècle,
qu'il a glanée dans ses lectures approximatives, est une idée récente,
et qui n'a vraiment cours que depuis une cinquantaine d'années, depuis
qu'elle a été imposée par le PC chinois.
Même Mao Zedong avait quelques
doutes sur la question, puisque, dans ses années de lutte pour le
pouvoir, il reconnaissait aux Tibétains le droit à leur drapeau, et son
projet constitutionnel accordait aux "nationalités" le droit à
l'autodétermination.
Pour faire court voici ce
qu'affirment les universitaires compétents. Lié aux empereurs
mongols (dynastie Yuan), lors de leur arrivée au pouvoir en 1271 par un
accord spécifique (Chö-Yon) dit de "maître spirituel à bienfaiteur", le
Tibet ne figure pas comme faisant partie du domaine impérial dans les
très officielles "annales des Yuan". Pas plus qu'il ne figure dans les
"annales des Ming", la dynastie qui devait succéder aux Yuan en 1368.
Avec l'arrivée des Mandchous
(dynastie Qing) en 1644 les choses se sont lentement modifiées,
notamment sous le règne de Qianlong (1735-1796) où l'on voit apparaître
l'idée d'une suzeraineté de l'empereur sur le Tibet. En quelque sorte le
"bienfaiteur" devient "protecteur" et le Tibet un "protectorat", sans
pourtant que cela prête vraiment à conséquence sur le terrain. La
présence symbolique des ambans (envoyés de l'empereur) et l'entretien
épisodique d'une petite garnison (quelques centaines d'hommes), à qui
était exclusivement confiée une tâche de défense extérieure devant être
perçue comme relevant d'un consentement mutuel plus que d'une domination
par le pouvoir central.
L'érudit sénateur pourrait-il
par exemple nous citer une seule "mesure de gouvernement" imposée par
l'empereur, comme les rois de France pouvaient en prendre dans leurs
provinces ?
Un pouvoir central qui ira en
s'affaiblissant au cours du XIXème siècle au point que le corps
expéditionnaire envoyé par la couronne britannique en 1904 et commandé
par le lieutenant-colonel Younghusband ne trouvera en face de lui pas
l'ombre d'un soldat chinois !
En revanche, la première et
sanglante tentative d'annexion du Tibet en 1906 par les troupes de Zhao
Erfeng, le "boucher du Kham" se terminera par une déroute en 1911, avec
la chute de la dynastie mandchoue. C'est donc tout
naturellement que, de retour dans sa capitale Lhassa, le XIIIéme Dalaï
Lama pourra déclarer l'indépendance du Tibet et (point 5 de la
déclaration) limiter considérablement le système des fermiers "attachés
à la terre" en affirmant : "nul n'a le droit d'empêcher quiconque de
cultiver toute terre vacante", allant même jusqu'à utiliser, bien avant
d'autres, cette formule : "la terre appartiendra au cultivateur".
Le Tibet va donc frapper
monnaie, produire ses propres timbres, délivrer des passeports, bref
s'attribuer les instruments de tous les pays indépendants. Une
indépendance que la Commission des juristes qui siège à Genève, avec
statut consultatif à l'ONU, décrira ainsi dans son rapport de 1960 : "le
Tibet était au moment de la signature de l'accord en dix-sept points en
1951 un Etat indépendant de facto... Il a démontré de 1913 à 1950 qu'il
présentait les conditions d'un Etat, telles qu'elles sont généralement
acceptées par la loi internationale".
Le seul reproche que l'on
puisse faire aux Tibétains de l'époque, par négligence ou mauvaise
connaissance du terrain diplomatique, c'est de n'avoir pas transformé ce
"de facto" en "de jure", comme avait su le faire la Mongolie, dite
extérieure. Sur la question du régime politique et social
qui prévalait au Tibet avant l'invasion chinoise de 1950, personne ne
prétend qu'il était un modèle de justice et de modernité. Tout n'allait
pas pour le mieux au Pays des Neiges. Il fallait réformer. Mais les
meilleures réformes ne sont-elles pas celles auxquelles le peuple
consent ?
Le XIVème Dalaï Lama, dès son
installation dans ses fonctions en 1950, avait fermement exprimé son
souhait de s'atteler à la tâche et de sortir son pays de l'archaïsme.
L'invasion chinoise ne lui en laissera pas le temps.
L'ébauche de constitution qu'il
promulgue en 1963, dès son arrivée en exil, est d'ailleurs une preuve
évidente de sa détermination démocratique, puisqu'il y est prévu que les
députés et même les membres du gouvernement, y soient élus au suffrage
universel.
En revanche, parer le régime
chinois de toutes les grâces, lui qui n'accorde aucun droit de vote à
ses citoyens, et même pas celui de s'exprimer sur internet (mémento Hu
Jia), notre gaucho sénatorial y va un peu fort. Et de lui attribuer,
dans la foulée, toutes les vertus émancipatrices que revendiquent les
régimes coloniaux, à commencer par la France lorsqu'elle régnait
Outre-mer. Le brouillon sénateur ne s'embarrasse d'ailleurs pas de ses
propres contradictions ; lui qui se montre si critique de l'importation
armée de la "démocratie" américaine en Irak, ne trouve rien à redire à
l'imposition du communisme au bout des baïonnettes chinoises au Tibet,
et ce depuis un demi-siècle. Enfin là où l'ignorance
devient carrément de la mauvaise foi partisane, c'est lorsque le Mao du
Sénat reprend quasiment mot à mot les thèmes qui lui sont soufflés par
l'ambassade de Chine sur la "volonté de restaurer la théocratie" du
Dalaï Lama et autre balivernes mensongères.
Dans toutes ses déclarations
sur l'avenir de son pays, le dirigeant tibétain affirme clairement sa
volonté de n'assumer aucun rôle au pouvoir lorsqu'il reviendra au Tibet,
celui-ci devant être issu exclusivement des urnes, dans le cadre d'une
constitution laïque et démocratique.
Quant au régime social, c'est
en France, devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée
nationale, présidée à l'époque par Jack Lang et devant un Edouard
Balladur ébahi, que nous avons tous entendu le Dalaï Lama affirmer avec
une certaine audace que son choix se portait résolument vers un système
socialiste. Affirmation qu'il complétait dans le Nouvel Observateur du
17 janvier 2008 en se décrivant comme "un marxiste en robe bouddhiste".
On comprend que cela puisse déplaire au sénateur de gauche. Enfin, la
robe de moine. Car il préfère sans doute réserver l'appartenance
marxiste aux vareuses des commissaires politiques, aux complets-vestons
des businessmen et aux uniformes des militaires, zélés défenseurs du
capitalisme chinois.
Qu'on nous pardonne notre ton
parfois polémique, il ne cache ni hargne ni colère. Simplement notre
souhait de voir l'élu de la République s'obliger à un peu de retenue
dans ses propos, appliquant la consigne que tous les journalistes dignes
de ce nom partagent : "qui n'a pas fait d'enquête n'a pas droit à la
parole". Inutile de lui préciser l'auteur de cette citation.
Qu'il sache en outre que nous
n'agissons jamais par haine de la Chine, attachés que nous sommes à la
liberté de ce grand peuple, que nous ne sommes pas des "indépendantistes
tibétains" et encore moins des "agitateurs professionnels" comme
l'affirme la langue de bois pékinoise. S'il veut s'en convaincre, et à
moins qu'il ne calque son attitude sur l'horreur du dialogue propre aux
dirigeants chinois, nous sommes, cela s'entend, parfaitement disposés à
le rencontrer. En toute bonne foi.
Jean Paul
Ribes
-------------------------------------------------------------------------------- Petite
bibliothèque à l'usage de l'élu qui veut savoir de quoi il parle sans
limiter sa connaissance à "Tintin au Tibet" ou aux brochures de
propagande :
"Histoire du
Tibet", Laurent Deshayes : Fayard, 1997 [2] "Le Tibet
est-il chinois ?", Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille : [1], Albin
Michel, 2002
et bien sûr les deux
excellents rapports publiés dans le cadre des documents de travail du
Sénat :
"Tibet, un peuple
en danger" (GA 50, Octobre 2003)
"Quelle solution
politique pour le Tibet ?" (GA77, Octobre 2007)
articles récents :
"Tibet, le défi à
la Chine", Le Nouvel Observateur, janvier 2008 "Bourgeonnement
précoce du printemps de Lhassa", Le monde diplomatique, avril 2008,
interview de M. Ricard dans Le Monde et pour une information
quotidienne : www.tibet-info.net [1] Le Tibet est-il chinois ? sous
la direction d'Anne-Marie Blondeau et de Katia Buffetrille.
Pour la première fois,
des chercheurs du monde entier se sont réunis pour donner au lecteur une
connaissance aussi exacte et pondérée que possible du Tibet. Symbole en
Occident d'une prestigieuse tradition spirituelle "orientale", ce pays
est aussi, depuis la "libération pacifique" chinoise dans les année '50,
l'objet de polémiques, de propagande et contre-propagande, entre
Chinois, Tibétains en exil, Tibétains du Tibet et Occidentaux.
Tout en reconnaissant
dans son titre, Le Tibet est-il chinois ?, l'enjeu essentiel de ces
affrontements, cet ouvrage ne cède à aucun parti pris et recherche
seulement l'objectivité. La genèse de l'ouvrage est liée à une réaction
de spécialistes occidentaux à la publication, en 1988 d'un pamphlet
chinois intitulé "Le Tibet, cent questions et réponses". Ce document
affirmait présenter le résultat des recherches des tibétologues chinois
sur les points controversés de l'histoire tibétaine et de la politique
chinoise au Tibet. Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, les
éditrices, ont conservé le plan du pamphlet et ont placé en regard des
réponses des savants chinois celles des savants occidentaux pour chacun
des thèmes traités.
L'éventail est vaste, de
l'histoire à l'éducation, de la médecine à la démographie en passant par
les émeutes, la folklorisation de la culture tibétaine, etc. Cette
encyclopédie condensée sur le Tibet offre tout particulièrement un
éclairage novateur sur la religion, inscrite ici dans l'ensemble dont
elle est solidaire. La forme interrogative du titre de l'ouvrage est une
invitation à la réflexion, à partir de connaissances rassemblées sans
passion et dont la divulgation s'imposait dans les circonstances
présentes. Le lecteur pourra enfin juger sur pièces de ce que fut le
Tibet, de ce qu'il est devenu et de ce qu'il pourra
devenir. [2] " Histoire du Tibet " de Laurent Deshayes.
Editions Fayard, janvier 1997. Très attendue, cette "Histoire du
Tibet" - la première du genre en français - est fondée, outre les
sources classiques, sur un fond d'archives peu utilisé jusqu'alors :
celui du Ministère des Affaires étrangères français et de la Société des
Missions Etrangères de Paris. D'où, sans doute, l'accent mis sur la
place des missionnaires chrétiens au Tibet, à différents moments de son
histoire.
Une histoire complexe et
tourmentée dont Laurent Deshayes réussit, et c'est un tour de force, à
suivre le fil à travers les influences mongoles et mandchoues, les
guerres pour le pouvoir entre écoles du bouddhisme (ou du moins entre
lamas dignitaires), ou les convoitises étrangères. Une chose est
certaine en tous cas : cette histoire ne peut être lue avec les seuls
concepts occidentaux de la géopolitique.
Ainsi cette
relation Chö-Yon (de maître spirituel à bienfaiteur) qui unit les
peuples tibétains (de Sakya Pandita aux Dalaï Lamas) d'abord aux Khans
mongols, puis à l'empereur de Chine, malgré ses implications politiques,
ne peut en rien se confondre avec une suzeraineté chinoise et encore
moins un protectorat, impliquant un abandon de soumission du côté
tibétain.
Historien,
donc impartial, Laurent Deshayes rétablit les vérités tronquées,
masquées, transformées par les fonctionnaires impériaux du Parti
communiste
chinois. _____________________
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République Française
Paris, le 8 avril 2008
Assemblée
Nationale
Lionnel
LUCA Président du Groupe d'études sur le problème du
Tibet
à l'Assemblée nationale
Flamme olympique : une organisation
"bunkérisée"
Le président UMP du groupe
Tibet à l'Assemblée nationale, Lionnel Luca, a dénoncé le choix fait par
les organisateurs du passage de la flamme olympique à Paris de
"bunkériser" l'événement, écartant par principe les associations de
défense des droits de l'Homme.
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Des députés manifestent sur le passage de la flamme
olympique
Le 07 avril 2008 - AP
Des députés de toutes sensibilités politiques ont
manifesté lundi après-midi pour le respect des droits de l'Homme en
Chine lors du passage de la flamme olympique devant le Palais-Bourbon.
Trente-cinq d'entre eux sont sortis sur le mur d'enceinte de l'Assemblée
au moment du passage de la flamme. Les manifestants, dont certains
étaient ceints de l'écharpe tricolore et agitaient des drapeaux
tibétains, ont crié "Liberté pour le Tibet" et chanté "La
Marseillaise".
Une banderole "Respect des
droits de l'Homme en Chine" avait été placée sur le mur. Sur le quai,
des manifestants pro-tibétains ont repris le slogan, couvrant de leurs
voix quelques dizaines de partisans du régime de Pékin installés au coin
du quai Anatole-France et du boulevard
Saint-Germain.
Parmi les députés manifestants
se trouvaient Jean-Marc Ayrault (PS), Françoise de Panafieu (UMP),
Jean-Christophe Lagarde (Nouveau centre) ou encore Yves Cochet
(Verts).
Le groupe d'études sur le Tibet
et le groupe socialiste avaient organisé cette manifestation inédite
pour "montrer l'attachement de notre peuple aux droits de l'Homme de
manière générale et en particulier pour les Tibétains qui ont eu le
courage d'alerter le monde en bravant la répression et en mourant pour
cela", selon Lionnel Luca (UMP), président du groupe
d'études.
"Une manifestation de CRS" selon Jean-Louis
Borloo
Personne n'a pu voir la flamme
olympique, qui se trouvait à l'intérieur d'un autocar précédé de
plusieurs dizaines de camions de CRS et protégé par un impressionnant
dispositif policier. "Vous avez vu la flamme, vous?", demandait la
députée socialiste Aurélie Filippetti, qui avait revêtu pour l'occasion
le T-shirt de l'association Reporters sans
frontières.
"C'est une manifestation de
CRS", s'est amusé le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, venu
assister à la scène depuis les marches du
Palais-Bourbon.
"On a l'impression que c'était
un défilé militaire", a remarqué M. Ayrault, un badge avec le mot
"liberté" au revers de sa veste. "La flamme olympique, c'est le symbole
de la fraternité, et aujourd'hui on a entr'aperçu cette flamme olympique
encadrée de policiers".
L'ambassade de Chine se comporte comme "une ambassade
occupante" selon Lionnel Luca
De son côté, M. Luca a trouvé
"scandaleux" que les forces de l'ordre ait arraché les drapeaux
tibétains brandis par des manifestants sur le passage de la flamme.
"Plutôt que Pékin à copier Paris, c'est plutôt Paris qui aurait tendance
à copier Pékin", s'est insurgé le député UMP. Il a dénoncé "l'arrogance"
de "l'ambassade de Chine à Paris qui se comporte selon lui comme "une
ambassade occupante".
Le débat sur le projet de loi
relatif aux organismes génétiquement modifiés (OGM) avait été interrompu
pendant une demi-heure pour permettre aux députés de participer à la
manifestation.
Le président UMP de l'Assemblée
Bernard Accoyer n'a en revanche pas accédé à la demande du groupe
socialiste de déployer le drapeau du Tibet sur le fronton du
Palais-Bourbon. Il a invoqué le principe de neutralité des services
publics qui "s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics
des signes symbolisant la revendication d'opinions politiques,
religieuses ou philosophiques".
"Il y a quelques temps, le
portrait d'Ingrid Betancourt avait été érigé devant l'Assemblée
nationale et le règlement ne l'exigeait peut-être pas non plus", a
remarqué le président du groupe socialiste Jean-Marc
Ayrault.
M. Accoyer a informé les
députés qu'il allait saisir le prochain bureau de l'Assemblée d'une
"réflexion sur l'utilisation du frontispice de l'Assemblée lors des
expressions nationales de cette nature".
AP
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Louis de Broissia
REPUBLIQUE FRANÇAISE Paris, le 31 octobre 2007
COMMUNIQUE DE PRESSE
Quelle solution politique pour
le tibet ?
M. Louis de Broissia (UMP – Côte-d’Or), président du
groupe d’information sur le Tibet du Sénat, a présenté à la presse son
rapport intitulé
« Quelle solution politique pour le Tibet ? »,
qui fait suite à la visite officielle d’une
délégation du groupe d’information à Pékin et à Lhassa. Cette visite
officielle répondait à une invitation de l’Assemblée nationale populaire
de Chine, car les sénateurs membres du groupe d’information sur le Tibet
sont partisans d’un dialogue direct avec les autorités chinoises. Les
entretiens tenus à cette occasion, dont les comptes-rendus figurent en
annexe du rapport, ont été courtois mais francs.
Si la position des autorités chinoises mérite d’être
entendue, elle ne peut pas cependant être acceptée sans réserves. La «
libération pacifique » du Tibet, en 1950, puis sa « réforme démocratique », à
partir de 1959, sont des expressions reçues de la propagande destinées à masquer
la réalité d’une annexion par la force suivie de bouleversements violents. De
même, il est contraire aux faits d’imputer la rébellion tibétaine à un complot
impérialiste occidental, alors qu’elle résultait spontanément d’un sentiment
national bafoué.
Le développement matériel du Tibet depuis son annexion a
pu être constaté sur place par la délégation du groupe d’information. Toutefois,
l’envers du décor laisse apparaître une marginalisation économique et culturelle
des Tibétains de souche, caractéristique d’une situation de type
colonial. Les sénateurs membres du
groupe d’information sont convaincus qu’il est de l’intérêt des autorités
chinoises de parvenir rapidement à un accord avec le Dalaï-Lama, dont les
positions modérées sont connues. Ce n’est pas un arrangement relatif au
statut personnel de celui-ci qui est en jeu, mais bien une vraie solution
politique qui permettrait au Tibet de s’épanouir au sein de la grande Chine
dans un cadre d’autonomie sincère.
Le rapport,
qui est le troisième publié par le groupe d’information, après « Tibet : un peuple en danger » (n°GA 50 – octobre
2003) et « Le Tibet en exil : à l’école de la
démocratie »
(n° GA 67 – juin 2006), est disponible sur
internet :
http://www.senat.fr/noticerap/2007/ga77-notice.html.
Contact
presse : Jacques-Henri de Rohan Chabot 01 42 34 35
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République
Française
Paris, le 16 octobre 2006
Assemblée
Nationale
Le
Groupe d'Etudes sur le Tibet à l'Assemblée Nationale exprime
sa révolte sur la tuerie du Nangpa-La
Les Jeux de Pékin ont-ils
commencé ?
Ball-trap avec les Tibétains
! Le 30 septembre dernier, Kelsang Namdrol (*), une
jeune nonne tibétaine âgée de 17 ans, a été abattue par les
gardes-frontières chinois qui ont ouvert le feu sur un groupe d'environ
soixante-dix personnes qui tentaient de passer du Tibet au
Népal.
Contrairement à ce qu'affirmaient
les autorités chinoises, les pélerins n'étaient pas armés et n'ont pas
attaqué les gardes chinois, comme le montre bien la vidéo réalisée par un
caméraman de la chaîne roumaine ProTV qui se trouvait avec les alpinistes
qui ont alerté l'opinion internationale.
Les 140 membres du groupe d'études
sur le problème du Tibet, révoltés par cette lâche agression, dénoncent avec
fermeté cette violation des règles internationales, et demandent à la
communauté internationale d'ouvrir une enquête indépendante sous l'égide de
l'ONU, afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
Ils saisissent le Ministre des
Affaires Etrangères pour obtenir des explications auprès du Gouvernement
chinois.
C'est une nouvelle fois la preuve
indiscutable de ce que le Peuple tibétain subit depuis 56 ans; des centaines
de Tibétains tentent de quitter le Tibet, occupé depuis 1950 par la Chine,
afin de fuir la répression politique, culturelle et religieuse dont ils sont
victimes.
Lionnel LUCA Président du
Groupe d'études sur le problème du Tibet à l'Assemblée
nationale Député des Alpes-Maritimes
CONTACT PRESSE: Marie Huteau
06 63 04 61 09
(*) Note de FranceTibet : Rectificatif de
l'identité de le jeune nonne abattue KELSANG NORTSO (et non Kelsang Namdrol
) indique le Centre des Droits de l'Homme de Dharamsala.
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PARIS Le 23 août
2006
INTERVIEW AFP
"Je pensais aller au Tibet, je
suis allé en Chine"
Le sénateur UMP Louis de
Broissia, de retour de la première visite au Tibet d'une délégation
parlementaire française, a plaidé auprès des autorités chinoises le retour
des réfugiés tibétains avant les Jeux olympiques de 2008.
M. de Broissia, qui préside le
"Groupe d'information sur le Tibet" du Sénat était accompagné des UMP Jean Faure
et Laurent Béteille, ainsi que du PS Thierry Repentin, pour ce voyage à
l'invitation de l'Assemblée populaire de Chine.
AFP - Cette visite
représente-t-elle à vos yeux une ouverture de la part des autorités chinoises ?
Louis de Broissia - C'est la première
fois, en tout cas, qu'une délégation parlementaire française s'occupant
officiellement des questions tibétaines est reçue par les autorités chinoises,
donc c'est un pas positif puisque, après tout, ils ont accepté le dialogue. On a
beaucoup parlé du Panchen Lama, disparu il y a 11 ans, on a beaucoup parlé du
Dalaï Lama, on a parlé de prisonniers politiques, avec une liste que j'ai remise
aux autorités officielles. Donc ça a été un langage vraiment franc. Et que ces
autorités aient accepté ce langage est déjà un premier pas.
AFP - Avez-vous pu avoir des
contacts avec des Tibétains hors la présence d'autorités chinoises ?
Louis de
Broissia - On n'a pas eu de
contact. Je ne voulais pas non plus compromettre des Tibétains. On voit des
policiers dans les monastères. On sent que les monastères ne sont pas un lieu
d'expression spontanée. Ce qui est pesant, pour un occidental qui y va, c'est
que c'est la Chine. Moi, je pensais aller au Tibet, je suis allé en Chine. La
ville de Lhassa est une ville chinoise, la ville de Shigatse est une ville
chinoise. Tout le long de la route, l'habitat rural tibétain laisse la place à
des habitats chinois. Mais les jeunes tibétains revenus des universités
chinoises veulent retrouver leur identité tibétaine.
AFP - Quel message avez-vous laissé aux autorités
chinoises ?
Louis de Broissia - Faites rentrer, avant
2008, les réfugiés tibétains au Tibet. Faites cela, ce sera un coup de génie, et
vous réussirez les Jeux olympiques, vous réussirez l'exposition universelle.
Dans le respect de l'autonomie, de la Constitution, ouvrez des négociations
sérieuses avec le Dalaï Lama. Ils ne nous ont pas dit non. Les autorités
chinoises se disent ouvertes au dialogue. Je considère que la question tibétaine
doit être posée par la Chine et réglée à l'intérieur de la Chine. A ce
moment-là, ce sera un problème intérieur chinois.
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L'association TIBET VALLEE DE
LA DROME remercie Patrick Bonnassieux, Cl. B. Levenson,
ainsi que le Sénat et la Chambre des
députés pour leurs précieuses infos.
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